Prologue de l'évangile de barnabé:
Barnabé, apôtre de Jésus Nazaréen
appelé Christ, à tous ceux qui habitent sur la terre,
souhaite paix et consolation.
Très chers, le grand et admirable Dieu nous a visités,
ces jours passés, par son Prophète Jésus Christ,
en grande miséricorde de doctrine de doctrine et de miracles.
C'est pourquoi beaucoup, trompés par Satan, sous couvert de
pitié, prêchent une doctrine fort impie: ils appellent
Jésus fils de Dieu, rejettent la circoncision, alliance de Dieu
à jamais, et autorisent toute sorte d'aliments impurs. Parmis
eux, Paul lui-même est dans l'erreur, et je n'en parle pas sans
douleurs.
En conséquence, je vous écris cette vérité
que j'ai vue et entendue en fréquentant Jésus, afin que
vous soyez sauvés, que vous vous ne soyez pas trompés par
Satan et que vous ne périssiez pas dans le jugement de Dieu.
Gardez-vous donc de quiconque vous prêche une doctrine nouvelle
opposée à ce que je vous écris, pour que vous
soyez sauvés à jamais. Que le grand Dieu soit avec vous
et vous garde de Satan et de tout mal! Amen.
Chapitre de l'évangile de barnabé 1 Ce premier chapitre contient l'annonce de l'ange Gabriel à la vierge Marie au sujet de la naissance de Jésus.
Ces années passées, une vierge appelée Marie, de
la race de David, de la tribu de Juda, reçut la visite de l'ange
Gabriel envoyé par Dieu. Cette vierge vivait en toute
sainteté, sans aucun scandale, sans reproche, dans la
prière et les jeûnes. Un jour qu'elle était seule,
l'ange Gabriel entra dans sa chambre et la salua en ces termes: "Que
Dieu soit avec toi, Marie!" A la vue de l'ange, la vierge prit peur.
Celui-ci la réconforta en disant: "Ne crains pas, Marie, car tu
es agréable à Dieu. Il t'a choisie pour être la
mère d'un Prophète qu'il enverra au peuple d'Israël
pour qu'ils marchent dans sa loi d'un cœur sincère". La
vierge répondit: "Comment mettrais-je au monde des enfants
puisque je ne connais pas d'homme?". L'ange reprit: "Marie, Dieu qui a
fait l'homme sans homme est capable d'engendrer en toi l'homme sans
homme car pour lui rien n'est impossible". Marie répondit: "Je
sais que Dieu est tout puissant; aussi que sa volonté soit
faite!". L'ange reprit: "Maintenant, en toi a été
conçu le Prophète, tu l'appelleras Jésus. Tu le
préserveras du vin, de la boisson fermentée et de tout
aliment impur, car l'enfant est de Dieu". Marie s'inclina humblement et
dit: " Voici la servante de Dieu. Qu'il advienne selon ta parole!".
L'ange s'en alla et la vierge glorifia Dieu en disant: "Ô mon
âme. reconnais la grandeur de Dieu! Et toi mon esprit, exulte en
Dieu mon sauveur qui a si bien regardé l'humilité de sa
servante que je serais appelée bienheureuse par toutes les
nations! En effet, il m'a faite grande celui qui est puissant. Que son
saint nom soit béni, car sa miséricorde s'étend a
travers toutes les générations qui le craignent! Il a
rendu puissante sa main. Il a dispersé le superbe dans ses
desseins. Il a déposé les puissants de leurs
trônes. Il a exalté les humbles. Il a comblé de
biens ceux qui avaient faim, et les riches ils les a renvoyés
vides, car il se souvient des promesses faites à Abraham et
à son fils à jamais.
Chapitre 2 l'évangile de barnabé Avertissement de l'ange Gabriel à Joseph sur la conception de la vierge Marie.
Une fois connue la volonté de Dieu, Marie craignant que le
peuple ne se scandalise de ce qu'elle était enceinte et ne la
lapide comme coupable de fornication, élut un compagnon de sa
race, un homme appelé Joseph, de vie irréprochable. En
effet, en juste qu'il était, il craignait Dieu et le servant
dans les jeûnes et la prière, vivant de l'œuvre de
ses mains, car il était charpentier.
Connaissant un tel homme, la vierge le choisit pour compagnon et lui révéla le dessein divin.
Quand Joseph s'aperçut que Marie était enceinte, il
voulait l'abandonner en juste qu'il était, car il craignait
Dieu.
Or, tandis qu'il dormait il fut réprimandé par l'ange en
ces termes: “Joseph, pourquoi veux-tu abandonner Marie, ton
épouse? Sache que tout ce qui s'est fait en elle est
arrivé par la volonté de Dieu! La vierge enfantera un
fils. Tu l'appelleras Jésus. Tu le préserveras du vin, de
la boisson fermentée et de tout aliment impur, car il est saint
de Dieu dans le ventre de sa mère. Il est Prophète de
Dieu, envoyé au peuple d'Israël pour convertir Juda
dans son cœur et pour qu'Israël marche dans la loi du
seigneur, comme il est écrit dans la loi de Moïse. Il
viendra avec une grande puissance que Dieu lui donnera et il fera de
grands miracles, c'est pourquoi beaucoup se sauveront”.
En s'éveillant, Joseph remercia Dieu et demeura avec Marie
toutes les années de sa vie, servant Dieu en toute
sincérité.
Chapitre 3 l'évangile de barnabé Admirable naissance de Jésus et apparition d'anges qui louaient Dieu.
En ce temps-là, Hérode régnait en Judée par
décret de César Auguste; Pilate était gouverneur,
étant pontifes Anne et caïphe. C'est alors que par
décret d'Auguste, tout le monde se fit recenser. A cet effet
chacun se rendait a sa patrie et se présentait a sa tribu pour
se faire recenser.
Joseph, originaire de Nazareth, ville de Galilée, partit donc
pour Bethléem avec Marie, son épouse, qui était
enceinte, afin d'y être recensé selon le décret de
César. C'était en effet sa ville puisqu'il était
de la race de David.
Parvenu a Bethléem, comme la ville était petite et que la
foule des pèlerins était grande, il ne trouva pas de
place. Aussi se logea-t-il hors de la ville, dans un endroit fait pour
abriter les bergers. Tandis que Joseph y demeurait, le temps arriva
où Marie devait enfanter.
La vierge fut environnée d'une immense splendeur et elle enfante
son fils sans douleur. Elle le prit dans ses bras, l'enveloppa de
langes et le posa dans l'étable, car il n'y avait pas de place
à l'auberge. Une multitude d'anges vint à l'auberge avec
allégresse, bénissant Dieu et annonçant la paix a
ceux qui craignent Dieu. Marie et Joseph louaient le Seigneur pour la
naissance de Jésus et le nourrissaient avec une joie
extrême.
Chapitre 4 l'évangile de barnabé Des anges annoncent la naissance de Jésus aux bergers.
Ceux-ci après l'avoir trouvé, l'annoncent (à leur
tour).
En ce temps-là les bergers étaient en train de veiller
sur leur troupe au selon leur habitude. Et voici qu'ils furent
environnés d'une immense splendeur. C'est alors que leur apparut
un ange qui glorifiait Dieu. Les bergers furent remplis de frayeur
à cause de la lumière soudaine et de l'apparition de
l'ange. Aussi l'ange du Seigneur les réconforta-t-il en disant:
“Voici que je vous annonce une grande joie: il est né dans
la ville de David un enfant, Prophête du Seigneur. Il apporte
grand salut à la maison d'Israël. Ce petit enfant vous le
trouverez dans l'étable, ainsi que sa mère qui glorifie
Dieu”. A ces mots, survint une multitude d'anges qui glorifiaient
Dieu et annonçait la paix à ceux qui sont de la bonne
volonté.
Les anges partis, les bergers parlaient ainsi entre eux: “Allons
jusqu'à Bethléem et voyons la parole que Dieu nous a
annoncée par son ange!” Beaucoup de bergers vinrent
à Bethléem à la recherche du nouveau né.
Hors de la ville, ils trouvèrent le nouveau-né,
couché dans l'étable comme l'ange l'avait dit. Ils se
révérèrent donc et donnèrent à la
mère ce qu'ils avaient tout en lui en racontant ce qu'ils
avaient entendu et vu. Cependant Marie conservait tout cela dans son
coeur, de même que Joseph, et ils remercièrent Dieu. Les
bergers retournèrent à leur troupeau en racontant
à chacun ce qu'ils avaient vu.
Aussi toute la montagne de Judée fut-elle remplie de
crainte et tout homme se demanda dans son coeur: “Que deviendra
cet enfant ?”.
Chapitre 5 l'évangile de barnabé Circoncision de Jésus.
Quand furent accomplis les huits jours, selon la loi de Seigneur,
comme il est écris au livre de Moïse, ils prirent l'enfant
et le portèrent au temple pour le circoncir. Ils le circoncirent
donc et l'appelèrent “Jésus” comme l'avait
dit l'ange du Seigneur avant qu'il fut conçu. Marie et Joseph
surent que cet enfant devait être pour le salut et la ruine de
beaucoup. Aussi craignirent-ils Dieu, et ils servaient l'enfant avec
crainte de Dieu.
Chapitre 6 l'évangile de barnabé D'Orient en Judée, trois mages sont guidés par
une étoile. Ayant trouvé Jésus, ils le
révèrent et lui offrent des présents.
Dans les régions orientales, sous le règne
d'Hérode, roi de Judée, après la naissance de
Jésus, trois mages scrutaient les étoiles du ciel. Or une
étoile d'une grande splendeur leur apparut. En ayant
délibéré entre eux, d'un commun accord ils se
rendirent en Judée. L'étoile les guidait en les
précédant.
Parvenus à Jérusalem, ils demandèrent où
était né le roi des Juifs. En l'entendant, Hérode
eut peur et toute la ville fut troublée. Hérode convoqua
donc les prêtres et les scribes et leur demanda où devait
naître le Christ. Ils répondirent qu'il devait
naître à Bethléem, comme il est écrit par le
Prophète: “ Et toi Bethléem, tu n'es pas petite
parmis les princes de Juda, car c'est de toi que sortira un chef qui
conduira mon peuple Israël!”.
Hérode convoqua donc les mages et les interrogea sur la raison
de leur venue. Ils leur répondirent qu'ils avaient vu une
étoile en Orient, qu'elle les avait guidés jusqu'en ce
lieu, qu'ils voulaient adorer ce nouveau roi que montrait son
étoile et lui offrir des présents. Hérode dit
alors: “Allez à Bethléem! Avec grand soin
enquérez-vous de l'enfant. Et quand vous l'aurez trouvé,
venez me le dire, car moi aussi je veux aller l'adorer”. Il
disait cela pour les tromper.
Chapitre 7 l'évangile de barnabé La visite des mages à Jésus; leur retour chez eux et l'avertissement que Jésus leur donna en songe.
Les mages sortirent donc de Jérusalem. Et voici que
l'étoile qui leur était apparue en Orient les
précédait. A sa vue, ils furent remplis de joie. Parvenus
à Bethléem, à l'écart de la ville, ils
virent l'étoile arrêtée au-dessus de l'auberge
où était né Jésus. Les mages s'y rendirent
donc. Entrés dans la pièce, ils trouvèrent
l'enfant et sa mère et se prosternant, ils le
révérèrent. Tout en racontant à la vierge
tout ce qu'ils avaient vu, les mages offrirent à l'enfant des
aromates, de l'argent et de l'or.
Puis, pendant leur sommeil, ils furent exhortés par l'enfant
à ne pas se rendre chez Hérode. Ils partirent donc par
une autre route et s'en retournèrent chez eux en racontant tout
ce qu'ils avaient vu en Judée.
Chapitre 8 de l'évangile de barnabé Fuite en Egypte où l'on emporte Jésus: Hérode massacre les enfants innocents.
Voyant que les mages ne revenaient pas, Hérode s'estima
joué par eux. Il se décida donc à faire mourir
l'enfant ou nouveau-né.
Mais voici que pendant le sommeil de joseph, l'ange du Seigneur lui
apparut et lui dit: “Vite! Lève-toi! Prends l'enfant et la
mère et va-t'en en Egypte. Ils y demeurèrent
jusqu'à la mort d'Hérode.
Celui-ci, s'estimant bafoué par les mages, envoya ses soldats
massacrer tous les enfants nouveau-nés à Bethléem.
Les soldats vinrent donc et tuèrent tous les enfants qui s'y
trouvaient comme le leur avait commandé Hérode. Alors
s'accomplirent les paroles du Prophète: “Lamentation et
larmes sont abondantes en Rama: Rachel pleur ses fils, mais il n'y a
pas de consolation, car ils ne son plus!”.
Chapitre 9 l'évangile de barnabé Rentré en Judée, Jésus a une
merveilleuse discussion avec les docteurs, il est alors
âgé de douze ans.
A la mort de Hérode, voici que l'ange du Seigneur apparut en
songe a Joseph et lui dit: Rentre en Judée, car ils sont morts
ceux qui voulaient la mort de l'enfant!” Joseph prit donc
l'enfant alors âgé de sept ans, ainsi que Marie, et il
vint en Judée. Là, il apprit qu'Archelaüs, fils
d'Hérode, régnait en Judée; craignant d'y
demeurer, il s'en alla en Galilée. Ils vinrent habiter Nazareth.
L'enfant grandissait en grâce et en sagesse devant Dieu et devant
les hommes.
A douze ans, avec Marie et Joseph, Jésus monta a
Jérusalem pour y adorer selon la loi du Seigneur écrite
au livre de Moïse. La prière faite, ils s'en
allèrent en ayant perdu Jésus, ils croyaient en effet
qu'il était retourné à la maison avec des membres
de leur famille. Marie et Joseph revinrent donc à
Jérusalem, en cherchant Jésus parmis les membres de leur
famille et leurs voisins.
Le troisième jour, ils retrouvèrent l'enfant dans le
temple parmi les docteurs, discutant avec eux de la loi. Chacun
s'étonnait de ses demandes et de ses réponses et disait:
“Comment peut-il y avoir en lui une belle doctrine, puisqu'il n'a
pas appris à lire!”
Marie le réprimanda: “Fils, que nous as-tu fait? Voici que
moi et ton père nous t'avons cherché trois jours dans la
douleur!” Jésus répondit: “ne savez-vous pas
que le service de Dieu doit passer avant père et
mère?”. Jésus descendit à Nazareth avec sa
mère et Joseph. Il leur était soumis avec humilité
et révérence.
Chapitre 10 l'évangile de barnabé A trente ans, sur le mont des Oliviers, Jésus
reçoit de l'ange Gabriel l'évangile d'une façon
merveilleuse.
A trente ans, comme il me l'a dit, Jésus était
allé ramasser des olives avec sa mère sur le mont des
oliviers. A l'heure de midi, tandis qu'il priait, parvenu aux mots:
“Seigneur, avec miséricorde …”, il fut
environné d'une immense splendeur et d'une multitude infinie
d'anges qui disaient: “Dieu soit béni!”
L'ange Gabriel lui présenta un livre comme un brillant miroir.
Ce livre descendit dans le cœur de Jésus' il y
apparût ce que Dieu a fait, ce que Dieu a dit, ce que Dieu veut,
si bien que toute chose fut pour lui nue et ouverte, ainsi qu'il me l'a
dit: “crois-le, Barnabé, je connus chaque Prophète,
si bien que tout ce que je dis sort de ce livre”.
Après cette vision, se sachant Prophète envoyé
à la maison d'Israël, Jésus révéla
tout à Marie, sa mère, en lui disant qu'il devait
souffrir grande persécution pour l'honneur de Dieu et qu'il ne
pouvait plus être continûment avec elle pour la servir. A
ces paroles, Marie répondit: “Avant ta naissance, fils,
tout me fut annoncé. Aussi que le saint nom de Dieu soit
béni!” Ce jour-là, Jésus quitta donc sa
mère pour s'adonner à sa mission prophétique.
Chapitre 11 l'évangile de barnabé Jésus guérit merveilleusement un lépreux, et se rend à Jérusalem.
En descendant de la montagne pour se rendre à Jérusalem,
Jésus rencontra un lépreux. Par inspiration divine,
celui-ci sut que Jésus était Prophète. Aussi le
priait-il en pleurant: “Jésus, fils de David, aie
pitié de moi!”
Jésus répondit: “que veux-tu que je fasse pour toi,
frère?” Le lépreux reprit: “Seigneur,
rends-moi la santé!” Jésus le réprimanda:
“Es-tu fou? Prie Dieu qui t'a créé et il te rendra
la santé, car moi je suis un homme comme toi!” Le
lépreux dit: “Seigneur, je sais que tu es un homme, mais
saint du Seigneur! C'est pourquoi prie Dieu toi-même et il me
rendra la santé”.
Jésus dit alors en soupirant: “Seigneur Dieu
tout-puissant, pour l'amour des saints Prophètes, rends la
santé à cet infirme!” Après ces paroles,
touchant l'infirme de ses mains: “Au nom de Dieu, frère,
dit-il, recouvre la santé!” A peine avait-il
prononcé ces mots que la lèpre fut purifiée, si
bien que la chair du lépreux devient comme celle d'un enfant.
Dès qu'il se vit guéri, le lépreux se mit à
crier à haute voix: “Israël, viens accueillir le
Prophète que Dieu t'envoie!” Jésus le pria:
“Frère, tais-toi, ne dis rien!” Mais plus il le
priait, plus l'autre criait: “Voici le Prophète! Voici le
saint de Dieu!”
A ces paroles, beaucoup de ceux qui quittaient Jérusalem
revinrent sur leurs pas et y entrèrent avec Jésus en
disant ce que Dieu avait fait au lépreux par Jésus.
Chapitre 12 l'évangile de barnabé Premier sermon, d'une doctrine admirable, que Jésus fit au peuple à propos du nom de Dieu.
Ces paroles émurent toute la ville de Jérusalem, et comme
Jésus était entré dans le temple pour y prier, ils
accoururent tous au point qu'ils pouvaient à peine s'y tenir.
Les prêtres prièrent donc Jésus : «Ce peuple
désir te voir et t'entendre; monte donc dans la pinacle et parle
au nom du Seigneur si Dieu te donne de parler !».
Jésus monta à l'endroit d'où parlaient les scribes
et d'un signe de la main, ayant demandé le silence, il ouvrit la
bouche et dit : «Que soit béni le saint nom de Dieu qui,
dans sa bonté et sa miséricorde, voulut créer ses
créatures pour qu'elles le glorifient! Que soit béni le
saint nom de Dieu qui créa la splendeur de tous les saints et
Prophètes avant toute chose pour l'envoyer pour le salut du
monde comme il l'a dit par David, son serviteur :«Avant Lucifer,
en splendeur des saints, je t'ai créé!» Que soit
béni le saint nom de Dieu qui créa les anges pour qu'ils
le servent! Que Dieu soit béni qui puni et réprouva Satan
et ceux qui le suivirent parce qu'ils n'ont pas voulu
vénérer celui que Dieu voulait qu'ils
vénèrent! Que soit béni le saint nom de Dieu qui
créa l'homme de la boue de la terre et qui l'établit sur
ses œuvres! Que soit béni le saint nom de Dieu qui chassa
l'homme du paradis parce qu'il avait transgressé son saint
précepte! Que soit béni le saint nom de Dieu qui regarda
avec miséricorde les larmes d'Adam et d'Eve, premiers parents du
genre humain! Que soit béni le saint nom de Dieu qui punit
justement Caïn, le fratricide, qui envoya le déluge sur la
terre, qui brûla trois villes scélérat, flagella
l'Égypte, engloutit Pharaon dans la Mer Rouge , dispersa les
ennemis de son peuple, châtia les incrédules et punit les
impénitents! Que soit béni le saint nom de Dieu qui prit
misèricordieusement soin de ses créatures et leur envoya
en conséquence ses saints Prophètes pour qu'elles
marchent devant lui avec vérité et justice! Qui
délivra ses serviteurs de tout mal et leur donna ce pays comme
il l'avait promis à notre père Abraham et à son
fils, pour toujours! Puis, par son serviteur Moïse il nous donna
la sainte loi pour que Satan ne nous trompe pas, et nous éleva
au-dessus des autres peuples. Mais nous, frères, que
faisons-nous aujourd'hui pour éviter d'être punis à
cause de nos péchés?»
Alors, avec une très grande force, Jésus fait reproche
à la foule d'avoir oublié la parole de Dieu et de ne
s'occuper que de vanité. Il fit reproche aux prêtres de
leur négligence dans le service de Dieu doctrine vaine et
d'amoindrir la loi de Dieu. Il fit reproche aux docteurs de
d'anéantir la loi de Dieu avec leurs traditions.
Et Jésus admonesta tant le peuple que tous pleuraient, du
plus et de leur cupidité. Il fit reproche aux scribes de
prêcher une était au plus grand; ils demandaient pardon et
priaient Jésus de prier pour eux, sauf les prêtres et leur
chef qui prirent Jésus en haine ce jour là parce qu'il
avait ainsi parlé contre prêtres, scribes et docteurs. Ils
se mirent à envisager sa mort, mais ils n'en soufflèrent
mot par crainte du peuple qui l'avait reçu en Prophète de
Dieu.
Ayant levé les mains vers le Seigneur Dieu, Jésus priait.
Et le peuple disait en pleurant: «Qu'il en soit ainsi, Seigneur,
qu'il en soit ainsi!» Après la prière, Jésus
descendit du temple. Il quitta Jérusalem ce jour-là ainsi
que beaucoup de gens qui le suivaient. Et les prêtres entre eux
disaient du mal de Jésus.
Chapitre 13 l'évangile de barnabé Notable crainte de Jésus; son oraison; et le réconfort merveilleux de l'ange Gabriel.
Quelques jours plus tard, ayant su en esprit la résolution des
prêtres, Jésus gravit le mont des Oliviers pour prier.
Au matin, après avoir prié toute la nuit, Jésus
dit dans sa prière : «Seigneur, je sais que les scribes me
haïssent et que les prêtres envisagent de me faire mourir,
moi, ton serviteur, Aussi, Seigneur tout-puissant et
miséricordieux, écoute dans ta miséricorde les
prières de ton serviteur et sauve-moi de leurs pièges,
car tu es mon salut. Tu sais, Seigneur, que moi, ton serviteur, je ne
cherche que toi et que je parle ta parole, parce que ta parole est
vérité qui dure toujours!»
Jésus ayant prononcé ces mots, voici que l'ange Gabriel
vint à lui en disant :«Ne crains pas, Jésus, car
des milliers et des milliers de ceux qui habitent au-dessus du ciel
conservent tes vêtements. Tu ne mourras pas avant que
s'accomplisse toute chose et que le monde soit proche de sa fin».
Jésus tomba la face contre terre en disant :« Seigneur,
Grand Dieu, qu'elle est grande ta miséricorde à mon
égard! Que te donnerais-je, Seigneur, pour tout ce que tu m'as
donné?» L'ange Gabriel répondit
:«Lève-toi, Jésus, et souviens-toi d'Abraham! Pour
accomplir la parole de Dieu, il voulait sacrifier Ismaël, son fils
unique. Or, comme son couteau ne pouvait trancher son fils, il offrit,
sur ma parole, un mouton à sacrifier. Tu feras donc de
même, toi aussi, Jésus, serviteur de Dieu!»
Jésus répondit :«Volontiers, mais où
trouverais-je l'agneau, car je n'ai pas d'argent, et il n'est pas
permis de le voler ». Alors l'ange Gabriel lui présenta un
bélier et Jésus l'offrit en sacrifice en louant et
bénissant Dieu qui est glorieux à jamais.
Chapitre 14 l'évangile de barnabé Après le jeûne de quarante jours, Jésus choisit douze apôtres.
Jésus descendit de la montagne, et, seul, durant la nuit, il
passa de l'autre côté du Jourdain. Il jeûna quarante
jours et quarante nuits, sans rien manger, ni de jour ni de nuit,
priant continuellement le Seigneur pour le salut de son peuple auquel
Dieu l'avait envoyé.
Les quarante jours passés, il eut faim. Satan se présenta
à lui et le tenta par beaucoup de paroles, mais Jésus le
chassa, en vertu de paroles de Dieu. Satan parti, les anges vinrent et
servirent à Jésus ce qui lui était
nécessaire.
Revenu dans la région de Jérusalem, Jésus fut
retrouvé par la foule avec une joie extrême. Ils le
prièrent de rester parmi eux, car ses paroles n'étaient
pas comme celles des scribes : prononcées avec autorité,
elles touchaient le cœur. Jésus, voyant que grande
était la multitude de ceux qui revenaient à leur
cœur pour marcher dans la loi de Dieu, gravit la montagne. Toute
la nuit, il se tint en prière. Le jour venu, il descendit de la
montagne et choisit les douze apôtres, et parmi eux, Judas, celui
qui fut mis à mort sur la croix. Leurs noms sont : André
et Pierre son frère, pêcheurs, Barnabé qui
écrivit ceci, ainsi que Mathieu le publicain qui s'asseyait au
comptoir, Jean et Jacques fils de Zébédée,
Thaddée et Jude, Barthélémy et Philippe, Jacques
et Judas Iscariote, le traître. Il leur communiqua toujours les
secrets divins, mais il fit de Judas l'Iscariote l'intendant de ce
qu'on lui donnait en aumône. Mais lui, voulait la dîme de
tout.
Chapitre 15 l'évangile de barnabé Miracle accompli par Jésus aux noces, en changeant l'eau en vin.
A l'approche de la fête des tabernacles, un homme riche invita
Jésus aux noces avec ses apôtres et sa mère.
Jésus y alla donc. Tandis qu'ils mangeaient, le vin leur manqua.
Sa mère s'approcha de Jésus et dit :«Ils n'ont pas
de vin ». Jésus répondit :«Et qu'importe, ma
mère! » Sa mère commanda aux serviteurs
d'obéir à tout ce que Jésus demanderait. Il y
avait là six jarres destinées à la purification
avant la prière, selon la coutume d'Israël. Jésus
dit :«Remplissez d'eau ces jarres!» Les serviteurs le
firent . Jésus leur dit :«Au nom de Dieu. Donnez à
boire à ceux qui mangent ». Les serviteurs
portèrent donc à boire au majordome qui réprimanda
les servants :«Mauvais serviteurs, pourquoi avez-vous
gardé le meilleur vin jusqu'à maintenant? » En
effet, il ne savait rien de ce que Jésus avait fait. Les
serviteurs répondirent :«Maître, il y a ici un homme
saint de Dieu; car il a fait du vin avec de l'eau ». Le majordome
pensait que les serviteurs étaient ivres, mais ceux qui
étaient assis à côté de Jésus et qui
avaient tout vu, se levèrent de table et le
révérèrent en disant :«Vraiment, tu es saint
de Dieu, vrai Prophète qui nous a été
envoyé par Dieu. »
Alors ses disciples crurent en lui; beaucoup rentrèrent en
eux-mêmes et dirent :«Loué soit Dieu qui a
pitié d'Israël et qui visite avec amour la maison de Juda!
Béni soit son saint nom! ».
Chapitre 16 l'évangile de barnabé Merveilleux enseignement que Jésus adressa aux apôtres au sujet du changement de vie.
Un jour, Jésus convoqua ses disciples et gravit la montagne.
Quand il fut assis, ses disciples s'approchèrent de lui. Ayant
ouvert la bouche, il les enseignait en disant : «Grands sont les
bienfaits de Dieu envers nous! Il nous faut donc le servir dans la
vérité du cœur, car le vin nouveau se met dans des
outres neuves. Ainsi, vous aussi, vous devez devenir des hommes
nouveaux si vous voulez comprendre la doctrine nouvelle qui sortira de
ma bouche.
Je vous le dis, en vérité même que l'homme ne peut
voir de ses yeux, en même temps, le ciel et la terre, de
même il est impossible d'aimer en même temps Dieu et le
monde. On ne peut en aucune façon servir deux maîtres
ennemis l'un de l'autre, car si l'un vous aime, l'autre vous aura en
haine. Je vous le dis en vérité : vous ne pouvez pas
servir Dieu et le monde, car le monde est établi dans le
mensonge, la cupidité et la méchanceté. Il est
donc impossible que vous y trouviez le repos, mais bien plutôt
persécution et dommage. Servez donc Dieu et méprisez le
monde, car vous trouverez par moi le repos de vos âmes. Ecoutez
mes paroles, car je vous parle en vérité : ils sont
vraiment heureux ceux qui déplorent cette vie du monde, parce
qu'ils seront consolés! Bienheureux les pauvres qui
haïssent vraiment les délices du monde, parce qu'ils seront
comblés des délices du royaume de Dieu! Oh, vraiment
bienheureux ceux qui mangent à la table de Dieu, parce que le
anges les serviront! Vous êtes en voyage comme des
pèlerins : est-ce que le voyageur se charge sur son chemin de
maisons, de champs et d'autres choses terrestres? Bien sûr que
non! Mais il porte des choses légères,
appréciées pour leur utilité et leur peu
d'embarras. Eh bien, voilà votre exemple!
Et si vous voulez un autre exemple, je vous le donnerai pour que vous
fassiez ce que je vous dis. N'alourdissez pas votre cœur de
désirs terrestres en disant :«Qui nous vêtira? qui
nous donnera à manger?» Mais regardez les fleurs, les
arbres et les oiseaux. Dieu, notre Seigneur, les habille et les nourrit
plus magnifiquement que toutes les magnificences de Salomon!
Dieu qui vous a créé et appelé à son
service est capable de vous nourrir, lui qui pendant quarante ans au
désert fit pleuvoir la manne du ciel pour son peuple Israël
et qui ne laissa pas leurs vêtements s'user ni tomber en
lambeaux! Et ils étaient six cent quarante mille hommes sans
compter les femmes et les enfants. je vous le dis en
vérité : le ciel et la terre viendront à manquer,
mais sa miséricorde envers ceux qui le craignent ne manquera
pas.
Par contre les riches du monde, dans leur prospérité,
sont affamés et périssent. Il y avait un homme riche dont
les revenus venaient d'augmenter. Il disait :«Que vais-je faire,
ô mon âme? je démolirai les greniers, car ils sont
petits, et j'en ferai d'autres plus grands. Alors, tu triompheras,
ô mon âme!» Malheureux! il mourut cette même
nuit. Il aurait du penser aux pauvres et s'en faire des amis en leur
faisant l'aumône des richesses injustes de ce monde, car ce sont
eux qui emportent les trésors dans le royaume du ciel.
Dites-moi, s'il vous plaît, si vous donniez en banque à un
publicain et qu'il vous rendît dix ou vingt pour un, ne
donneriez-vous à cet homme tout ce que vous auriez? mais je vous
le dis en vérité : de tout ce que vous donnerez ou
laisserez pour l'amour de Dieu, vous recevrez cent pour un et la vie
éternelle. Voyez donc comme vous devez être contents de
servir Dieu!
Chapitre 17 de l'évangile de barnabé Dans ce chapitre, on apprend clairement l'infidélité des chrétiens et la vraie foi du croyant.
A ces paroles de Jésus, Philippe répondit :«nous
sommes contents de servir Dieu, mais nous désirons
connaître Dieu, car le Prophète Isaïe a dit
:«Vraiment, tu es un Dieu caché!». Et Dieu dit
à Moïse son serviteur :«Je suis celui qui
suis». Jésus reprit :« Philippe, Dieu est un bien
sans lequel il n'y a pas de bien. Dieu est un être sans qui rien
n'existe. Dieu est une vie, sans qui rien ne vit. Il est si grand qu'il
remplit tout et qu'il est partout. Il est le seul qui soit sans
égal. Il n'a pas eu de commencement et il n'aura jamais de fin,
mais il a donné commencement à tout et à tout il
donnera fin. Il n'a ni père, ni mère, il n'a pas
d'enfants, ni de frères, ni de compagnons. Et comme il n'a pas
de corps, il ne mange pas, il ne dort pas, il ne meurt pas, il ne
marche pas, il ne se meut pas, mais il demeure éternellement,
sans ressemblance humaine, car il est incorporel, sans composition,
immatériel, d'une substance parfaitement simple. Il est si bon
qu'il aime seulement la bonté. Il est si juste que lorsqu'il
punit ou pardonne, on ne peut pas le reprendre. Bref, je te le dis,
Philippe, ici-bas tu ne peux ni le voir, ni le connaître
parfaitement, mais dans son royaume, tu le verras pour toujours. En lui
consiste toute notre félicité et notre gloire!»
Philippe répondit :«Que dis-tu, Maître? Il est
écrit aussi en Isaïe que Dieu est notre Père;
comment donc n'a-t-il pas d'enfants?» Jésus dit
:«Beaucoup de paraboles sont écrites dans tous les
Prophètes; pourtant tu ne dois pas les comprendre selon la
lettre mais selon le sens. En effet les cent quarante quatre mille
Prophètes que Dieu envoya au monde, ont parlé
obscurément, mais après moi viendra la splendeur de tous
les Prophètes et saints; il éclairera les
ténèbres de tout ce qu'ont dit les Prophètes, car
il est le Messager de Dieu »
Cela dit, Jésus soupira et ajouta :« Aie pitié
d'Israël, Seigneur Dieu! avec bonté veille sur Abraham et
sur sa descendance pour qu'ils te servent en vérité de
cœur.» Ses disciples répondirent :«Qu'il en
soit ainsi, Seigneur notre Dieu!» Jésus dit :«Je
vous le dis en vérité : les scribes et les docteurs ont
rendu vaine la loi de Dieu avec leurs fausses prophéties
contraires aux prophéties des vrais Prophètes de Dieu.
Aussi Dieu est-il irrité contre la maison d'Israël et
contre cette génération incrédule!» A ces
paroles, les disciples pleuraient et disaient : «Dieu, aie
pitié du temple de la cité sainte! Ne la donne pas en
opprobre aux nations pour qu'elles ne méprisent pas ton alliance
sainte !» Jésus répondit :«Qu'il en soit
ainsi. Seigneur. Dieu de nos pères!»
Chapitre 18 de l'évangile de barnabé On montre dans ce chapitre la persécution des serviteurs de Dieu par le monde et la protection de Dieu qui le sauve.
Jésus ajouta :«ce n'est pas vous qui m'avez choisi, c'est
moi qui vous ai choisi pour que vous soyez mes disciples. Si le monde
vous hait, vous serez vraiment mes disciples, car le monde a toujours
été ennemi des serviteurs de Dieu. Souvenez-vous des
saints Prophètes tués par le monde! Au temps d'Elie, dix
mille Prophètes ont été tués par
Jézabel; le pauvre Elie ne s'en tira qu'avec peine, ainsi que
sept mille fils de Prophètes que cacha le capitaine de
l'armée d'Achad. O monde inique, toi ne connaît pas Dieu!
Mais vous, ne craignez pas, car les cheveux de votre tête sont si
bien comptés qu'ils ne seront pas détruits. Regardez les
moineaux et autres oiseaux : il ne leur tombe pas une seule plume sans
la volonté de Dieu. Dieu prendrait-il donc plus de soin des
oiseaux que de l'homme pour lequel il a tout créé? Se
trouverait-il par hasard un homme qui prendrait plus de soin de ses
souliers que de son propre fils? Bien sûr que non! Eh bien,
encore moins devez-vous penser que Dieu vous abandonnerait alors qu'il
prend soin des oiseaux! et que dis-je, des oiseaux? Une feuille d'arbre
ne tombe pas sans la volonté de Dieu!
croyez-moi, je vous le dis en vérité, le monde vous
craindra beaucoup si vous observez mes paroles. En effet, il ne vous
hait que parce qu'il craint de voir sa malice découverte. Il
craint d'être découvert, il vous haïra donc et il
vous persécutera . Si vous voyez que vos paroles sont
méprisées par le monde, ne vous contrastez pas;
considérez que Dieu est plus grand que vous et qu'il est
tellement méprisé par le monde que sa sagesse passe pour
de la folie. Si Dieu supporte le monde avec patience, pourquoi
voudriez-vous vous attrister, poussière et boue de la terre?
Dans votre patience, vous possèderez votre âme. C'est
pourquoi, si quelqu'un vous donne un soufflet sur une joue,
présentez-lui l'autre pour qu'il la frappe!
Ne rendez pas le mal pour le mal, car c'est ainsi que font les pires
animaux! Mais rendez le bien pour le mal et priez pour ceux qui vous
haïssent! Ce n'est pas par le feu qu'on éteint le feu, mais
par l'eau. Aussi je vous le dis, vous ne vaincrez pas le mal, mais au
contraire par le bien. Voyez Dieu : il fait venir le soleil sur les
bons et sur les méchants, ainsi que la pluie! C'est pourquoi
vous aussi, vous devez faire du bien à tous, car il est
écrit dans la loi :«Soyez saints parce que moi, votre
Dieu, je suis saint! Soyez purs parce que je suis pur, et soyez parfait
parce que je suis parfait». Je vous le dis en
vérité : le serviteur s'efforce de plaire à son
maître et par conséquent il ne s'habille pas de ce qui lui
déplaît. Vos habits, ce sont votre volonté et votre
amour. Gardez-vous de vouloir et d'aimer rien qui déplaise
à Dieu notre Seigneur! soyez sûrs que Dieu a en haine le
luxe et la concupiscence du monde. Donc, pour vous, haïssez le
monde!»
Chapitre 19 de l'évangile de barnabé Jésus prédit qu'il sera trahi, et en descendant de la montagne, il guérit dix lépreux.
A ces paroles de Jésus, Pierre répondit
:«Maître voici que nous avons tout quitté pour te
suivre. Qu'adviendra-t-il de nous? » Jésus répondit
:«en vérité, au jour du jugement, vous serez assis
à mes côtés et vous témoignerez contre les
douze tribus d'Israël.»
Cela dit, Jésus soupira et ajouta :«Seigneur, comment cela
se fait-il : j'en ai choisi douze et l'un d'eux est un démon?
» A cette parole les disciples s'attristèrent. Alors celui
qui écrivit ceci, interrogea secrètement Jésus en
pleurant :«Maître, Satan ne me trompera-t-il? Serai-je donc
réprouvé? » Jésus répondit :«Ne
t'attriste pas, Barnabé, car ceux que Dieu a choisis avant la
création du monde, ne périront pas! Réjouis-toi
parce que ton nom est inscrit au livre de la vie.» Jésus
consola les disciples en disant :«Ne craignez pas, celui qui me
haïra ne s'attriste pas de mes paroles, car il n'y a pas en lui de
sentiment divin.» A ces paroles, les élus se
consolèrent. Jésus fit les prières et ses
disciples disaient :«Amen ! Qu'il en soit ainsi, Seigneur Dieu,
tout-puissant et miséricordieux! »
Après la prière, Jésus descendit de la montagne
avec ses disciples. Il rencontra dix lépreux qui crièrent
de loin :«Jésus, fils de David, aie pitié de nous!
» Jésus les appela près de lui et leur dit
:«Que voulez-vous de moi frères? » ils
crièrent tous :«Donne-nous la santé»
Jésus répondit :«Hélas, pauvres que vous
êtes! Avez-vous donc perdu la raison pour dire : donne-nous la
santé? Ne voyez-vous pas que je suis un homme comme vous?
Appelez notre Dieu qui vous a créés et lui, qui est
tout-puissant et miséricordieux, vous guérira! »
Les lépreux répondirent en larmes :«Nous savons que
tu es un homme comme nous, mais saint de Dieu et Prophète du
Seigneur. C'est pourquoi, prie Dieu toi-même et lui nous
guérira! »
Là-dessus, les disciples supplièrent Jésus en
disant «Seigneur, aie pitié d'eux! » Alors
Jésus gémit et pria Dieu en disant :«Seigneur Dieu,
tout-puissant et miséricordieux, aie pitié et
écoute les paroles de ton serviteur. Pour l'amour d'Abraham
notre père et par ton alliance sainte, aie pitié de leur
demande et rend leur la santé! » Puis Jésus se
tourna vers les lépreux et leur dit :«Allez vous
présenter aux prêtres, selon la loi de Dieu! » Les
lépreux s'en allèrent et, en chemin, ils furent
guéris.
Alors l'un d'eux, se voyant guéri, revint trouver Jésus;
c'était un Ismaélite. Ayant retrouvé Jésus,
se prosternant, il le révéra en disant :«Vraiment
tu es saint de Dieu!» Avec remerciements, il le priait de
l'accepter pour serviteur. Jésus répondit :«Dix ont
été guéris, où sont les neuf autres?
» Et à celui qui avait été guéri
:«Je ne suis pas venu, dit-il, pour être servi, mais pour
servir. Va donc chez toi et raconte ce que Dieu a fait pour toi, afin
qu'ils sachent que s'approchent les promesses faites à Abraham
et à son fils, ainsi que le royaume de Dieu. » Le
lépreux guéri le quitta et, arrivé dans son pays,
il raconta tout ce que Dieu avait opéré en lui par
Jésus
Chapitre 20 de l'évangile de barnabé Miracle opéré en mer par Jésus : Jésus indique où est reçu le Prophète.
Jésus se rendit à la mer de Galilée; il monta dans
une barque et navigua vers Nazareth, sa ville. Alors s'éleva une
grande tempête, de sorte que le bateau était près
de couler. Jésus dormait à la proue du bateau. Ses
disciples s'approchèrent donc de lui et le
réveillèrent en disant :«sauve-nous, Maître.
car nous périssons! » Ils étaient en proie à
une grande épouvante en raison du grand vent contraire et du
fracas de la mer. Jésus se leva, et les yeux levés au
ciel, il dit :«O Elohim Sabaot, aie pitié de tes
serviteurs »! A peine Jésus avait-il prononcé ces
paroles que le vent tomba et que la mer se calma.
Alors les maris furent saisis de frayeur et dirent :«Quel est celui auquel obéissent la mer et le vent? »
Arrivés à Nazareth, les marins remplirent la ville du
récit de ce que Jésus avait fait. Alors la maison
où ils se trouvaient fut envahie par les habitants de la ville.
Les scribes et les docteurs se présentèrent à lui
:«Nous avons entendu dire tout ce que tu as fait en mer et en
Judée, dirent-ils. Donne-nous donc un signe ici, dans ta
patrie!» Jésus répondit :«Cette
génération incrédule cherche un signe, mais il ne
lui sera pas accordé, parce qu'aucun Prophète n'est
reçu dans sa patrie. Du temps d'Elie, il y avait beaucoup de
veuves en Judée, mais il ne fut envoyé qu'à une
veuve de Sidon pour qu'elle lui donne à manger. Il y avait
beaucoup de lépreux en Judée au temps d'Elisée, et
pourtant seul Aman le syrien fut guéri! » alors les
habitants de la ville se mirent en colère; ils se saisirent de
lui et le conduisirent au bord d'un précipice pour le jeter en
bas, mais Jésus, marchant au milieu d'eux, s'en alla.
Chapitre 21 Jésus guérit un possédé; les
porcs sont jetés à la mer; puis il guérit la fille
de la Cananéenne.
Jésus monta à Capharnaüm. Comme il approchait de la
ville, un possédé sortit des tombes. Aucune chaîne
ne pouvait le retenir et il faisait beaucoup de mal aux hommes. Les
démons criaient par sa bouche: «Saint de Dieu, pourquoi
es-tu venu nous molester avant le temps?» Et ils le priaient de
ne pas les chasser, Jésus leur demanda combien ils
étaient. Ils répondirent : «Six mille six cent
soixante six!» En entendant cela, les disciples furent saisis de
frayeur et ils priaient Jésus de s'en aller.
Jésus dit alors :«Où est votre foi? C'est le
démon qui doit s'en aller et non pas moi!» Les
démons crièrent donc :«Nous sortirons! Mais
permets-nous d'entrer dans ces porcs!» Il y avait là,
passant près de la mer, à peu près dix mille porcs
à des Cananéens. «Allez-vous-en, dit alors
Jésus, et entrez dans les porcs!» Avec fracas, les
démons entrèrent dans les porcs et les
précipitèrent à la mer. Ceux qui gardaient les
porcs s'enfuirent en ville et racontèrent tout ce qui
était arrivé par Jésus. Les hommes sortirent donc
de la ville et trouvèrent Jésus et l'homme guéri.
Les hommes furent remplis de crainte et prièrent Jésus de
quitter leur territoire.
Jésus s'en alla donc de chez eux et monta du côté
de Tyr et Sidon, Et voici qu'une femme de Canaan, sortie de son patrie
à la recherche de Jésus avec deux de ces fils, lui cria
en le voyant venir avec ses disciples :«Jésus, fils de
David, aie pitié de ma petite fille qui est tourmentée
par le diable.» Jésus ne lui répondit même
pas un mot, parce qu'ils faisaient partie du peuple incirconcis. Les
disciples furent pris de pitié et dirent
:«Maître, aie pitié d'eux! voie comme ils crient et
comme ils pleurent!» Jésus répondit :«Je ne
suis envoyé qu'au peuple d'Israël». Alors la femme
vint devant lui avec ses fils, pleurant et disant :«Fils de
David, aie pitié de moi!» Jésus répondit
:«Il n'est pas bon d'enlever le pain des mains des fils et de le
donner aux chiens!» Jésus dit cela à cause de leur
impureté, car ils faisaient partie du peuple incirconcis. La
femme répondit :«Seigneur, les chiens mangent les miettes
qui tombent de la table de leurs maîtres!» Alors
Jésus admira les paroles de la femme et dit :«Femme grande
est ta foi!» Et, les mains levées au ciel, il pria Dieu.
Puis il dit :«Femme, ta fille est libérée. Va en
paix!» la femme s'en alla et en rentrant chez elle, elle retrouva
la petite fille qui bénissait Dieu. C'est pourquoi la femme dit
:«Vraiment il n'y a pas d'autre Dieu que le Dieu
d'Israël!» Et toute sa parenté s'agrégea
à la loi de Dieu, selon la loi écrite au livre de
Moïse.
Chapitre 22 Misérable condition des incirconcis, puisqu'un chien est meilleur qu'eux.
Ce jour là, les disciples interrogèrent Jésus
:«Maître, pourquoi as-tu répondu à cette
femme qu'ils étaient des chiens?» Jésus
répondit :«Je vous le dit en vérité, un
chien est meilleur que l'homme incirconcis!» Les disciples
s'attristèrent alors et dirent :«Ces paroles sont dures.
Qui pourra les comprendre?»
Jésus répondit :«O insensés! Si vous
considérez ce que fait le chien, pour servir son maître,
alors qu'il est sans intelligence, vous trouverez que j'ai parlé
juste. Dites-moi : le chien, ne garde-t-il pas la maison de son
maître? n'expose-t-il pas sa vie contre le voleur? Certes oui!
Mais que reçoit-il? Beaucoup de coup d'injures et un peu de
pain; et toujours et présente à son maître une mine
joyeuse, n'est-ce pas?» -«Oui, c'est vrai,
Maître!» répondirent les disciples, Jésus dit
alors :«Considérez maintenant tout ce que Dieu a
donné à l'homme et vous verrez combien il est injuste de
ne pas observer l'alliance que Dieu a conclue avec Abraham son
serviteur.
Souvenez-vous de ce que David dit à Saül, roi
d'Israël, contre Goliath, le Philistin :«Seigneur, dit
David, quand ton serviteur gardait les troupeaux de ton serviteur, le
loup, l'ours et le lion survenaient et prenaient les brebis de
ton serviteur. Alors ton serviteur partait les tuer et leur reprendre
les brebis. Eh bien, quel est donc cet incirconcis, sinon quelqu'un qui
leur ressemble? ton serviteur partira donc, au nom du seigneur Dieu
d'Israël, et tuera cet impur qui blasphème le peuple saint
de Dieu!»
Alors les disciples dirent :«Maître, dis-nous pour qu'elle
raison l'homme doit se circoncire!» Jésus répondit
:«Qu'il vous suffise que Dieu l'a commandé à
Abraham en ces termes : Abraham, circoncis ton prépuce et celui
de toute ta maison, car c'est une alliance entre toi et moi pour
toujours!»
Chapitre 23 Origine de la circoncision; alliance de Dieu avec Abraham; damnation des incirconcis.
Cela dit, Jésus s'assit près de la montagne qui fait face
à Tyr et ses disciples s'approchèrent de lui pour
entendre ses paroles. Jésus dit alors :«Au paradis,
après qu'Adam, premier homme trompé par Satan, eut
mangé la nourriture défendue par Dieu, sa chair se
rebella contre l'esprit. Alors il fit serment en ces termes :«Par
Dieu, je veux te couper!» Et après avoir cassé une
pierre, il prit sa chair pour la couper avec le tranchant. Aussi fut-il
réprimandé par l'ange Gabriel. Il répondit
:«J'ai juré par Dieu de la couper et je ne serai jamais
monteur!» L'ange lui montra alors l'excroissance de sa chair et
il la coupa. C'est pourquoi, de même que tout homme prend chair
de la chair d'Adam, ainsi est-il est obligé d'observer tout ce
qu'Adam promit par serment. Adam appliqua cela à ses fils et
l'obligation de la circoncision se transmit de génération
en génération.
Or, au temps d'Abraham, l'idolâtrie s'étant
multipliée sur la terre, peu nombreux étaient ceux qui se
trouvaient circoncis. Dieu révéla donc à Abraham
ce en disant :«Celui qui n'aura pas circoncis sa chair, je le
rejetterais de mon peuple à jamais!». A ces paroles des
Jésus, les disciples tremblèrent de crainte, parce qu'il
avait parlé dans la véhémence de l'esprit.
Jésus dit alors :«Laissez sa crainte à celui qui
n'a pas circoncis son prépuce, parce qu'il est privé du
paradis!»
Puis Jésus ajouta :«Chez beaucoup, l'esprit est prompt
dans le service de Dieu, mais la chair est faible. C'est pourquoi
l'homme qui craint Dieu doit considérer ce qu'est la chair,
d'où elle a pris origine et ce à quoi elle sera
réduite. Dieu créa la chair de la boue de la terre. En
elle, il insuffla le souffle vital en soufflant dedans. Quand donc la
chair fait obstacle au service de Dieu, elle doit donc être
méprisée comme de la boue et foulée aux pieds, car
celui qui hait son âme en ce monde, la garde pour la vie
éternelle. Ce qu'est la chair actuellement, ses désirent
le manifestent : elle est un cruel ennemi de tout bien, car elle seule
désire le péché. L'homme doit-il donc, pour
complaire à son ennemi, cessez de plaire à Dieu, son
créateur? Jugez-en vous-mêmes! Tous les saints et
Prophètes ont été ennemis de leur chair pour le
service de Dieu. C'est pourquoi spontanément et avec
allégresse, ils allaient à la mort pour ne pas offenser
la loi de Dieu, donné à Moïse, son serviteur, en
allant servir les dieux faux et menteurs. Souvenez-vous d'Elie qui
fuyait par des lieux déserts de montagne, ne mangeant que de
l'herbe et vêtu de peaux de chèvre. Combien de jours ne
jeûna-t-il pas! Quel froid ne supporta-t-il pas! combien de
pluies le trempèrent! Et tout cela pendant les sept ans que dura
l'âpre persécution de l'impure Jézabel!
Rappelez-vous Elisée qui mangeait du pain d'orge et s'habillait
de vêtements des plus grossiers! Je vous le dit en
vérité, ceux-là, qui n'ont pas craint de
mépriser leur chair, étaient terriblement redoutés
des rois et des princes. Cela suffirait pour mépriser la chair,
ô hommes! mais si vous regardez les tombeaux, vous saurez ce
qu'est la chair!»
Chapitre 24 Exemple remarquable de la façon dont on doit fuir les festins et les orgies.
Jésus ajouta en pleurant: «Malheur à ceux qui sont
les serviteurs de leur chair, parce qu'ils sont assurés de
n'avoir aucun bien dans l'autre vie, mais seulement des tourments pour
leurs péchés! Je vous le dis, il était une fois un
riche bon vivant qui ne s'occupait que d'orgies. Tous les jours donc,
il faisait un festin splendide. A sa porte, se tenait un pauvre couvert
de plaies, nommé Lazare. ce dernier désirait avoir les
miettes qui tombaient sous la table du bon vivant, mais personne ne les
lui donnait. Au contraire, tous se moquaient de lui. Les chiens seuls
le prenaient en pitié et léchaient ses plaies. Il arriva
que le pauvre mourut et que les anges le portèrent dans les bras
d'Abraham, notre père. Le riche mourut aussi et les diables le
portèrent dans les bras de Satan.
Alors tourmenté à l'extrême, il leva les yeux et il
vit au loin Lazare dans les bras d'Abraham. Le riche cria :
«Père Abraham, aie pitié de moi! Envoie Lazare pour
qu'il m'apporte une goutte d'eau sur ses doigts, afin de me
rafraîchir la langue, car elle est tourmentée dans cette
flamme!» Abraham répondit : «Fils, souviens-toi que
tu as reçu ton bien dans l'autre vie et que Lazare a reçu
son mal. C'est pourquoi tu seras maintenant dans le tourment et Lazare
dans la consolation.» le riche appela de nouveau :
«Père Abraham, chez moi j'ai trois frères; envoie
donc Lazare leur raconter tout ce que je souffre, pour qu'ils fassent
pénitence et ne viennent pas ici!» Abraham répondit
: «Ils ont Moïse et les Prophètes, qu'ils les
écoutent!» Le riche rétorqua : «Non,
Père Abraham! Mais si un mort ressuscite, ils croiront!»
Abraham reprit : «Celui qui ne croit pas à Moïse et
aux Prophètes, ne croira pas non plus aux morts, s'ils
ressuscitent!»
«Voyez donc s'ils sont bienheureux les pauvres, dit Jésus;
ils sont patients, ils ne désirent que le nécessaire en
haïssant la chair! Comme ils sont misérables ceux qui
mènent les autres au tombeau où ils donneront leur chair
en nourriture aux vers. Ils n'apprennent pas la vérité,
mais se comportent au contraire ici-bas, comme des immortels! Ils se
bâtissent donc de grandes maisons, achètent de grandes
rentes et vivent superbement.»
Chapitre 25 Comment on doit mépriser la chair et vivre dans le monde.
Celui qui écrit ceci dit alors : «Maître, tes
paroles sont vraies et c'est pourquoi nous avons tout abandonné
pour te suivre. Dis-nous comment nous devons haïr notre chair,
puisqu'il n'est pas permis de tuer, et que, si l'on vit, il faut la
nourrir.»
Jésus répondit : «garde ta chaire comme un cheval
et tu vivras en sécurité parce qu'à un cheval on
mesure sa nourriture, mais on ne mesure pas sa fatigue; on lui met le
mors pour qu'il marche à ta guise; on l'attache pour qu'il ne
fasse de mal à personne; on le loge dans un endroit grossier et
on le bat quand il n'est pas obéissant. Ainsi feras-tu donc, toi
aussi, Barnabé, et tu vivras toujours avec Dieu! Ne scandalisez
pas de mes paroles car David, le Prophète, agissait de
même, comme il l'avoue en disant : «Je suis comme un cheval
près de toi; je suis toujours avec toi.»
Maintenant, dites-moi quel est le plus pauvre, celui qui se contente de
peu, ou bien celui qui désire beaucoup? je vous le dis en
vérité, si le monde était sain d'esprit, il
n'amasserait rien individuellement, mais tout serait en commun; on
reconnaît sa folie en ceci : plus il amasse, plus il
désire; et tout ce qu'il amasse, il l'amasse pour le repos
corporel des autres. C'est pourquoi il vous suffira d'un seul
vêtement. Jetez votre bourse. Ne portez ni sac, ni chaussures aux
pieds et ne pensez pas : «Qu'adviendra-t-il de nous? »
Pensez à faire la volonté de Dieu et Lui pourvoira si
bien à vos besoins que vous ne manquerez de rien. Moi je vous le
dis en vérité, amasser beaucoup dans cette vie est une
bonne preuve qu'on a rien à recevoir dans l'autre. En effet,
celui qui a pour patrie Jérusalem ne bâtit pas de maison
en Samarie, puisqu'il y a inimitié entre ces deux villes.
Comprenez-vous ?» - «Oui », répondirent les
disciples.
Chapitre 26 Comment on doit aimer Dieu. Ce chapitre contient aussi l'admirable querelle d'Abraham et de son père.
Jésus dit alors :«Un homme est en voyage. En chemin, il
découvre un trésor dans un champ qui est en vente pour
cinq deniers. A cette nouvelle, l'homme vend aussitôt son manteau
pour acheter ce champ. Est-ce que c'est croyable?». -«Celui
qui le croirait pas serait pour un fou», répondirent les
disciples. «Vous serez donc fous, dit Jésus, si vous ne
donnez pas vos sens à Dieu pour acheter votre âme dans
laquelle se trouve le trésor inégalable, puisque pour
celui qui aime Dieu, Dieu est à lui, et celui qui a Dieu a
tout!»
Pierre intervint : «Maître, comment doit-on aimer Dieu de
véritable amour? Dis-le nous!» - En vérité,
je vous le dis, répondit Jésus, celui qui ne haïra
pas son père, sa mère, ainsi que sa propre vie, ses
enfants et sa femme pour l'amour de Dieu, celui-là ne
mérite pas d'être aimé par Dieu».
Pierre reprit : «Maître, il est écrit dans la loi de
Dieu, au livre de Moïse : «Honore ton père pour vivre
longuement sur terre». Et il est dit aussi : «Qu'il soit
maudit le fils qui n'obéira pas à son père et
à sa mère!» C'est pourquoi Dieu ordonna qu'un tel
fils désobéissant fût lapidé par la
colère du peuple, devant la porte de la ville. Alors comment
dis-tu qu'il faut haïr père et mère ?».
Jésus répondit : «Chacune de mes paroles est vraie
parce qu'elle n'est pas de moi mais de Dieu qui m'a envoyé
à la maison d'Israël. Aussi je vous le dis que tout ce que
vous avez, c'est Dieu qui vous l'a donné. Qu'y a-t-il donc de
plus précieux : le don ou bien le donateur ? Quand ton
père, ta mère, toute autre chose sont pour toi un
scandale dans le service de Dieu, abandonne-les comme des
ennemis!»
«Dieu n'a-t-il pas dit à Abraham : «Sors de la
maison de ton père et de ta parenté et viens habiter le
pays que je te donnerai ainsi qu'à ta descendance».
Pourquoi donc Dieu dit-il cela ? Mais parce que le père
d'Abraham était sculpteur et qu'il façonnait et adorait
les dieux menteurs. Aussi y avait-il inimitié entre eux à
tel point que le père voulut faire brûler son fils»
Pierre reprit : «Tes paroles sont vraies. Dis-nous donc comment Abraham raillait son père!»
Jésus répondit : «Abraham avait sept ans quand il
commença à chercher Dieu. Un jour donc, il dit à
son père :
- «Qu'est ce qui a fait l'homme ? »
- «C'est l'homme, répondit sottement le père. Parce
que moi je t'ai fait et mon père m'a fait ».
- «Père, reprit Abraham, ce n'est pas cela. Car j'ai
entendu un vieillard dire en pleurant : «Mon Dieu, pourquoi ne
m'as tu pas donné d'enfants ?»
- «C'est vrai, fils, répondit le père, Dieu aide
l'homme à faire l'homme, mais il n'y met pas la main. Il faut
seulement que l'homme aille prier son Dieu et qu'il lui donne des
agneaux et des brebis et son Dieu l'aidera».
- «Combien y a-t-il de dieux, père ?» reprit Abraham.
- «Il y en a une infinité, fils» répondit le vieillard.
- «Père, dit Abraham, que ferai-je si je sers un Dieu et
qu'un autre veuille me faire du mal parce que je ne le sers pas? Une
discorde s'élèvera certainement entre eux et il y aura la
guerre parmi les dieux. Mais si par hasard le Dieu qui me veut du mal
tue mon Dieu, que ferai-je? Il me tuera certainement moi aussi!»
- Fils, répondit en riant le vieillard, n'aie pas peur, car
aucun Dieu ne fera la guerre à un autre Dieu. En effet, dans le
grand temple, il y a mille dieux avec le grand Baal. Eh bien, j'ai
bientôt soixante-dix ans et je n'ai jamais vu un Dieu en
souffleter un autre. Et pourtant, tous ne servent pas le même
Dieu, mais celui-ci sert l'un et celui-là un autre».
- «Ils sont donc en paix entre eux.»
- «Oui, dit le père, ils sont en paix.»
Abraham dit alors : «Père, comment sont les dieux ? »
- «Insensé, répondit le vieillard, chaque jour je
façonne un Dieu que je vend pour acheter du pain, et toi tu ne
sais pas comment sont les dieux!» Juste à ce moment, il
fabriquait une idole. «Celui-là, dit-il, est en bois de
palmier. Celui-ci en olivier. ce petit-là est en ivoire, regarde
comme il est beau! Ne dirait-on pas qu'il est vivant? Pour sûr,
il ne lui manque que le souffle!»
- «Père, répondit Abraham, ils n'ont donc pas de
souffle les dieux? Comment alors donnent-ils le souffle? S'ils sont
sans vie, comment donnent-ils la vie? Père, ils ne sont
certainement pas Dieu!»
A ces paroles, le vieillard se mit en colère :
- «Si tu étais en âge de raisonner, dit-il, je te
romprais la tête avec cette hache. Mais tais-toi car tu n'as pas
encore de raison!»
- «Père, répondit Abraham, si les dieux aident
à faire l'homme, comment se fait-il que l'homme fassent les
dieux? Et si les dieux se fabriquent avec du bois, c'est un grand
péché que de brûler le bois! Mais dis-moi,
père, pourquoi, alors que tu as façonné tant de
dieux, ne t'ont-ils pas aidé a faire tant d'enfants? Tu serais
ainsi le plus puissant du monde!»
Le vieillard était hors de lui d'entendre son fils parler ainsi. Celui-ci ajouta :
- «Père, pendant un certain temps le monde a été vide d'hommes, n'est ce pas?»
- «Oui, répondit le vieillard, et pourquoi ?»
- «Parce que, dit Abraham, je voudrai savoir qui a fait le premier Dieu ».
- «Sors d'ici tout de suite, dit le vieillard! Laisse-moi
fabriquer rapidement ce Dieu et ne m'adresse pas la parole, car quand
tu as faim tu veux du pain et pas des paroles».
- «Un beau Dieu, certainement, dit Abraham, que vous taillez comme vous voulez et qui ne se défend pas!»
Le vieillard se mit alors en colère et dit :
- «Tout le monde dit que c'est un Dieu, et toi, fou, tu dis qu'il
ne l'est pas? Par mes dieux, si tu étais un homme, je te
tuerais!» Et cela dit, il donna des coups de poing et de pied
à Abraham, et il le chassa de la maison.
Chapitre 27 Dans ce chapitre, on voit clairement combien le rire est impropre aux hommes. On voit aussi la prudence d'Abraham.
Les disciples riaient de la folie du vieillard et admiraient la
prudence d'Abraham. Jésus les réprimanda en disant :
«Vous avez oublié les paroles du Prophète : Le rire
présent est une annonce des larmes à venir. Et encore :
Tu n'iras pas où l'ont rit, mais assieds-toi là où
l'on pleure, car cette vie traverse des misères».
Jésus dit alors : «Ne savez-vous pas qu'au temps de
Moïse, Dieu changea en animaux stupides beaucoup d'hommes qui se
trouvaient en Egypte parce qu'ils avaient ri et qu'ils s'étaient
moqués des autres? Prenez garde! Ne riez de rien parce que vous
pleurerez». Les disciples dirent : «Nous rions de la folie
du vieillard». Jésus reprit alors : «En
vérité, je vous le dis, chacun aime ce qui lui ressemble
et s'y complaît. Si donc vous n'étiez pas fous, vous ne
ririez pas de la folie». Ils répondirent «Que Dieu
aie pitié de nous ». Jésus dit : «Qu'il en
soit ainsi». Philippe intervint alors : «Maître,
comment arriva-t-il que le père d'Abraham voulût faire
brûler son fils?» Jésus répondit :
«Abraham parvenu à l'âge de douze ans, son
père lui dit un jour : «Demain, c'est la fête de
tous les dieux. Nous irons donc dans le grand temple et nous porterons
un présent à Baal, mon grand Dieu. Et toi, tu te
choisiras un Dieu, parce que tu es en âge d'avoir un Dieu.
» Abraham, en rusant répondit : «Volontiers, mon
père ». Ils allèrent donc au temple le matin de
bonne heure, avant personne d'autre. Mais Abraham portait une hache
cachée sous son vêtement. Une fois dans le temple, tandis
que la foule grossissait, Abraham se cacha derrière une idole
dans un endroit sombre du temple. Son père crut en s'en allant
qu'Abraham était parti à la maison avant lui; il ne se
mit donc pas à sa recherche.
Chapitre 28
Lorsque tous eurent quitté le temple, les prêtres
fermèrent et s'en allèrent. Abraham prit alors la hache
et coupa les pieds de toutes les idoles, sauf ceux du grand Dieu Baal
auprès duquel il déposa la hache. Comme les statues
étaient vieilles et faites de plusieurs morceaux, en morceaux
elles s'écroulèrent. Ensuite, comme Abraham sortait du
temple, il fut aperçu par certains qui
soupçonnèrent d'y être allé voler quelque
chose. Ils le retinrent donc, et arrivés au temple, en voyant
leurs dieux brisés de cette manière, ils crièrent
en pleurant : «Venez vite, hommes, et tuons celui qui a
tué nos dieux ». Près de dix mille hommes ainsi que
les prêtres accoururent et demandèrent à Abraham
pour quelle raison il avait détruit leurs dieux. Abraham
répondit : «Vous êtes insensés. Est-ce qu'un
homme peut tuer Dieu? C'est le grand Dieu qui les a tués. Ne
voyez-vous pas la hache qu'il a aux pieds ? Il ne veut certainement pas
de compagnons ».
Le père d'Abraham arriva alors. Se rappelant tous les discours
qu'Abraham avait prononcés contre leurs dieux et reconnaissant
la hache avec laquelle Abraham avait brisé les idoles, il
s'écria : «C'est mon traître de fils qui a
tué nos dieux, car cette hache est à moi ». Il leur
raconta alors tous ce qui s'était passé entre lui et son
fils. Les hommes rassemblèrent donc une grande quantité
de branches et, après avoir lié les mains et les pieds
d'Abraham, ils le couchèrent sur les branches et ils y mirent le
feu. Et voici que Dieu, par son ange commanda au feu de ne pas
brûler Abraham, son serviteur. Le feu prit avec grande fureur et
brûla près de deux mille hommes qui parmi ceux qui avaient
condamné Abraham à mort. Abraham, au contraire, se trouva
libre et porté par l'ange de Dieu près de la maison de
son père, sans voir qui le portait. C'est ainsi qu'Abraham
échappa à la mort.
Chapitre 29
Philippe dit alors : «Grande est la miséricorde de Dieu
envers ceux qu'il aime. Dis-nous, Maître : Comment Abraham
parvint-il à la connaissance de Dieu? » Jésus
répondit : «Arrivé près de la maison de son
père, Abraham craignit d'y entrer. Il s'en éloigna donc
un peu et s'assit sous un palmier. Comme il se tenait là, il se
dit : «Dieu doit avoir plus de vie et de force que l'homme,
puisqu'il fait l'homme ». Alors, en regardant les étoiles,
la lune et le soleil, il pensa qu'ils étaient Dieu; mais
considérant leur mutabilité et leurs mouvements, il dit :
«Dieu ne doit pas bouger et les nuages ne doivent pas
l'obscurcir, sans quoi les hommes seraient anéantis ».
Puis, tandis qu'il hésitait ainsi, il s'entendit appeler par son
nom : «Abraham!» mais s'étant retourné et ne
voyant personne d'aucun côté, il dit : «J'ai
pourtant entendu qu'on m'appelait par mon nom : «Abraham!»
Puis deux autres fois, de la même manière, il s'entendit
appeler par son nom : «Abraham!» Il répondit :
«Qui m'appelle?» Alors il entendit qu'on disait : «je
suis Gabriel l'ange de Dieu». Abraham fut rempli de crainte.
L'ange le réconforta : «Ne crains rien, Abraham, car tu es
ami de Dieu. En effet quand tu as mis en pièces les dieux des
hommes, tu as été élu par le Dieu des anges et des
Prophètes, et tu es inscrit au livre de la vie.»
Abraham demanda alors : «Que dois-je faire pour servir le Dieu
des anges et des saints Prophètes?» L'ange répondit
: «Va à cette source et lave-toi, parce que Dieu veut
parler avec toi.» Abraham reprit : «Mais comment dois-je me
laver?» Alors l'ange se présenta à lui même
en beau jeune homme et se lava dans la source en disant : «Fais
ainsi, toi aussi, Abraham!» Après qu'Abraham se fut
lavé, l'ange poursuivit : «va sur cette montagne, car
c'est là que Dieu veut te parler». Abraham gravit la
montagne comme l'ange le lui avait indiqué.
S'étant assis sur ses jambes, il se disait : «Quand donc
le Dieu des anges me parlera-t-il ? » Il entendit des voies
suaves qui l'appelaient : «Abraham!» Il répondit :
«Abraham! Qui m'appelle ? » La voix reprit : «Je suis
ton Dieu, Abraham». Rempli de frayeur Abraham tomba la face
contre terre en disant : «Comment ton serviteur pourra-t-il
t'écouter, lui qui est poussière et cendre ? »
Alors Dieu dit : «Ne crains pas, mais lève toi, car je
t'ai choisi pour être mon serviteur, et je veux te bénir
et te faire croître en un grand peuple. C'est pourquoi, sors de
la maison de ton père et de ta parenté et viens habiter
le pays que je te donnerai ainsi qu'à ta descendance ».
Abraham répondit : «Seigneur, je ferai tous cela, mais
protège-moi pour qu'aucun autre Dieu ne me fasse du mal».
Alors Dieu prononça ces paroles : «Je suis seul et il n'y
a pas d'autre Dieu que moi. Je frappe et je guéris, je tue et je
donne la vie, je conduis en enfer et j'en retire, et personne ne peut
se libérer de mes mains». Dieu lui donna alors l'alliance
de la circoncision. C'est ainsi que notre père Abraham connut
Dieu. Cela dit, Jésus leva les mains en disant : «A toi
soient honneur et gloire, ô notre Dieu, Ainsi soit-il »!
Chapitre 30
A l'approche de la Scénopégie , fête de notre
peuple, Jésus se rendit à Jérusalem .
L'ayant appris, les scribes et les prêtres tinrent conseil pour
le surprendre dans ses paroles . Un docteur s'approcha donc de
lui et dit : « Maître, que dois-je faire pour avoir la vie
éternelle ? » Jésus répondit : «
Qu'est-il écrit dans la loi ? » Le tentateur reprit
: « Aime le Seigneur ton Dieu et ton prochain. Tu aimeras
ton Dieu par dessus tout, de tout ton cœur et de toute ton
âme, et ton prochain comme toi-même ».
Jésus répondit : « Tu as bien répondu, va
donc et fais de même, je te le dis, et tu auras la vie
éternelle». Mais lui dit : « Et qui est mon
prochain » ?
Jésus répondit en levant les yeux : « Un homme
descendait de Jérusalem à Jéricho, ville
reconstruite en malédiction . En chemin il fut pris
par des voleurs, blessé et dépouillé. Le
laissant à moitié mort, ils s'en allèrent.
Il arriva qu'un prêtre passa par là. Ayant vu le
blessé, il passa outre sans le saluer. De même, un
lévite passa sans un mot. Il arriva qu'un Samaritain passa
aussi. A la vue du blessé, il fut pris de compassion : il
descendit de cheval, souleva le blessé, lava ses blessures avec
du vin, les oignit avec un onguent et les pansa. En le
réconfortant, il le mit sur son cheval. Le soir, à
l'auberge, il le confia à la garde de l'hôte. Le
lendemain matin, en se levant, il dit : « Prends soin de lui, je
te rembourserai tout». Il donna au blessé quatre
deniers d'or pour l'hôte, et il lui dit : « Bon
courage. Je reviendrai bientôt et je te conduirai chez
moi» .
Dis-moi, dit Jésus, de ceux-ci, qui a
été le prochain? Le docteur répondit :
« Celui qui fit miséricorde ». Alors
Jésus dit : « Tu as bien répondu. Va donc et
fais de même ». Confus, le docteur s'en alla.
Chapitre 31
Les prêtres s'approchèrent de Jésus1 :
« Maître, dirent-ils, est-il permis de payer l'impôt
à César » ? Jésus se retourna vers
Judas et lui dit : « As-tu de l'argent ? » -
Après avoir pris un denier en main, Jésus se tourna
vers les prêtres et leur dit : « Ce denier porte une
effigie, dites-moi donc de qui elle est ? » Ils
répondirent : « De César ». -
« Donnez donc à César ce qui est de César,
dit Jésus, et ce qui est de Dieu, donnez-le à Dieu
». Alors, confus, ils s'en allèrent.
Et voici qu'un centurion s'approcha et dit :
« Seigneur, mon fils est malade. Aie pitié de ma
vieillesse ». Jésus répondit : « Que le
Seigneur Dieu d'Israël ait pitié de toi » !
L'homme s'en alla et Jésus dit : « Attends-moi, je
vais aller chez toi prier sur ton fils ». Le
centurion répliqua : « Seigneur, je ne suis pas digne qui
toi, Prophète de Dieu, tu viennes chez moi : la parole que
tu as dite pour le salut de mon fils me suffit, car ton Dieu t'a
constitué seigneur sur toute maladie et, comme me l'a dit son
ange tandis que je dormais. Alors, Jésus fut saisi d'une
grande admiration et, se tournant vers la foule, il dit :
«Regardez cet étranger, il a plus de foi que je n'en ai
trouvé en Israël ». Et se retournant vers le
centurion, il dit : « va en paix, car Dieu a voulu rendre la
santé à ton fils à cause de la grande foi qu'il
t'a donnée ». Le centurion s'en alla et en route il
rencontra ses serviteurs qui lui annoncèrent comment son
fils était guéri. L'homme répondit : «
A quelle heure la fièvre l'a-t-elle quitté » ? Ils
dirent : « Hier, à la sixième heure, la
fièvre l'a abandonné ». L'homme
reconnut qu'au moment où Jésus avait dit : « Que le
Seigneur Dieu d'Israël ait pitié de toi », son fils
avait recouvré la santé. L'homme crut donc à
notre Dieu et, rentré chez lui, il mit en pièces tous ses
dieux en disant : « Seul le Dieu d'Israël est le Dieu vrai
et vivant » . C'est pourquoi, dit-il, que personne ne mange
mon pain s'il n'adore pas le Dieu d'Israël ».
Chapitre 32
Un expert de la loi invita Jésus à dîner pour le
tenter. Jésus y alla avec ses disciples. Beaucoup de
scribes l'attendaient aussi à la maison pour le tenter . Or les
disciples se mirent à table sans se laver les mains. Les scribes
interpellèrent Jésus en ces termes : «Pourquoi tes
disciples n'observent-ils pas les traditions de nos anciens et ne se
lavent-ils pas les mains avant de manger le pain1 » ?
Jésus répondit : « Et moi, je vous demande : Pour
quelle raison avez-vous supprimé le précepte de Dieu pour
observer vos traditions ? Vous dites aux enfants dont le
père est pauvre : « Offre et fais vœu au
temple ». Ils font vœu du peu dont ils devraient
nourrir leur père. Quand leurs pères veulent
prendre l'argent, les enfants s'écrient : « Il est
consacré à Dieu, cet argent-là ». Et
les pères souffrent. Oh, faux scribes,
hypocrites. Est-ce que Dieu dépense cet argent ?
Bien sûr que non, car Dieu ne mange pas, comme il le dit par son
serviteur le Prophète David : « Est-ce que je mangerai la
chair des taureaux et que je boirai le sang des béliers ?
Rends-moi le sacrifice des louanges, et offre-moi tes vœux, car,
si j'avais faim, je ne te demanderais rien, puisque tout est entre mes
mains et que l'abondance du paradis est avec moi ».
Hypocrites, vous faites cela pour remplir votre bourse et vous
prélevez la dîme sur la rue et la menthe !
Misérables, pourquoi montrez-vous très clairement aux
autres la voie par laquelle vous ne voulez pas passer ? Vous,
scribes et docteurs, vous chargez les épaules des autres de
poids intolérables, mais vous-mêmes ne voulez pas les
toucher d'un seul doigt .
Je vous le dis en vérité, tout mal est
entré dans le monde sous le couvert des anciens .
Dites-moi, l'idolâtrie, qui la fit entrer dans le monde sinon
l'usage des anciens? En effet, il y eut un roi qui aimait
énormément son père ; ce dernier se nommait
Baal. A la mort de son père, le fils, pour se consoler fit
faire une effigie à sa ressemblance et la mit sur la place de la
ville. Il décréta que serait tué celui qui
s'approcherait de cette stature dans un rayon de quinze coudées
et que, sous aucun prétexte nul ne devrait le molester .
Aussi les malfaiteurs en raison du profit qu'ils en tireraient,
commencèrent-ils à offrir à la statue des roses et
des fleurs. En peu de temps, cette offrande se changea en argent
et en nourriture, si bien que pour l'honorer ils l'appelèrent
Dieu. Cette habitude se changea en loi, de sorte que l'idole de
Baal se répandit dans le monde entier.
Oh, comme Dieu s'en plaint par le Prophète Isaïe en disant
: « Vraiment ce peuple m'adore en vain, car ils ont
détruit ma loi que je leur ai donnée par Moïse, mon
serviteur, et ils suivent les traditions de leurs anciens ».
« Je vous le dis en vérité, manger le pain avec les
mains sales ne souille pas l'homme ; ce qui le souille, ce n'est pas ce
qui entre en lui, mais ce qui en sort ».
Un scribe dit alors : « Donc, si je mange du porc et d'autres
aliments impurs, ils ne souilleront pas ma conscience » ?
Jésus répondit : « La désobéissance
ne peut pas entrer dans l'homme, mais elle peut sortir de lui, de son
cœur ; il sera donc souillé s'il mange l'aliment
défendu. » Un docteur dit alors : «
Maître, tu as beaucoup parlé contre l'idolâtrie,
comme si le peuple d'Israël avait des idoles ; tu nous fais injure
» ! Jésus répondit : « Je sais bien
qu'aujourd'hui, en Israël, il n'y a pas de statues de bois, mais
il y a des statues de chair ». Tous les scribes, en
colère, répliquèrent : « Sommes-nous des
idolâtres »? Jésus répondit : «
Je vous le dis en vérité : le précepte ne dit pas
: « tu adoreras », mais il dit : « tu aimeras le
Seigneur ton Dieu de toute ton âme, de tout ton cœur et de
tout ton esprit. «Est-ce vrai »? dit Jésus ;
« C'est vrai », répondirent-ils tous.
Chapitre 33
Jésus dit alors : « En vérité, tout ce que
l'homme aime, ce pourquoi il laisse tout le reste, c'est cela son
Dieu. Ainsi le fornicateur a-t-il la prostituée pour
idole; celui qui mange et qui boit a pour idole sa propre chair ;
l'avare a pour idole l'argent et l'or. Et ainsi de chaque
pécheur ».
Celui qui l'avait invité dit alors : « Maître, quel
est le plus grand péché ? » Jésus
répondit : « Quelle est la plus grande ruine pour une
maison ? » Tous se taisaient. Alors de son
doigt, Jésus montra les fondations et dit : «
Dès que les fondations s'écroulent, la maison tombe en
ruines et on doit la reconstruire. Mais lorsque s'écroule
n'importe quel autre élément de la maison, on peut
réparer. De même, je vous le dis, l'idolâtrie
est pour l'homme le plus grand des péchés ; en effet,
elle le prive totalement de foi et, par conséquent, de Dieu ; et
il ne peut plus avoir aucun fruit spirituel ; tandis que tout autre
péché lui laisse l'espoir d'obtenir
miséricorde. Je dis donc que l'idolâtrie est le plus
grand des pêchés ». Tous étaient
émerveillés des paroles de Jésus, reconnaissant
qu'on ne pouvait rien y reprendre .
Jésus ajouta : « Rappelez-vous ce que Dieu a dit et ce que
Moïse et Josué ont écrit dans la loi, et vous verrez
combien ce péché est grave. S'adressant à
Israël Dieu dit : « Tu ne te feras aucune
représentation de ce qui se trouve au ciel ou de ce qui se
trouve sous le ciel ; tu ne t'en feras pas de ce qui se trouve sur la
terre ni de ce qui se trouve sous la terre ; ni de ce qui se trouve sur
l'eau ou de ce qui se trouve dans l'eau. parce que je suis ton Dieu,
fort et jaloux qui se vengera de ce péché sur les
pères et sur leurs enfants jusqu'à la quatrième
génération ». Rappelez-vous que, lorsque
notre peuple eut façonné un veau et qu'il l'eût
adoré, Josué et la tribu de Lévi tirèrent
l'épée sur l'ordre de Dieu et tuèrent cent vingt
mille de ceux qui ne demandèrent pas pardon à Dieu envers
les idolâtres! »
Chapitre 34
Devant la porte se tenait quelqu'un dont la main droite était
repliée de sorte qu'il ne pouvait s'en servir. Alors,
élevant son cœur vers Dieu, Jésus pria. Puis
il dit : « Afin que vous sachiez que mes paroles sont vraies, je
dis : « Au nom de Dieu, homme, étends ta main
malade.» Il l'étendit, guérie, comme si
jamais elle n'avait eu mal .
Ensuite, ils commencèrent à manger avec crainte de
Dieu. Après avoir un peu mangé, Jésus reprit
: « Je vous le dis en vérité, il vaudrait mieux
brûler une ville que d'y laisser une mauvaise coutume. A ce
propos, Dieu est irrité contre les princes et les rois de la
terre auxquels il a donné l'épée pour
détruire les iniquités. »
Puis Jésus dit : « quand tu es invité, je te
rappelle de ne pas te mettre à la première place, de peur
que, s'il arrive un ami de l'hôte plus important que toi,
celui-ci ne te dise : « Lève-toi et assieds-toi plus bas,
» ce qui serait pour toi une honte. Mais va t'asseoir
à la place la plus modeste afin qu'en te voyant, celui qui t'a
invité dise : « Lève-toi, ami, et viens t'asseoir
ici, plus haut » ; et alors ce sera pour toi un grand
honneur. Car celui qui s'élève sera humilié
et celui qui s'humilie sera élevé. Je vous le dis
en vérité, Satan ne devint pas réprouvé
pour un autre péché que pour son orgueil, comme le dit le
Prophète Isaïe en l'invectivant en ces termes «
Comment es-tu tombé du ciel, Lucifer, toi qui étais la
beauté des anges et qui brillais comme l'aurore? Vraiment
ton orgueil est tombé par terre. » Je vous le dis en
vérité, si l'homme connaissait ses misères, il
pleurerait toujours ici-bas et il se considérerait comme plus
vil que toute autre chose. Ce n'est pas pour une autre raison que
le premier homme et sa femme pleurèrent cent ans sans
s'arrêter en demandant pardon à Dieu. Car ils
reconnaissaient vraiment où ils étaient tombés par
leur orgueil. »
Cela dit, Jésus rendit grâces. Ce jour-là,
furent rendus publics à Jérusalem tout ce que
Jésus avait dit et le miracle qu'il avait fait. Aussi le
peuple remerciait-il Dieu en bénissant son saint nom. Mais
comme les scribes et les prêtres avaient entendu dire qu'il avait
parlé contre les traditions des anciens, ils
s'enflammèrent d'une haine plus grande et endurcirent leur
cœur comme Pharaon. Ils cherchaient donc une occasion de le
faire mourir, mais ils ne la trouvaient pas.
Chapitre 35
Jésus quitta Jérusalem et s'en alla au désert de
l'autre côté de Jourdain. Quand ils furent assis, ses
disciples lui dirent : «Maître, dis-nous comment Satan
tomba par orgueil, car nous avons entendu dire qu'il tomba par
désobéissance, et dis-nous pourquoi il pousse toujours
l'homme à faire le mal.»
Jésus répondit : «Dieu ayant créé une
masse de terre et l'ayant laissée pendant 25 000 ans sans
rien faire d'autre, Satan, qui était en quelque sorte
prêtre et chef des anges, sut, grâce à la grande
intelligence qu'il avait, que Dieu devait tirer de cette masse de terre
cent quarante quatre mille marqués du caractère de la
prophétie ainsi que le Messager de Dieu dont il avait
créé l'âme soixante mille ans avant quoi que ce
fût . Aussi dans son indignation, il excitait les anges :
«Prenez garde, disait-il, un jour Dieu voudra que nous
révérions cette terre. Mais considérez que
nous sommes esprit et que par conséquent il ne convient pas de
le faire. » Aussi beaucoup se séparèrent de
Dieu.
Alors, un jour que tous les anges étaient rassemblés,
Dieu dit : « Vite, que chacun de ceux qui me considèrent
comme leur Seigneur révèrent cette terre. Ceux qui aiment
Dieu se prosternèrent, mais Satan et ceux qui pensaient comme
lui dirent : «Seigneur, nous sommes esprit, et par
conséquent il n'est pas juste que nous
révérions cette boue. » A peine avait-il dit
cela que Satan devint horrible, épouvantable à voir, et
que ses partisans devinrent hideux, car, à cause de leur
rébellion, Dieu leur reprit cette beauté qu'il leur avait
donnée en les créant. Relevant la tête, les saints
anges virent le monstre épouvantable qu'était devenu
Satan ainsi que ses partisans, et de frayeur, ils tombèrent la
face contre terre.
Satan dit alors : « Seigneur, tu m'as rendu hideux injustement,
mais j'en suis content, car je veux détruire tout ce que tu
feras.» Les autres diables dirent : « Ne l'appelle
pas Seigneur, Lucifer, parce que c'est toi le Seigneur. »
Dieu dit alors aux partisans de Satan : « Repentez-vous et
reconnaissez-moi pour Dieu, votre créateur. » Ils
répondirent : « C'est de t'avoir
révéré que nous nous repentons parce que tu n'es
pas juste, tandis que Satan est juste et innocent. C'est lui
notre Seigneur. » Dieu dit alors, « Allez-vous en
loin de moi, maudits, car je n'ai pas pitié de vous . »
En s'en allant, Satan cracha sur cette masse de terre ; ce crachat,
l'ange Gabriel l'enleva avec un peu de terre. De là vient
le nombril que l'homme a maintenant dans le ventre.
Chapitre 36
Les disciples restaient très frappés de la
rébellion des anges. Jésus dit alors : « En
vérité, je vous le dis : celui qui ne prie pas est plus
scélérat que Satan et subira de plus grandes
peines. Car Satan n'eut avant sa chute aucun exemple à
craindre, Dieu ne lui envoya non plus aucun Prophète pour
l'inviter à faire pénitence, tandis que l'homme,
maintenant que tous les Prophètes sont venus, sauf le Messager
de Dieu qui viendra après moi, puisque Dieu veut que je
prépare sa route, mais l'homme, dis-je, malgré les
exemples infinis qu'il a de la justice de Dieu, vit tranquille, sans
aucune crainte, comme si Dieu n'existait pas. Comme a dit de tels
hommes, le Prophète David : « Le sot a dit dans son
cœur : il n'y a pas de Dieu» Aussi se sont-ils
corrompus et sont-ils devenus abominables sans faire aucun bien»
Priez sans cesse, ô mes disciples, pour recevoir ; car qui
cherche, trouve ; à qui frappe, on ouvre et qui demande,
reçoit. Dans la prière, ne vous souciez pas de
parler beaucoup, car Dieu fait attention au coeur, comme il le dit par
Salomon : « Mon serviteur, donne-moi ton cœur
». Je vous le dis en vérité, vive Dieu, les
hypocrites font grande oraison en tout lieu de la ville pour être
vus et considérés comme saints par les gens, mais leur
cœur est plein de scélératesse.
Aussi ne comprennent-ils pas ce qu'ils demandent. Il faut que tu
comprennes ta prière, si tu veux que Dieu la
reçoive. Or, dites-moi, qui irait parler au gouverneur
romain, ou à Hérode, sans d'abord comprendre son propre
cœur, où il va et ce qu'il va faire ? Personne,
assurément. Et si l'homme fait ainsi pour parler avec
l'homme, que doit faire l'homme pour parler avec Dieu, lui demander
pardon de ses péchés et le remercier de tout ce qu'il lui
a donné ? Je vous le dis en vérité,
très peu font une véritable prière.
C'est pourquoi Satan a pouvoir sur eux, car Dieu ne veut pas de ceux
qui l'honorent des lèvres ; dans le temple, leurs lèvres
demandent miséricorde et leur cœur crie justice.
Comme il dit à Isaïe le Prophète : « Ote-moi
ce peuple, il m'incommode, car ils m'honorent des lèvres, mais
leur cœur est loin de moi . Je vous le dis en
vérité, celui qui va prier inconsidérément
se moque de Dieu. Qui donc irait parler à Hérode en
lui tournant le dos, et dirait en sa présence du bien du
gouverneur Pilate qu'il hait à mort ? Personne
assurément. Néanmoins, l'homme qui va prier et qui
ne s'y prépare pas, tourne le dos à Dieu et
présente son visage à Satan. Il dit du bien de ce
dernier, car il a dans le cœur l'amour des iniquités dont
il ne s'est pas repenti. Si quelqu'un qui t'a injurié te disait
avec les lèvres : « Pardonne-moi!» et qu'avec la
main, il te donnait un soufflet, comment lui pardonnerais-tu?
Dieu aura-t-il pitié de ceux qui disent avec leurs lèvres
: « Seigneur, aie pitié de nous! », tandis que leur
cœur aime les iniquités et qu'ils pensent à de
nouveaux péchés ? »
Chapitre 37
Les disciples pleuraient aux paroles de Jésus. Ils lui
demandèrent : « Seigneur, apprends-nous à prier
». Jésus répondit : « Considérez
ce que vous feriez si le gouverneur romain vous arrêtait pour
vous mettre à mort. Eh bien, cela même, faites-le
quand vous allez prier. Que vos paroles soient celles-ci :
Seigneur notre Dieu, que ton nom soit sanctifié. Que ton
règne vienne en nous. Que ta volonté soit toujours
faite au ciel. Donne-nous le pain de ce jour. Pardonne-nous nos
péchés de même que nous pardonnons à ceux
qui pèchent contre nous. Ne nous laisse pas tomber dans les
tentations. Mais délivre-nous du mal. Car toi seul est notre
Dieu à qui appartiennent gloire et honneur à jamais
».
Chapitre 38
Jean répondit : « Maître, cesserons-nous de nous
laver alors que Dieu l'a commandé par Moïse?
Jésus répliqua : « Pensez-vous que je sois venu
détruire la loi et les Prophètes? Je vous le
dis en vérité, vive Dieu, je ne suis pas venu la
détruire, mais au contraire l'observer. Tout
Prophète en effet a observé la loi de Dieu ainsi que tout
ce que Dieu a dit par les autres Prophètes. Vive Dieu, en
présence de qui se tient mon âme, personne ne peut plaire
à Dieu s'il abolit un précepte pour infime qu'il
soit. Il sera lui aussi infime dans le royaume de Dieu, et
même il n'y aura plus aucune part. Bien plus, je vous le
dis, une seule syllabe de la loi ne peut être abolie sans
péché très grave. Au contraire, je vous
avertis qu'il faut observer ce que Dieu dit par le Prophète
Isaïe : « Lavez-vous et soyez purs. Otez vos
pensées de mes yeux» Je vous le dis en
vérité, toute l'eau de la mer ne lavera pas celui qui
aime de cœur les iniquités. Et je vous dis encore
que personne ne fera une prière agréable à Dieu
s'il n'est pas lavé; au contraire, il chargera son âme
d'un péché semblable à l'idolâtrie.
Croyez-moi, si l'homme priait Dieu comme il convient, il obtiendrait
certainement autant qu'il demande. Rappelez-vous Moïse , serviteur
de Dieu, qui, par la prière flagella l'Egypte, ouvrit la Mer
Rouge et y engloutit Pharaon avec son armée. Rappelez-vous
Josué qui fit arrêter le soleil; Samuel qui
épouvanta l'innombrable armée des Philistins ; Elie qui
fit pleuvoir le feu du ciel ; Elisée qui ressuscita un mort; et
tant d'autres Prophètes saints qui obtenaient tout ce qu'ils
demandaient par la prière. C'est que ceux-là, à la
vérité, ne se recherchaient pas eux-mêmes dans
leurs propres affaires; ils ne recherchaient que Dieu et son honneur.
Chapitre 39
Jean dit alors : «Tu as bien parlé, Maître, mais il
nous reste encore à savoir comment l'homme pécha par
orgueil. Jésus répondit : Quand Dieu eut
chassé Satan, et que l'ange Gabriel eut purifié
cette masse de terre où Satan avait craché, Dieu
créa tout ce qui vit, aussi bien les animaux qui volent que ceux
qui marchent et ceux qui nagent, et il orna le monde de tout ce qu'il
a.
Un jour, Satan s'approcha des portes du paradis et, voyant les chevaux
manger de l'herbe, il leur annonça que, si cette masse de terre
recevait une âme, ils en souffriraient beaucoup et qu'ils
feraient bien de piétiner cette terre de façon qu'elle ne
soit plus bonne à rien. Les chevaux s'ébrouèrent
et se disposèrent avec fougue à ravager cette terre qui
gisait parmi les lis et les roses.
Alors Dieu donna le souffle au morceau de terre impure sur laquelle se
trouvait le crachat de Satan que Gabriel avait enlevé de la
masse, et il suscita le chien. Celui-ci en aboyant, remplit de
peur les chevaux qui s'enfuirent. Puis Dieu donna l'âme
à l'homme, tandis que tous les saints anges chantaient. :
«Béni soit ton saint nom, ô Dieu notre Seigneur
».
Se dressant sur ses pieds, Adam vit, en l'air, une inscription
brillante comme le soleil. Elle disait : « Il n'y a qu'un
seul Dieu, et Muhammad est le Messager de Dieu » Alors
Adam ouvrit la bouche et dit : « Je te rends grâces,
Seigneur mon Dieu, d'avoir daigné me créer, mais dis-moi,
je t'en prie, que signifient ces paroles : Muhammad Messager de Dieu ?
» Y a-t-il eu d'autres hommes avant moi ?
» Dieu répondit alors : « Sois le
bienvenu, ô mon serviteur Adam! Je te le dis, tu es le
premiers homme que j'ai créé. Celui que tu as vu
est ton fils qui se tiendra prêt pendant bien des années
à venir au monde. Il sera mon Messager. C'est pour
lui que j'ai tout créé, Il donnera lumière au
monde quand il viendra. Son âme se trouve dans une
splendeur céleste ; elle y fut mise soixante mille ans avant que
je fasse quoi que ce soit. Adam pria Dieu en disant : «
Seigneur, inscris cela sur mes ongles » Dieu inscrivit alors cela
sur les pouces du premier homme. Sur l'ongle de la main droite,
il y avait : « Il n'y a qu'un seul Dieu»; et sur l'ongle de
la main gauche, il y avait : Muhammad est le Messager de Dieu ».
Aussi, avec une affection paternelle, le premier homme baisa ces
mots. Il se frotta les yeux et dit : « Béni soit le
jour où tu viendras au monde!»
Voyant que l'homme était seul, Dieu dit : «Il n'est pas
bon que l'homme soit seul ». Il le fit donc dormir. Lui
ayant pris une côte du côté du cœur et ayant
rempli cet endroit de chair, il fit de cette côte Eve et il la
donna à Adam pour épouse. Il les fit tous deux
maîtres du paradis et leur dit : «Voici, je vous donne tous
les fruits à manger, sauf les pommes et le blé
». A leur sujet il dit : «Gardez-vous absolument de
manger de ces fruits, car vous en deviendriez si impurs que je ne
souffrirais pas que vous restiez ici. Je vous chasserais dehors et vous
souffririez de grandes misères.
Chapitre 40
L'ayant appris, Satan fut pris de rage. Il s'approcha de la porte
du paradis que gardait un horrible serpent dont les jambes
étaient comme celles d'un chameau et dont les ongles des pieds
coupaient de tous côtés comme rasoir. L'ennemi lui
dit : « Laisse-moi entrer dans le paradis. » Le
serpent répondit : « Comment te laisserai-je entrer
puisque Dieu m'a commandé de te chasser ? » Satan
reprit : « Voici donc comme Dieu t'aime : il t'a placé
hors du paradis à la garde de ce tas de boue qu'est
l'homme. Mais si tu me fais entrer dans le paradis, je te rendrai
si épouvantable que chacun te fuira et qu'ainsi tu pourras aller
et venir à ton gré. Le serpent dit alors : «
comment te ferai-je entrer ? » Satan reprit : « Tu es
grand ; ouvre donc la bouche; j'entrerai dans ton ventre; ainsi, quand
tu entreras dans le paradis, tu me mettras à côté
de ces deux tas de boue qui marchent depuis peu sur la terre. »
Le serpent le fit donc et il mit Satan auprès d'Eve, car Adam,
son mari, dormait. Satan se présenta à la femme
comme un bel ange et lui dit : « Pourquoi ne mangez-vous pas de
ces belles pommes et aussi du blé ? » Eve
répondit : « Notre Dieu nous a dit que si nous en
mangeons, nous deviendrons impurs et il nous chassera du paradis.
» Satan reprit : « Ce n'est pas vrai. Tu dois
savoir que Dieu est méchant et envieux. C'est pour cela
qu'il ne veut pas d'égaux et qu'il considère chacun comme
un esclave. C'est afin que vous ne deveniez pas ses égaux
qu'il vous a parlé ainsi, mais si toi et ton compagnon vous
suivez mon conseil, vous mangerez de ces fruits comme les autres et
vous ne serez pas soumis aux autres. Au contraire, vous
connaîtriez le bien et le mal comme Dieu et vous ferez ce qui
vous plaira, car vous serez égaux à Dieu. »
Alors Eve en prit et en mangea. Son mari une fois
réveillé, elle lui rapporta tout ce que Satan lui avait
dit. Il prit ce que son épouse lui présentait et en
mangea. Ensuite, tandis que la nourriture descendait, il se
souvint des paroles de Dieu, et voulant arrêter la nourriture, il
se mit la main dans la gorge, là où tout homme en a la
marque.
Chapitre 41
Alors ils prirent conscience qu'ils étaient tous deux nus. De
honte, ils prirent des feuilles de figuier et se firent un
vêtement pour leurs parties secrètes. Dans
l'après-midi, voici que Dieu se révéla. Il appela
Adam : « Adam où es-tu ? »
Il répondit : « Seigneur, je me suis soustrait à ta
présence, car nous sommes nus, moi et mon épouse, et nous
avons honte de nous présenter devant toi. » Dieu dit alors
: «Et qui vous a dépouillés de l'innocence, sinon
le fruit que vous avez mangé ? C'est à cause de lui que
vous êtes impurs et que vous ne pourrez plus rester ici dans le
paradis. »
Adam répondit : « Seigneur, si j'en ai mangé, c'est
que l'épouse que tu m'as donnée m'a prié de
manger. » Dieu dit alors à la femme : « Pourquoi
as-tu donné à ton mari cette nourriture-là?
» Eve répondit : « Si j'en ai donné, c'est
que Satan m'a trompée.» -« Et comment ce
réprouvé est-il entré ici ?» dit Dieu. Eve
répondit : « Un serpent qui se tient à la porte de
Tramontane l'a porté près de moi. » Dieu dit alors
à Adam : « Parce que tu as écouté la voix de
ton épouse et que tu as mangé le fruit, que maudite soit
la terre dans tes œuvres. Elle produira pour toi ronces et
épines et c'est à la sueur de ton front que tu
retourneras en terre. »
Puis il s'adressa à Eve en disant : « Et toi qui as
écouté Satan et qui as donné la nourriture
à ton mari, tu te tiendras sous l'empire de l'homme, il te
prendra pour servante et tu enfanteras dans la douleur.»
Ayant appelé le serpent, Dieu appela aussi l'ange Michel, celui
qui tient l'épée de Dieu. Il dit : « Chasse d'abord
du paradis ce serpent scélérat, et une fois dehors,
coupe-lui les jambes. S'il veut marcher, il traînera son ventre
par terre » . Puis Dieu appela Satan qui vint en riant. Il lui
dit : « Pourquoi, réprouvé que tu es, les as-tu
trompés et les as-tu fait devenir impurs ? Je veux que chacune
de leurs souillures, ainsi que celles de leurs enfants qui feront
vraiment pénitence et me serviront, entre, en sortant de leur
corps dans ta bouche, ainsi tu seras gavé de souillures ».
Satan poussa alors un horrible rugissement de dit : « Puisque tu
veux me faire toujours plus de mal, moi je ferai encore tout ce que je
pourrai. » Dieu dit alors : « Maudit, va-t-en hors de ma
présence. » Et Satan s'en alla.
Puis Dieu dit à Adam et Eve qui pleuraient tous deux : «
Sortez du paradis et faites pénitence. Et que votre
espérance ne se perde pas, car j'enverrai votre fils, si bien
que votre semence enlèvera à Satan l'empire du genre
humain. Car je donnerai tout à celui qui viendra comme mon
Messager ». Dieu se cacha et l'ange Michel les chassa du paradis.
Adam s'étant retourné, vit écrit sur la porte :
« Il n'y a qu'un seul Dieu et Muhammad est le Messager de Dieu.
» Alors, en pleurant, il dit : « Plaise à Dieu, mon
fils, que tu viennes vite nous tirer de misère. » Et c'est
ainsi, dit Jésus, que Satan et Adam péchèrent par
orgueil, l'un en méprisant l'homme et l'autre en voulant
s'égaler à Dieu.
Chapitre 42
A ce discours, les disciples pleurèrent. Jésus aussi
pleurait. Alors ils virent beaucoup de gens qui venaient le trouver
parce que les princes des prêtres s'étaient
concertés pour le surprendre en paroles.
Ils envoyèrent donc les lévite et quelques scribes lui
demander : « toi, qui es-tu? » Jésus confessa et dit
la vérité : « Je ne suis pas le messie. » Ils
dirent : « Es-tu Elie, ou Jérémie, ou quelqu'un des
anciens Prophètes? » Jésus répondit :
« Non.» Ils reprirent alors : « Qui es-tu, dis-le
nous, afin que nous en témoignions à ceux qui nous ont
envoyés. » Jésus dit alors : « Je suis une
voix qui crie par toute la Judée. Elle crie : préparez la
voie au Messager de Dieu, comme il est écrit dans Isaïe
». Ils reprirent : « Si tu n'es ni le Messie, ni Elie, ni
l'un des Prophètes, pourquoi prêches-tu une nouvelle
doctrine et te fais-tu passer pour plus grand que le Messie?»
Jésus répondit : « Les miracles que Dieu fait par
mes mains montrent que je dis ce que Dieu veut et donc que je ne me
fais pas passer pour ce que vous dites. Car je ne suis pas digne de
dénouer les courroies de chausses ni les lacets des sandales du
Messager de Dieu que vous appelez Messie. Celui-là est fait
avant moi et viendra après moi. Il apportera les paroles de
vérité et sa foi n'aura pas de fin.
Les lévites et les scribes s'en allèrent confus, et ils
rapportèrent tout cela aux princes des prêtres qui dirent
: « Il a le diable sur le dos qui lui raconte tout ».
Jésus dit alors à ses disciples : « Je vous le dis
en vérité, les princes et les anciens de notre peuple
cherchent une occasion contre moi » . Pierre dit alors : «
Ne va donc pas à Jérusalem ». Mais Jésus lui
dit : « Tu es insensé. Tu ne sais pas ce que tu dis. Il
faut que je souffre beaucoup de persécutions, car ainsi ont
souffert tous les Prophètes et saints de Dieu . Mais je ne
crains pas, parce qu'ils sont avec nous plutôt que contre nous
.»
Après ces paroles, Jésus s'éloigna. Il s'en alla
au mont Tabor que gravirent avec lui Pierre, Jacques et Jean son
frère, ainsi que celui qui écrit ceci. A ce moment, il se
fit sur lui une grande lumière. Ses vêtements devinrent
blancs comme neige et son visage resplendissait comme le soleil. Et
voici que Moïse et Elie vinrent et parlèrent avec
Jésus à propos de ce qui devait arriver à notre
peuple et à la ville sainte. Pierre parla en ces termes :
« Seigneur, il est bon de rester ici : si tu veux, nous ferons
ici trois demeures, une pour toi, une pour Moïse et l'autre pour
Elie. » Tandis qu'il parlait, ils furent couverts d'une
nuée blanche et ils entendirent une voix qui disait : «
Voici mon serviteur en qui je me suis complu, écoutez-le.
» Les disciples furent remplis de peur et tombèrent le
visage contre terre, comme morts . Jésus descendit et releva ses
disciples en disant : « Ne craignez pas, car Dieu vous aime il a
fait cela pour que vous croyiez à mes paroles.
Chapitre 43
Jésus redescendit vers les huit disciples qui l'attendaient en
bas. Et les quatre racontèrent aux huit tout ce qu'ils avaient
vu. Aussi dès ce jour-là, tout doute concernant
Jésus quitta leur cœur, sauf pour Judas Iscariote qui ne
croyait à rien. Jésus s'assit au pied de la montagnes et
ils mangèrent des fruits sauvages, car ils n'avaient pas de
pain. André dit alors : « Tu nous as dit beaucoup de
choses au sujet du Messie, mais, de grâce, dis-nous tout
clairement. » Et les autres disciples le prièrent de la
même manière.
Jésus dit alors : « Quiconque agit, agit pour une fin dans
laquelle il se complaît. Mais je vous le dis en
vérité, Dieu, parce qu'il est parfait, n'a pas besoin de
se complaire en quoi que ce soit, étant donné que c'est
en lui qu'il se complaît. C'est pourquoi, voulant agir, il
créa avant tout l'âme de son Messager, pour lequel
décida de tout créer, afin que les créatures
prennent en Dieu joie et béatitude et que son Messager se
réjouisse dans toutes les créatures qu'il a mises
à son service1 . Et pourquoi cela, sinon parce qu'il l'a voulu
ainsi?
Je vous le dis en vérité, les Prophètes, quand ils
sont venus, n'ont apporté l'empreinte de la miséricorde
de Dieu qu'à une seule nation : leurs discours ne s'adressaient
qu'au peuple auquel ils étaient envoyés. Mais quand le
Messager de Dieu viendra, Dieu lui donner une sorte de sceau de sa
main, si bien qu'il portera le salut et la miséricorde à
toutes les nations du monde qui recevront sa doctrine. Il viendra avec
puissance sur les impies et il détruira si bien
l'idolâtrie que Satan sera confondu. C'est ce que Dieu promit
à Abraham en disant : « Voici que je bénirai dans
ta semence toutes les tribus de la terre. Et de même que tu as
mis en pièces les idoles, Abraham, ainsi fera ta semence.
»
Jacques reprit : « Maître, dis-nous donc au sujet de qui
est faite cette promesse? Car les Juifs disent que c'est au sujet
d'Isaac et les Ismaélites au sujet d'Ismaël.»
Jésus répondit : «David, de qui est-il le fils et
de quelle race ? » Jacques dit : « D'Isaac, parce qu'Isaac
fut le père de Jacob et que Jacob fut le père de Judas ,
de la race de qui est David. » Jésus reprit alors :
« Et le Messager de Dieu, quand il viendra, de quelle race
descendra-t-il? » Les disciples répondirent : « De
David.» Alors Jésus dit : « Vous vous trompez, car
David en esprit l'appelle « Seigneur» en disant : «
Dieu a dit mon Seigneur : assieds-toi à ma droite jusqu'à
ce que je fasse de tes ennemis l'escabeau de tes pieds. Dieu
établira ton sceptre qui dominera au milieu de tes
ennemis.» Si le Messager de Dieu, que vous appelez Messie
était fils de David, comment David l'appellerait-il Seigneur8 ?
» Croyez-moi, c'est en vérité que je vous dis : la
promesse fut faite au sujet d'Ismaël, et non pas d'Isaac. »
Chapitre 44
Les disciples dirent donc : « Maîtres, il est écrit
au livre de Moïse, que la promesse fut faite au sujet d'Isaac1
.» Jésus répondit avec un gémissement :
« C'est bien ce qui est écrit, mais ce n'est pas
Moïse qui l'a écrit, ni Josué, mais nos rabbins qui
ne craignent pas Dieu. Moi je vous dis en vérité qui si
vous considérez les paroles de l'ange Gabriel, vous
découvrirez la malice de nos scribes et docteurs, car l'ange a
dit : « Abraham, tout le monde saura/comment Dieu t'aime. Mais
comment le monde saura-t-il l'amour que tu portes à Dieu ? Il
est tout à fait nécessaire que tu fasses quelque chose
pour l'amour de Dieu. » Abraham répondit : « voici
le serviteur de Dieu, prêt à faire tout e que Dieu
voudra.» Alors Dieu parla : « Abraham, prends ton fils
premier né, Ismaël, et viens le sacrifier sur la montagne.
» Comment Isaac est-il le premier né, puisque quand Isaac
est né, Ismaël avait sept ans?
Les disciples dirent alors : « Le mensonge de nos docteurs est
patent. Dis-nous la vérité, car nous savons que tu as
été envoyé par Dieu. » Jésus
répondit alors : « Je vous le dis en vérité,
Satan cherche toujours à détruire la loi de Dieu. C'est
pourquoi avec ses partisans hypocrites et malfaisants, - les uns avec
une doctrine fausse et les autres avec une vie très mauvaise, -
ils ont aujourd'hui presque tout contaminé si bien qu'on trouve
difficilement la vérité. Malheur aux hypocrites! Car les
louanges de ce monde se changeront pour eux en injures et en tourments
en enfer.
Je vous le dis donc, le Messager de Dieu est une splendeur qui donnera
de la joie à presque tout ce que Dieu a fait, parce qu'il est
orné d'esprit d'intelligence et de conseil, d'esprit de sagesse
et de force, d'esprit de crainte et d'amour, d'esprit de prudence et de
tempérance. Il est orné d'esprit de charité et de
miséricorde, d'esprit de justice et de piété,
d'esprit de mansuétude et de patience. Dieu lui a donné
trois fois plus qu'à toutes ses créatures. Oh, temps
bienheureux quand il viendra au monde! Croyez-moi, je l'ai vu et je
l'ai révéré, de même que tous les
Prophètes l'ont vu puisque c'est de son esprit que Dieu leur a
donné la prophétie .
Quand je l'ai vu, mon âme fut remplie de consolation et a dit :
«Muhammad, que Dieu soit avec toi! Qu'il me rende digne de
dénouer les lacets de tes chaussures, parce que, quand je
l'aurai obtenu, je serai un grand Prophète et saint de Dieu!
» Après ces paroles, Jésus rendit grâces
à Dieu.
Chapitre 45
Alors l'ange Gabriel vint à Jésus et lui parla de telle
manière que nous aussi nous entendions sa voix. Il dit : «
Lève-toi et va à Jérusalem.» Jésus
s'en alla donc et monta à Jérusalem. Le jour du sabbat,
il entra dans le temple et commença à enseigner les gens.
Alors le peuple accourut au temple ainsi que le Pontife et les
prêtres. Ceux-ci s'approchèrent de Jésus et dirent
: «Maître, on nous a dit que tu dis du mal de nous. Prends
garde qu'il ne t'arrive quelque malheur!» Jésus
répondit :«Je vous le dis en vérité, je dis
du mal des hypocrites. Si donc vous êtes hypocrites, je parle
contre vous.» Ils dirent : «Qui est hypocrite? Dis-le nous
clairement.» Jésus répondit : «En
vérité, je vous le dis, celui qui fait une bonne chose
pour que les hommes le voient, c'est un hypocrite. En effet comme son
action ne pénètre pas son cœur que les hommes ne
peuvent voir, il y laisse toute pensée impure et toute sale
concupiscence. Savez-vous qui est hypocrite? C'est celui qui sert Dieu
avec sa langue, mais sert les hommes avec son cœur. Oh
malheureux! En mourant, il perd toute sa récompense. Le
Prophète David dit en effet à ce propos : «Ne
mettez pas votre confiance dans les princes, dans les fils des hommes,
chez eux il n'y a pas de salut; car à leur mort périssent
leurs pensées.» Même avant la mort, ils se trouvent
privés de récompense, car l'homme, comme le dit Job,
Prophète de Dieu, est si instable qu'il ne demeure jamais dans
un même état; s'il te loue aujourd'hui, demain il
t'invective; s'il veut te faire un cadeau aujourd'hui, demain il voudra
te dépouiller. Malheur donc aux hypocrites! Car leur
récompense est vaine. Vive Dieu, en présence de qui je me
tiens, l'hypocrite est voleur et sacrilège, car il se sert de la
loi pour paraître bon, et il vol l'honneur de Dieu à qui
seul appartiennent louange et honneur à jamais!
En outre, je vous le dis, l'hypocrite n'a pas de foi, car s'il croyait
que Dieu voit tout et qu'il punit les méchancetés dans un
jugement redoutable, il purifierait son cœur, mais n'ayant pas la
foi, il le maintient plein d'iniquités. Je vous le dis en
vérité, l'hypocrite est comme un tombeau, blanc au
dehors, mais plein de puanteur et de vers au-dedans. Si donc vous les
prêtres vous accomplissez le service de Dieu parce que Dieu vous
a créés et qu'il vous l'ordonne, je ne parle pas contre
vous, parce que vous êtes serviteurs de Dieu. Mais si vous faites
tout cela pas intérêt et vous achetez et vendez dans le
temple comme sur une place, sans considérer que le temple de
Dieu est une maison de prière et non pas d'affaires, et que vous
la transformez en caverne de voleurs, si vous faites tout cela pour
plaire aux hommes et si vous avez oublié Dieu, je crie contre
vous : vous êtes fils du diable et non fils d'Abraham qui quitta
la maison de son père pour l'amour de Dieu et qui voulut tuer
son propre fils. Malheur à vous, prêtres et docteurs, si
vous êtes tels, car Dieu vous enlèvera le
sacerdoce!»
Chapitre 46
Jésus reprit : «Je vous propose un exemple. Il
était un père de famille qui planta une vigne et
l'entoura d'une haie pour qu'elle ne soit pas piétinée
par les animaux. Au milieu, il bâtit un pressoir à vin.
Puis il la loua à des agricultures. Le temps de la vendange
venu, il y envoya ses serviteurs. Quand les agriculteurs les virent,
ils lapidèrent ceux-ci, brûlèrent ceux-là et
poignardèrent les autres, et ils le furent de nombreuses fois.
Dites-moi, que fera le propriétaire de la vigne à ces
agriculteurs? » Tous répondirent : «Il les fera
périr de mâle mort et il donnera sa vigne à
d'autres agriculteurs.»
«Eh bien, dit Jésus, ne savez-vous pas que la vigne est la
maison d'Israël et que les agriculteurs sont le peuple de
Judée et Jérusalem? Malheur à vous, car Dieu est
irrité contre vous. Vous avez en effet tué tant de
Prophètes de Dieu, qu'il n'y avait pas assez d'hommes au temps
d'Achad pour ensevelir les saints de Dieu .» A ces paroles, les
pontifes voulurent se saisir de lui, mais ils craignirent la foule qui
le glorifiait.
Voyant alors une femme qui depuis sa naissance avait la tête
courbée vers le sol, Jésus dit : «Femme, au nom de
Dieu, redresse la tête, afin que ceux-ci sachent que je dis la
vérité et que Dieu veut que je l'annonce.» La femme
se redressa alors, guérie, glorifiant Dieu.
Le prince des prêtres cria : «Il n'est pas envoyé de
Dieu puisqu'il ne respecte pas le sabbat; il a guérit une
infirme aujourd'hui.» Jésus répondit :
«Dis-moi, n'est-il pas permis de parler le jour du sabbat et de
prier pour le salut des autres? Et qui de vous si son âne ou son
bœuf tombe dans la fosse un jour de sabbat, ne l'en retire pas le
jour du sabbat? Personne, bien sûr. Et moi j'aurais violé
le jour du sabbat pour avoir rendu la santé à une fille
d'Israël? On reconnaît bien là ton hypocrisie. Comme
ils sont nombreux aujourd'hui ceux qui craignent que la paille que
quelqu'un a dans l'œil ne le blesse et qui ont eux-mêmes un
poutre qui leur tranche la tête! Comme ils sont nombreux ceux qui
craignent une fourmi et qui ne se soucient pas d'un
éléphant!»
Cela dit, il sortit du temple, mais les prêtres se rongeaient de
ne pas pouvoir le prendre et le traiter à leur guise, comme
firent leurs pères envers les saints de Dieu.
Chapitre 47
Durant la deuxième année de son ministère
prophétique, Jésus descendit de Jérusalem pur
aller à Naïn. Comme il approchait de la porte de la ville,
voici que les habitants portaient au tombeau le fils unique d'une
mère veuve; et chacun pleurait sur elle. A l'arrivée de
Jésus, les hommes se rendirent compte que Jésus, le
Prophète galiléen arrivait, ils se mirent donc à
le prier pour qu'il ressuscite le mort puisqu'il était
Prophète, et ses disciples en firent autant.
Alors Jésus, éprouva une grande crainte et, tourné
vers Dieu, il dit : «Ote-moi du monde, Seigneur, car le monde est
fou. Bientôt, ils m'appelleront Dieu!» Ayant dit cela, il
pleurait, L'ange Gabriel vint alors et lui dit : «Jésus,
ne crains pas, car Dieu t'a donné pouvoir sur toute
infirmité : tout ce que tu accorderas au nom de Dieu
s'accomplira.» A ces mots, Jésus soupira et
répondit : «Que ta volonté soit faite, Seigneur
Dieu, tout puissant et miséricordieux.»
Cela dit, il s'approcha de la mère du mort et lui dit avec
pitié : «Femme, ne pleure pas!» Il prit la main du
mort et dit : «Jeune homme, je te le dis au nom de Dieu,
lève-toi guéri.» Alors le jeune garçon
ressuscita. Chacun fut rempli de crainte et dit : «Dieu a
suscité un grand Prophète parmi mous : il a visité
son peuple».
Chapitre 48
En ce temps-là, l'armée des Romains se trouvait en
Judée. Notre région leur était soumise à
cause des péchés de nos pères. Or les Romains
avaient coutume d'appeler Dieu et d'adorer celui qui faisait quelque
chose de nouveau au profit de tout le peuple. Comme certains de ces
soldats se trouvaient à Naïn, ils faisaient reproches aux
uns et aux autres en disant : «L'un de vos dieux vous a
visité et vous n'en tenez aucun compte! Assurément, si
nos dieux nous visitaient, nous leurs donnerions tout ce que nous avons
de meilleur; vous pouvez voir par là combien nous les
craignons». Satan stimula tellement ce langage qu'il suscita dans
le peuple de Naïn, un conflit qui ne fut pas de peu d'importance.
Mais Jésus ne s'arrêta nullement à Naïn. Il
fit au contraire demi-tour pour aller à Capharnaüm.
La discorde des Naïnites consistait en ceci que certains disaient
: «C'est notre Dieu qui nous a visité». D'autres
disaient : «Dieu est invisible. Personne ne l'a vu, même
pas Moïse, son ami et son serviteur. Ce n'est pas Dieu mais son
fils». D'autres disaient : «Il n'est pas Dieu, ni fils de
Dieu, car Dieu n'a pas de corps pour engendrer. Mais c'est un grand
Prophète de Dieu». Satan s'employa tant que la
troisième année du ministère prophétique de
Jésus, un grand désastre allait en sortir pour notre
peuple.
Comme Jésus se rendait à Capharnaüm, les habitants
de la ville l'apprirent et rassemblèrent tous les malades qu'ils
avaient. Ils les placèrent devant l'atrium de la maison
où Jésus logeait avec ses disciples. Ils
l'appelèrent au dehors et le supplièrent de les
guérir. Jésus imposa alors les mains à chacun en
disant : «Dieu d'Israël, par ton saint nom, rend la
santé à ce malade!» Et chacun fut guéri.
Le jour du sabbat, Jésus entra dans la synagogue et tout le peuple s'y rassembla pour l'entendre parler.
Chapitre 49
Ce jour-là, le scribe lisait le psaume où David dit :
«Quand je prendrai le temps, je jugerai la justice.»
Après la lecture des Prophètes, Jésus se leva et
fit signe de la main de se taire. Ayant ouvert la bouche, il dit :
«Frères, vous avez entendu les paroles que dit le
Prophète David, notre père : quand il aura pris le temps,
il jugera la justice. je vous le dis en vérité, beaucoup
jugent; et ils tombent dans ce jugement même, uniquement parce
qu'ils jugent ce qui ne les concerne pas. Quant à ce qui les
concerne, ils le jugent avant le temps. Aussi le Dieu de nos
pères nous crie par son Prophète David : «Jugez
justement, ô fils des hommes.»
Misérables sont donc ceux qui se mettent aux coins des rues et
ne font que juger ceux qui passent en disant : «Celui-là
est beau, celui-ci est laid, celui-là est bon, celui-ci est
mauvais.» Malheur à ceux-là, car ils
enlèvent des mains de Dieu le sceptre de son jugement. C'est
Dieu qui dit : «Je suis témoin et juge, et mon honneur je
ne le donnerai à personne.» Je vous le dis en
vérité, ceux-là témoignent de ce qu'ils
n'ont ni vu ni entendu et ils jugent sans avoir été
constitués juges. Aussi, aux yeux de Dieu, sont-ils abominables
sur la terre. Au dernier jour, il rendra un jugement terrible.
Malheur à vous! Malheur à vous qui appelez bien ce qui
est mal et mal ce qui est bien, car vous condamnez Dieu comme coupable,
et vous innocentez Satan l'origine de tout mal.
Chapitre 50
Dis-moi, ô homme, toi qui juges autrui, ne sais-tu pas que tous
les hommes ont tiré origine de la même boue ? Ne sais-tu
pas que Dieu seul est bon et donc que tout homme est menteur est
pécheur ? Crois-moi, ô homme, si tu juges que d'autres ont
péché, ton cœur aussi a de quoi être
jugé. Comme il est dangereux de juger ! Combien ont péri
à cause de leur jugement faux ! Satan jugea que l'homme
était plus vil que lui, aussi se rebella-t-il contre Dieu son
créateur et depuis, il est impénitent comme je m'en suis
aperçu en lui parlant. Nos premiers parents jugèrent que
le langage de Satan était bon, aussi furent-ils chassés
du paradis et condamnèrent-ils ainsi toute leur descendance. Je
vous le dis, aussi vrai que Dieu existe, en présence de qui je
me tiens, le jugement faux est père de tous les
péchés, car personne ne pèche sans le vouloir et
personne ne veut ce qu'il ne connaît pas. Malheur donc au
pécheur qui dans son jugement juge que le péché
est digne et le bien est indigne, et qui par conséquent rejette
le bien et choisit le péché ! Il souffrira certainement
une peine intolérable quand Dieu viendra juger le monde. Oh,
combien ont été près de périr ! Pharaon
jugea que Moïse et le peuple d'Israël étaient impies.
Saül jugea que David était digne de mort. Achab jugea Elie.
Nabuchodonosor jugea les trois enfants qui ne voulaient pas adorer
leurs dieux menteurs. Les deux vieillards jugèrent Suzanne, et
tous les princes idolâtres jugèrent les Prophètes.
Oh, terrible jugement de Dieu, celui qui jugeait a péri et celui
qui était jugé fut sauvé ! Et pourquoi donc,
ô homme ? Mais parce qu'en le sachant ils jugèrent mal les
innocents.
En outre, comme furent proches de leur perte les bons pour avoir mal
jugé ! Les frères de Joseph en témoignent qui le
vendirent aux Egyptiens ; Aaron et Marie, sœur de Moïse, qui
jugèrent leur frère. Trois amis de Job jugèrent
Job, l'ami innocent de Dieu. David jugea Mephiboseth et Urie. Cyrus
condamna Daniel à être mangé par les lions. Et tant
d'autres qui furent proches de leur perte pour cette raison. Aussi je
vous le dis : ne jugez pas et vous ne serez pas jugés.”
Et Jésus arrêta là son discours.
Alors beaucoup se convertirent et firent pénitence. Pleurant
leurs péchés, ils voulaient tout abandonner pour partir
avec lui. Mais Jésus dit : “ Restez chez vous, abandonnez
le péché et servez Dieu dans la crainte. C'est ainsi que
vous serez sauvés, car je ne suis pas venu pour être
servi, mais pour servir.”
Après ces paroles, il sortit de la synagogue et de la ville et
se retira au désert pour prier, car il aimait beaucoup la
solitude.
Chapitre 51
Quand il eut prié le Seigneur, ses disciples
s'approchèrent de lui et dirent : “ Maître, nous
voudrions savoir deux choses. D'abord comment as-tu parlé avec
Satan, puisque tu dis qu'il est impénitent ? Ensuite, comment
Dieu viendra-t-il juger au jour du jugement ?
Jésus répondit : “ Je vous le dis en
vérité, j'ai eu compassion de Satan en sachant sa chute
et j'ai eu compassion du genre humain qu'il pousse à
pécher. Aussi j'ai prié notre Dieu et j'ai
jeûné. Il m'a dit par son ange Gabriel : “ Que
cherches-tu, Jésus, et quelle est ta requête? ” Je
répondis : “ Seigneur, tu sais de quel mal Satan est la
cause, et que beaucoup périssent par ses tentations. Il est la
créature, Seigneur, tu l'as créé. Aussi, Seigneur,
fais-lui miséricorde! ” Dieu répondit : “
Jésus, je suis disposé à lui pardonner, fais donc
en sorte qu'il dise : “ Seigneur, mon Dieu, j'ai
péché, fais-moi miséricorde ” et je lui
pardonnerai et je le rendrai à son premier état.”
En entendant cela, je me suis grandement réjoui, dit
Jésus, croyant avoir réalisé cette paix. J'appelai
donc Satan; il vint en disant : “ Que dois-je faire pour toi,
Jésus? ” Je répondis : “ Tu le feras pour
toi-même, Satan, car je n'aime pas ta servitude, mais je t'ai
appelé pour ton bien.” Satan répondit : “ Si
tu ne veux pas de mon service, moi non plus je ne veux pas du tien, car
je suis plus noble que toi. Aussi bien n'es-tu pas digne de me servir,
toi qui est boue, tandis que moi je suis esprit. ”
Laissons cela, dis-je, et dis-moi, ne serait-il pas bien que tu
retournes à ta beauté première et à ton
premier état? Tu dois savoir que l'ange Michel doit te frapper
cent mille fois au jour du jugement avec l'épée de Dieu;
et chaque coup te fera peine comme dix enfers.” Satan
répondit : “ Nous verrons, ce jour là, qui
l'emportera. J'aurai tant d'anges et de puissants idolâtres en ma
faveur que Dieu fera mauvaise figure et qu'il saura quelle erreur il a
faite en me chassant comme une vile boue. ” Je dis alors :
“ Satan, ton intelligence est malade et tu ne sais pas de quoi tu
parles.” Mais Satan pour se moquer, branlait la tête en
disant : “ Allons, faisons cette paix entre moi et Dieu; et toi,
Jésus, dis-nous ce qu'il faut faire, toi qui est sain
d'esprit!” Je répondis : “ Il ne faut dire que deux
mots.” Satan demanda : “Lesquels?” Je répondis
: “ Ceux-ci : j'ai péché, fais-moi
miséricorde!” Satan dit alors : “ Bien volontiers je
ferai cette paix pourvu que Dieu me les dise à moi, ces
mots-là. ” “ Alors va-t-en, maudit, repris-je, car
tu es l'auteur scélérat de toute injustice et de tout
péché! Mais Dieu est juste, sans aucun
péché ”. Satan s'en alla en poussant des cris
stridents, et il dit : “ Ce n'est pas vrai, Jésus, mais tu
mens pour faire plaisir à Dieu.” Eh bien voyez
vous-mêmes, dit Jésus à ses disciples, comment
retrouvera-t-il miséricorde?” Ils répondirent :
“ Jamais, Seigneur, car il est impénitent. Maintenant
parle-nous du jugement de Dieu.”
Chapitre 52
“ Le jour du jugement de Dieu sera si terrible, je vous le dis en
vérité, que les réprouvés choisiraient dix
enfers plutôt que d'aller y entendre Dieu en colère parler
contre eux. Contre eux aussi témoignera tout ce qui est
crée. En vérité je vous le dis, non seulement les
réprouvés craindront, mais aussi les saints et
élus de Dieu. De sorte que Abraham ne se fiera pas à sa
justice et que Job ne se fiera pas à son innocence. Que dis-je,
le Messager de Dieu lui-même craindra parce que Dieu, pour faire
connaître sa majesté, lui ôtera la mémoire de
sorte qu'il ne se rappellera plus que Dieu lui a tout donné.
Je vous le dis en vérité, et en en parlant le cœur
me tremble, le monde m'appellera Dieu et il faudra que j'en rende
compte. Vive Dieu, en présence de qui se tient mon âme, je
suis un homme mortel comme sont les autres hommes et bien que Dieu
m'ait constitué Prophète sur la maison d'Israël,
pour le salut des malades et le redressement des pécheurs, je
suis serviteur de Dieu. Vous serez témoins de tout ce que je dis
contre les scélérats qui après mon départ
du monde détruiront la vérité de mon Evangile par
l'opération de Satan. Mais je reviendrai vers la fin, et avec
moi viendront Hénoch et Elie. Nous témoignerons alors
contre les impies dont la fin sera en malédiction.
Cela dit, Jésus pleura. Alors ses disciples pleurèrent
à grand bruit et élevèrent la voix pour dire :
“ Pardonne, Seigneur Dieu, et fais miséricorde à
l'innocence de ton serviteur!” Jésus répondit :
“ Amen! Amen!”
Chapitre 53
“ Avant que vienne ce jour, dit Jésus, il y aura de
grandes ruines dans le monde; des guerres si cruelles et si
impitoyables adviendront que le père tuera son fils et le fils
tuera son père à cause des divisions des peuples. Les
villes seront dépeuplées et les régions seront
désertées. De telles pestes adviendront qu'on ne trouvera
personne pour ensevelir les morts et qu'ils deviendront la nourriture
des animaux. A ceux qui demeureront sur terre, Dieu enverra une telle
famine que le pain sera plus apprécié que l'or. Alors on
mangera toutes les ordures. O misérable siècle, dans
lequel on n'entendra presque personne dire : “ J'ai
péché, Dieu, fais-nous miséricorde!” mais
avec d'horribles voix ils blasphèmeront celui qui est glorieux
et béni pour l'éternité.
Après cela, aux approches de ce jour, chaque jour pendant quinze
jours, un signe horrible viendra sur les habitants de la terre. En
effet le premier jour, le soleil accomplira sa course dans le ciel sans
aucune splendeur mais au contraire noir comme teinture à
étoffe, et il poussera des gémissements comme un
père qui pleure sur son fils près de mourir.
Le deuxième jour, la lune se changera en sang, et le sang viendra sur terre comme rosée.
Le troisième jour, on verra les étoiles combattre entre elles comme une armée d'ennemis.
Le quatrième jour, les pierres et les rochers se frapperont les uns les autres comme de cruels ennemis.
Le cinquième jour, toutes les plantes et les herbes pleureront du sang.
Le sixième jour, la mer, sans quitter sa place, se dressera
d'une hauteur de cent cinquante coudées et demeurera ainsi toute
la journée comme un mur.
Le septième jour, elle s'abaissera d'autant, à tel point qu'on pourra à peine la voir.
Le huitième jour, les oiseaux et les animaux terrestres et
aquatiques se rassembleront côte à côte, et ils
pousseront des rugissements et des plaintes.
Le neuvième jour, viendra une grêle si horrible et qui
tuera tellement que n'y échappera qu'à peine la
dixième partie de tout ce qui vit.
Le dixième jour, viendront des éclairs et du tonnerre si
horribles qu'ils briseront et brûleront le tiers des montagnes.
Le onzième jour, tous les fleuves couleront en sens inverse et ce qui coulera sera du sang et non pas de l'eau.
Le douzième jour, tout ce qui est créé gémira et pleurera.
Le treizième jour, le ciel se roulera comme un livre et il pleuvra tant de feu que tout ce qui est vivant mourra.
Le quatorzième jour, il y aura un tremblement de terre si
horrible que les cimes des montagnes voleront dans l'air comme des
oiseaux et que toute la terre sera aplanie.
Le quinzième jour, les saints anges mourront et Dieu seul restera vivant. A lui soit honneur et gloire! ”
Ayant dit cela, Jésus se frappa le visage des deux mains, puis
il frappa la terre de sa tête. Ayant relevé la tête,
il dit : “ Que soit maudit quiconque mettra dans mes paroles que
je suis fils de Dieu.” A ces paroles, les disciples
tombèrent comme morts. Alors Jésus les releva en disant :
“ Craignons Dieu maintenant, si nous ne voulons pas être
dans l'épouvante en ce jour-là.”
Chapitre 54
Après ces signes, il y aura quarante années de
ténèbres sur le monde, Dieu seul étant vivant,
à qui soient honneur et gloire éternellement.
Passés ces quarante ans, Dieu donnera la vie à son
Messager, qui surgira comme le soleil, mais aussi resplendissant que
mille soleils. Il siégera et ne parlera pas parce qu'il sera
comme ravi hors de lui-même. Dieu ressuscitera ses quarante anges
préférés qui rechercheront le Messager de Dieu, et
l'ayant vu ils lui feront escorte des quatre côtés.
Puis Dieu donnera la vie à tous les anges qui viendront tourner
autour du Messager de Dieu comme des abeilles. Ensuite Dieu donnera la
vie à tous les Prophètes qui, un par un à la suite
d'Adam, iront baiser la main du Messager de Dieu, en se recommandant
à lui.
Dieu donnera ensuite la vie à tous les élus qui crieront
: “ Muhammad, souviens-toi de nous.” A leur voix, la
pitié du Messager de Dieu s'éveillera et il pensera
à ce qu'il doit faire craignant pour leur salut.
Puis Dieu, donnera la vie à toutes les choses
créées et elles retourneront à leur existence,
avec cette différence que chacune sera douée de la
parole.
Ensuite Dieu donnera la vie à tous les réprouvés.
En les voyant réapparaître, toutes les créatures de
Dieu prendront peur à cause de leur hideur et crieront : “
Que ta miséricorde ne nous abandonne pas, Seigneur notre
Dieu!” Ensuite, Dieu fera ressusciter Satan. A sa vue toutes les
créatures seront comme morte de crainte à cause de la
forme horrible qu'il présentera. Plaise à Dieu, dit
Jésus, qu'en ce jour-là, je ne voie un tel monstre! Seul,
le Messager de Dieu ne craindra pas ces figures, car il ne craindra que
Dieu.”
Alors l'ange qui nous aura ressuscités au son de sa trompette,
fera encore retentir la trompette pour dire : “ Venez au
jugement, ô créatures, car votre créateur veut vous
juger!” Un trône resplendissant apparaîtra au milieu
du ciel, au-dessus de la vallée de Josaphat, et une nuée
blanche viendra sur lui. Alors les anges crieront : “ Sois
béni, notre Dieu, toi qui nous a créés et qui nous
a sauvés de la chute de Satan!”
Le Messager de Dieu craindra alors car il saura que personne n'a
aimé Dieu autant qu'il faut. En effet, celui qui veut obtenir un
denier d'or doit donner soixante minutes en échange, et s'il n'a
qu'une seule minute, il ne peut pas la changer. Mais si le Messager de
Dieu craint alors, que feront les impies qui sont remplis de
perversité?
Chapitre 55
Le Messager de Dieu s'en ira rassembler tous les Prophètes. Il
leur parlera et les priera d'aller prier Dieu avec lui pour les
fidèles. Alors, par crainte, chacun s'excusera. Vive Dieu, je
n'irais pas moi-même en sachant ce que je sais. Ce que voyant,
Dieu remettra en mémoire à son Messager qu'il a tout
créé pour son amour. Aussi la crainte le quittera-t-elle
et, avec amour et révérence, il se rendra auprès
du trône pendant que les anges chanteront : “ Que ton saint
nom soit béni, ô notre Dieu! ” Quand il se sera
approché du trône, Dieu se révélera à
son Messager, comme l'ami se révèle à l'ami quand
ils ne se sont pas vus depuis fort longtemps. Le Messager de Dieu
parlera d'abord en disant : “ Je t'adore, je t'aime, mon Dieu, et
je te remercie de toute mon âme et de tout mon cœur, parce
que tu as daigné me créer pour être ton serviteur.
C'est pour mon amour que tu as tout fait, afin que je t'aime pour tout,
en tout et par-dessus tout. C'est pour cela que toute créature
te rend grâces, ô mon Dieu. ” Toutes les choses
créées par Dieu diront alors : “ Nous te rendons
grâces, Seigneur, et nous bénissons ton saint nom.”
je vous le dis en vérité, en ce temps là, les
démons et les réprouvés ainsi que Satan pleureront
tellement qu'il sortira plus d'eau des yeux d'un seul d'entre eux que
n'en a le Jourdain. Et ils ne verront plus Dieu. Dieu dira à son
Messager : “ Tu es le bienvenu, ô mon fidèle
serviteur. Aussi demande-moi tout ce que tu veux et tu
l'obtiendras.” Le Messager de Dieu répondra : “
Seigneur, je me souviens qu'en me créant, tu dis que tu voulais
faire le paradis et le monde, les anges et les hommes par amour pour
moi, afin qu'ils te glorifient par moi ton serviteur. Seigneur Dieu,
miséricordieux et juste, je te prie donc de te souvenir de la
promesse que tu fis à moi, ton serviteur.” Dieu
répondra comme un ami qui plaisante avec son ami. Il dira :
“As-tu des témoins de cela, mon ami Muhammad? ” Avec
révérence, il dira alors : “ Oui, Seigneur.”
Dieu répondra : “ Gabriel, va les appeler!” L'ange
Gabriel viendra vers le Messager de Dieu et dira : “ Quels sont
tes témoins, Seigneur? ” Le Messager de Dieu
répondra : “ Ce sont Adam, Abraham, Ismaël,
Moïse, David et Jésus fils de Marie.” L'ange s'en ira
alors et appellera les susdits qui s'approcheront avec crainte.
Quand ils se seront présentés, Dieu leur dira : “
Vous souvenez-vous de ce que dit mon Messager ? Ils répondront :
“ De quoi, Seigneur ? ” Dieu dira : “ Que j'ai tout
fait par amour pour lui, afin que tous me louent par lui.” Chacun
répondra : “ Il y a avec nous trois témoins
meilleurs que nous, Seigneur.” Dieu demandera alors : “ Qui
sont ces trois témoins ? ” Moïse dira alors : “
Le premier, c'est le livre que tu m'as donné.” David
répondra : “ Le second, c'est le livre que tu m'as
donné.” Celui qui parle dira alors : “ Tout le
monde, trompé par Satan, disait que j'étais ton fils et
ton compagnon, mais le livre que tu m'as donné dit, ce qui est
vrai, que je suis ton serviteur, et reconnaît tout ce que dit ton
Messager.” Le Messager de Dieu déclarera alors :
“C'est ce que dit le livre que tu me donnas, Seigneur.”
Après ces paroles du Messager de Dieu, Dieu déclarera :
“ Tout ce que je viens de faire, je l'ai fait pour que chacun
sache combien je t'aime. ” Cela dit, Dieu donna à son
Messager un livre où sont inscrits tous les élus de Dieu
et toutes les créatures révèreront Dieu en disant
: “A toi seul, notre Dieu, soient louange et honneur, parce que
tu nous as données à ton Messager !”
Chapitre 56
Dieu ouvrira le livre dans la main de son Messager. En le lisant, son
Messager appellera tous les anges, tous les Prophètes et tous
les élus. Chacun portera inscrit sur son front la foi du
Messager de Dieu et dans le livre, sera inscrite la gloire du paradis.
Alors chacun s'en ira à la droite de Dieu. Près de lui,
siègera son Messager, et les Prophètes s'assiéront
près de lui. Les saints s'assiéront près des
Prophètes, et les bienheureux, près des saints. Alors
l'ange sonnera de la trompette et appellera Satan en jugement.
Chapitre 57
Le misérable viendra et sera accusé avec suprême
opprobre par toutes les créatures. Puis Dieu appellera l'ange
Michel. Celui-ci le frappera cent mille fois. Avec l'épée
de Dieu il le frappera. Et chaque coup est lourd comme dix enfers. Puis
il sera le premier à être chassé dans
l'abîme. L'ange appellera ses partisans qui seront semblablement
outragés et accusés. Et l'ange Michel, par commission de
Dieu, frappera qui cent, qui cinquante, qui vingt, qui dix, qui cinq
fois. Ensuite, ils descendront dans l'abîme, car Dieu leur dira :
“ L'enfer est votre demeure, maudits ! ”
Puis seront appelés en jugement tous les incrédules et
les réprouvés. Contre eux se dresseront d'abord toutes
les créatures inférieures à l'homme.
témoignant devant Dieu qu'elles l'ont servi et que ceux-ci ont
outragé Dieu et ses créatures. Chaque Prophète se
lèvera et témoignera contre eux. Alors ils seront
condamnés par Dieu aux flammes de l'enfer.
Je vous le dis en vérité, un jour terrible, il n'y aura
pas une seule parole ou une seule pensée inutile qui restera
sans punition. Je vous le dis en vérité, le cilice
resplendira comme le soleil et chaque pou que l'homme aura
supporté pour l'amour de Dieu sera changé en pierre
précieuse. O bienheureux trois et quatre fois, les pauvres qui
auront servi Dieu de tout cœur, dans une vraie pauvreté,
car eux qui sont privés en ce monde de tout souci terrestre,
seront alors libres de beaucoup de péchés ! En ce
jour-là, ils n'auront pas à rendre compte de la
façon dont ils auront dépensé les richesse du
monde, mais ils seront récompensés de leur patience et de
leur pauvreté. Je vous le dis en vérité, si le
monde le savait, il choisirait plutôt le cilice que la pourpre,
les poux plutôt que l'or, et les jeûnes plutôt que
les orgies.
Quand tout aura été examiné, Dieu dira à
son Messager : “ Tu vois mon ami, comme a été
grande leur perversité ! Moi, leur créateur, j'avais mis
à leur service tout ce qui est créé, et eux, ils
m'ont déshonoré en toute chose. Il est donc on ne peut
plus juste que je ne leur fasse pas miséricorde. Le Messager de
Dieu répondra : “ C'est vrai, Seigneur, notre Dieu
glorieux ! Aucun de tes amis et serviteurs ne peut te demander de leur
faire miséricorde. Bien plus, moi, ton serviteur, je demande,
avant tous, justice contre eux. A peine le Messager aura-t-il
prononcé ces paroles que tous les anges et Prophètes et
tous les élus de Dieu, - et que dis-je : les élus? Je
vous le dis en vérité, les araignées, les mouches
et les pierres et le sable, - crieront contre les impies et
réclameront justice. Dieu fera alors redevenir terre toute
âme vivante inférieure à l'homme. Puis il enverra
les impies en enfer. Ceux-ci, en s'en allant, verront cette terre dans
laquelle seront retournés les chiens, les chevaux et autres
animaux vils, et ils diront : “ Seigneur, fais-nous retourner
nous aussi dans cette terre.” Mais ce qu'ils demanderont ne leur
sera pas accordé.
Chapitre 58
Tandis que Jésus parlait, les disciples pleuraient amèrement. Jésus aussi versait des larmes abondantes.
Après ces pleurs, Jean reprit : “ Maître, nous
voudrions savoir deux choses. Premièrement, comment est-il
possible, qu'en ce jour-là, le Messager de Dieu qui est rempli
de pitié et de miséricorde n'aura pas pitié des
réprouvés, alors qu'il sont tirés d'une même
boue? Deuxièmement, comment faut-il comprendre que
l'épée de l'ange Michel est lourde comme dix enfers? Y
a-t-il donc plus d'un enfer? Jésus répondit : “
N'avez-vous pas entendu ce que dit le Prophète David : le juste
se rira de la perte du pécheur et le méprisera en disant
: Voici l'homme qui a mis son espérance dans ses propres forces
et dans ses richesses et qui a oublié Dieu? ” “ Je
vous le dis donc en vérité, Abraham méprisera son
père, et Adam tous les réprouvés. Il en sera ainsi
parce que les élus ressusciteront si parfaits et si unis
à Dieu que leur esprit ne concevra pas la plus petite
pensée contre sa justice. Aussi chacun réclamera-t-il
justice, et plus que tout autre le Messager de Dieu. Vive Dieu, en
présence de qui je me tiens, si je pleure maintenant par
pitié pour l'humaine nature, en ce jour-là je
réclamerai justice sans pitié contre ceux qui
méprisent mes paroles et surtout contre ceux qui contamineront
mon Evangile! ”
Chapitre 59
“ Il n'y a qu'un seul enfer, ô mes disciples, et les
damnés y souffriront éternellement leur peine, bien qu'il
s'y trouve sept demeures ou régions, l'une plus profonde que
l'autre, de sorte que celui qui s'en ira dans la plus profonde
souffrira plus grande peine. Pourtant ce que j'ai dit de
l'épée de l'ange Michel est tout à fait vrai, car
celui qui fait un seul péché mérite l'enfer et
celui qui en fait deux est digne de deux enfers. Aussi les
réprouvés ressentiront-ils en un seul enfer autant de
peine que s'ils étaient eux-mêmes répartis en dix,
cent ou mille enfers, car Dieu tout puissant, avec sa puissance et par
sa justice, fera en sorte que Satan souffrira autant que s'il se
trouvait en dix fois cent mille enfers; et chacun des autres selon sa
propre scélératesse. Pierre dit : “ Maître,
elle est vraiment grande la justice de Dieu, et tu es fort
éprouvé d'en parler aujourd'hui. Tu nous feras donc la
grâce de te reposer et demain tu nous diras comment est
l'enfer.” Jésus répondit : “ Pierre, tu me
dis de me reposer. Pierre, tu ne sais pas ce que tu dis et c'est
pourquoi tu as parlé ainsi. Je vous le dis en
vérité, le repos dans la vie présente est un
poison pour toute piété et un feu qui brûle toute
œuvre bonne. Vous est-il donc sorti de mémoire combien
Salomon, Prophète de Dieu, et tous les Prophètes
réprouvent l'oisiveté? Le fait est qu'il dit : “
Par crainte du froid, le paresseux ne veut pas travailler la terre; il
ira donc mendier en été ”. Puis il dit : “
Tout ce que ta main peut faire, fais-le sans repos!” Et que dit
Job de notre vie, Job, le très innocent ami de Dieu? : “
Comme l'oiseau naît pour voler, ainsi l'homme naît pour
travailler. ” Je vous le dis en vérité, je hais le
repos par dessus tout. ”
Chapitre 60
L'enfer est le contraire du paradis, comme l'hiver est le contraire de
l'été, et le froid du chaud. Aussi celui qui voudrait
raconter les misères de l'enfer devrait voir le paradis des
délices de Dieu. Oh, demeure maudite de la justice de Dieu pour
la malédiction des infidèles et des
réprouvés. Job, l'ami de Dieu, dit d'elle : “
Là, il n'y a pas d'ordre, mais une épouvante
éternelle. ” Le Prophète Isaïe dit contre les
réprouvés : “ Leurs flammes ne s'éteindront
jamais, et leur ver ne mourra pas. ” Et notre père David
dit en pleurant : “ Il pleuvra sur eux des éclairs,
flèche, soufre et grande tempête. ” Oh malheureux
pécheurs, car là-bas, les mets recherchés, les
vêtements précieux, les lits recherchés et les
chants suaves de leurs harmonies leur donnent la nausée.
Oh, quelle répulsion provoqueront en eux la faim
dévorante, les flammes ardentes, les braises qui font se
desquamer la peau, et les tourments cruels et les plaintes
amères! ” Ici, Jésus poussa un gémissement
pitoyable et dit : “ Vraiment, il vaudrait mieux n'être
jamais né que souffrir un aussi cruel tourment! ”
Maintenant, imaginez un homme tourmenté dans toutes le parties
de son corps sans que personne ait compassion de lui et
méprisé de tous. Dites-moi, cette peine ne serait-elle
pas grande? ” Les disciples répondirent : “
Très grande. ” Jésus dit alors : “ Eh bien,
elle serait un délice en enfer, car je vous le dis en
vérité, si Dieu mettait en balance toutes les peines que
tous les hommes ont souffertes en ce monde et qu'ils souffriront
jusqu'au jour du jugement et, d'autre part, une seule heure de peine de
l'enfer, les réprouvés choisiraient sans aucun doute les
tribulations de ce monde, parce que celles-ci viennent de la main des
hommes, tandis que celles-là viennent de la main des diables qui
n'ont aucune compassion.
Oh, de quel feu cruel il les tourmenteront! Oh, quel froid rigoureux,
sans que pour autant leurs flammes en soient modérées!
Oh, quels grincements de dents! Oh, combien de sanglots et de plaintes!
Hélas, misérables pécheurs! Car le Jourdain a
moins d'eau que les larmes qui sortiront de leurs yeux en un seul
instant. Là, les langues maudiront tout ce qui est
créé ainsi que leurs père et mère, et leur
créateur, qui est béni éternellement ”
Chapitre 61
Après ces paroles, Jésus et ses disciples se
lavèrent selon la loi de Dieu inscrites au livre de Moïse
et ils prièrent. ce jour-là, ses disciples, le voyant
ainsi affligé, ne lui dirent rien, mais chacun était dans
l'épouvante à cause de ses paroles.
Après vêpres, Jésus ouvrit la bouche et dit :
«Quel est le père de la famille qui dormirait, en sachant
que le voleur veut forcer la maison? Certainement personne. Il
veillerait et se tiendrait prêt à tuer le voleur. Eh bien,
ne savez-vous pas, dit Jésus que Satan est comme un lion qui
rôde, rugissant et cherchant à dévorer? Ainsi il
cherche à faire pécher l'homme.
Je vous le dis en vérité, si l'homme faisait comme le
marchand, il ne craindrait rien ce jour là, car on le trouverait
bien prêt. Il était une fois un homme qui donna de
l'argent à ses voisins pour qu'ils puissent faire du commerce,
et que le bénéfice soit partagé en parts
égales. Certains firent donc le commerce si habillement qu'ils
doublèrent l'argent; mais d'autres le dépensèrent
en faveur de l'ennemi de celui qui le leur avait donné et dirent
du mal de lui. Eh bien, dites-moi, quand le voisin appellera ses
débiteurs pour faire les comptes, comment cela se passera-t-il?
Il donnera sûrement une récompense respectable à
ceux qui ont bien commercé. Quant aux autres, il s'emportera
contre eux et leur fera injure. Puis il les punira comme le veut la
loi. Vive Dieu, en présence de qui se tient mon âme, le
voisin, c'est Dieu, qui a donné à l'homme tout ce qu'il
a, ainsi que sa vie, afin que s'il vit bien en ce monde, Dieu en retire
les louanges et l'homme la gloire du paradis. Aussi, ceux qui vivent
bien doublent l'argent par leur exemple, car les pécheur se
convertissent et font pénitence en voyant un tel exemple. C'est
pourquoi les hommes qui vivent bien seront récompensés
d'une grande récompense. mais les pécheurs
scélérats qui, par leur péché, mettent au
service de Satan, ennemi de Dieu, tout ce que Dieu leur a donné
ainsi que leur propre vie, en blasphémant Dieu et en donnant
scandale aux autres, dites-moi, quelle sera leur peine?» -
«Elle sera sans mesure.» répondirent les disciples.
Chapitre 62
«Il faut donc que celui qui veut vivre bien, dit Jésus,
prend exemple du marchand qui verrouille sa boutique et la garde jour
et nuit avec grande vigilance. En revendant, il veut gagner sur tout ce
qu'il a acheté, et quand il voit qu'il y perd, il ne veut plus
vendre, même pas à son frère. Eh bien, faites de
même, car en vérité votre âme est un
marchand, et votre corps est la boutique. En effet, tout ce que
l'âme reçoit et donne à l'extérieur par les
sens, elle l'achète et le vend. La monnaie, en
vérité c'est l'amour. Gardez-vous donc de vendre ou
d'acheter avec votre amour, même la petite pensée avec
laquelle vous ne gagnerez rien! Mais, soit que vous pensiez, soit que
vous parliez, soit que vous agissiez, que tout soit pour l'amour de
Dieu. En agissant ainsi, vous serez en sécurité en ce
jour-là.
Je vous le dis en vérité, beaucoup font des ablutions et
vont prier, beaucoup jeûnent et font des aumônes, beaucoup
étudient et prêchent aux autres, mais leur fin est
abominable devant Dieu, parce qu'ils lavent le corps et non pas le
cœur, ils demandent des lèvres et non pas du cœur,
ils jeûnent et se remplissent de péchés; ils
donnent aux autres ce qui n'est pas bon pour eux-mêmes afin de
passer pour bons; ils étudient pour savoir parler et non pas
pour agir; ils prêchent aux autres le contraire de ce qu'ils font
eux-mêmes. Aussi se condamnent-ils avec leur propre lange. Vive
Dieu, ceux-là ne connaissent pas Dieu avec leur cœur, car
s'ils le connaissaient, ils l'aimeraient. Et comme l'homme a
reçu de Dieu tout ce qu'il a, il distribuerait tout pour l'amour
de Dieu ».
Chapitre 63
Quelques jours après, Jésus passa près d'une ville
des Samaritains. Ceux-ci ne voulurent pas le laisser entrer, ni vendre
du pain à ses disciples. Alors Jacques et Jean dirent :
«Maître, te plaît-il que nous priions Dieu d'envoyer
sur eux du feu du ciel? » Jésus répondit :
«Vous ne savez pas quel esprit vous guide, c'est pourquoi vous
parler ainsi, Souvenez-vous que Dieu voulait détruire Ninive
parce que dans cette ville il ne trouvait personne qui craignit Dieu.
Elle était si perverse que Dieu ayant appelé le
Prophète Jonas pour l'envoyer à elle, il voulu s'enfuir
à Tarse par crainte de ces gens. Alors Dieu le fit jeter
à la mer, recueillir par un poisson et rejeter près de
Ninive. Or, à sa prédication, ces gens-là se
convertissent et firent pénitence si bien que Dieu en eût
miséricorde. Malheur à ceux qui réclament la
vengeance, parce qu'elle viendra sur eux, car tout homme a en lui
matière à la vengeance de Dieu! Maintenant, dites-moi,
avez-vous créé cette ville et ces gens, fous que vous
êtes ? Bien sûr que non! Car toutes les créatures
mises ensembles ne peuvent créer ne serait-ce qu'une nouvelle
mouche à partir de rien; et c'est cela créer. Si le Dieu
béni a crée cette ville et ces gens maintient encore
cette ville, pourquoi voudriez-vous la détruire?
Pourquoi donc n'as-tu pas dis : «Maître, te plaît-il
que nous priions le seigneur notre Dieu de convertir ces gens à
pénitence?» C'est cela la marque de mon disciple : prier
Dieu pour ceux qui lui font du mal! Cela Abel le fit, lorsque son
frère Caïn, maudit de Dieu, le tuait. Cela Abraham le fit
pour Pharaon qui lui avait pris sa femme, et c'est pourquoi l'ange du
Seigneur ne le tua pas, mais qu'il le frappa seulement
d'infirmité. Cela Zacharie le fit, lorsque, par décret de
roi impie, il fut tué dans le temple. Cela,
Jérémie, Isaïe, Ezéchiel, Daniel et David, et
tous les amis de Dieu et ses Prophètes saints le firent.
Dites-moi, si votre frère tombe malade d'une folie furieuse,
voudriez-vous le tuer, parce qu'il parle mal et qu'il frappe quiconque
s'approche? Vous ne le feriez certainement pas, mais bien plutôt
vous vous efforceriez de lui rendre la santé avec des
médicaments appropriés à la maladie.
Chapitre 64
Vive Dieu, en présence de qui se tient mon âme, chez le
pécheur qui persécute un homme, c'est l'esprit qui est
malade. Dites-moi donc, quelqu'un se casserait-il la tête pour
déchirer le manteau de son ennemi? Est-il sain d'esprit
celui-là? Il se sépare de Dieu, tête de son
âme, pour offenser le corps de son ennemi!
Dis-moi, ô homme, quel est ton ennemi? C'est bien sûr ton
corps ainsi que ceux qui te louent. C'est pourquoi, si tu étais
sain d'esprit, tu baiserais la main de ceux qui te maltraitent et tu
ferais des cadeaux à ceux qui te persécutent et te
frappent fort. Et pourquoi, ô homme? Parce que tu seras
persécuté et maltraité dans cette vie pour tes
péchés, et moins tu le seras au jour du jugement. Mais
dis-moi, ô homme, si les saints et Prophètes de Dieu ont
été persécuté et diffamés par le
monde alors qu'ils étaient innocents, qu'en sera-t-il de toi
pécheur? Et s'ils supportaient tout avec patience et priant pour
leur persécuteurs, qui dois-tu faire, ô homme, toi qui es
digne de l'enfer? Dites-moi, ô mes disciples, ne savez-vous pas
que Shimei maudissait le Prophète David, serviteur de Dieu, et
lui jetait des pierres? Eh bien, que dit David à ceux qui
voulaient tuer Shimei? «Qu'est-ce qu'il te prend, Joab, de
vouloir tuer Shimei? Laisse-le me maudire, car c'est ce que Dieu veut.
Il changera cette malédiction et
bénédiction.» Et il en fut ainsi, car Dieu vit la
patience de David et le libéra de la persécution de son
fils Absalom. Même une feuille d'arbre ne s'agite pas sans la
volonté de Dieu. Aussi, quand tu es dans la tribulation, ne
pense pas à ce que tu endures, ni à celui qui te
maltraite, mais considère combien tu mérite d'être
maltraité des mains des diables de l'enfer à cause de tes
péchés.
Vous êtes en colère contre cette ville parce qu'elle n'a
voulu ni vous recevoir, ni vous vendre du pain. Dites-moi, ces gens
sont-ils vos esclaves? Leur avez-vous donné cette ville? Leur
avez-vous donné le blé? Ou bien les avez-vous
aidés à moissonner? Sûrement pas, car vous
n'êtes jamais venus par ici, et vous êtes pauvres. Alors,
pourquoi avez-vous parlé ainsi ?» Les deux disciples
répondirent : «Seigneur, nous avons péché.
Que Dieu nous pardonne!» Et Jésus dit : «Qu'il en
soit ainsi!».
Chapitre 65
Comme la pâque approchait, Jésus monta à
Jérusalem avec ses disciples et se rendit à la piscine
probatique. Ce bain était appelé ainsi parce que chaque
jour l'ange de Dieu en remuait l'eau, et que le premier infirme qui
entrait dans l'eau après cette agitation était
guéri. Un grand nombre d'infirmes se tenait donc près de
la piscine qui avait cinq portiques.
Jésus vit un malade qui était là depuis trente
huit ans, souffrant de grave infirmité. L'ayant su par
inspiration divine, Jésus eut pitié de cet infirme et lui
dit : «Veux-tu être guéri?» L'infirme
répondit : «Seigneur, je n'ai personne qui m'y plonge
lorsque l'ange remue l'eau, et quand je veux entrer, il en vient un
plus rapide que moi qui y entre.» Jésus leva alors les
yeux au ciel et dit : «Seigneur notre Dieu, Dieu de nos
pères, aie pitié de cet infirme!» Puis Jésus
ajouta :«Au nom de Dieu, frère, recouvre la santé,
lève-toi et emporte ton lit!» L'infirme se leva alors en
louant Dieu et emporta son lit sur ses épaules.
Il s'en allait chez lui en louant Dieu. Ceux qui le voyaient criaient :
«C'est aujourd'hui le sabbat, il ne t'est pas permis de porter
ton lit!» Il répondit : «Celui qui m'a guéri
a dit : prends ton lit et va-t-en chez toi.» Ils dirent :
«Quel est celui-là?» Il répondit : «Je
ne sais pas son nom.» Alors ils disaient : «Ce doit
être Jésus de Nazareth.» D'autres disaient :
«Non, il est saint de Dieu, tandis que celui qui a fait cela est
mauvais puisqu'il fait violer le sabbat.» Jésus
s'étant rendu dans le temple et une grande foule s'étant
approchée de lui pour entendre ses paroles, les prêtres se
rongeaient d'envie.
Chapitre 66
L'un d'eux vint à lui en disant : «Bon Maître, tu
enseigne bien et en vérité; aussi dis-moi, quelle
récompense nous donnera-t-il au paradis?» Jésus
répondit : «Tu m'appelles bon et tu ne sais pas que Dieu
seul est bon, si bon que, comme dit Job, ami de Dieu, un enfant d'un
jour n'est pas pur. Il dit même que les anges sont
répréhensibles devant lui. Il dit que la chaire attire le
péché et recueille les iniquités comme
l'éponge recueille l'eau.»
Confus, le prêtre se taisait. Jésus reprit donc :
«Je vous le dis en vérité, il n'y a rien de plus
périlleux que de parler. C'est pourquoi Salomon a dit :
«La vie et la mort sont au pouvoir de la langue.» Se
tournant vers ses disciples, Jésus dit : «Prenez garde
à ceux qui vous flattent car ils vous trompent! Avec sa langue,
Satan flatta nos premiers parents, mais ses paroles eurent un effet
misérable. De la même manière, les sages d'Egypte
flattaient Pharaon. De la même manière, Goliath flattait
les Philistins. De la même manière, quatre cents faux
Prophètes flattaient Achab, mais leurs louanges furent si
fausses que celui qui était loué périt avec ses
laudateurs. Ce n'est donc pas sans raison que Dieu dit par le
Prophète Isaïe : «Mon peuple, ceux qui te flattent te
trompent!» Malheur à vous, scribes et pharisiens! Malheur
à vous prêtres et lévites! Parce que vous avez
tellement corrompu le sacrifice du Seigneur que ceux qui viennent
sacrifier croient que Dieu mange comme un homme de la viande
cuite!»
Chapitre 67
Pourquoi leur dites-vous : apportez au temple, à votre Dieu, des
moutons, des taureaux et des agneaux; n'en mangez pas, mais faites
présent à Dieu de tout ce qu'il vous a donné. Et
pourquoi ne leur dites-vous pas l'origine du sacrifice? Ce fut pour
rappeler que la vie a été rendue au fils de notre
père Abraham; pour que ne tombent dans l'oubli ni la foi, ni
l'obéissance de notre père Abraham, ni les promesses qui
lui furent faites par Dieu, ni la bénédiction qui lui fut
donnée.
Aussi Dieu dit-il par le Prophète Ezéchiel :
«Otez-moi vos sacrifices, car vos victimes me sont en
abomination.»
C'est qu'il approche le temps de faire tout ce qu'a dit notre Dieu par
le Prophète Osée : «J'appellerai élu le
peuple qui n'était pas élu.» Et comme il dit dans
le Prophète Ezéchiel : «Dieu fera une alliance
nouvelle avec son peuple, mais non pas selon l'alliance que j'ai
donnée à vos pères et qu'ils n'ont pas
observée» et «il ôtera leur cœur de
pierre et leur donnera un cœur nouveau.» Et tout cela sera
parce que maintenant vous ne marchez pas dans sa loi. «Vous avez
donc la clé et vous n'ouvrez pas, et même vous barrer la
route à ceux qui veulent marcher.»
Comme le prêtre s'en allait pour se rendre du côté
du temple où se trouvait le pontife et tout lui raconter,
Jésus dit : «Attends, je vais répondre à ta
question.»
Chapitre 68
«Tu me demandes de te dire ce que Dieu nous donnera au paradis.
Je te le dis en vérité, ceux qui pensent à la
récompense, n'aiment pas le maître. En effet si le pasteur
qui possède un troupeau de brebis voit le loup, il s'emploie
à défendre ses brebis, mais le serviteur ne fait pas
ainsi. Quand il voit le loup, il abandonne ses brebis et s'enfuit. Vive
Dieu, en présence de qui je me tiens, si le Dieu de nos
pères était votre Dieu, vous ne penseriez pas à
dire : qu'est ce que Dieu me donnera! Mais vous diriez comme David, son
Prophète : «Que donnerai-je à Dieu pour tout ce
qu'il m'a donné?»
Je vous parlerai par comparaison afin que vous me compreniez. Il
était une fois un roi qui trouva sur une route un homme
dépouillé par les voleurs et grièvement
blessé. Il en eut compassion. Aussi ordonna-t-il ses serviteurs
de porter cet homme à la ville et de le soigner, ce qu'ils
firent en toute diligence. Le roi se prit d'un si grand amour pour le
blessé qu'il lui donna pour femme sa propre fille et qu'il le
fit son héritier.
Assurément le roi fut souverainement miséricordieux. Mais
l'homme frappa les serviteurs, dédaigna les remèdes,
insulta son épouse, dit du mal du roi et incita ses sujets
à se rebeller. Quand le roi lui demandait un service, il disait
: «Que me donnera le roi en récompense?» Ce
qu'entendant, que fit le roi à un tel ingrat?» Ils
répondirent tous : «Malheur à lui, car le roi le
priva de tout et le punit atrocement.»
Jésus dit alors : «Prêtres, scribes et pharisiens,
et toi pontife qui entends ma voix, je vous annonce ce que Dieu vous
dit par son Prophète Isaïe : «J'ai nourri des
serviteurs et je les ai exaltés, mais eux m'ont
méprisé!» C'est notre Dieu, ce roi qui trouvera
Israël en ce monde plein de misères et qui le confia
à ses serviteurs, Joseph, Moïse, et Aaron, pour en prendre
soin. Notre Dieu éprouva tant d'amour pour le peuple
d'Israël qu'il flagella l'Egypte, engloutit Pharaon, dispersa cent
vingt rois de Canaan et Madian, et qu'il lui donna sa loi en le faisant
hériter de tout le territoire qu'habite notre peuple.
Mais comment se comporte Israël? Combien de Prophètes
n'a-t-il pas tués? Combien de prophéties n'a-t-il pas
contaminées? N'a-t-il pas violé la loi de Dieu? Combien
même ont quitté Dieu pour aller servir les idoles à
cause de votre scandale, ô prêtres! Ne
déshonorez-vous pas Dieu par votre manière de vivre? Et
vous me demandez maintenant ce que Dieu vous donnera au paradis! Vous
auriez dû me demander ce quelle sera la peine que Dieu vous
donnera en enfer et quelle vraie pénitence vous devez faire pour
que Dieu aie pitié de vous. Cela, je peux vous le dire, et c'est
pour cela que je vous ai été envoyé.
Chapitre 69
Vive Dieu en présence de qui je me tiens, de moi vous ne
recevrez pas flatterie mais vérité. Or, je vous le dis,
repentez-vous et revenez à Dieu comme firent nos pères
après avoir péché et n'endurcissez pas votre
cœur!» A ces paroles, les prêtres se consumaient de
rage, mais par crainte du peuple, ils ne soufflèrent mot.
Jésus ajouta : «Docteurs, scribes, pharisiens et
prêtres, dites-moi, vous voulez des chevaux comme les chevaliers,
mais vous ne voulez pas aller à la guerre. Vous voulez de beaux
vêtements comme les dames, mais vous ne voulez pas filer, ni
nourrir de enfants. Vous voulez les fruits des champs mais vous ne
voulez pas cultiver la terre. Vous voulez du poisson de mer, mais vous
ne voulez pas aller à la pêche. Vous voulez l'honneur
comme citoyens, mais vous ne voulez pas les charges publiques. Vous
voulez dîmes et les prémices comme prêtres, mais
vous ne voulez pas servir Dieu en vérité. Puisqu'ici bas
vous voulez tous les biens sans aucun mal, qu'est ce que Dieu fera de
vous? En vérité je vous le dis, il vous donnera un lieu
où vous aurez tous les maux sans aucun bien!»
Après ses paroles, on présenta à Jésus un
possédé qui ne parlait pas, ne voyait pas et n'entendait
pas. Ayant vu leur foi, Jésus leva les yeux au ciel et dit :
«Seigneur, Dieu de nos pères, aie pitié de cet
infirme et donne-lui la santé, pour que ce peuple sache que tu
m'as envoyé!» Cela dit, Jésus commanda à
l'esprit de s'en aller, en disant : «En vertu du nom de Dieu
notre Seigneur, sors, mauvais, de l'homme.» L'esprit s'en alla et
le muet parla et vit avec ses yeux.
Chacun fut rempli de crainte, mais les scribes dirent : «C'est en
vertu de Belzebul, prince des démons, qu'il chasse les
démons!» Jésus dis alors : «Tout royaume
divisé en lui-même se détruit et les maisons
tombent l'une sur l'autre. Si c'était en vertu de Satan que je
chassais Satan, comment son royaume tiendrait-il? Et si vos fils
chassent satan par les écritures que leur donna le
Prophète Salomon, ils témoignent que je chasse satan en
vertu de Dieu. Vive Dieu, le blasphème contre l'Esprit Saint est
irrémissible en ce siècle et dans l'autre, parce que le
méchant se condamne volontairement lui-même, en
connaissant sa condamnation.» Après ces paroles,
Jésus sortit du temple et le peuple le glorifiait. Aussi lui
amenèrent-il tous les malades qu'ils purent rassembler. Ayant
prié, Jésus rendit à tous la santé.
Or, ce jour-là, à Jérusalem, à
l'instigation de Satan, l'armée romaine commença à
inciter le peuple à dire que Jésus était Dieu
d'Israël et qu'il était venu visiter son peuple.
Chapitre 70
Parti de Jérusalem après la pâque, Jésus
entra dans le territoire de Césarée de Philippe. L'ange
lui ayant raconté la sédition qui commençait dans
le peuple, il interrogea ses disciples : «Qu'est ce que les
hommes disent de moi ?» Ils répondirent : «Certains
disent que tu es Elie, d'autres que tu es Jérémie,
d'autres encore l'un des anciens Prophètes.» Jésus
reprit : «Et vous, que dites-vous que je suis ?» Pierre
répondit : «Tu es le Christ, fils de Dieu!»
Jésus se fâcha alors et le reprit avec colère :
«Va-t-en loin de moi, car tu es le diable et tu cherches à
m'entraîner au mal.» Et il menaça les onze :
«Malheur à vous qui le croyez, car j'ai demandé
à Dieu une grande malédiction à ceux qui le
croiront.» Et il voulait chasser Pierre. Alors les onze
prièrent Jésus pour lui, et Jésus ne le chassa
pas, mais il le réprimanda de nouveau en disant : «Prends
gardes de ne plus prononcer ces paroles, parce que Dieu te
réprouverait ». Pierre pleura et dit : «Seigneur,
j'ai parlé comme un sot. Prie Dieu qu'il me pardonne!»
Jésus dit alors : «Si Dieu n'a pas voulu se montrer
à Moïse son serviteur, ni à Elie qu'il aimait tant,
ni à aucun Prophète, pensez-vous que Dieu se montrerait
à cette génération incrédule ? Ne
savez-vous pas que Dieu a tout créé d'une seul parole
à partir de rien et que tous les hommes tirent leur origine d'un
peu de boue ? Comment donc Dieu pourrait-il avoir quelque ressemblance
avec l'homme ? Malheur à ceux qui se laissent tromper par
Satan!»
Cela dit, Jésus pria Dieu pour Pierre, tandis que les onze et
Pierre pleuraient et disaient : «Qu'il en soit ainsi! qu'il en
soit ainsi, Seigneur notre Dieu béni!» Ensuite
Jésus s'en alla en Galilée, pour que se dissipe l'opinion
insensée que le peuple commençait à se faire de
lui.
Chapitre 71
Dès que Jésus fut dans sa patrie, la nouvelle se
répandit à travers toute la Galilée que le
Prophète Jésus était venu à Nazareth. On
alla donc chercher en toute hâte les malades et on les lui
présenta en le priant de les toucher de ses main. La multitude
était telle qu'un riche frappé de paralysie, ne pouvant
se faire passer par la porte, se fit porter sur le toit de la maison
où se trouvait Jésus. Ayant fait découvrir le
toit, il se fit descendre avec des draps devant Jésus qui
demeura quelques instants sans rien faire. Puis il dit : «Ne
crains pas, frère, car tes péchés sont
pardonnés!»
Tous furent scandalisés de l'entendre. Ils disaient :
«Quel est celui-là qui pardonne les
péchés?» Jésus dit alors : «Vive Dieu,
je ne peux pas pardonner les péchés, ni aucun homme, mais
seul Dieu pardonne! Pourtant, comme serviteur de Dieu, je peux prier
pour les péchés des autres. J'ai donc prié pour
cet infirme et je suis sûr que Dieu a exaucé ma
prière. Aussi, afin que vous sachiez la vérité, je
dis à cet infirme : «Au nom du Dieu de nos pères,
Dieu d'Abraham et de ses fils, lève-toi, guéri.»
Dès que Jésus eut prononcé ces paroles, l'infirme
se leva guéri, et il glorifiait Dieu.
La foule demanda alors à Jésus de prier pour les malades
qui se trouvaient dehors, et Jésus sortit vers eux. Les mains
levées, il dit : «Seigneur Dieu des armées, Dieu
vivant, Dieu vrai, Dieu saint, Dieu qui ne mourra jamais, aie
pitié d'eux!» Et chacun répondit :
«Amen!» Cela dit, Jésus imposa les mains aux
infirmes, qui recouvrèrent la santé. Et ils glorifiaient
Dieu en disant :«Dieu nous a visités par son
Prophète! Dieu nous a envoyé un grand
Prophète.»
Chapitre 72
Durant la nuit, Jésus dit en secret à ses disciples :
«En vérité, je vous le dis, Satan veut vous passer
au crible comme on fait pour le forment. Mais j'ai prié Dieu
pour vous, et seul celui qui me tend des embûches
périra.» Jésus dit cela pour Judas, parce que
l'ange Gabriel lui avait dit comment Judas frayait avec les
prêtres et leur rapportait tout ce que disait Jésus.
Celui qui écrit ceci s'approcha de Jésus en pleurant et
dit : «Maître, dis-moi qui te trahit!» Jésus
répondit : «Barnabé, ce n'est pas encore l'heure
que tu le saches, mais bientôt on découvrira le
scélérat, car je quitterai ce monde.» Les
apôtres pleurèrent alors en disant : «Maître,
pourquoi veux-tu nous abandonner? Il vaut bien mieux que nous mourrions
plutôt que d'être abandonnés de toi!»
Jésus répondit : «Que votre cœur ne se
trouble pas et ne s'effraie pas, car ce n'est pas moi qui vous ai
créé. C'est Dieu, notre créateur qui vous a
créés. Lui vous gardera. Quant à moi, je suis venu
dans ce monde pour préparer la voie au Messager de Dieu qui
portera le salut au monde.
Mais prenez garde d'être trompés, car beaucoup de faux
Prophètes viendront qui pilleront mes paroles et contamineront
mon Evangile.» André dit alors : «Maître,
dis-nous à quel signe nous le reconnaîtrons!»
Jésus répondit : «Il ne viendra pas de votre temps,
mais bien des années après vous, quand mon Evangile sera
si effacé qu'il ne restera plus qu'à peine trente
fidèles. En ce temps-là, Dieu aura pitié du monde.
Alors il enverra son Messager, sur la tête duquel se posera une
nuée blanche. Aussi sera-t-il reconnu par un élu de Dieu
et il sera manifesté par lui au monde. Il viendra avec une
grande puissance contre les impies et il détruira
l'idolâtrie sur la terre. Je me réjouis de ce que notre
Dieu sera connu et glorifié par lui, et qu'on reconnaîtra
que je suis véridique. Alors il tirera vengeance de ceux qui
diront que je suis plus qu'un homme. En vérité, je vous
le dis, dans son enfance la lune bercera son sommeil et, devenu grand,
il la saisira dans ses mains.
Que le monde se garde de le chasser sous prétexte qu'il tue les
idolâtres, parce que Moïse, serviteur de Dieu, et
Josué en tuèrent beaucoup. Ils ne pardonnèrent pas
aux villes, ils les brûlèrent et tuèrent les
enfants, car à vieille plaie, on met le feu.
Il viendra avec la vérité, plus claire que celle de tous
les Prophètes et il réprouvera ce dont le monde fait
mauvais usage. Les tours de la cité de notre père se
salueront d'allégresse. Et quand on verra l'idolâtrie
tomber à terre et me reconnaître homme comme les autres
hommes, je vous le dis en vérité, le Messager de Dieu
sera venu.
Chapitre 73
Je vous le dis en vérité, si à l'avenir Satan vous
tente, c'est que vous êtes les amis de Dieu. Personne en effet ne
donne l'assaut à ses propres cités. Si Satan faisait chez
vous à sa guise, il vous laisserai courir à votre
gré, mais il sait que vous êtes ses ennemis, il fera tout
son possible pour vous faire périr. Pourtant ne craignez pas, il
sera contre vous comme un chien attaché, car Dieu a
exaucé ma prière.»
Jean dit : «Maître, non seulement pour nous, mais pour ceux
qui croiront à l'évangile, montre-nous comment le vieux
tentateur dresse ses embûches à l'homme?»
Jésus répondit : «L'impie tente quatre
manières. La première, quand il tente par lui-même
en pensées, la deuxième, quand il tente en paroles et en
actes par ses serviteurs. la troisième, quand il tente par une
fausse doctrine. Et la quatrième, quand il tente par de fausses
visions. Oh, comme l'homme doit être prudent! D'autant plus que
la chaire de l'homme est favorable à Satan! Elle aime le
péché comme celui qui a la fièvre aime l'eau.
Je vous le dis en vérité, si l'homme craint Dieu, il aura
la victoire complète. Comme le dit David, son Prophète :
«Dieu t'enverra ses anges; ils garderont si bien tes voies que le
diable ne te nuira pas. Car mille tomberont à ta gauche et dix
mille à ta droite, mais ils n'approcheront pas de toi.»
Bien plus, par le même David, notre Dieu nous promet dans son
grand amour de nous garder en disant : «Je te donnerai la raison
qui t'enseignera, et sur les routes où tu chemineras, je fixerai
les yeux sur toi.» Mais que dis-je? Il a dit lui-même par
Isaïe : «Est-il possible que la mère oublie l'enfant
de ses entrailles? Eh bien, je te le dis, même si elle
l'oubliait, moi je ne t'oublierai pas!» «Dites-moi qui donc
craindra Satan en ayant les anges pour gardiens et Dieu vivant pour
protecteur? Il faut néanmoins comme le dit le Prophète
Salomon que toi, mon fils, qui es allé servir Dieu, tu
prépare ton âme aux tentations. Je vous le dis en
vérité, pour ne pas pécher contre Dieu son
créateur, l'homme devrait examiner ses propres pensées.
comme le banquier examine une pièce de monnaie.
Chapitre 74
Il y a eu et Il y a encore dans le monde, des hommes qui soutiennent
qu'il n'y a pas de péché de pensée. Leur erreur
est très grande. Dites-moi : Comment Satan pécha-t-il? Il
pécha certainement en pensant qu'il était plus digne que
l'homme. Salomon pécha en pensant inviter à manger toutes
les créatures de Dieu, mais un poisson le corrigea en mangeant
tout ce qu'il a préparé. Ce n'est donc pas sans raison
que notre père David dit : «S'exalter dans son propre
cœur établit dans la vallée des larmes.» Et
pourquoi donc Dieu crie-t-il par Isaïe son Prophète :
«Otez vos mauvaises pensées de devant mes yeux »?
Mais dans quel but Salomon dit-il donc : «Avec toute ta garde,
garde ton cœur »? Vive Dieu, en présence de qui se
tient mon âme : tout cela est dit contre les mauvaises
pensées par lesquelles on commet le péché sans
penser.
Dites-moi donc, quand l'agriculteur plante sa vigne, n'enfouit-il pas
profondément les plantes? Bien sûr! Eh bien, Satan fait de
même. Quand il plante le péché, il ne
s'arrête pas à l'œil, ou à l'oreille, mais il
va jusqu'au cœur qui est la demeure de Dieu. Comme Dieu dit par
Moïse, son serviteur : «J'habiterai en eux afin qu'ils
marchent dans ma loi ». Dites-moi donc, si le roi Hérode
vous donnait à garder une maison dans laquelle il voudrait
habiter, laisseriez-vous son ennemi Pilate y entrer ou y déposer
ses affaires? Certainement pas! Eh bien, encore moins devez-vous
laissez Satan entrer dans votre cœur et y déposer ses
pensées, puisque notre Dieu vous a donné en garde votre
cœur qui est sa demeure!
Regardez donc comme le banquier examine la pièce de monnaie :
l'effigie de César est-elle exacte, l'argent est-il bon ou faux,
fait-elle le poids? Et il la retourne beaucoup dans sa main.
Hélas, monde fou! tu es si prudent dans tes affaires qu'au
dernier jour tu reprendras les serviteurs de Dieu et tu les taxeras de
négligence et d'inattention car tes serviteurs sont sans aucun
doute plus prudents que ne le sont les serviteurs de Dieu! Or,
dites-moi quel est celui qui examine une pensée comme fait le
banquier pour un denier d'argent? Personne, certainement!»
Chapitre 75
Jacques dit alors : «Maître, comment peut-on examiner une
pensée comme on examine un denier?» Jésus
répondit : «Dans ta pensée, le bon argent, c'est la
piété, parce que toute pensée impie vient du
diable. L'effigie exacte, c'est l'exemple des saints est des
prophètes que nous devons imiter. Le poids de la pensée,
c'est l'amour de Dieu pour lequel on doit tout faire. C'est pourquoi
l'ennemi vous enverra des pensées impies contre le prochain,
conformes au monde pour corrompre la chair, et des pensées
d'amour terrestre pour corrompre l'amour de Dieu.»
Barthélémy demanda :«Maître, que devons-nous
faire pour penser peu afin de ne pas tomber dans le
péché? » Jésus répondit: «Deux
choses vous sont nécessaires. La première est de vous
exercer beaucoup et l'autre est de parler peu. L'oisiveté en
effet est une est une sentine ou toutes les pensées impures se
rassemblent est le bavardage est une éponge qui recueille des
injustices. Aussi est-il nécessaire non seulement que vos
actions tiennent le corps occupé, mais encore que l'âme
soit occupée par la prière car il ne faut jamais se
soustraire à la prière.
Je vous le dis par comparaison : il était une fois un homme qui
payait mal et pour cette raison personne de ceux qui le connaissaient
ne voilait aller travailler ses champs. Ce méchant-là dit
alors : «J'irai moi-même sur la place trouver les oisifs
qui ne font rien et ils viendront travailler dans ma vigne.» Cet
homme sortit de chez lui et trouva beaucoup d'étranger qui
étaient sans travail et sans argent. il leur parla et les
conduisit à sa vigne, mais en vérité, personne de
ceux qui le connaissaient et avaient de quoi s'occuper n'y alla. Ce
mauvais payeur, c'est satan; il donne de la besogne et pour son service
l'homme reçoit les flammes éternelles. Or il est sorti du
paradis et il est à la recherche d'ouvriers. Il est sûr
qu'il ébauche pour ses travaux les oisifs, quels qu'ils soient,
mais surtout ceux qui ne le connaissent pas. Il ne suffit pas du tout
de connaître le mal pour l'éviter, mais il faut faire le
bien pour l'emporter sur lui.»
Chapitre 76
Je vous le dis par comparaison : il était une fois un homme qui
avait trois vignes : il les confia à trois agriculteurs. Le
premier ne savait pas cultiver la vigne; elle ne produisit que des
feuilles. le deuxième enseignait au troisième comment on
doit cultiver les vignes; ce dernier écoutait très bien
ses propos et cultiva sa vigne comme il le lui avait dit. Si bien que
la vigne du troisième produisit beaucoup. Mais le
deuxième laissa sa vigne sans la cultiver et n'employa son temps
qu'a parler.
Le temps venu de payer le loyer au patron de la vigne, le premier dit :
«Maître, je ne sais comment on doit cultiver la vigne, je
n'ai donc rien récolté cette année!» Le
maître répondit : «Insensé! tu n'étais
pourtant pas seul au monde! pourquoi n'as tu pas demandé conseil
à mon deuxième vigneron qui sait bien cultiver la terre?
Pour sûr, tu me le paieras!» Sur ces mots, il le condamna
à travailler en prison jusqu'à ce qu'il ait payé
son patron. Celui-ci prit de pitié à cause de sa
simplicité, le libéra en disant : « Va-t-en je ne
veux plus que tu travailles à ma vigne ! Je te remets ta dette,
et que cela te suffise !»
Le deuxième arriva, le patron lui dit : «Que mon vigneron
soit le bienvenu! Où sont les fruits que tu me dois ? Tu sais si
bien émonder les vignes que la vigne que je t'ai confiée
aura certainement bien produit!» Le deuxième
répondit : «Maître, ta vigne est debout! car je n'ai
pas taillé les branches ni détruit le terrain! Mais la
vigne n'a pas produit de fruit, je puis donc pas te payer!»
Alors le patron appela le troisième et dit avec
étonnement : «Tu me disais que cet homme à qui j'ai
confié la seconde vigne t'a parfaitement enseigné
à cultiver la vigne que je t'ai confiée; comment se
fait-il donc que la vigne que je lui ai confiée n'a pas
donné de fruit, l'ensemble ne fait pourtant qu'un seul
terrain?» Le troisième répondit :
«Maître, les vignes ne se cultivent pas seulement avec des
paroles; celui qui veut leur faire produire du fruit doit chaque jour
suer sang et eau. Comment la vigne de ta vigneron produirait-elle du
fruit, Maître, s'il ne fait rien d'autre que perdre son temps
à parler? Il est certain, que s'il avait traduit ses paroles en
action, il t'aurait donné le revenu de la vigne pour cinq ans,
puisque moi qui ne sait pas tellement parler, je t'ai donné le
loyer pour deux ans! » Le patron se mit en colère et avec
mépris il dit au vigneron : « Ah! tu as fait beaucoup en
n'enlevant pas les ceps et ne ratissant pas la vigne! »
Il faut donc te donner une récompense ! »
Ayant appelé ses serviteurs, il le fit battre sans nulle
pitié. Puis il le mit en prison sous la garde d'un cruel
serviteur qui le bat chaque jour. Jamais il ne voulut le
libérer, même à la prière de ses amis.
Chapitre 77
Je vous le dis en vérité, au jour du jugement, beaucoup
diront à Dieu : « Seigneur, nous avons prêché
et enseigné pour ta loi ». Le pierres elles-mêmes
crieront contre eux : « Lorsque vous prêchiez aux autres,
vous vous êtes condamnés avec votre propre langue,
ouvriers d'iniquité!» « Vive Dieu, dit Jésus,
celui qui connaît la vérité et qui agit en sens
contraire, sera puni d'une peine si grave que Satan en aura presque
pitié! Or dites-moi, notre Dieu nous a-t-il donné la loi
pour connaître ou pour agir? Je vous le dis en
vérité, toute science a pour but la sagesse et celle-ci
agit autant qu'elle connaît.
Dites-moi, si quelqu'un s'asseyant à table, voyait de ses yeux
des mets recherchés, mais choisissait de ses mains des choses
impures et les mangeait, ne serait-il pas fou? » - «Oui,
bien sûr! » répondirent les disciples, Jésus
dit alors : «O fou plus que tout autre, fou es-tu, toi, homme,
qui connais le ciel par ta raison et qui choisis la terre avec tes
mains! Par la raison, tu connais Dieu, et par le désir tu veux
le monde! » Par la raison tu connais les délices du
paradis, et par tes oeuvres tu choisis les misères de l'enfer!
Brave soldat vraiment celui qui marche de nuit désire une
lumière elle-même, mais pour voir la bonne route afin de
se rendre à l'auberge en sécurité?
Oh monde misérable qu'il faut mépris et abhorrer mille
fois; notre Dieu, par ses saints prophètes, a toujours voulu lui
faire connaître le chemin pour se rendre à la patrie et
à son repos ! Mais toi, mauvais, non seulement tu ne veux pas
marcher, mais, ce qui est pire, tu méprises la lumière!
Il est vrai le proverbe du chameau qui n'aime pas boire de l'eau
claire/parce qu'il ne veut pas voir sa laide figure.
Ainsi fait l'impie qui agit mal parce qu'il hait la lumière,
afin que ne soient pas connues ses mauvaises actions. Mais celui qui
reçoit la sagesse et qui, non seulement n'agit pas bien, mais,
ce qui est pire, la fait servir au mal, est comme celui qui emploierait
les biens (qu'il a reçus) à tuer celui qui les lui a
donnés.
Chapitre 78
Je vous le dis en vérité, Dieu n'éprouva pas de
pitié à la chute de satan, mais il en éprouva
à la chute d'Adam. Et que cela vous suffise pour connaître
l'état malheureux de celui qui connaît le bien et qui fait
le mal.»
André dit alors : «Maître, il est bon de cesser
d'étudier pour ne pas tomber dans un tel état.»
Jésus répondit : «S'il est bon que le monde soit
sans soleil, l'homme sans yeux et l'âme sans raison, alors il est
moins bon pour la vie temporelle que l'étude pour la vie
éternelle! ne savez-vous pas que c'est un précepte de
Dieu que d'étudier? Dieu dit en effet : «Interroge tes
anciens et ils t'enseigneront! » Et de la loi, Dieu dit :
«Fais en sorte que mon précepte soit devant tes yeux et
penses-y, que tu sois assis, en marche ou e tout temps»! Jugez
donc vous-mêmes S'Il est bon de ne pas étudier! Oh. qu'il
est malheureux celui qui méprise la sagesse, il est sûr de
manquer la vie éternelle! »
Jacques dit : «Maître, nous savons que job n'a pas appris
d'un maître, Abraham non plus, et néanmoins ils devinrent
saints et prophètes! » Jésus répondit :
«Je vous le dis en vérité, celui qui appartient
à la maison de l'époux n'a pas besoin d'être
invité aux noces, car il habite la maison où ont lie les
noces, mais ceux qui sont loin de la maison en ont besoin. Or, ne
savez-vous pas que les prophètes de Dieu sont dans la maison de
la grâce et de la miséricorde de Dieu? Aussi la loi de
Dieu est-elle manifeste en eux. Comme dit à ce propos David,
notre père : «La loi de son Dieu est dans son coeur, aussi
sa route ne sera pas défoncée.»
Je vous le dis en vérité, en créant l'homme, notre
Dieu non seulement le créa juste, mais il lui mit au coeur une
lumière qui lui montrerait qu'il convient de servir Dieu. Bien
que cette lumière se soit obscurcie après le
péché, elle ne s'est pas éteinte. Ainsi tous les
païens ont ce désir de servir Dieu et qu'ils servent les
dieux faux et menteurs. Il faut donc que l'homme soit enseigné
par le prophètes de Dieu. Ils ont en effet la claire
lumière pour enseigner la route qui mène au paradis,
notre patrie, en servant bien Dieu, de même qu'il est
nécessaire que soit guidé et aidé celui qui a les
yeux malades.
Chapitre 79
Jacques dit : «Comment les prophètes nous
enseigneront-ils, s'ils sont morts? Et comment celui qui ne
connaît pas les prophètes sera-t-il
enseigné?» Jésus répondit : «leur
doctrine est écrite et il faut l'étudier : elle te tient
lieu de prophète. En vérité, je vous le dis, celui
qui méprise la prophétie, méprise non seulement le
prophète, mais il méprise aussi Dieu qui l'a
envoyé comme prophète. Quant à ceux qui, comme les
païens, ne connaissent pas le prophète, je vous le dis,
s'il y a, en ces régions, un homme qui vit comme son cœur
le lui dit sans faire aux autre ce qu'il ne veut pas recevoir d'eux
mais qui donne au contraire à son prochain ce qu'il veut en
recevoir, un tel homme ne sera pas abandonné par la
miséricorde de Dieu. A sa mort, sinon plutôt Dieu lui
montrera miséricordieusement et lui donnera sa loi. Pensez-vous
peut-être que Dieu a donné sa loi pour l'amour de la loi?
Certainement pas! mais Dieu a donné la loi pour que l'homme
fasse le bien pour l'amour de Dieu. Si donc Dieu trouve un homme qui,
pour son amour, fait le bien, le méprisera-t-il? Certes non! Au
contraire, il l'aimera plus que ceux aux quels il a donné la
loi.
Je vous le dis par comparaison : il était une fois un homme qui
avait de grand biens, Dans son domaine il y avait un sol aride qui ne
produisait que des plantes stériles. Un jour qu'il marchait en
ce désert, parmi ses plantes stériles, il trouva une qui
portait de beaux fruits. Cet homme dit alors : «Comment cette
plante produit-elle des fruits aussi beaux? Je ne veux certes pas qu'on
la coupe ni qu'on la mette au feu avec les autres.» Ayant
appelé ses serviteurs, il la fit transplanter dans son jardin.
C'est ainsi, vous dis-je, que notre Dieu préservera des flammes
de l'enfer ceux qui agissent selon la justice, où qu'ils soient.
Chapitre 80
Dites-moi, Job n'habitait-il pas à Hus parmis les
idolâtres? Et au temps du déluge, qu'écrit
Moïse, dites-moi? Il dit : Noé trouva vraiment grâce
devant Dieu. Notre père Abraham avait un père qui n'avait
pas la foi puisqu'il faisait lui-même les idoles fausses et qu'il
les adorait. Lot habitait parmis les plus grands
scélérats de la terre. Daniel enfant, Aananie, Azaria et
Misaël furent capturés par Nabuchodnosor. Ils n'avaient que
deux ans quand ils furent élevés parmis la foule des
idolâtres. Vive Dieu, de même que le feu brûle ce qui
est sec et le transforme en feu sans prendre garde si c'est de
l'olivier, du cyprès ou du palmier, ainsi notre Dieu fait
miséricorde à quiconque agit selon la justice, sans
prendre garde si c'est juif, un Scythe, un Grec ou un Ismaélite!
Mais que ton cœur ne s'y arrête pas, Jacques, car là
où Dieu a envoyé le prophète, il faut renoncer en
tout à ton propre jugement et suivre le prophète et ne
pas dire : Pourquoi dit-il ceci? Pourquoi défend-il ou
ordonne-t-il cela? Mais dire au contraire : Dieu le veut! Dieu
l'ordonne! Que dit Dieu à Moïse quand Israël
méprisait Moïse? «Ce n'est pas toi mais moi qu'ils
ont méprisé! »
Je vous le dis en vérité, l'homme devrait passer tout le
temps de sa vie non pas à parler ou à lire, mais à
savoir bien agir. Or, dites-moi, quel est le serviteur d'Hérode
qui ne cherche pas à lui plaire en le servant bien et en toute
sollicitude? Malheur au monde, car il ne cherche qu'a plaire au corps
qui est boue et ordure tandis qu'il ne cherche pas, mais qu'il oublie
au contraire le service de Dieu qui a fait toutes choses et qui est
béni à jamais!
Chapitre 81
Dites-moi : «Eût-ce été un grand
péché si les prêtres qui portaient l'arche de
l'alliance de Dieu, l'avaient laissé tomber par terre? »
En entendant cela, les disciples tremblèrent parce qu'ils
savaient que Dieu tua Uzza pour avoir malencontreusement touché
l'arche de Dieu. Ils répondirent : «C'eût
été un péché très grave!»
Jésus dit alors : «Vive Dieu, c'est un péché
plus grand encore d'oublier la parole de Dieu par laquelle il a tout
fait, par laquelle il t'offre la vie éternelle!» Et
après ces paroles, Jésus pria. Après la
prière, il dit : «Demain, nous devons passer en Samarie,
car c'est ce que m'a dit l'ange saint de Dieu!»
Un matin de bonne heure, Jésus arriva près du puits que
fit Jacob et qu'il donna à Joseph son fils. fatigué par
le voyage, Jésus envoya ses disciples à la ville pour
acheter de la nourriture et il s'assit près du puits, sur la
margelle. Or voici qu'une samaritaine vint au puits tirer de l'eau.
Jésus dit à la femme : «Donne-moi à
boire!» La femme répondit : «N'as-tu pas honte, toi
qui es Hébreu, de demander à boire à moi qui suis
Samaritaine?» Jésus répondit : «Femme, si tu
savais qui est celui qui te demande à boire, peut-être lui
demanderais-tu toi-même à boire!» La femme reprit :
«Et comment me donnerais-tu à boire puisque tu n'as pas de
seau pour puiser l'eau, ni de corde et que le puits est profond!»
Jésus répondit : «Femme, celui qui boit de l'eau de
ce puits aura encore soif, par contre, celui qui boit de l'eau que je
donne n'a plus soif, mais à ceux qui ont soif, je leur donnerai
à boire si bien qu'ils vont à la vie
éternelle.»
La femme dit alors : «Seigneur, donne-moi de ton eau!»
Jésus répondit : «Va et appelle ton mari, car c'est
à vous deux que je donnerais à boire.» La femme dit
: «Je n'ai pas de mari!» Jésus répondit :
«C'est bien, tu as dit la vérité! car tu as eu cinq
maris et celui que tu as maintenant n'est pas ton mari!» En
entendant cela, la femme fut confuse et dit : «Seigneur, à
ce que je vois tu es prophète! Dis-moi donc, s'il te
plaît, les Hébreux prient sur le mont Sion dans le temple
construit par Salomon à Jérusalem et ils disent que c'est
là et pas ailleurs, qu'ils trouvent grâce et
miséricorde de Dieu, tandis que les nôtres adorent sur ces
montagnes et disent que c'est seulement sur les montagnes de Samarie
qu'il faut adorer. Quels sont les vrais adorateurs?»
Chapitre 82
Alors Jésus poussa un soupir et pleura en disant :
«Malheur à toi, Judée, qui te glorifies en disant
:Temple de Dieu! Temple de Dieu! et qui vis comme si Dieu n'existait
pas, toute adonnée aux plaisirs et aux intérêts de
ce monde! Car, au jour du jugement, cette femme te condamnera à
l'enfer puisqu'elle cherche à savoir comment trouver grâce
et miséricorde auprès de Dieu!» Puis se tournant
vers la femme, il dit : «Femme, vous Samaritains, vous adorez ce
que vous ne savez pas, mais nous, Hébreux, nous adorons ce que
nous savons. En vérité je te le dis, Dieu est esprit et
vérité, et il faut l'adorer en esprit et en
vérité. Car la promesse de Dieu s'accomplit à
Jérusalem dans le temple de Salomon et pas ailleurs.
Mais, crois-moi, il viendra un temps où Dieu donnera sa
miséricorde dans une autre ville. En tout lieu, on pourra adorer
en vérité; et tout lieu tiendra
miséricordieusement pour agréable la vraie
prière.» La femme répondit : «Nous attendons
le Messie; quand il viendra il nous enseignera!» Jésus dit
: «Femme, tu sais que le Messie doit venir?» Elle
répondit : «Oui, Seigneur!» Alors Jésus se
réjouit et dit : «À ce que je vois, femme tu es
fidèle! Sache donc que c'est dans la foi du Messie que chaque
élu de Dieu sera sauvé. Il est donc nécessaire que
tu connaisses la venue du Messie.» La femme dit :
«Seigneur, peut-être est-ce toi le Messie?»
Jésus répondit : «Je suis vraiment envoyé
par Dieu à la maison d'Israël, comme prophète de
salut, mais après moi viendra le Messie envoyé par Dieu
au monde entier; c'est pour lui que Dieu a fait le monde. Aussi,
partout dans le monde, on adorera Dieu et on recevra
miséricorde, et l'année du jubilé qui maintenant
revient tous les cent ans, reviendra chaque année et en tout
lieu, à cause du Messie!» Alors la femme abandonna sa
cruche et courut à la ville raconter tout ce qu'elle avait
entendu de la bouche de Jésus.
Chapitre 83
Tandis que la femme parlait avec Jésus les disciples revinrent.
Ils s'étonnèrent que Jésus parlât ainsi avec
une Samaritaine, mais personne ne lui dit : «Pourquoi parlais-tu
avec une Samaritaine?» La femme partie, ils disent :
«Maître, viens manger.» Jésus répondit
: «Je dois manger une autre nourriture.» Alors les
disciples se dirent entre eux : «Peut-être quelque passant
a-t-il parlé avec Jésus et est-il allé lui
chercher a manger.» Et ils interrogèrent celui qui
écrit ceci : «Barnabé, quelqu'un est-il venu porter
à manger au Maître?» Celui qui écrit
répondit : «Il n'y a eu ici que la femme que vous avez vue
qui n'a apporté que son seau pour le remplir d'eau.» Alors
les disciples furent dans l'étonnement et attendirent la suite
des paroles de Jésus.
Jésus dit alors : «Vous ne savez pas que la vraie
nourriture est de faire la volonté de Dieu? Ce n'est pas le pain
qui soutient l'homme et lui donne la vie, mais la parole de Dieu par sa
volonté. Aussi les saints anges ne mangent-ils pas, mais vivent,
nourris seulement de la volonté de Dieu. Ainsi Moïse, Elie,
et encore un autre, nous sommes resté quarante jours et quarante
nuits sans aucune nourriture.»
Ayant levé les yeux, Jésus dit : «Combien de temps
faut-il encore pour la moisson?» Les disciples répondirent
: «Trois mois!» Jésus dit : «Eh bien, regardez
comme la colline est blanche de blé! je vous le dis en
vérité, il y a une grande récolte à faire
aujourd'hui!» Et il montra alors la foule qui venait le voir
parce que la femme une fois entrée dans la ville l'avait
remué tout entière en disant : «Hommes, venez voir
un nouveau prophète envoyé par Dieu à la maison
d'Israël!» Et elle leur raconta ce quelle avait entendu de
la bouche de Jésus. Arrivée là, la multitude pria
Jésus de rester avec eux. Jésus entra dans la ville et y
resta deux jours, guérissant tous les malades et leur enseignant
le royaume de Dieu. Les habitants de la ville dirent alors à la
femme : «Nous croyons plus à ses paroles et à ses
miracles que nous n'avons cru à tes discours, car en
vérité, il est saint de Dieu, prophète
envoyé pour le salut de ceux qui le croiront.»
Après la prière de minuit, les disciples
s'approchèrent de Jésus et il leur dit : «Au temps
du Messie, Messager de Dieu, cette nuit sera le jubilé, chaque
année, chaque année alors qu'elle revient maintenant tous
les cent ans. C'est pourquoi je ne veux pas que nous dormions, mais que
nous priions, en inclinant cent fois la tête pour
révérer notre Dieu, puissant et miséricordieux qui
est béni éternellement. Et chaque fois nous dirons :
«Je te loue, Ô notre Dieu unique! Toi qui n'as pas eu de
commencement et qui n'auras pas de fin. Toi qui, par ta
miséricorde, donnas origine à tout et qui par ta justice,
donneras à tout une fin! Toi qui n'as aucune ressemblance avec
l'homme, car, dans ton immense bonté, tu ne connais ni
mouvement, ni accident. Aie pitié de nous, parce que tu nous as
crées et que nous sommes l'œuvre de tes mains!»
Chapitre 84
Après avoir prié Jésus dit : «Remercions
Dieu car il nous a fait grande miséricorde à cause de
cette nuit. En effet, il a concentré en cette nuit le temps qui
doit, de sorte que nous avons prié avec le messager de Dieu.
J'ai entendu sa voix!»
A ces mots les disciples se réjouirent beaucoup et dirent :
«Maître, enseigne-nous quelque précepte cette nuit!
» Jésus dit alors : «Avez-vous jamais vu mêler
le baume et l'ordure?» Ils répondirent : «Non
Maître, car personne n'est assez fou pour le faire!» -
«Eh bien, dit Jésus, je vous le dis, dans le monde il y a
des fous plus grands encore, car ils mêlent le service du monde
au service de Dieu, à tel point que beaucoup qui menaient une
vie irréprochable ont été trompé par Satan.
En priant, ils ont mêlé les affaires de ce monde à
leur prière et ils sont devenus abominables devant Dieu.
Dites-moi, quand vous vous laver pour prier, ne prenez-vous pas garde
d'être touché par quelque chose d'impur? Si, bien
sûr! Que faites-vous au contraire quand vous priez? Vous lavez
votre âme de ses péchés par la miséricorde
de Dieu. Voudriez-vous donc parler de choses de ce monde pendant que
vous priez? Gardez-vous de le faire, car chaque parole mondaine se
change en ordure du diable sur l'âme de celui qui parle!»
Les disciples tremblèrent alors parce qu'il avait parlé
dans la véhémence de l'esprit et ils dirent :
«Maître, que ferons-nous si pendant que nous prions un ami
viens nous parler?» Jésus répondit :
«Laissez-le attendre et finissez la prière!»
Barthélémy dit : «Mais quand il verra que nous ne
lui parlons, il se scandalisera et s'en ira!» Jésus
répondit : « S'il se scandalise, croyez-moi, il n'est ni
votre ami, ni un fidèle, mais au contraire un infidèle et
un compagnon de Satan. Dites-moi, si vous alliez parler avec un
écuyer d'Hérode et que vous le trouviez en train de
parler à l'oreille d'Hérode, vous scandaliseriez-vous
s'il vous faisait attendre? Certainement pas! Mais vous seriez
réconforté de voir votre ami bien en cour auprès
du roi, n'est-ce-pas?» dit Jésus. «C'est tout
à fait vrai» répondirent les disciples.
Jésus dit alors : «Je vous le dit en vérité,
quand quelqu'un prie, il parle avec Dieu. Est-il donc juste que vous
cessiez de parler avec Dieu pour parler avec un homme? Est-il juste que
votre ami se scandalise parce que vous avez plus de
considération pour Dieu que pour lui? Croyez-moi, s'il se
scandalise de ce que vous le faites attendre, c'est un bon serviteur du
diable, car ce que le diable désir, c'est que Dieu soit
délaissé pour l'homme. Vive Dieu, en toute bonne action,
celui qui craint Dieu doit se retirer des affaires du monde, pour ne
pas corrompre la bonne action!
Chapitre 85
«Lorsque quelqu'un agit ou parle mal, dit Jésus, et qu'un
autre entreprend de le corriger et d'empêcher sa mauvaise action,
que fait celui-là? » Les disciples répondirent :
«Il fait le bien, car il sert Dieu qui cherche toujours à
empêcher le mal. comme le soleil cherche toujours à
chasser les ténèbres.»
Jésus reprit : «Et au contraire, moi je vous dis que
lorsque quelqu'un agit ou parle bien, celui qui cherche àa l'en
empêcher sous prétexte de suggérer quelque chose de
mieux, sert le diable et devient même son compagnon, car le
diable ne cherche rien d'autre que d'empêcher tout bien.
Mais que vous dirai-je maintenant? Je vous dirai ce que dit Salomon,
prophète saint et ami de Dieu : «Entre mille que vous
connaissez, qu'un seul soit votre ami!» Matthieu dit alors :
«Nous ne pourrons donc pas aimer tout le monde?»
Jésus répondit : «Je vous le dis en
vérité : «il ne vous est permis de haïr que le
péché, au point que vous ne pouvez pas haïr Satan
comme créature de Dieu, mais comme ennemi de Dieu. Savez-vous
pourquoi? Je vais vous le dire : parce qu'il est créature de
Dieu et que tout ce que Dieu a créé est bon et parfait.
Par conséquent celui qui hait la créature hait le
créateur. Mais l'ami est un être à part qui ne se
trouve pas facilement, mais qui se perd facilement, car l'ami ne
souffre pas que l'on contredise celui qu'il aime par-dessus tout.
Attention, soyez prudents! Ne choisissez pas pour ami celui qui n'aime
pas ce que vous aimez! Savez-vous ce que veut dire "ami"? "Ami" ne veut
pas dire autre chose que "médecin de l'âme". Alors de
même qu'il est rare de trouver un bon médecin qui
connaisse les maladies et sache y appliquer les remèdes, de
même sont rares les amis qui connaissent les erreurs et savent
s'orienter vers le bien. Par contre, ce qui est mal c'est que beaucoup
ont des amis qui feignent de ne pas voir les fautes de leur ami;
d'autres les excusent, et, ce qui est pire, il y a des amis qui
poussent et aident à pécher. Leur fin sera semblable
à leur scélératesse. Gardez-vous de les prendre
pour amis car, à la vérité, ce sont des ennemis et
des bourreaux de l'âme.»
Chapitre 86
«Que ton ami soit aussi capable d'être corrigé que
de te corriger, et s'il veut que tu laisses tout pour l'amour de Dieu,
qu'il accepte aussi volontiers que tu l'abandonnes lui-même pour
le service de Dieu. Mais dites-moi, si l'homme ne sait pas aimer Dieu,
comment saura-t-il s'aimer lui-même, comment saura-t-il aimer les
autres? Il est tout à fait incapable!
Aussi quand tu veux choisir un ami, car en vérité, celui
qui n'a aucun ami est dans une pauvreté extrême, ne
regarde avant tout ni à la noblesse de sa parenté, ni
à la noblesse de sa famille, ni à la beauté de sa
maison, ni à la beauté de ses vêtements, ni
à la beauté de son corps, et non plus à ses belles
paroles, car tu serais facilement trompé. Examine par contre
s'il craint Dieu, s'il méprise les choses de ce monde, s'il aime
faire le bien, et surtout s'il hait sa propre chair. Tu trouveras
facilement un véritable ami de cette manière : s'il
craint Dieu par-dessus tout, s'il méprise les vanités du
monde, s'il est toujours occupé et toujours à faire le
bien, et s'il hait son propre corps comme un cruel ennemi.
Pourtant, un ami comme celui-là, tu ne l'aimeras pas à
tel point que ton amour s'arrête à lui, car tu serais
idolâtre, mais aime-le comme un cadeau que Dieu t'a fait et Dieu
te favorisera de dons plus grands encore. Je vous le dis en
vérité, celui qui a trouvé un véritable
ami, a trouvé l'un des délices du paradis, et même
la clef du paradis ».
Thaddée dit : «Mais si par hasard quelqu'un avait un ami
qui n'était pas tel que tu as dit, Maître, que doit-il
faire? Doit-il l'abandonner? » Jésus répondit :
«Il faut faire comme le marin avec le bateau. Il reste à
son bord aussi longtemps qu'il y voit son intérêt, mais
quand il s'aperçoit qu'il y perd, il l'abandonne. Ainsi feras-tu
avec un ami plus mauvais que toi : quand il est pour toi objet de
scandale, abandonne-le si tu veux pas que t'abandonne la
miséricorde de Dieu!
Chapitre 87
Malheur au monde à cause des scandales! Il est nécessaire
que le scandale arrive, car tout le monde se trouve dans la
méchanceté, mais malheur à ceux par qui le
scandale arrive! Il vaudrait mieux que l'homme ait au cou une pierre de
moulin et qu'il soit jeté au fond de la mer, plutôt que de
scandaliser son prochain! Si ton œil te scandalise, arrache-le,
car il vaut mieux que tu ailles en paradis avec un seul œil
plutôt qu'en enfer avec deux! Si ta main, ou ton pied te
scandalise, agis de même, car il vaut mieux que tu ailles dans le
royaume des cieux avec un seul pied ou une seule main plutôt que
d'aller en enfer avec deux mains ou deux pieds!»
Simon, appelé Pierre, dit : «Maître, comment dois-je
le faire? En peu de temps je n'aurais certainement plus aucun
membre!» Jésus répondit : «Pierre, abandonne
la prudence charnelle et tu trouveras aussitôt la
vérité. C'est ton œil qui t'enseigne, c'est ton
pied qui t'aide à agir, c'est ta main qui t'apporte tout, et
quand il sont pour toi occasion de péché, laisse-les, car
il vaut mieux pour toi aller au paradis, ignorant ,ayant peu
réalisé et pauvre, que d'aller en enfer en savant, avec
de grandes réalisations et riche. Tout ce qui t'empêche de
servir Dieu, chasse-le loin de toi, comme l'homme chasse tout ce qui
l'empêche de voir.»
Cela dit, Jésus appela Pierre près de lui et lui dit :
«Si ton frère pèche contre toi, va le corriger!
S'il change de conduite, réjouis-toi car tu as gagné ton
frère! Mais s'il s'amende pas, appelle encore deux
témoins et de nouveau corrige-le! S'il ne change pas de
conduite, va le dire à l'Eglise! Et s'il ne change pas,
considère-le comme un infidèle. Tu n'habiteras plus sous
le même toit que lui, tu ne mangeras plus à la même
table que lui, tu ne lui parleras plus et si tu sais où il met
le pied en marchant, tu n'y mettras plus les tiens!»
Chapitre 88
Mais garde-toi de te prendre pour meilleur que lui. Au contraire, tu te
diras : «Pierre, Pierre, si Dieu ne t'aidait pas de sa
grâce, tu serais pire que lui!»
Pierre reprit : «Comment dois-je le corriger? »
Jésus répondit : «De la même façon
dont tu veux être corrigé toi-même, et de même
que tu veux être supporté, supporte aussi les autres!
Crois-moi, Pierre, en vérité je te le dis, chaque fois
que tu corrigeras ton frère avec miséricorde, tu recevras
de Dieu miséricorde et tes paroles porteront du fruit. Mais si
tu le fait en rigueur de justice, tu seras rigoureusement puni par Dieu
et tu ne porteras aucun fruit! Dis-moi, Pierre, ces Pots de terre dans
lesquels les pauvres cuisent leurs aliments, les lavent-ils avec des
pierres et un marteau de fer? Non, bien sûr, mais avec de l'eau
chaude. Les pierres, on les brise avec le fer; le bois on le
brûle avec le feu, mais l'homme s'amende par la
miséricorde! C'est pourquoi, lorsque tu corrigeras ton
frère, tu diras en toi-même : si Dieu ne m'aide pas,
demain je ferai pire que n'a fait celui-là aujourd'hui! »
Pierre reprit : «Maître, combien de fois dois-je pardonner
à mon frère? » Jésus répondit :
«Autant de fois que tu voudrais qu'il te pardonne! » Pierre
dit : «Sept fois par jour? » Jésus répondit :
«Chaque jour, tu lui pardonneras non seulement sept fois mais
soixante-dix fois sept fois. Car on pardonnera à celui qui
pardonne et celui qui condamne sera condamné! »
Celui qui écrit ceci dit alors : «Malheur aux princes, car
ils iront en enfer!» Jésus le reprit en disant :
«Es-tu devenu fou, Barnabé, pour avoir parlé ainsi?
Je te le dis en vérité, le bain est moins
nécessaire pour le corps, le frein pour le cheval et le timon
pour le navire, que le prince pour la république! Pour quelle
raison Dieu donna-t-il Moïse, Josué, Samuel, David, Salomon
et tant d'autres qui rendirent la justice et leur donna-t-il
l'épée pour extirper les iniquités?»
Celui qui écrit dit alors : «Comment doit-on juger, en
condamnant et en pardonnant en même temps?» Jésus
répondit : «Tout le monde n'est pas juge; au juge seul
appartient de condamner les autres, Barnabé! Le juge doit
condamner le coupable comme un père ordonne que l'on coupe
à son fils un membre pourri afin que tout le corps ne pourrisse
pas!»
Chapitre 89
Pierre dit : «Combien de temps dois-je attendre que mon
frère se repente?» Jésus répondit :
«Aussi longtemps que tu voudras qu'on attendît pour
toi!» Pierre dit : «Personne ne comprendra cela, parle-nous
donc plus clairement! » Jésus répondit :
«Attends ton frère aussi longtemps que Dieu t'attend!
» «Ils ne comprendront pas cela non plus» dit Pierre.
Jésus répondit : «Attends-le jusqu'à ce
qu'il ait le temps de se repentir! » Alors Pierre s'attrista avec
les autres, car ils ne comprenaient pas ce que cela voulait dire.
Jésus dit donc : «Si vous étiez sains d'esprit et
si vous saviez que vous êtes pécheurs, vous ne penseriez
jamais à fermer votre cœur à la miséricorde
envers le pécheur. Eh bien, je vous le dis clairement, on doit
attendre la pénitence du pécheur jusqu'à ce qu'il
ait l'âme sur ses dents pour expirer, car c'est ainsi qu'attend
notre Dieu puissant et miséricordieux. Dieu n'a pas dit :
«A l'heure où le pécheur jeûnera, fera
l'aumône, priera et ira en pèlerinage, je lui pardonnerai
», car cela, beaucoup l'ont fait qui sont damnés à
jamais. Mais il dit : «A l'heure ou le pécheur se
repentira de ses péchés pour moi, je ne me souviendrai
plus de ses iniquités.»
Comprenez-vous cela? » dit Jésus. Les disciples
répondirent : «En partie, oui, en partie, non!»
Jésus dit : «Quelle est la partie que vous ne comprenez
pas? » Ils répondirent : «Que beaucoup de ceux qui
ont prié et ont jeûné sont condamnés!
» Jésus dit alors : «Je vous le dis en
vérité, les hypocrites et les païens font plus de
prières, d'aumônes et de jeûnes que n'en font les
amis de Dieu! Mais comme ils sont sans foi, ils ne peuvent pas se
repentir pour l'amour de Dieu et ils sont damnés.»
Jean dit alors : «Pour l'amour de Dieu, enseigne-nous la foi!
» Jésus répondit : «Il est l'heure de la
prière de l'aurore! » Ils se levèrent donc et,
après s'être lavés, ils prièrent Dieu qui
est béni éternellement! .
Chapitre 90
Après la prière les disciples s'approchèrent
à nouveau de Jésus, et lui, ayant ouvert la bouche, dit :
«Approche, Jean, car aujourd'hui je répondrai à ce
que tu as demandé!
La foi est un sceau avec lequel Dieu marque ses élus. Il a
donné ce sceau à son messager et c'est des mains de
celui-ci que chaque élu a reçu la foi. Aussi de
même que Dieu est un, ainsi la foi est une. Ayant
créé son messager avant tout chose, Dieu lui donna avant
tout autre la foi qui est comme une représentation de Dieu
lui-même et une représentation de ce que Dieu a fait et a
dit. En conséquence, le fidèle voit tout par la foi,
mieux qu'avec les yeux, car les yeux peuvent se tromper -et même
ils se trompent presque toujours- mais la foi ne se trompe jamais
puisqu'elle a pour fondement Dieu et sa parole.
Croyez-moi, c'est par la foi que sont sauvé tous les élus
de Dieu. Sans la foi, il est absolument impossible de plaire à
quelque Dieu que ce soit. C'est pourquoi Satan ne cherche pas à
détruire jeûnes, prières, aumônes,
pèlerinage; il y pousse même les infidèles, car il
prend plaisir à voir l'homme travailler sans recevoir de
salaire. Par contre, il prend toutes sortes de peines et de soins pour
détruire la foi. C'est donc avec soin extrême qu'il faut
la conserver.
Le plus grand effort consistera à abandonner le "pourquoi" car
le "pourquoi" chassa l'homme du paradis et changea Satan de très
bel ange en horrible diable.» Jean dit alors : «Comment
donc abandonnerons-nous le "pourquoi", puisqu'il est la porte de la
science? » Jésus répondit : «Au contraire, il
est la porte de l'enfer! » Jean se tut donc. Alors Jésus
ajouta : «Quand tu sais que Dieu a dit une chose, qui es-tu,
ô homme, pour dire : «Pourquoi as-tu parlé ainsi.,
ô Dieu? pourquoi as-tu agis ainsi? » La poterie dira-t-elle
à celui qui l'a faite : «Pourquoi m'as-tu faite pour
contenir de l'eau et non pas pour conserver du baume? » Je vous
le dis en vérité, il faut s'assurer contre toute
tentation par ces mots : «Dieu l'a dit, Dieu l'a fait, Dieu le
veut! En faisant cela, tu vivras, en toute
sécurité.»
Chapitre 91
En ce temps là, il y a eu un grand soulèvement en
Judée pour l'amour de Jésus, car l'armée romaine,
à l'instigation de Satan, poussait les Hébreux à
dire que Jésus était Dieu venu les visiter. Elle suscita
donc un conflit tel qu'aux approches du carême, toute la
Judée était en armes, au point qu'on trouvait le fils
contre le père et le frère contre le frère.
Quelque uns disaient en effet que Jésus était Dieu venu
en ce monde; d'autres disaient que non, mais qu'il était le fils
de Dieu; d'autres encore disaient que non, parce que Dieu ne ressemble
en rien à un homme et qu'il n'engendre donc pas d'enfants, mais
que Jésus de Nazareth est prophète de Dieu. Tout cela
pris naissance à cause des grands miracles que fit Jésus.
Il fallut pour apaiser le peuple, que le pontife montât à
cheval, revêtu des habits pontificaux, le saint nom de Dieu,
"tetragmmaton", au front. Montèrent aussi à cheval le
gouverneur Pilate et Hérode, trois armées se
rassemblèrent à Miçpa, chacune composée de
deux cent mille hommes capable de porter l'épée.
Hérode leur parla, mais ils ne se calmèrent pas. Puis le
gouverneur et le pontife parlèrent en ces termes :
«Frères, cette guerre est suscitée par Satan, car
Jésus est vivant; c'est à lui que nous devons recourir et
demander qu'il nous donne témoignage sur lui-même afin que
nous croyions en lui selon sa parole.» A cela, tous se
calmèrent et, les armes déposées, ils
s'embrassèrent en se disant les uns aux autres :
«Pardonne-moi, frère!»
Ce jour-là, chacun décida donc dans son cœur de
croire à Jésus selon ce qu'il dirait. En
conséquence, le gouverneur et le pontife promirent de grandes
récompenses à celui qui viendrait dire où se
trouvait Jésus.
Chapitre 92
En ce temps-là, nous allâmes avec Jésus au mont
Sinaï, selon la parole de l'ange saint, et Jésus y fit le
carême avec ses disciples.
Le carême passé, Jésus s'approcha du Jourdain pour
aller à aller à Jérusalem. L'un de ceux qui
croyaient joie, il courut en criant tout le temps : «Notre Dieu
arrive!» Arrivé dans la ville, il la troubla tout
entière en disant : «Notre Dieu arrive! O
Jérusalem, prépare-toi à le recevoir!» Et il
témoigna qu'il avait vu Jésus près de Jourdain.
Tous sortirent de la ville pour vois Jésus, du plus petit au
plus grand, si bien que la ville resta déserte. Les femmes
portèrent même leurs petits enfants dans leurs bras. Et
elles en oublièrent d'emporter quoi manger.
L'ayant entendu, le gouverneur et le pontife montèrent à
cheval et envoyèrent un messager à Hérode, Lui
aussi monta à cheval pour aller trouver Jésus afin que
s'apaise le conflit du peuple. Ils le cherchèrent donc pendant
deux jours dans le désert près de Jourdain, et le
troisième jour, vers midi, ils le trouvèrent.
Il était en train de se purifier avec ses disciples pour prier
selon le livre de Moïse. En voyant la multitude de gens qui
couvraient la terre, Jésus s'étonna
Après ces paroles, la foule s'approcha et, quand elle le
reconnut, elle se mit à crier : «Sois le bien
retrouvé, ô notre Dieu!» Et ils commencèrent
à le révérer comme on fait pour Dieu. Mais
Jésus poussa un grand gémissement et dit :
«Eloignez-vous de moi, fous, car j'ai peur que la terre ne
s'ouvre et ne me dévore avec vous à cause de vos
abominables paroles!» Alors le peuple fut rempli de terreur et
commença à pleurer.
Chapitre 93
Ayant levé la main pour faire silence, Jésus dit :
«Vraiment vous avez commis un grand péché, ô
Israélites, en m'appelant votre Dieu, moi qui suis un homme. Je
crains que Dieu n'inflige un grand fléau à la cité
sainte à cause de cela, et qu'il ne la livre à la
servitude étrangère. Que soit mille fois maudit Satan qui
vous y a poussés!» Cela dit, Jésus se frappa le
visage des deux mains et une telle clameur de pleurs s'éleva que
personne ne pouvait entendre ce que Jésus disait.
Alors il leva de nouveau la main pour faire le silence eut
apaisé ses pleurs, il ajouta : «Je proclame à la
face de ciel et je prends è témoin tout ce qui habite sur
la terre que je suis homme, né d'une femme, mortel, soumis au
jugement de Dieu, supportant les misères du manger et du dormir,
du froid et du chaud comme les autres hommes. C'est pourquoi quand Dieu
viendra juger mes paroles, il frappera comme une épée
tous ceux qui croiront que je suis plus qu'un homme.»
Après ces paroles, Jésus vit une grande multitude
à cheval, et il comprit que le gouverneur, Hérode et le
souverain pontife venaient à lui. Jésus dit alors :
«Ceux-là aussi sont-ils devenus fous?» Le
gouverneur, Hérode et le Pontife étant arrivés,
tous descendirent de cheval et firent cercle autour de Jésus, de
sorte que l'armée ne pouvait faire reculer le peuple qui
désirait entendre Jésus parler avec le Pontife.
Jésus s'approcha avec révérence du pontife.
Celui-ci voulut se prosterner et adorer Jésus, mais Jésus
cria : «Prends garde à ce que tu fais, ô
prêtre du Dieu vivant! ne pèche pas contre notre Dieu!
» Le pontife répondit : « La Judée est
à présent si bouleversée par tes prodiges et par
ta doctrine qu'ils crient que tu es Dieu; alors, contraint par la
foule, je suis venu ici avec le gouverneur romain et le roi
Hérode. Nous te prions donc de tout cœur qu'il te plaise
d'apaiser le conflit dont tu es cause, car une partie des gens dit que
tu es Dieu, une partie dit que tu es fils de Dieu, et une partie dit
que tu es prophète.» Jésus répondit :
«Et toi, grand prêtre de Dieu, pourquoi n'as-tu pas
calmé ce conflit? As-tu perdu l'esprit toi aussi? Les
prophéties et la loi de notre Dieu sont-elles rejetées
dans l'oubli? Oh malheureuse Judée trompée pas Satan!
Chapitre 94
Puis Jésus ajouta : «Je proclame devant le ciel et je
prends à témoin tout ce qui habite sur la terre que je
suis étranger à tout ce que ces hommes ont dit de moi,
à savoir que je serais plus qu'un homme. je suis homme,
né d'une femme, soumis au jugement de Dieu, vivant ici avec les
autres hommes, soumis au misères communes. Vive Dieu, en
présence de qui se tient mon âme, tu as commis un grave
péché, ô pontife, en disant ce que tu as dit. Qu'il
plaise à Dieu qu'une grande vengeance ne vienne pas sur la ville
sainte à cause de ce péché!»
Le pontife dit alors : «Que Dieu nous pardonne! Et toi, prie pour
nous!» Le gouverneur et Hérode dirent aussi : «Il
est impossible à un homme de faire ce que tu fais, Seigneur!
Nous ne comprenons donc pas ce que tu dis!» Jésus
répondit : «Ce que vous dites est vrai, car c'est Dieu qui
opère le bien dans l'homme, comme c'est satan qui y opère
le mal; l'homme est en effet est comme une boutique dans laquelle celui
qui entre, agit et vend à sa guise. Mais, dis-moi, Gouverneur,
et toi, Roi, vous dites cela parce que vous êtes étrangers
à notre loi? Si vous lisiez le testament et l'alliance de notre
Dieu, vous verriez que Moïse, d'un coup de baguette, changea l'eau
en sang, la poussière en puces, la rosée en tempête
et la lumière en ténèbres. Il fit venir en Egypte
les grenouilles et les rats, et ils couvrirent la terre; il tua les
premiers-nés et ouvrit la mer où il engloutit Pharaon. Je
n'ai fait aucune de ses choses-là, et pourtant chacun admet que
Moïse est un homme, mort à présent! Josué
arrêta le soleil et ouvrit le Jourdain; cela, je ne l'ai pas fait
non plus; et pourtant chacun admet qu'il est un homme, mort à
présent! Elie fit venir visiblement le feu du ciel et la pluie;
cela, je ne l'ai pas fait, et pourtant chacun admet qu'Elie est un
homme! Et tant d'autres prophètes saints, amis de Dieu qui, en
vertu de Dieu ont fait des choses que ne peut comprendre la raison de
celui qui ne connaît pas notre Dieu tout-puissant et
miséricordieux, qui est béni éternellement!
Chapitre 95
Le gouverneur, le pontife et le roi prièrent don Jésus de
monter sur un lieu élevé et de parler au peuple pour
calmer la foule. Jésus monta alors sur l'un des douze rochers
fit extraire du milieu du Jourdain par les douze tribus quand
Israël y passa à pied sec. Puis il dit à haute voix
: «Que notre pontife monte sur un lieu élevé, pour
que je lui confirme mes paroles!» Le pontife y monta donc et
Jésus lui dit : «Dis-le clairement pour que chacun
comprenne : est-il écrit dans le testament et alliance du Dieu
vivant que notre Dieu n'a pas d'origine et n'aura jamais de fin?»
Le pontife répondit : «C'est ce qui s'y trouve
écrit!» Jésus dit : «Y est-il écrit
que notre Dieu a créé toute chose par sa seule parole?
» «Il en est ainsi », dit le pontife. Jésus
dit : «Y est-il écrit que Dieu est invisible et
caché à l'intelligence humaine, étant incorporel,
sans composition et sans mouvement ?» - «Cela est vrai!
» dit le pontife. Jésus dit : «Y est-il écrit
que tous les cieux ne peuvent pas contenir Dieu puisqu'il est immense?
» - «C'est ce que dit le prophète Salomon, ô
Jésus», répondit le pontife. Jésus dit :
«Y est-il écrit que Dieu n'a besoin de rien puisqu'il ne
mange pas, ne dort pas et ne souffre d'aucune déficience
?» -«Il en est ainsi!» dit le pontife. Jésus
dit : «Y est-il écrit que Dieu est partout et qu'il n'y a
pas d'autre Dieu que lui, lui qui frappe et qui guérit et qui
fait tout ce qui lui plaît? » - «Ainsi est-il
écrit!» répondit le pontife. Alors, les mains
levées, Jésus dit : «Seigneur notre Dieu, c'est
cela ma foi avec laquelle je viendrai à ton jugement, en
témoignage contre quiconque croira le contraire!»
Et tourné vers le peuple, il ajouta : «Faites
pénitence, car vous pouvez reconnaître votre
péché à tout ce qu'a dit le pontife et qui est
écrit au livre de Moïse, alliance de Dieu pour toujours! En
effet, je suis un homme visible, un peu de boue qui marche sur la
terre, mortel comme le sont les autres hommes, moi qui ai eu un
commencement et qui aurai une fin, et tel que je ne peux même pas
créer une mouche à partir de rien.»
Le peuple éleva alors à la voix en pleurant et dit :
«Nous avons péché contre toi, seigneur notre Dieu,
aie pitié de nous!» Tous suppliaient Jésus de prier
pour le salut de la ville sainte, afin que notre Dieu irrité ne
permette pas que les païens la foulent au pieds. Alors, les mains
levées, Jésus pria pour la ville sainte et pour le peuple
de Dieu, chacun s'écriant : «Qu'il en soit ainsi!
Amen!»
Chapitre 96
Après la prière, le pontife dit à haute voix :
«Arrête, Jésus, car, pour la tranquillité de
notre peuple, il nous manque de savoir qui tu es.» Jésus
répondit : «Je suis Jésus, fils de Marie, de la
race de David, homme mortel et craignant Dieu. Je m'emploie à ce
que l'honneur et la gloire soient rendus à Dieu.»
Le pontife reprit : «Au livre de Moïse, il est écrit
que notre Dieu doit nous envoyer le Messie. Celui-ci viendra annoncer
ce que Dieu veut, et il apportera au monde la miséricorde de
Dieu. Je te supplie de nous dire la vérité : «Es-tu
le Messie de Dieu que nous attendons?» Jésus
répondit : «Il est vrai que c'est ce que notre Dieu a
promis, mais ce n'est pas moi, car il est fait avant moi et il viendra
après moi.» Le pontife reprit : «De toute
façon à cause de tes paroles et de tes prodiges, nous
croyons que tu es prophète et saint de Dieu; aussi je te supplie
au nom de toute la Judée et d'Israël, de nous dire, pour
l'amour de Dieu; comment viendra le Messie.» Jésus
répondit : «Vive Dieu en présence de qui se tient
mon âme, je ne suis pas le Messie qu'attendent toutes les tribus
de la terre, comme Dieu l'a promis à notre père Abraham
en disant : «Dans ta semence, je bénirai toutes les tribus
de la terre!» Mais quand Dieu m'enlèvera du monde, Satan
suscitera de nouveau cette maudite sédition : il fera croire aux
impies que je suis Dieu et fils de Dieu, et mes paroles et ma doctrine
seront si contaminées qu'il restera à peine trente
fidèles. Alors Dieu aura pitié du monde et il enverra son
messager pour lequel il a tout fait. Il viendra du Midi avec puissance
et il détruira les idoles avec les idolâtres, car il
enlèvera à Satan l'empire qu'il a sur les hommes. Il
apportera avec lui la miséricorde de Dieu pour le salut de ceux
qui le croiront. Bienheureux qui croira à ses paroles!»
Chapitre 97
Moi, qui suis indigne de délacer ses chaussures, j'ai eu la
grâce et la miséricorde de Dieu de le voir ! «Le
pontife, le gouverneur et le roi répondirent alors : «Ne
t'inquiète pas Jésus, saint de Dieu : ce conflit ne se
produira plus de notre temps. Nous écrirons en effet au
sacré sénat romain, et par décret impérial,
personne ne t'appellera plus Dieu ou fils de Dieu».
Jésus dit alors : «Vos paroles ne me consolent pas, car
les ténèbres viendront d'où vous espérez la
lumière. Ma consolation se trouve dans la venue du messager de
Dieu qui détruira toute idée fausse en ce qui me concerne
".
"Sa foi se diffusera et s'emparera du monde entier, car c'est ce que
Dieu a promis à Abraham, notre père. Ce qui me console,
c'est que sa foi n'aura pas de fin, mais que Dieu la conservera
intacte". Le pontife reprit : «D'autres prophètes
viendront-ils après le messager de Dieu ?» Jésus
répondit : "Après lui, il ne viendra pas de vrais
prophètes envoyés par Dieu, mais il viendra une
quantité de faux prophètes, et cela me cause de la peine,
car c'est Satan qui les suscitera par un juste jugement de Dieu et ils
se couvriront du prétexte de mon Evangile ». Hérode
dit : «Comment est-ce par un juste jugement de Dieu que viendront
de tels impies ? ». Jésus répondit : "Il est juste
que celui qui ne veut pas croire à la vérité pour
son salut, croie au mensonge pour sa damnation : aussi je vous le dis,
le monde a toujours méprisé les vrais prophètes et
aimé les faux, comme on peut le voir au temps de Michée
et de Jérémie. Car chacun aime son semblable».
Le pontife dit alors : «Comment s'appellera le Messie ? Et quel
signe prouvera sa venue ?». Jésus répondit :
«Le nom du Messie est Admirable, car Dieu lui-même le lui
donna quand il eut créé son âme et qu'il l'eut
placé dans une splendeur céleste. Il dit :
«Attends, Muhammad par amour pour toi je veux créer le
paradis, le monde et une grande multitude de créatures dont je
te fais présent. Aussi celui qui te bénira sera
béni et celui qui te maudira sera maudit ! Quand je t'enverrai
dans le monde, je t'enverrai comme mon messager de salut. Ta parole
sera si vraie que le ciel et la terre passeront mais que ta foi ne
manquera jamais !» Muhammad est son nom béni ».
Alors les gens élevèrent la voix et dirent :
"O Dieu, envoie-nous ton messager ! O Muhammad, viens vite pour le salut du monde !"
Chapitre 98
Après ces paroles, la foule s'en alla ainsi que le pontife, le
gouverneur et Hérode, en faisant de grands discours sur
Jésus et sa doctrine. Le pontife pria le gouverneur
d'écrire tout cela à Rome, au sénat. Ce que fit le
gouverneur. Aussi le sénat, pour complaire à Israël,
décréta que sous peine de perdre la vie, personne
n'appellerait plus Jésus de Nazareth prophète des juifs,
ni Dieu, ni fils de Dieu. Ce décret fut placé dans le
temple en lettres de cuivre.
La plus grande partie de la foule s'en étant allée, il ne
resta que cinq mille hommes environ sans compter les femmes et les
enfants. Lassés par le voyage, ils étaient resté
deux jours sans pain, car dans leur désir de voir Jésus,
ils avaient oublié d'en emporter et avaient mangé des
herbes crues, ils ne pouvaient s'en aller comme les autres.
L'apprenant, Jésus en eut pitié et dit à Philippe
: «Où trouverons-nous du pain pour les empêcher de
périr de faim?» Philippe répondit :
«Seigneur, deux cent deniers d'or ne suffiraient pas à
acheter assez pain pour que chacun en reçoive un peu!»
André dit alors : «Il y a ici un enfant qui a cinq pains
et deux poissons, mais qu'est-ce que cela pour tant de monde?»
Jésus répondit : «Faites asseoir la foule!»
Ils s'assirent sur le foin par groupes de cinquante et de quarante.
Alors Jésus dit : «Au nom de Dieu!» Il prit le pain
et supplia Dieu. Puis il rompit le pain et le donna aux disciples, et
les disciples le donnèrent à la foule. Il fit de
même pour les poissons. Tous mangèrent et tous furent
rassasiés. Puis Jésus dit : «Recueillez ce qui est
resté!» Les disciples recueillirent donc ces morceaux et
ils remplirent douze corbeilles. Et chacun se frottait les yeux en
disant : «Suis-je éveillé ou est-ce que je
rêve?» Tous restèrent une heure entière comme
hors d'eux-mêmes à cause de ce grand miracle. Ensuite
Jésus rendit grâce à Dieu et prit congé
d'eux, mais soixante-douze hommes ne voulurent pas l'abandonner, et
Jésus, ayant reconnu leur foi, les choisit pour disciples.
Chapitre 99
S'étant retiré dans une dépression du
désert au bord du Jourdain, Jésus convoqua les
soixante-douze et les douze. S'étant assis sur une pierre, il
les fit asseoir près de lui et ouvrant la bouche, il dit en
soupirant : «Aujourd'hui, nous avons vu une
scélératesse si grande en Judée et en Israël,
que le cœur m'en tremble encore dans la poitrine par crainte de
Dieu. je vous le dis en vérité, Dieu est Jaloux de son
honneur et, comme un amoureux, il aime Israël.
Vous savez que lorsqu'un jeune homme aime une femme qui ne l'aime pas
mais en aime un autre, mû par l'indignation, il tue son rivale.
Je vous le dis, Dieu fait de même, car, lorsqu'Israël a
aimé quelque chose au point d'en oublier Dieu, Dieu a
détruit cette chose-là. Or qu'y a-t-il de plus
agréable à Dieu, ici-bas, que le sacerdoce et le temple
saint? Pourtant, au temps du prophète Jérémie,
comme le peuple avait oublié Dieu et se glorifiait seulement du
temple parce qu'il n'y en avait pas un semblable au monde, Dieu souleva
sa propre colère par Nabuchodnosor, roi de Babylone. Il fit
prendre la ville sainte par l'armée et la fit brûler avec
le temple sacré, si bien que les choses sacrées que les
prophètes de Dieu tremblaient de toucher furent foulées
aux pieds par les infidèles remplis de
scélératesse.
Abraham aimait un peu plus qu'il faut son fils Ismaël. Aussi Dieu
lui ordonna-t-il de tuer son fils pour tuer le mauvais amour de son
cœur. Il l'aurait fait si le couteau avait coupé.
David aimait fort Absalon, aussi Dieu fit-il en sorte que le fils
rebellât contre le père, qu'il fut suspendu par les
cheveux et tué par Joab. Oh terrible jugement de Dieu, car
Absalon aimait ses cheveux par-dessus tout et ils se changèrent
en corde pour le pendre!
L'innocent Job était près d'aimer ses sept fils et ses
trois filles, alors Dieu le mit entre les mains de Satan, Celui-ci en
un seul jour, non seulement le priva de fils et de richesse, mais le
frappa d'une si grande infirmité. que pendant sept ans les vers
lui sortaient de la chair!
Notre père Jacob aimait Joseph plus que ses autres fils. Alors
Dieu le fit vendre et fit tromper Jacob par ses fils eux-mêmes,
de sorte qu'il croyait que les bêtes sauvages avaient
dévoré son fils et qu'il pleura pendant dix ans!
Chapitre 100
Vive Dieu, frères, je crains que Dieu ne soit irrité
contre moi! Il faut donc que vous alliez par la Judée et
Israël prêcher aux douze tribus d'Israël la
vérité pour qu'ils soient détrompés!»
Avec crainte et en pleurant, les disciples répondirent :
«Nous ferons tout ce que tu nous ordonneras.» Jésus
dit alors : «Faisons trois jours de prière et de
jeûne et chaque soir, au moment ou on voit la première
étoile et où on prie Dieu, nous en ferons
dorénavant trois, en lui demandant trois fois miséricorde
parce que le péché d'Israël est trois fois plus
grave que les péchés des autres.» Les disciples
répondirent : «Qu'il en soit ainsi!»
Après le troisième jour, au matin du quatrième,
Jésus convoqua tous les disciples et apôtres et leur dit :
«Il suffit que restent avec moi Barnabé et Jean. Vous
autres, vous irez par toute la région de Samarie, de
Judée et d'Israël prêchant la pénitence, car
la hache est mise près de l'arbre pour le couper! Priez sur les
malades, car Dieu m'a donné pouvoir sur toute
infirmité!»
Celui qui écrit dit alors : «Maître, si on interroge
tes disciples sur la façon dont on doit faire pénitence,
que répondront-ils?» Jésus répondit :
«Quand on perd une bourse, l'œil retourne-t-il seul en
arrière pour la voir? ou la main pour la reprendre? ou la langue
pour interroger? Non bien sûr, mais c'est le corps tout entier
qui retourne en arrière et qui emploie toutes les puissances de
son âme pour la retrouver, n'est-il pas vrai? » Celui qui
écrit répondit : «C'est tout à fait
vrai!»
Chapitre 101
Jésus dit alors : «La pénitence est l'inverse de la
mauvaise vie, car chaque sens doit se convertir au contraire de ce
qu'il fit en péchant : au plaisir, on doit opposer la douleur;
au rire les larmes; aux orgies, les jeûnes; aux sommeil, les
veilles; à l'oisiveté, l'activité; à la
luxure, la chasteté. Que les contes se changent en prière
et l'avarice en aumônes!»
Celui qui écrit demanda : «Mais si on leur demande comment
nous devons souffrir, comment nous devons pleurer, comment nous devons
jeûner, comment nous devons agir, comment nous devons rester
chastes, comment nous devons prier et faire l'aumône, que
répondront-ils? ET comment feront-ils une bonne pénitence
s'ils ne savent pas se repentir?»
Jésus répondit : «Voilà une bonne question,
Barnabé. Je veux y répondre pleinement, s'il plaît
à Dieu. Aussi aujourd'hui, te parlerai-je de la pénitence
en général. Et ce que je dis à l'un, je le dis
à tous. Sachez donc que la pénitence, plus que toute
autre chose, doit être accompli par pur amour de Dieu. Autrement,
il serait vain de se repentir. Je vous parlerai donc par comparaison.
Toute construction, si on lui enlève ses bases, tombe en ruine,
n'est-ce pas vrai ?» -«C'est vrai! »,
répondirent les disciples, Jésus dit alors : «La
base de notre salut, c'est Dieu; sans lui il n'y a pas de salut. Quand
un homme a péché, il a perdu la base de son salut. Aussi
faut-il qu'il commence par la base.
Dites-moi, si vos serviteurs avaient offensés et que vous
appreniez qu'ils ne souffrent pas de vous avoir offensés, mais
seulement d'avoir perdu leur récompense, leur pardonneriez-vous?
Bien sûr que non! Ainsi, vous dis-je, Dieu fera-t-il envers ceux
qui se repentent d'avoir perdu le paradis. Satan ennemi de tout bien,
regrette bien d'avoir perdu le paradis et d'avoir gagné l'enfer.
Mais il ne trouvera jamais miséricorde. Savez-vous pourquoi?
Parce qu'il n'aime pas du tout Dieu et qu'il hait même son
créateur.
Chapitre 102
Je vous le dis en vérité, tout animal, selon sa propre
nature, s'il perd ce qu'il désire, regrette le bien qu'il a
perdu. C'est pourquoi le pécheur qui veut vraiment faire
pénitence doit avoir grand désir de lui-même ce qui
a agi contre son créateur. Ainsi en priant il n'aura pas la
hardiesse de demander le paradis, ou que Dieu le libère de
l'enfer; mais prosterné avec confusion devant Dieu, il dira en
priant : «Seigneur, voici le coupable qui t'a offensé sans
aucune raison, dans le moment même où il devait te servir!
C'est donc de ta main qu'il vient chercher ici la punition de ce qu'il
a fait et non pas de la main de Satan, ton ennemi, pour que l'impie ne
se réjouisse pas de tes créatures. Châtie, punis
comme il te plaît, Seigneur! Tu ne me donnera jamais autant de
tourment que n'en mérite le scélérat que je suis
!» S'il se tient dans cette attitude, le pécheur trouvera
en Dieu d'autant plus miséricorde qu'il demandera justice.
C'est vraiment un sacrilège abominable pour le pécheur
que de rire, car notre père David appelle justement ce monde
"vallée de larmes." Il était une fois un roi qui adopta
pour fils un de ses esclaves et qui le fit maître de tout ce
qu'il possédait. Il advint que par la tromperie d'un
scélérat, le malheureux tomba en disgrâce
auprès du roi. Si bien qu'il endura de grandes misères,
tant dans son mode d'existence que de la façon dont il
était méprisé et dépouillé de ce
qu'il gagnait chaque jour par son travail. Croyez-vous qu'un tel homme
riait un seul instant?». «Non certainement,
répondirent les disciples, car si le roi l'avait su, il l'aurait
fait tuer de le voir rire de sa disgrâce! Mais il est
vraisemblable qu'il pleurait jour et nuit!»
Jésus pleura alors et dit : «Malheur au monde, car il est
assuré d'un éternel tourment! Oh, homme misérable,
notre Dieu t'avait élu quasiment comme fils et t'avait
donné le paradis; et toi, misérable, poussé par
Satan, tu tomba en disgrâce auprès de Dieu, tu fus
chassé du paradis et condamné au monde immonde où
tu n'obtiens rien qu'avec peine et où toute bonne action se
dérobe à toi puisque tu pèches continuellement. Et
pourtant le monde rit, et, ce qui est pire, c'est que le plus grand
pécheur rit plus que les autres! Il arrivera donc comme vous
l'avez dit : Dieu damnera de mort éternelle le pécheur
qui rit et qui ne pleure pas ses péchés.
Chapitre 103
Les pleurs du pécheur doivent être comme ceux du
père qui pleure sur son fils près de mourir. O homme fou,
tu pleures sur le corps que l'âme a quitté et tu ne
pleures pas l'âme que la miséricorde de Dieu a
quittée à cause du péché!
Dites-moi, si le marin, quand son bateau a fait naufrage, pouvait par
ses pleurs récupérer tout ce qu'il a perdu, que
ferait-il? Il pleurerait certainement sans arrêt! Pourtant, je
vous le dis en vérité, l'homme pèche chaque fois
qu'il pleure quelque chose, sauf s'il pleure à cause du
péché. En effet, toute misère qui lui arrive vient
de Dieu pour son salut, aussi devrait-il se réjouir! Le
péché au contraire vient du diable pour la damnation de
l'homme et l'homme ne s'en attriste pas! Apprenez par là que
l'homme cherche ce qui lui nuit et nom pas ce qui lui est utile!»
Barthélémy dit : «Seigneur, que fera celui qui ne
peut pas pleurer car son cœur est étranger aux
pleurs?» Jésus répondit :
«Barthélémy, tous ceux qui versent des larmes ne
pleurent pas pour autant! Vive Dieu, il y a des hommes dont les yeux
n'ont jamais versé une larme et qui ont pleuré plus que
mille de ceux qui versèrent des larmes! Les pleurs du
pécheur, c'est la consomption des sentiments terrestres par la
force de la douleur, de sorte que cette consomption préserve
l'âme du péché, comme le sel préserve de la
putréfaction ce sur quoi on le met. Si Dieu donnait au
véritable pénitent autant de larmes que la mer contient
d'eau, il en voudrait beaucoup plus. Aussi ce désir consume-t-il
le peu d'humeur qui voudrait sortir, comme une ardente fournaise
consume une goutte d'eau. Par contre, ceux qui éclatent
facilement en sanglots sont comme le cheval qui marche d'autant plus
vite qu'il est moins chargé.
Chapitre 104
À la vérité, il y a des hommes qui ont à la
fois les sentiments intérieurs et les larmes extérieures.
Mais qui est ainsi ? Il n'y a qu'un seul Jérémie! En fait
de pleurs. Dieu considère plus la douleur que les larmes.»
Jean dit alors : «Maître, comment l'homme se perd-il en
pleurant pour autre chose que pour le péché?»
Jésus répondit : «Si Hérode te donnait en
garde un manteau et qu'ensuite il te l'enlevait, aurais-tu raison de
pleurer?» -«Non!» dit Jean. Jésus dit alors :
«Eh bien, l'homme a encore moins raison de pleurer quand il perd
quelque chose, ou qu'il n'a pas ce qu'il voudrait, parce que tout vient
de la main de Dieu. Est-ce que Dieu ne peut pas disposer à son
gré de ses affaires? O homme fou, tu n'as à toi que le
péché, c'est pour lui que tu dois pleurer et pas pour
autre chose!»
Matthieu dit : «Maître, tu as proclamé devant toute
la Judée que Dieu n'a aucune ressemblance avec l'homme et
maintenant tu dis que l'homme reçoit de la main de Dieu. Si Dieu
a des mains, il a une ressemblance avec l'homme!» Jésus
répondit : «Tu es dans l'erreur, Matthieu! Et beaucoup se
sont trompés de cette manière en ignorant le sens de
mots, car l'homme doit considérer non pas l'extérieure
des mots, mais leur sens. La voix humaine est en effet comme un
interprète entre nous et Dieu. Or, ne savez-vous pas que,
lorsque Dieu voulut parler a nos pères sur le mont Sinaï,
nos pères s'écrièrent : «Parle-nous, toi,
Moïse, mais que Dieu ne nous parle pas, de peur que nous ne
mourrions!» Et Dieu ne dit-il par le prophète Isaïe :
Les voies de Dieu sont aussi éloignées de celles des
hommes et les pensées de Dieu des pensées des hommes que
le ciel est éloignée de la terre.
Chapitre 105
Dieu est 'a ce point immense que je tremble à le décrire.
Pourtant il faut que je vous en parle. Je vous dirai donc que les cieux
sont au nombre de sept, éloignés l'un de l'autre autant
que le premier ciel l'est de la terre; or, il en est
éloignés de cinq cent années de route. la terre
est donc distante du ciel le plus haut de trois mille cinq cents*
années de route. Je vous dis donc que le rapport entre une
pointe d'aiguille et le premier ciel est égale au rapport entre
le premier ciel et le second, et de même pour tous les cieux.
Pourtant toute la grandeur de la terre ajoutée a celle de tous
les cieux est, par rapport au paradis, comme une pointe d'aiguille et
même comme un grain de sable. N'est-elle pas incommensurable
cette grandeur?» Les disciples répondirent : «Oui,
certes!»
Jésus dit alors : «Vive Dieu, en présence de qui se
tient mon âme, toute est petit devant Dieu comme un grain de
sable! Dieu est autant de fois plus grand qu'il faudrait de grains de
sable pour remplir tous les cieux et le paradis, et davantage encore!
Eh bien, voyez donc s'il y a une proportion quelconque entre Dieu et
l'homme qui n'est qu'un peu de boue qui se tient sur la terre!
«Soyez donc très attentifs à comprendre le sens et
non la lettre si vous voulez avoir la vie éternelle.!»
Les disciples répondirent alors : «Seul Dieu peut se
connaître lui-même! C'est vraiment comme a dit le
prophète Isaïe : «Il est caché au sens de
l'homme.» Jésus dit : «C'est vrai. Et quand nous
serons au paradis, nous connaîtrons Dieu comme ici-bas on
connaît la mer avec une goutte d'eau salée!
Pour en revenir à mon propos, je vous dirai qu'il faut pleurer
seulement parce qu'en péchant l'homme abandonne Dieu son
créateur. Mais comment pleurera-t-il celui qui participe aux
orgies et aux festins? Il pleurera comme la glace donne du feu! Si vous
voulez dominer vos sens, il faut changer les orgies en jeûnes car
c'est ainsi que notre Dieu les domina.»
Thaddée dit : «Dieu a-t-il donc quelque sens à
dominer?» Jésus répondit : «Vous commencez
à dire : Dieu a ceci ... Dieu est comme cela ... ! Dites-moi,
l'homme a-t-il une sensibilité?» -«Oui!»
répondirent les disciples, Jésus dit : «Existe-t-il
un seul homme vivant en qui la sensibilité ne soit pas à
l'œuvre?» -«Non!» répondirent les
disciples. «Vous vous trompez, dit Jésus, car où
est la sensibilité de celui qui est aveugle, sourd-muet et
estropié? Et quand l'homme est tombé en syncope? »
Alors les disciples furent embarrassées. Jésus dit :
«Il y a trois choses qui font l'homme : l'âme, la
sensibilité et la chair, chacune ayant sa vie propre. Comme vous
l'avez appris, notre Dieu créa l'âme et le corps, mais
vous n'avez pas encore appris comment il créa la
sensibilité. C'est pourquoi demain, s'il plaît à
Dieu, je vous dirai tout.» Après ces paroles, Jésus
rendit grâces à Dieu et pria pour le salut de notre
peuple, chacun de nous disant : «Amen».
Chapitre 106
Après la prière de l'aurore, Jésus s'assit sous un
palmier et ses disciples s'approchèrent de lui. Il dit :
«Vive Dieu, en présence de qui se tient mon âme,
beaucoup se trompent sur notre vie! En effet, l'âme, la
sensibilité et la chaire sont si unies que la plupart des hommes
affirment que l'âme et la sensibilité sont une seule et
même chose. En la divisant selon son activité et son selon
son essence, ils l'appellent âme sensitive,
végétative et intellective. Mais en vérité
je vous le dis, c'est la même âme qui comprend et qui vit.
Oh, les sots, où trouveront-ils une âme intellective qui
soit sans vie? Certainement jamais! Par contre, la vie peut se
rencontrer sans la sensibilité, comme chez celui qui est
à moitié mort et que la sensibilité abandonne.
Thaddée dit : «Maître, quand la sensibilité
abandonne la vie, l'homme est mort!» Jésus répondit
: «Ce n'est pas vrai! C'est quand l'âme s'en va que l'homme
est mort, car elle ne reviendra dans le corps que par miracle. Mais la
sensibilité s'en va en raison de la peur qu'elle éprouve
ou de la grande douleur qu'éprouverait l'âme. La
sensibilité, Dieu l'a créée en effet, pour le
plaisir et elle ne vit que pour cela, comme le corps vit de nourriture,
et l'âme de connaissance et d'amour! Elle se rebelle maintenant
contre l'âme à cause de l'indignation qu'elle
éprouve d'être privée du plaisir du paradis par le
péché. Il est donc de la plus grande importance que celui
qui ne veut pas qu'elle vive de plaisir charnel, la nourrisse de
plaisir spirituel. Comprenez-vous? Je vous le dis en
vérité, Dieu après l'avoir créée la
condamna à l'enfer, au neiges et aux glaces intolérables
parce qu'elle disait qu'elle était Dieu. Mais quand il la
privé de nourriture et lui enleva les aliments, elle reconnut
qu'elle était servante de Dieu et œuvre de ses mains. Or,
dites-moi, chez les impies, comment la sensibilité agit-elle?
Assurément, elle est en eux comme Dieu, puisqu'ils la suivent et
qu'ils abandonnent la raison et la loi de Dieu. Aussi deviennent-ils
abominables, sans rien faire de bien.
Chapitre 107
C'est pourquoi la première chose qui suit le regret du
péché, c'est le jeûne. En effet, celui qui voit
qu'un aliment l'a rendu malade, regrette d'abord de l'avoir
mangé et puis l'abandonne pour ne pas tomber malade, car il
craint la mort. Ainsi doit faire le pécheur. Sachant que le
plaisir, en suivant la sensibilité dans les biens de ce monde,
l'a fait pécher contre Dieu son créateur, il regrette
d'avoir agi ainsi, parce que cela le prive de Dieu qui est sa vie, et
lui donne la mort éternelle de l'enfer.
Mais étant donné que l'homme doit user des biens de ce
monde pour vivre, il lui faut jeûner ici-bas pour parvenir
à mortifier sa sensibilité et connaître Dieu son
Seigneur. Quand tu vois que la sensibilité déteste les
jeûnes, montre-lui l'état de l'enfer où on ne prend
nul plaisir, mais où on éprouve une douleur infinie, et
montre-lui les délices du paradis qui sont tels qu'un seul grain
de raisin du paradis est meilleur que tous les délices du monde.
De cette façon elle se tiendra facilement tranquille. Il vaut
mieux en effet se contenter de peu pour recevoir beaucoup, que
d'être sans retenue dans les petites choses mais privé de
tout dans les tourments.
Pour bien jeûner, vous devez vous rappeler le riche bien vivant;
pour avoir voulu tous les jours sur cette terre faire très bonne
chère, il fut privé d'une goutte d'eau dans
l'éternité. Tandis que Lazare, en se contentant des
miettes sur cette terre, se tiendra éternellement dans les
délices sans bornes du paradis.
Mais que le pénitent soit prudent, car Satan cherche à
détruire toute œuvre bonne; et plus encore chez un
pénitent que chez d'autres, car le pénitent s'en
rebellé contre lui et s'est changé de fidèle
serviteur en ennemi rebelle. Satan cherchera donc à tout prix
à l'empêcher de jeûner sous prétexte de
maladie. Et quand cela ne vaudra pas il l'invitera à un jeune
extrême pour qu'il tombe malade et qu'il vive ensuite dans les
délices. Et s'il n'y réussit pas, il cherchera à
ne le faire jeûner que d'aliment corporel, pour qu'il soit pareil
à lui qui ne mange jamais et qui pèche toujours.
Vive Dieu! il est abominable de priver son corps de nourriture et de
remplir son âme d'orgueil tout en méprisant ceux qui ne
jeûnent pas et en se prétendant meilleur qu'eux!
Dites-moi, le malade se glorifiera-t-il de la diète que lui fait
suivre le médecin et traitera-t-il de fous ceux qui ne la font
pas? Certes non! Il déplorera plutôt la maladie pour
laquelle il est à la diète. De même, je vous le
dis, le pénitent ne doit pas se glorifier du jeûne, ni
mépriser ceux qui ne jeûnent pas, mais il doit
déplorer le péché pour lequel il jeûne.
Que le pénitent qui jeûne ne se procure pas d'aliments
recherchés, mais qu'il se contente d'aliments grossiers! Est-ce
que l'homme donnera des aliments recherchés au chien qui mord et
au cheval qui regimbe? Certainement pas! Mais tout le contraire! Que
cela vous suffise à propos du jeûne!
Chapitre 108
Mais écoutez ce que je vais vous dire des veilles, car de
même qu'il y a deux sortes de sommeil, celui du corps et celui de
l'âme, de même il faut être prudent dans les veilles
pour que l'âme ne dorme pas alors que le corps veille, ce qui
serait une très grave erreur!
Dites-moi, par comparaison : voici un homme qui heurte une pierre en
marchant et qui, pour ne plus la heurter du pied, la heurte de la
tête. Que dit-on d'un tel homme ?» Les disciples
répondirent : «C'est un malheureux, un
détraqué!» Jésus dit alors : «Vous
avez bien répondu. En vérité je vous le dis, celui
qui veille avec son corps et dort avec son âme est
détraqué. Il est d'autant difficile à
guérir que l'infirmité spirituelle est plus grave que
l'infirmité corporelle. Ainsi ce malheureux se glorifiera de ce
que son corps qui est le pied de sa vie, ne dort pas, tandis que qu'il
ne s'aperçoit pas, dans sa misère, que son âme
dort, elle qui est la tête de sa vie!
Le sommeil de l'âme, c'est l'oubli de Dieu et son terrible
jugement. Ainsi l'âme qui veille, c'est celle qui reconnaît
Dieu en tout et partout, c'est celle qui remercie sa majesté en
tout, pour tout, par-dessus tout, qui reconnaît que toujours et
à tout moment elle reçoit grâce et
miséricorde de Dieu. Dès lors, dans la crainte de sa
majesté, la voix angélique résonne toujours
à son oreille : «Créatures, venez au jugement, car
votre créateur veut vous juger!» Aussi demeure-t-elle
habituellement dans le service de Dieu.
Dites-moi, que préférez-vous, voir à la
lumière d'une étoile ou à la lumière du
soleil?» André répondit : «A la
lumière du soleil, Maître! Parce qu'à la
lumière de l'étoile nous ne pouvons pas voir les
montagnes qui sont proches, tandis qu'à la lumière du
soleil, nous voyons le plus petit grain de sable. C'est avec crainte
que nous marchons à la lumière de l'étoile, tandis
qu'à la lumière de soleil nous marchons avec
assurance.»
Chapitre 109
Jésus dit : «Eh bien, je vous le dis, c'est ainsi que vous
de veiller avec l'âme sous ce soleil de justice qu'est notre
Dieu. Mais ne vous glorifiez pas des veilles du corps! Il est
très vrai pourtant qu'il faut fuir le sommeil corporel autant
qu'on peut, mais il est impossible de l'éviter tout à
fait, puisque la sensibilité et la chair sont alourdies
d'aliments et la raison d'affaires. Que celui qui veut dormir peu,
évite donc le trop grand nombre d'affaires et qu'il évite
de manger beaucoup! Vive Dieu, en présence de qui se tient mon
âme, il est permis de dormir un peu chaque nuit, mais il n'est
jamais permis d'oublier Dieu et son terrible jugement; un tel oubli
c'est le sommeil de l'âme!»
Celui qui écrit demanda : «Maître, comment
pourrions-nous toujours nous souvenir de Dieu? Cela nous paraît
tout à fait impossible!» Jésus dit avec un soupir :
«Voilà la plus grande misère que puisse souffrir
l'homme, Barnabé! Sur cette terre. il ne peu pas toujours se
souvenir de Dieu son créateur, sauf ceux qui sont saints, car
ils le gardent toujours en mémoire : ils ont tellement en eux la
lumière de la grâce de Dieu qu'il ne peuvent pas oublier
Dieu.
Pourtant dites-moi, avez-vous vu ceux qui travaillent pour
équarrir des pierres brutes? Ils ont tellement appris à
frapper par un continuel exercice qu'ils parlent avec d'autres tout en
frappant sans regarder le ciseau qui travail la pierre. Et pourtant ils
ne se frappent pas sur les mains! Faites donc ainsi vous-mêmes!
Ayez le désir d'être des saints si vous voulez surmonter
complètement cette misère de l'oubli! Il est certain que
l'eau désagrège les pierres les plus dures quand une
goutte y tombe pendant longtemps. Savez-vous pourquoi vous n'avez pas
surmontée cette misère? Parce que vous ne savez pas que
c'est un péché! Je vous dirai donc ceci : quand un prince
te fait un cadeau, ô homme, c'est une faute de fermer les yeux et
de lui tourner le dos. De même, ceux qui oublient Dieu commettent
une faute, car l'homme reçoit à tout instant de Dieu dons
et miséricorde.
Chapitre 110
Maintenant, dites-moi, chaque instant ne vous est-il pas donné
par notre Dieu? Oui, certes, car il vous accorde sans cesse le souffle
dont vous vivez. En vérité, en vérité, je
vous le dis, chaque fois que votre corps reçoit le souffle,
votre cœur devrait dire : «Que Dieu soit
remercié!»
Jean dit alors : «Tes paroles sont très vraies,
Maître! Enseigne-nous donc le moyen de parvenir à cet
état bienheureux!» Jésus répondit :
«En vérité, je vous le dis, on n'y parvient pas
avec les forces humaines, mais par la miséricorde de Dieu notre
Seigneur. Il est bien vrai que l'homme doit désirer le bien pour
que Dieu le lui donne. Dites-moi, quand vous êtes à table,
pensez-vous de ces aliments que vous ne voulez même pas voir?
Bien sûr que non! De même, je vous le dis, vous ne recevrez
pas ce que vous ne voulez pas désirer. Si vous désirez la
sainteté, Dieu est assez puissant pour vous rendre saints en
moins de temps qu'il n'en faut pour cligner de l'œil. Mais notre
Dieu veut que nous attendions et que nous demandions, pour que l'homme
reconnaisse le don et le donateur.
Avez-vous vu ceux qui s'exercent à tirer à l'arc sur une
cible? Certes, ils tirent souvent en vain. Pourtant jamais ils ne
veulent tirer en vain, ils ont toujours l'espoir d'atteindre la cible!
Eh bien, vous qui voudriez toujours avoir en mémoire notre Dieu,
faites-le vous aussi. Quand vous l'oubliez, déplorez-le, et Dieu
vous donnera la grâce de parvenir à tout ce que je vous ai
dit.
Le jeûne et la veille spirituelle sont si unis entre eux que
dès qu'on rompt la veille, on rompt aussi le jeûne. En
effet, en péchant l'homme rompt le jeûne de l'âme et
oublie Dieu. Il faut donc que notre âme et celle de tous veillent
et jeûnent sans cesse; car il n'est permis à personne de
pécher.
Quand au jeûne corporel et aux veilles, croyez-moi, on ne peut
toujours en faire, et tous ne peuvent pas les faire, par exemple les
malades, les vieillards, les femmes enceintes, les voyageurs, les
enfants, et ceux qui ont une complexion délicate. Que chacun
choisisse donc son jeûne tout comme il s'habille sur mesure! Car,
de même que les vêtements d'un enfant ne vont pas à
un homme de trente ans. ainsi les veilles et les jeûnes de l'un
ne sont-ils pas faits pour l'autre.
Chapitre 111
Pourtant prenez garde : Satan mettra tous ses efforts à vous
amener à veiller la nuit, pour qu'en suite vous dormiez, quand
sur l'ordre de Dieu vous devrez prier et écouter sa parole!
Dites-moi, vous plairait-il qu'un de vos amis mange de la viande et
vous laisse les os?» Pierre répondit : «Non,
Maître! Un tel homme, il ne faut pas l'appeler ami, mais
insulteur!» Jésus dit en soupirant : «Tu dis vrai,
Pierre. En vérité, celui dont le corps veille plus qu'il
s'est nécessaire, dormira ou aura la tête lourde de
sommeil en priant ou en écoutant la parole de Dieu. Ce
malheureux insulte Dieu son créateur et il est coupable de ce
péché. C'est même un voleur : il vole le temps
qu'il doit donner à Dieu et il le dépense quand il lui
plaît et dans le mesure où cela lui plaît.
Du tonneau d'un excellent vin, un homme donna à boire à
ses ennemis tant que le vin fut bon; mais arrivé à la
lie, il en donna à boire son seigneur. Que pensez-vous que fera
le maître à ce serviteur quand il l'apprendra et que le
serviteur sera devant lui? Evidemment, il le fouettera et le tuera dans
une juste indignation selon les lois du monde! Et Dieu, que fera-t-il
à l'homme qui emploie ses meilleurs moments aux affaires et ses
plus mauvais à la prière et à l'étude de la
loi? Malheur au monde, car son cœur est lourd de ce
péché-là et de plus grave encore!
Donc, quand je vous ai dit : que le rire se change en pleurs, les
orgies en jeûnes et le sommeil en veilles, je vous ai
résumé en trois mots ce que vous avez entendu,
c'est-à-dire que sur cette terre il faut toujours pleurer, mais
que les pleurs doivent venir du cœur parce qu'on a offensé
Dieu notre créateur; que vous devez jeûner pour dominer la
sensibilité et veiller pour ne pas pécher; et qu'il faut
mesurer les larmes, le jeûne et les veilles corporels à la
complexion de chacun.
Chapitre 112
Jésus ajouta : «Il faut que vous cherchiez des fruits et
des herbes pour nous sustenter, car voilà huit jours que nous
n'avons pas mangé de pain. Je prierai donc notre Dieu et je vous
attendrai avec Barnabé.» Tous les apôtres et les
disciples s'en allèrent donc par quatre et par six selon la
parole de Jésus. Celui qui écrit resta avec Jésus.
Jésus dit alors en pleurant : «Barnabé, il faut que
je te fasse connaître de grands secrets que tu
révéleras au monde quand je serai parti.» Celui qui
écrit répondit en pleurant : «Maître, les
pleurs laisses-les nous, à moi et aux autres hommes, car nous
sommes pécheurs, mais toi, saint et prophète de Dieu, il
ne convient pas que tu pleures tant!» Jésus
répondit : «Crois-moi, Barnabé, je ne peux pas
pleurer autant que je ne devrais! Si les hommes ne m'avaient pas
appelé Dieu, j'aurais vu Dieu ici-bas comme on le verra au
paradis et j'aurais été assuré de ne pas craindre
au jour du jugement! Pourtant, Dieu le sait, je suis innocent, jamais
je n'ai eu la pensée d'être tenu pour autre chose que pour
un vil serviteur. Je te dis même que si je n'avais pas
été appelé Dieu, j'aurais été
emporté au paradis en quittant le monde, tandis que je ne m'y
rendrai pas avant le jugement. Tu vois bien que j'ai raison de pleurer!
Sache, Barnabé, que je dois être grandement
persécuté pour cela et que je serai vendu par un de mes
disciples pour trente deniers. Ainsi, même si je suis
assuré que celui qui me vendra sera tué sous mon nom car
Dieu m'enlèvera du monde et transformera tellement le
traître que chacun croira que c'est moi, comme il mourra mal, je
resterai néanmoins longtemps avec ce déshonneur dans le
monde.
Mais quand viendra Muhammad, messager sacré de Dieu, cette
infamie sera enlevée. Dieu le fera parce que j'ai
proclamé la vérité du Messie. C'est celui-ci qui
me donnera la récompense : on saura que je suis vivant et
étranger à cette mort infâme!»
Celui qui écrit répondit : «Maître, dis-moi
quel est ce coquin que je l'étrangle!» -«Tais-toi,
répondit Jésus, car Dieu le veut ainsi et on ne peut pas
faire autrement! Pourtant fais ceci : quand ma mère en sera
affligée, dis-lui la vérité afin qu'elle soit
consolée!» Celui qui écrit répondit :
«Je ferai tout cela, Maître, s'il plaît à
Dieu!»
Chapitre 113
Les disciples rapportèrent des pignons et trouvèrent une
bonne quantité de dattes par la volonté de Dieu.
Après la prière de midi, ils mangèrent donc avec
Jésus. Mais les apôtres et les disciples voyant que celui
qui écrit était triste, craignirent que Jésus ne
dût quitter bientôt le monde, Jésus les rassura en
disant : «Ne craignez pas : l'heure n'est pas encore venue
où je vous quitterai. Je resterai encore un peu de temps avec
vous. Il faut donc que je vous enseigne maintenant, pour que vous
alliez prêcher la pénitence partout en Israël comme
je vous l'ai dit, afin que Dieu pardonne le péché
d'Israël.
Que chacun se garde donc de l'oisiveté, surtout celui qui fait
pénitence, car toute arbre qui ne produit pas de bon fruit sera
coupé et jeté au feu. Il était une fois un
habitant de la ville qui possédait une vigne. Au milieu, il
avait un jardin planté d'un beau figuier. Pendant les trois ans
que vint le maître, ce figuier ne produisit pas de fruit. Voyant
que les autres arbres de lieu produisaient du fruit, il dit à
son vigneron : «Coupe ce mauvais arbre : il occupe inutilement le
terrain!» Le vigneron répondit : «N'en fais rien,
maître, car c'est un bel arbre!» -«Tais-toi, dit le
maître, je ne prends pas soin de beauté inutiles!
Tu dois savoir que le palmier et le baume sont plus nobles que le
figuier. Or, j'avais planté dans la cour de ma maison, un plant
de palme et un plant de baume que j'avais entourés de murs
coûteux; pourtant comme ils ne produisaient pas de fruit mais des
feuilles qui pourrissaient et gâtaient le terrain devant la
maison, je les ai fait enlever tous les deux. Et maintenant, je ferais
grâce à un figuier éloigné de la maison et
qui occupe inutilement mon jardin et ma vigne, là où tout
autre arbre produit du fruit? Non, je ne le supporterai plus!» Le
vigneron dit alors : «Seigneur, le terrain est trop gras, attends
encore un an, j'émonderai la frondaison, je dégraisserai
la terre en y mettant de la terre maigre et des cailloux, et il
produira du fruit!» Le patron répondit : «Eh bien,
fais-le! J'attendrai que le figuier porte du fruit!»
Comprenez-vous cette parabole?» Les disciples répondirent : «Non, Seigneur! Explique-la nous!»
Chapitre 114
Jésus répondit : «En vérité je vous
le dis, le maître, c'est Dieu; le vigneron, c'est sa loi. C'est
donc Dieu qui avait en paradis le palmier et le baume. Le palmier,
c'est satan, et le baume, c'est le premier homme. Comme ils ne
produisaient pas de bonnes œuvres et qu'ils disaient des paroles
impies qui condamnèrent beaucoup d'anges et beaucoup d'hommes,
il les chassa. A présent, Dieu a placé l'homme dans le
monde, au milieu de ses créatures qui toutes le servent selon
son précepte, alors que l'homme ne produit rien, comme je l'ai
dit. Volontiers il le retrancherait et l'enverrait en enfer puisqu'il
n'a pardonné ni à l'ange ni au premier homme et qu'il a
puni l'ange pour l'éternité et l'homme pour un temps;
mais la loi de Dieu intervient et dit : «l'homme a trop de bien
dans cette vie; il faut qu'il soit affligé et qu'on lui
enlève les biens de ce monde pour qu'il fasse le bien.
Notre Dieu attend donc que l'homme fasse pénitence. Je vous le
dis en vérité, notre Dieu condamna l'homme à
travailler, de sorte que comme le dit Job, ami et prophète de
Dieu : «L'homme naît pour travailler comme l'oiseau pour
voler et le poisson pour nager.» Et le prophète de Dieu,
David notre père, dit : «Nous serons heureux et nous nous
trouverons bien de manger des œuvres de nos mains.» Que
chacun travaille donc selon sa condition! Dites-moi : si David, notre
père, et Salomon, son fils, travaillaient de leurs mains, que
doit faire le pécheur?»
Jean répondit : «Maître, il est bien de travailler,
mais c'est aux pauvres de le faire!» Jésus répondit
: «Oui, puisqu'ils ne peuvent pas faire autrement, mais ne
sais-tu pas que le bien, pour être bien, doit être libre
d'obligation? Le soleil et les autres planètes y sont
forcés par ordre de Dieu et ne peuvent pas faire autrement; il
n'auront donc pas de mérite! Dites-moi, lorsque Dieu donna
l'ordre de travailler, il ne dit pas : «L'homme pauvre vivra
à la sueur de son visage!» Et Job ne dit pas :
«L'homme pauvre naît pour travailler comme l'oiseau pour
voler!» Mais Dieu dit à l'homme : «A la sueur de ton
visage, tu mangeras ton pain!» Et Job dit que l'homme naît
pour travailler. C'est pourquoi celui qui n'est pas homme est exempt de
cet ordre.
Si tout est cher, c'est bien parce qu'il y a des foules d'oisifs, et
pas autre chose. S'ils travaillaient, soit à cultiver la terre,
soit à pêcher, le monde serait dans une abondance
extrême. Mais il faudra rendre compte de sa pénurie au
jour du redoutable jugement.
Chapitre 115
Que l'homme me dit un peu ce qu'il a apporté dans ce monde pour
vouloir vivre sans rien faire! Il est clair qu'il est né nu,
incapable de rien faire! Il n'est donc pas le patron de tout ce qu'il a
trouvé, mais l'intendant qui devra rendre compte au jour
redoutable.
Tu dois craindre beaucoup l'abominable luxure qui rend l'homme
semblable aux animaux sans raison, car ton ennemi est si familier que
tu ne peux aller nulle part sans qu'il y vienne aussi. Oh combien ont
péri par la luxure! A cause de la luxure, vint le déluge,
et le monde péri avant la miséricorde de Dieu; seuls
Noé et quatre-vingt-trois personnes se sauvèrent! A cause
de la luxure, Dieu ensevelit trois cités malfaisantes et seul
Lot s'enfuit avec ses deux filles! A cause de la luxure, la tribu de
Benjamin fut quasiment éteinte! Je vous le dis en
vérité, si je vous énumérais tous sont qui
sont morts à cause de la luxure, cinq jours n'y suffiraient
pas!»
Jacques dit : «Maître, que veut dire luxure?»
Jésus répondit : «La luxure est un désir
effréné d'amour qui, n'étant pas dirigé par
la raison, envahit tellement l'intelligence et les sentiments de
l'homme que celui-ci, ne se connaissant plus lui-même, aime ce
qu'il devait haïr. Croyez-moi, quand l'homme aime quelque chose,
non parce que Dieu la lui a donnée, mais comme son
propriétaire, c'est un fornicateur, car il uni à la
créature l'âme qui doit être unie à Dieu son
Créateur. Aussi Dieu se lamente par Isaïe le
prophète en disant : «Tu as forniqué avec de
nombreux amants. Pourtant, reviens à moi et je te
recevrais!» Vive Dieu, en présence de qui se tient mon
âme, si l'homme n'avait pas de luxure à
l'intérieure, dans son cœur, il n'y tomberait pas à
l'extérieur, car l'arbre meurt vite une fois arrachée la
racine.
Que l'homme se contente donc de l'épouse que son créateur
lui a donnée et qu'il oublie toute autre!» André
demanda : «Comment l'homme oublierait-il les femmes alors qu'il
vit en ville où elles se trouvent en grand nombre?»
Jésus répondit : «Certes, André, celui qui
vit en ville aura du mal, car la ville est un éponge qui absorbe
toute iniquité!»
Chapitre 116
En ville, il faut que l'homme vive exactement comme le soldat dont la
forteresse est assiégée d'ennemis : à chaque
assaut, il se défend et il craint toujours la trahison des
habitants. Qu'il repousse de même, comme je l'ai dit, toute
invitation externe au péché et qu'il craigne la
sensibilité, car elle désir par-dessus tout les
saletés.
Mais comment se défendra-t-il s'il ne réfrène pas
son œil qui est à l'origine de tout péché de
la chair? Vive Dieu, en présence de qui se tient mon âme,
celui qui est privé des yeux du corps est sûr de ne
recevoir de peine qu'au troisième degré, tandis que celui
qui a des yeux la recevra u septième degré.
Au temps du prophète Elie, il advint ceci. Voyant pleurer un
aveugle qui était homme de bien, Elie l'interrogea :
«Pourquoi pleures-tu, frère?» lui dit-il. L'aveugle
répondit : «Je pleure parce que je ne peux pas voir Elie,
prophète saint de Dieu!» Elie le reprit alors :
«Cesse de pleurer homme, dit-il, car tu pèches en
pleurant!» L'aveugle répondit : «Dis-moi donc,
est-ce un péché de voir un saint prophète de Dieu
qui ressuscite les morts et qui fait descendre le feu du ciel?»
Elie répondit : «Ce n'est pas vrai : Elie ne peut rien
faire de ce que tu dis; c'est un homme comme toi; et tous les hommes
ensemble ne peuvent faire naître une seule mouche!»
L'aveugle reprit : «Tu dis cela, homme, parce qu'Elie t'aura
reproché un péché que tu as commis. C'est pour
cela que tu le hais!» Elie répondit : «Plaise
à Dieu que tu dise vrai, frère, car si je haïssais
Elie, j'aimerais Dieu! Et plus je haïrais Elie, plus j'aimerais
Dieu!» A ces mots, l'aveugle se mit fort en colère et dit
: «Vive Dieu, tu es un impie! On aime donc Dieu en haïssant
le prophètes de Dieu? Va-t-en à l'instant, je ne veux
plus t'entendre!» Elie répondit : «Eh bien,
frère, tu peux voir avec ton intelligence comme il est mauvais
de regarder avec les yeux du corps : tu désires la vue pour
regarder Elie, mais tu le hais avec ton âme.» L'aveugle :
«Va-t-en donc! Tu es le diable et veux me pécher contre le
saint de Dieu!»
Elie soupira alors et dit en pleurant : «Tu dis vrai,
frère, car ma chair que tu voudrais voir te sépare de
Dieu.» L'aveugle dit : «Je ne veux pas te voir et
même si j'avais des yeux, je les fermerais pour ne pas te
voir!» Elie dit alors : «Sache, frère, que je suis
Elie!» L'aveugle répondit : «Tu ne dis pas la
vérité!» Alors les disciples d'Elie dirent :
«Frère, en vérité, c'est le prophète
de Dieu dit l'aveugle, qu'il me dise de quelle tribu je suis, et
comment je suis devenu aveugle!»
Chapitre 117
Elie répondit : «Tu es de la tribu de Lévi! Notre
Dieu te priva de la vue parce qu'au moment d'entrer dans son peuple,
alors que tu étais près de sanctuaire, tu regardas de
façon mauvaise une femme!» Alors l'aveugle dit en pleurant
: «Pardonne-moi, saint prophète de Dieu, car j'ai
péché en te parlant.
Si je t'avais vu je n'aurais pas péché!» Elie
répondit : «Que notre Dieu te pardonne, frère!
Quant à moi, je sais que tu m'as dit la vérité. En
effet, plus je me hais moi-même, plus j'aime Dieu, Si tu me
voyais, ton désir s'apaiserait, ce qu'à Dieu ne plaise!
Car ce n'est pas Elie ton créateur, mais Dieu.
Selon toi, je suis le diable, dit Elie en pleurant, puisque je te
détourne de ton créateur! Pleure donc, frère, car
tu n'as pas cette lumière qui te ferait voir le vrai du faux. Si
tu l'avais, tu n'aurais pas méprisé ma doctrine. Aussi je
te le dis, beaucoup qui méprisent mes paroles veulent me voir et
viennent de loin pour cela. Il vaudrait mieux pour leur salut qu'ils
n'aient pas d'yeux, car celui qui se complaît dans la
créature quelle qu'elle soit et qui ne s'efforce pas à se
complaire à Dieu, s'est fait une idole dans le cœur et a
abandonné Dieu.»
Jésus dit alors en soupirant : «Avez-vous compris tout ce
qu'a dit Elie?» Les disciples répondirent : «Certes,
nous l'avons compris et nous sommes stupéfaits d'apprendre que
sur cette terre bien peu ne sont pas idolâtres.»
Chapitre 118
Jésus dit alors : «Vous dites la vérité, car
récemment Israël voulait, en me prennent pour Dieu,
réaliser l'idolâtrie qu'ils ont dans le cœur!
Beaucoup d'entre eux ont méprisé ma doctrine sous
prétexte que je pouvais me rendre maître de toute la
Judée en me reconnaissant Dieu. Ils prétendent que je
suis fou de vouloir vivre pauvrement au milieu des déserts au
lieu de demeurer continuellement parmi les princes, dans le luxe. Oh,
malheureux homme, tu apprécies la lumière que nous avons
en commun avec les mouches et fourmis et tu méprises la
lumière qui n'est partagée que par les anges, les
prophètes et les saints amis de Dieu!
Si on ne surveille pas son œil, André, je te le dis, il
est impossible de ne pas tomber dans la luxure! A ce propos , le
prophète Jérémie dit justement et en pleurant :
«Mon œil est un voleur qui dérobe mon
âme!» Et avec une extrême ferveur, votre père
David priait Dieu notre Seigneur de détourner ses yeux pour
qu'ils ne voient pas les vanités, car en vérité,
tout ce qui a un terme est vain. Dites-moi donc : si quelqu'un avait
deux sous pour acheter du pain, les dépenserait-il pour acheter
de la fumée? Certes non, car la fumée fait mal aux yeux
et n'apporte rien au corps. Que l'homme fasse donc de même :
qu'il cherche à l'extérieur par le regard de ses yeux et
à l'intérieur par le regard de son intelligence, à
connaître Dieu son créateur et le bon plaisir de sa
volonté! Que la créature ne soit pas son but et ne
l'égare pas loin du créateur!
Chapitre 119
Car en vérité, chaque fois que l'homme voit quelque chose
et qu'il oublie Dieu qui l'a faite à son intention, il y a
péché! En effet, si ton ami te donne quelque chose
à garder en souvenir de lui, mais qu'en le voyant tu l'oublie
lui-même tu l'as offensé. Ainsi fait l'homme. Quand il
voit une créature et qu'il ne se souvient pas du créateur
qui l'a créée par amour pour lui, il pèche par
ingratitude envers Dieu son créateur.
C'est pourquoi, celui qui voit une femme et qui oublie Dieu qui l'a
créa pour le bien de l'homme, il l'aime, la désire et sa
luxure déborde tellement qu'il aime tout ce qui ressemble
à celle qu'il aime. C'est ainsi que naquit ce
péché dont il est honteux de garder en mémoire.
Mais si l'homme met un frein à ses yeux, il dominera la
sensibilité, qui ne peut désirer que ce qui lui est
présenté, et la chair sera assujettie à l'esprit.
Car de même que sans vent le bateau ne peut avancer, de
même la chair pécher sans la sensibilité.
Qu'ensuite, il soit nécessaire pour le pénitent
d'abandonner les contes pour la prière, c'est ce que montre la
raison si ce n'était déjà un ordre de Dieu.
L'homme en effet pèche en toute parole inutile, tandis que notre
Dieu efface le péché par la prière. Or la
prière est avocate de l'âme; elle est remède de
l'âme, elle est défense du cœur, arme de la foi,
frein de la sensibilité, sel de la chair qu'elle empêche
de pourrir dans le péché. Je vous le dis, la
prière, c'est les mains de notre vie!
Aussi l'homme qui prie se défendra-t-il au jour du jugement, car
sur cette terre il aura guéri son âme du
péché, il aura préservé son cœur de
l'atteinte des mauvais désirs et offensé Satan en
maintenant sa sensibilité dans la loi de Dieu. Sa chair marchera
dans la justice et recevra de Dieu tout ce qu'il demandera.
Vive Dieu, en présence de qui nous sommes, sans prière il
est aussi impossible à l'homme de faire le bien qu'à un
muet de dire son fait à un aveugle; qu'à une plaie de
guérir sans onguent; aussi impossible que de se défendre
sans bouger, d'attaquer sans armes, de naviger sans gouvernail ou de
conserver de la viande sans sel. Car en vérité, celui qui
n'a pas de main ne peut pas prendre.
Si l'homme pouvait changer l'ordure en or et la boue en sucre, que
ferait-il?» Comme Jésus se taisait, les disciples
répondirent : «Chacun ne s'occuperait qu'à faire de
l'or et du sucre!» Jésus dit alors : «Pourquoi donc
l'homme ne transforme-t-il pas en prière la sotte habitude de
raconter des histoires? Le temps lui est-il donné par Dieu pour
qu'il l'offense? Certes non, quel prince donnerait en effet une ville
à son sujet pour qu'il lui fasse la guerre? Vive Dieu, si
l'homme savait comme l'âme se déforme par les paroles
vaines, il se trancherait la langue avec les dents plutôt que de
parler! Oh, malheureux monde : aujourd'hui les hommes ne se rassemblent
pas pour prier, mais sous les portiques du temple et dans le temple
même Satan y reçoit le sacrifice des paroles vaines, et
qui pis est, des choses dont on ne peut parler sans honte!
Chapitre 120
Voici le fruit des paroles vaines : elles affaiblissent tellement
l'intelligence qu'elle n'est plus apte à recevoire la
vérité. De même qu'un cheval accoutumé de
porter une once d'ouate ne peut pas porter cent livres de pierre.
Mais il y a pire, c'est quand l'homme passe son temps en plaisanteries.
Satan lui remet ses plaisanteries-là en mémoire pendant
la prière, et au moment ou il devrait pleurer ses
péchés pour provoquer la miséricorde de Dieu et en
recevoir le pardon, il provoque sa colère en riant. Dieu le
châtiera et le réprouvera. Malheur donc à ceux qui
racontent des plaisanteries et qui parlent inutilement.
Pourtant si notre Dieu e en abomination ceux qui plaisantent et ceux
qui parlent inutilement, quel cas fera-t-il de ceux qui murmurent et
qui diffament le prochain? Et en quel état sont ceux qui
traitent du péché comme d'une affaire absolument
nécessaire? Oh, monde immonde, je ne peux pas imaginer la
punition que tu recevras de Dieu!
Je vous le dis, celui qui veut faire pénitence doit donner ses
paroles à prix d'or!» Ses disciples répondirent :
«Qui donc achètera des paroles d'homme à prix d'or?
Sûrement personne! Et puis, comment ferait-il pénitence?
Il en deviendrait certainement avare!» Jésus
répondit : «Votre cœur est si lourd que je ne peux
pas le soulever. Faut-il donc que je vous donne le sens de chacune de
mes paroles? Pourtant remerciez Dieu qui vous a donné la
grâce de connaître ses mystères. Je ne dis pas que
le pénitent doit vendre ses paroles, mais qu'il doit
s'imaginer quand il parle qu'il jette de l'or. Comme on ne
dépense de l'or que pour les choses nécessaire, il ne
parlera que lorsqu'il sera nécessaire de parler. Comme personne
ne dépense de l'or pour ce qui nuit au corps, ainsi ne
parlera-t-il pas de ce qui nuit à l'âme!.
Évangile de Barnabas (2)
Chapitre 121
Tandis que le gouverneur juge le criminel qu'il a fait arrêter et
que le chancelier écrit, comment cet homme parle-t-il, dites-moi
? » Les disciples répondirent : « II parle avec
crainte et à propos, pour ne pas se trahir; il prend garde de ne
pas dire ce qui déplairait au gouverneur, et il cherche au
contraire à dire ce qui pourrait le faire libérer.
» Jésus répondit alors : «C'est cela que le
pénitent devrait faire pour ne pas perdre son âme, car
Dieu a donné à chaque homme deux anges comme chanceliers,
pour inscrire l'un le bien, l'autre le mal que fait l'homme. Si donc
l'homme veut recevoir miséricorde, qu'il surveille son langage
encore mieux qu'on ne surveille l'or.
Chapitre 122
Quant à l'avarice, qu'elle se transforme en aumône! En
vérité je vous le dis, l'avare a pour terme l'enfer comme
le plomb a pour terme le centre de là terre, car il est
impossible que l'avare possède quoi que ce soit au paradis!
Savez-vous pourquoi? Je vais vous le dire. Vive Dieu, en
présence de qui se tient mon âme, bien que l'avare se
taise avec sa langue, il proclame par ses ouvres « II n'y a pas
d'autre Dieu que moi !.» Tout ce qu'il a, en effet, il entend le
dépenser à son gré sans considérer ni
d'où il vient, ni où il va, alors qu'il vient au monde nu
et qu'il laissera tout en mourant. Dites moi donc, si Hérode t
vous donnait un jardin à garder, mais que vous vouliez en
disposer en maître, sans envoyer aucun fruit à
Hérode, si vous chassiez les envoyés qu'il enverrait pour
réclamer des fruits, dites-moi, ne vous constitueriez-vous pas
vous-mêmes rois de ce jardin ? Oui, certes! Eh bien, je vous le
dis, l'homme avare se constitue lui-même Dieu des biens qu'il a
et que Dieu lui a donnés! L'avarice est une soif
qu'éprouve la sensibilité. Comme elle vit de plaisir et
qu'elle ne peut prendre son plaisir en Dieu qui lui est caché
puisqu'elle l'a perdu parle péché, elle s'efforce
d'amasser' des choses temporelles qu'elle considère comme son
bien. Elle est d'autant plus forte qu'elle se voit privée de
Dieu, car la conversion du pécheur vient de Dieu qui donne la
grâce de se repentir. Comme le dit notre père David :
« Ce changement vient de la droite de Dieu » !
Il faut que je vous dise ce qu'est l'homme si vous voulez savoir
comment il doit faire pénitence. Mais remercions aujourd'hui
Dieu qui nous a fait la grâce de communiquer sa volonté
par mes paroles. Alors, les mains levées, il pria : «
Seigneur, Dieu tout-puissant et miséricordieux, toi qui, en nous
créant dans ta miséricorde, nous accordas le rang
d'hommes, tes serviteurs, et la foi de ton messager véridique,
nous te remercions pour chacun de tes bienfaits et nous voulons
t'adorer, toi seul, tout le temps de notre vie, en pleurant nos
péchés, en priant, en faisant l'aumône, en
jeûnant, en étudiant ta parole, en instruisant ceux qui
ignorent ta volonté, en souffrant de la part du monde pour ton
amour, et en nous mortifiant pour te servir, Toi, Seigneur, sauve-nous
de Satan, de la chair et du monde, comme tu sauves tes élus pour
ton amour, pour l'amour de ton messager pour qui tu trous créas,
et pour l'amour de tous tes saints et prophètes ! » Les
disciples répondaient toujours : «Ainsi soit-il Ainsi
soit-il, Seigneur! Ainsi soit-il, notre Dieu miséricordieux !
»
Chapitre 123
Au lever du jour, le vendredi matin, de bonne heure Jésus
convoqua ses disciples après la prière et leur dit :
« Asseyons-nous et, s'il plaît à Dieu, je vous dirai
ce qu'est l'homme puisque c'est aujourd'hui que Dieu le créa de
la boue de la terre. » Chacun s'étant assis, Jésus
reprit : « Pour démontrer à ses créatures sa
bonté, sa miséricorde, sa toute-puissance, sa
libéralité et sa justice, notre Dieu composa en un seul
et même être quatre choses opposées l'une à
l'autre. Cet être, c'est l'homme. Ces choses sont : la terre,
l'eau, l'air et le feu, pour que chacune tempère son
excès par l'autre. Il fit de ces quatre choses un
réceptacle qui est le corps de l'homme : chair, os, sang,
moelle, 'peau, nerfs et veines, et tout ce qu'il y a dedans.
A l'intérieur il mit l'âme et la sensibilité,'
comme les deux mains de cette vie. ü donna pour emplacement
à ta sensibilité toutes les parties du corps et celui-ci
ta diffusa en lui comme de l'huile. A l'Ame, il donna pour emplacement
le cœur. Unie à la sensibilité, elle y dirige toute
la vie.
Ayant ainsi créé l'homme, Dieu mit en lui une
lumière qu'on appelle la raison. Celle?ci devrait unir la chair,
la sensibilité et l'âme dans le but unique de travailler
au service de Dieu. Puis il plaça cette œuvre dans le
paradis. Mais la sensibilité ayant séduit la raison
à l'instigation de Satan, la chair perdit le repos, la
sensibilité perdit le plaisir dont elle vit et l'âme
perdit sa beauté. Et l'homme est resté en cet
état. La sensibilité qui n'est plus dirigée par la
raison, ne s'apaise pas dans le travail; au contraire, elle cherche le
plaisir et suit la lumière
que lui montrent les yeux. Mais comme les yeux ne peuvent voir que la
vanité, elle se trompe et en choisissant les choses terrestres,
elle pèche.
Pour que la raison distingue le bien du mal et le vrai plaisir, il faut
donc qu'elle soit de nouveau illuminée par la miséricorde
de Dieu. Quand elle le distingue, le pécheur se convertit
à la pénitence. C'est pourquoi, je vous le dis en
vérité, si Dieu notre Seigneur n'illumine pas le
cœur de l'homme, les raisonnements des hommes ne serviront
à rien! »
Jean dit : « A quoi servent donc les paroles des hommes »
Jésus répondit : « L'homme, en tant qu'homme, ne
sert à rien pour convertir quelqu'un à la
pénitence, mais en tant que moyen dont Dieu se sert, il
convertit. Aussi, comme Dieu agit secrètement dans l'homme pour
son salut, il faut écouter chacun et le recevoir comme celui en
qui Dieu nous parle. »
Jacques demanda : « Maître, si par hasard un faux
prophète ou un docteur en mensonges se présente et
prétend nous enseigner, que devons-nous faire ? »
Chapitre 124
Jésus répondit par une comparaison : « Un homme
s'en va avec son filet pour 'pécher. Ii prend beaucoup de
poissons, mais il jette ceux qui sont mauvais. Un homme sort pour
semer, mais seul, le grain qui tombe en bonne terre fructifiez. Ainsi
devez-vous faire :écoutez chacun, mais ne recevez que la
vérité, car la vérité seule fructifie pour
la vie éternelle.
André répondit : «Mais comment
reconnaîtra-t-on la vérité ? » Jésus
répondit : «Recevez comme vrai tout ce qui est conforme au
livre de Moïse. Car Dieu est un, la vérité est une.
En conséquence, la doctrine est une, le sens de la doctrine est
un et c'est pourquoi est une aussi la foi. Je vous le dis en
vérité, si la vérité n'avait pas
été effacée du livre de Moïse, Dieu n'aurait
pas donné le second livre à David, notre père. Et
si le livre de David n'avait pas été contaminé,
Dieu ne m'aurait pas envoyé l'évangile, car le Seigneur
notre Dieu est immuable et il a tenu un seul langage à tous les
hommes. C'est pourquoi, quand le messager de Dieu viendra, il purifiera
tout ce que les impies auront contaminé dans mon livre.
Celui qui écrit répondit : « Maitre, que fera
l'homme si la toi est contaminée et que parle un faux
prophète? » Jésus répondit : Grande est ta
demande Barnabé! Eh bien, je te le dis, en ce cas-là, peu
se sauvent! Car alors les hommes ne font plus attention à Dieu
qui est leur but. Vive Dieu Il en présence de qui se tient mon
âme, toute doctrine qui détourne l'homme de son but,
c'est-à-dire de Dieu, est une doctrine exécrable. Toi qui
as offensé Dieu et qui l'offenses chaque jour, tu
considéreras trois choses dans la doctrine : l'amour envers
Dieu, l'affection envers le prochain et la haine envers soi-même.
Toute doctrine contraire à ces trois points, fuis?la, elle est
exécrable! »
Chapitre 125
l'en reviens à l'avarice, et je vous dis ceci : quand la
sensibilité veut s'emparer d'une chose ou la conserver avec
ténacité, que la raison dise : « Cette chose aura
un terme.» II est évident que si elle a un terme, c'est
folie de l'aimer et qu'il faut aimer et conserver ce qui n'aura pas de
terme.
Que l'avarice se transforme donc en aumône! Que l'avare' donne
bien ce qu'il a amassé pour le mal et qu'il prenne garde que sa
main gauche ignore ce que donne sa main droite! Ce sont les hypocrites
qui veulent être vus et loués par le monde quand ils font
l'aumône. En vérité, ils sont stupides, car c'est
de celui pour lequel il travaille que l'homme reçoit son
salaire. Si c'est de Dieu que l'homme veut recevoir quelque chose,
c'est Dieu qu'il doit servir!
Soyez attentifs en faisant l'aumône : considérez que tout
ce que vous donnez pour l'amour de Dieu, vous le donnez à Dieu.
Ne rechignez pas à donner! Donnez pour l'amour de Dieu ce que
vous avez de meilleur! Dites-moi, voudriez-vous recevoir de Dieu
quelque chose de mauvais? Certes non, poussière et cendre!
Alors, comment avez-vous la foi en vous si vous donnez quelque chose de
mauvais pour l'amour de Dieu? II vaudrait mieux ne rien donner que de
donner quelque chose de mauvais.
En effet, si vous ne donniez rien, vous auriez quelque excuse selon le
monde, mais si vous donnez quelque chose de mauvais en conservant pour
vous le meilleur, quelle« sera votre excuse! Voilà tout ce
que j'ai à vous dire au sujet de la pénitence. »
Barthélémy répondit : « Combien de temps
doit durer la pénitence? » Jésus répondit :
« L'homme doit se repentir et faire pénitence aussi
longtemps qu'il est en état de péché. Or,
l'être humain pèche toujours. Aussi doit-il toujours faire
pénitence! à moins que vous ne vouliez faire plus grand
cas de vos chaussures que de votre âme, puisque vous les
réparez chaque fois qu'elles s'abîment! »
Chapitre 126
Ayant convoqué ses disciples, Jésus les envoya deux
à deux dans tout Israël en disant : «Allez et
prêchez comme vous avez entendu ! » ils assirent et il leur
posa la main sur la tête en disant « Au nom de Dieu, rendez
la santé aux malades, chassez les démons et
détrompez Israël à mon sujet en lui disant ce que
j'ai dit devant le pontife! »
Et tous partirent sauf celui qui écrit, ainsi que Jacques et
Jean. Ils allèrent par toute la Judée , prêchant la
pénitence comme le leur avait dit Jésus et
guérissant toute sorte :d'infirmité à tel point
que furent confirmées en Israël les paroles de Jésus
: Dieu est un et Jésus est prophète de Dieu,
puisqu'une grande foule les voyait faire ce que Jésus
lui-même faisait, c'est-à-dire guérir les malades.
Mais les fils du diable, c'est-à-dire les. prêtres et les
scribes, trouvèrent un autre moyen de persécuter
Jésus. Ils commencèrent à dire que Jésus
aspirait à régner sur Israël. Cependant ils
craignaient le peuple; aussi c'est en secret qu'ils complotaient contre
Jésus.
Après avoir parcouru la Judée , les disciples
retournèrent à Jésus. Il les reçue comme un
père reçoit ses enfants, en disant : « Dites-moi ce
qu'a fait le Seigneur notre Dieu. Oui j'ai vu Satan tomber sous vos
pieds; vous le piétiniez comme le vigneron le raisin. »
Ils répondirent : « Maure, nous avons guéri une
infinité de malades et chassé beaucoup de démons
qui tourmentaient les hommes. »
Jésus dit : « Dieu vous pardonne, frères, mais vous
avez péché en disant : « Nous avons guéri
», c'est Dieu qui a tout fait ! » Ils répondirent :
« Nous avons parlé comme des sots. Enseigne-nous donc
comment nous devons parler! » Jésus répondit:
« En toute bonne action, dites : « Dieu a fait », Et
en toute mauvaise action, dites : « J'ai péché
». ? « Ainsi ferons-nous! » dirent les disciples.
Jésus dit alors : « Et qu'a dit Israël après
avoir vu Dieu faire par les mains de tant d'hommes ce qu'il a fait par
les miennes'' » Les disciples répondirent
« Ils disent qu'il y a un seul Dieu et que tu es prophète
de Dieu. » Jésus répondit, le visage joyeux :
Béni soit le saint nom de Dieu qui n'a pas
dédaigné le désir de son serviteur.» Cela
dit, ils allèrent se reposer.
Chapitre 127
Jésus quitta le désert et entra à
Jérusalem. Tout le peuple courut au temple pour le voir. Aussi,
après la lecture des psaumes, Jésus monta sur le pinacle
à l'endroit où montait le scribe. Ayant de !a main
réclamé le silence, il dit : « Frères,
béni soit le saint nom de Dieu qui nous a .créés
de la boue de la terre et non d'esprit ardent, car quand nous
péchons nous trouvons miséricorde auprès de Dieu,
tandis que Satan ne la trouvera jamais puisqu'il est incorrigible dans
son orgueil. Il. répète toujours qu'il est noble
puisqu'il est esprit ardent.
Avez-vous entendu, frères, ce que notre père David dit de
notre Dieu : qu'il s'est souvenu que nous sommes poussière, que
notre esprit va et ne revient pas et que c'est pour cela qu'il nous a
fait miséricorde ? Heureux ceux qui connaissent ces paroles car
.ils ne pécheront pas à jamais contre leur Seigneur;
comme ils se repentent après leur péché, celui-ci
ne dure pas.
Malheur à ceux qui s'exaltent car ils seront humiliés'
dans les ardentes braises de l'enfer! Dites-moi, frères,
pourquoi s'exalter? En tire-t-on quelque bien ici-bas ? Certes non!
comme le dit le prophète de Dieu, Salomon : « Tout ce qui
est sous le soleil est vanité! »
Mais si les choses du monde ne nous fournissent pas'. de raison de nous
exalter dans notre coeur, encore beaucoup moins nous en donne notre
vie, tourmentée qu'elle est de nombreuses misères. Toutes
les créatures inférieures à l'homme luttent en
effet contre nous! Oh, combien en a tués l'été
brûlant! Combien en a tués l'hiver gelé et froid!
Combien ont été tués par la foudre et la
grêle ! Combien se sont noyés en mer par
l'impétuosité du vent! Combien sont morts de la peste, de
la famine, dévorés par des fauves, mordus par des
serpents, étouffés par des aliments! Oh, malheureux homme
qui s'exalte malgré tant de contrepoids qui l'exposent à
être assailli en tout lieu par toutes les créatures!
Chapitre 128
Mais que dirais?je de la chair et de la sensibilité qui ne
désirent que l'iniquité? Que dirai-je du monde qui ne
présente que le péché? des réprouvés
qui, pour servir Satan, persécutent celui qui veut vivre selon
la loi de Dieu? Oui, frères, si l'homme ouvrait les yeux, comme
le dit David notre père, il ne pécherait jamais' !
S'exalter dans son coeur, ce n'est pas autre chose que fermer la porte
à la pitié et à la miséricorde de Dieu pour
qu'il ne pardonne pas! Notre père David dit que notre Dieu s'est
souvenu que nous sommes poussière ' et que notre esprit va et ne
revient pas". Or, celui qui s'exalte nie qu'il est poussière.
Comme il ne reconnaît pas le besoin où il se trouve, il
n'appelle pas à l'aide, et il irrite Dieu qui pourrait l'aider.
Vive Dieu, en présence de qui se tient mon âme, Dieu
pardonnerait à Satan si Satan reconnaissait sa misère et
demandait miséricorde à son créateur, qui est
béni à jamais !
Or donc, frères, moi, un homme, poussière et boue
cheminant sur la terre, je vous dis : faites pénitence et
reconnaissez vos péchés! Je sais, frères, que
Satan vous a trompés au moyen de l'armée romaine quand
vous disiez que j'étais Dieu.
Gardez-vous donc de les croire : ils sont tombés dans la
malédiction de Dieu en servant des dieux faux et menteurs ainsi
que notre père David les invectiva : « Les dieux des
nations sont d'argent et d'or, couvre de leurs mains : ils ont des yeux
et ne voient pas, des oreilles et n'entendent pas, un nez et ne sentent
pas, une bouche et ne mangent pas, une langue et ne parlent pas, des
mains et ne touchent pas, des pieds et ne marchent pas ! » C'est
pourquoi notre père David dit en priant notre Dieu vivant :
« Qu'ils leur soient semblables ceux qui les font et qui se
confient en eux ! » ils font toutes sortes de
scélératesses. Moi je jeûne deux fois la semaine,
et je donne la dîme de tout ce que je possède ! »
Le publicain se tenait au loin. prosterné à terre. II
disait en se frappant la poitrine et la tête inclinée
« Seigneur, je ne suis pas digne de regarder le ciel ni ton
sanctuaire car j'ai beaucoup péché. Aie pitié de
moi ! »
En vérité, je vous le dis, le publicain redescendit du
temple meilleur que le pharisien, car notre Dieu le rendit juste en lui
pardonnant tous ses péchés. Mais le pharisien descendit
pire que le publicain car notre Dieu ayant ses actions en abomination,
le réprouva.
Chapitre129
La hache se glorifiera-t-elle d'avoir coupé la forêt
où l'homme a fait un jardin? Certainement pas, car c'est l'homme
qui a tout fait de ses propres mains. Et il a fait la hache
elle-même. Et toi, homme, tu te glorifierais d'avoir fait quelque
bien, alors que notre
Oh, orgueil inouï que celui des hommes créés par
Dieu à partir de la terre, ils oublient leur condition et
veulent se faire un Dieu à leur gré. Sans rien dire, ils
se moquent de Dieu; c'est comme s'ils disaient : « II ne sert
à rien de servir Dieu! » car c'est ce que montrent leurs
oeuvres.
C'est à cela que voulait vous réduire Satan,
frères, vous faire croire que je suis Dieu, alors que je ne peux
vous être d'aucune utilité, moi qui ne peux même pas
créer une seule mouche" et qui suis passible et mortel. Si j'ai
moi-même besoin de tout, comment vous aiderais-je en tout, comme
c'est le propre de Dieu? Mais nous qui avons notre grand Dieu qui a
tout créé par sa parole, nous nous moquerons des gentils
et de leurs dieux.
Deux hommes montèrent ici, au temple, pour prier; l'un
était pharisien et l'autre publicains. Le pharisien se rendit
près du sanctuaire. Priant la tête haute, il dit :
«Je te remercie, Seigneur mon Dieu. car je ne suis pas comme les
autres hommes pécheurs, et particulièrement comme ce
publicain : Dieu t'a créé à partir de la boue et
qu'il opère en toi tout le bien qui s'y fait pourquoi
méprises-tu ton prochain? Ne sais-tu pas que si Dieu ne te
gardait pas de Satan, tu serais pire que Satan? Ne sais-tu pas qu'un
seul péché transforma le plus beau des anges en le plus
hideux des démons ? Qu'un seul péché transforma
Adam t, l'homme le plus parfait qui soit venu au monde en malheureux,
le soumettant lui et toute sa descendance à tout ce que nous
soutirons?
Quel décret as-tu qui te permette, de vivre à ton
gré sans craindre personne ? Malheur à toi, boue, car
pour avoir voulu t'exalter au-dessus de Dieu ton créateur, tu
seras prostrée sous les pieds de Satan ton tentateur. »
Cela dit, Jésus pria, les mains levées vers le Seigneur.
Et tout le peuple disait : «Qu'il en soit ainsi ! Qu'il en soit
ainsi ! »
toucher!» Jésus dit alors : « Simon, je dois te dire
quelque chose ». Simon répondit : « Parle,
Maître, car je désire ta parole !»
Chapitre 130
Jésus dit : « II était une fois un homme qui avait
deux débiteurs. L'un lui devait cinquante sous et l'autre cinq
cents. Comme ils n'avaient pas de quoi payer. pris de pitié, il
remit à chacun sa dette. Lequel aima le plus son
créditeur?» Simon répondit : « Celui auquel
fut remise la plus grande dette! » Jésus dit : « Tu
as bien dit ! »
Aussi je te le dis, considère cette femme ainsi que
toi-même. Tous deux vous étiez débiteurs de Dieu.
l'un pour la lèpre du corps et l'autre pour la lèpre de
l'âme, c'est-à-dire le péché. Pris de
pitié par mes prières, Dieu notre Seigneur. a voulu
guérir chez toi le corps, et chez elle l'âme. Mais toi, tu
m'aimes
Quand il eut terminé la prière, il descendit du pinacle.
On lui présenta alors de nombreux infirmes auxquels il rendit la
santé et il quitta le temple.
Alors Simon le lépreux, qu'il avait guéri, l'invita
à manger le pain. Les prêtres et les scribes qui
haïssaient Jésus racontèrent à l'armée
romaine ce que Jésus avait dit contre leurs dieux. Aussi
cherchaient-ils un moyen de le tuer, mais ils ne le trouvaient pas car
ils craignaient le peuple.
Jésus étant entré dans la maison de Simon, ils se
mirent à table. Tandis qu'ils mangeaient, voici qu'une femme du
nom de Marie, pécheresse publique, entra dans la maison.
Prosternée à terre, derrière les pieds de
Jésus; elle les lavait de ses larmes, les oignait d'un onguent
précieux et les essuyait de ses cheveux. Simon et tous ceux qui
mangeaient se scandalisèrent. Ils disaient en eux-mêmes :
«S'il était prophète, il saurait qui et comment est
cette femme et il ne se laisserait pas peu car tu as peu reçu :
Quand je suis entré dans ta maison, tu ne m'as pas donné
un baiser, tu n'as pas oint ma tête. Par contre cette femme, tu
as vu qu'aussitôt entrée chez toi elle s'est placée
à mes pieds ; elle les a lavés de ses larmes et les a
oints d'un onguent précieux. C'est pourquoi je te dis en
vérité, beaucoup de péchés lui sont remis
parce qu'elle a beaucoup aimé! »
Et se tournant vers la femme, il dit : « Va en paix car le
Seigneur notre Dieu t'a pardonné tes péchés ! Mais
prends garde de ne plus pécher! Ta foi t'a sauvée!»
Chapitre 131
Après la prière de la nuit, les disciples
s'approchèrent de Jésus et dirent : « Maître,
comment devons-nous faire pour fuir l'orgueil ? » Jésus
répondit : « Avez-vous vu un pauvre, invité par un
prince à manger le pain? » Jean répondit: «
Moi j'ai mangé le pain chez Hérode, car avant de te
connaître, j'allais pêcher et je vendais le poisson
à ta maison d'Hérode. Un jour que celui?ci donnait un
repas, j'avais apporté un beau poisson et il me fit rester pour
manger.
Jésus dit alors : «Comment? Tu as mangé le pain
avec des infidèles! Que Dieu te pardonne, Jean! Mais dis-moi,
comment t'es-tu componé à table ? As-tu cherché
à avoir la place !a plus honorable ? As-tu demandé les
aliments les plus recherchés ? As-tu parlé sans
être interrogé? As-tu pensé que tu étais
plus digne que les autres de t'asseoir à table ? »
Jean répondit : « Vive Dieu! En me voyant moi, vil
pécheur mal vêtu, assis parmi les barons du roi, je
n'osais pas lever les yeux! Puis, le roi m'ayant donné un
morceau de viande, il me sembla que le monde me tombait sur la
tête à cause de la grandeur de cette faveur. Je le dis en
vérité, si le roi avait été de notre loi,
j'aurais voulu le servir tout le temps de ma vie! »
Jésus cria : « Tais-toi, Jean. je crains que Dieu ne nous
engloutisse comme Abiron à cause de notre orgueil ! » Les
disciples tremblèrent d'épouvante aux paroles de
Jésus. Puis il ajouta : « Craignons que Dieu ne nous
engloutisse à cause de notre orgueil ! »
« Frères, vous avez entendu Jean et comment on fait chez
un prince. Malheur aux hommes qui viennent au monde, car s'ils vivent
dans l'orgueil, ils mourront dans l'ignominie et s'en iront dans
là confusion.
Ce monde en effet est une maison où Dieu invite les hommes
à manger; tous les saints et prophètes de Dieu y ont
mangé. Je vous le dis en vérité, tout ce que
reçoit l'homme, il le reçoit de Dieu. Aussi l'homme
devrait-il demeurer dans une extrême humilité, en
reconnaissant sa bassesse et la grandeur de Dieu, et le grand bienfait
qu'il nous accorde en nous nourrissant. II n'est donc pas permis
à l'homme de dire : « Pourquoi fait-on ceci et pourquoi
dit-on cela dans le monde?» Qu'il se regarde lui-même au
contraire et qu'il se reconnaisse indigne ? ce qu'il est en
vérité, de se tenir dans le monde à la table
de Dieu.
Vive Dieu, en présence de qui se tient mon âme, en ce
monde on ne reçoit de Dieu rien de si petit que l'homme ne doive
donner sa vie en retour pour l'amour de Dieu! Vive Dieu, tu n'as pas
péché, Jean, en mangeant avec Hérode, car Dieu t'y
disposa pour que tu sois notre maître et celui de quiconque
craint Dieu. Faites en sorte, dit Jésus à ses disciples,
de vivre dans le monde comme vécut Jean chez Hérode quand
il margea le pain avec lui. et, en vérité, en toute chose
vous serez exempts d'orgueil ! »
Chapitre132
Tandis qu'il cheminait au bord de la mer de Galilée,
Jésus fut entouré d'une grande multitude de gens.
monta alors dans une barque qui d'elle-même s'éloigna un
peu de la rive, et s'arrêta assez près de la terre pour
qu'on puisse entendre sa voix. Tous s'approchèrent de la mer,
s'assirent et attendirent qu'il parle.
Ayant donc ouvert la bouche, il dit : « Voici que sortit le
semeur. En semant, une partie de la semence tomba sur la toute; elle
fut piétinée par les hommes et mangée par les
oiseaux. Une partie tomba sur les pierres, mais en poussant, comme elle
n'avait pas d'humidité, elle sécha au soleil . Une partie
tomba dans les haies, et en poussant, les épines
étouffèrent la semence. Enfin une partie tomba dans la
bonne terre et elle produisit jusqu'à trente, soixante, et
même cent. »
Jésus dit encore : « Voici qu'un père de famille
sema du bon blé dans son champs. Puis, tandis que dormaient les
serviteurs du brave homme, l'ennemi de leur patron vint et sema
l'ivraie par-dessus la bonne semence. Quand le blé leva, on vit
qu'une grande quantité d'ivraie avait poussé avec le
blé. Les serviteurs s'approchèrent du patron et dirent
« Seigneur, n'as-tu pas semé de la bonne semence dans ton
champ? Pourquoi donc une grande quantité d'ivraie a-t-elle
levé ? » Le patron répondit : « Du bon
blé, j'en ai semé, mais pendant que les hommes
Jésus dit encore : « Voici un citadin dont la source
fournit de l'eau à tous ses voisins pour laver leurs
saletés alors que lui-même laisse détériorer
ses propres habits. »
Jésus dit encore : « Deux hommes sortirent pour vendre des
pommes. L'un voulait vendre la peau de la pomme au poids de l'or, sans
s'occuper dé la pulpe ; l'autre cherchait seulement à
donner les pommes contre un morceau de pain pour le voyage. Mais les
hommes achetèrent la peau des pommes au poids de l'or, sans
s'occuper de celui qui voulait les leur donner; bien plus, ils le
méprisèrent ! »
Et ainsi, ce jour-là, Jésus parla à la foule en
paraboles. Ayant congédié celle-ci, il se rendit avec ses
disciples à Naïn où il avait ressuscité" le
fils de la veuve. Celui-ci et sa mère le reçurent chez
eux et le servirent.
Chapitre 133
Les disciples s'approchèrent de Jésus et
l'interrogèrent : « Maître, donne-nous le sens des
paraboles que tu as dites au peuple ! » Jésus
répondit : dormaient, l'ennemi de l'homme vint et sema l'ivraie
par-dessus le blé! » Les serviteurs dirent: «
Veux-tu que nous allions retirer l'ivraie du blé ? » Le
patron répondit : « Ne te faites pas, parce que vous
arracheriez en même temps le blé; attendez au contraire
que vienne le temps de la récolte, alors vous irez retirer
l'ivraie du blé et vous la jetterez au feu. Quant au froment,
vous le mettrez dans mon grenier! »
Jésus dit encore : « beaucoup d'hommes sortirent pour
vendre des figues. Une fois sur la place, voici que les hommes ne
cherchaient pas de bonnes figues, mais de belles feuilles. Pour cette
raison, les hommes ne purent pas vendre les figues. Ce qu'ayant vu, un
mauvais citadin se dit : « Je peux certainement devenir riche !
» Il appela donc deux de ses fils et ils allèrent cueillir
une grande quantité de feuilles avec de mauvaises figues. Ils
les vendirent à prix d'or, car les hommes appréciaient
beaucoup les feuilles. Par la suite, en mangeant les figues, les hommes
tombèrent très gravement malades. »
« L'heure de prier approche. Mais quand nous aurons fait !a
prière des vêpres, je vous dirai le sens des paraboles.
» La prière faite, les disciples s'approchèrent de
Jésus. I! leur dit : « L'homme qui sème sur la
route, sur tes pierres, sur les épines et dans la bonne terre,
c'est celui qui enseigne la parole de Dieu. Elle tombe sur un grand
nombre d'hommes. Elle tombe sur ?la route quand elle parvient aux
oreilles des marins et des marchands, car Satan ôte de leur
mémoire la parole de Dieu à cause des longs voyages
qu'ils font et de la diversité des. nations qu'ils
fréquentent.
Elle tombe sur les pierres quand elle parvient aux oreilles des
courtisans, car elle ne pénètre pas en eux à cause
du grand souci qu'ils prennent de servir le corps d'un prince;
même s'ils gardent quelque mémoire de la parole de Dieu,
ils l'oublient dès qu'ils ont quelque tracas. Ne servant pas
Dieu en effet, ils ne peuvent pas espérer son aide.
Elle tombe dans les épines, quand elle parvient aux oreilles de
ceux qui aiment leur propre vie. Même si la parole de Dieu
croît en eux, quand les désirs charnels croissent, ils
étouffent la bonne semence de la parole de Dieu, cal' les
satisfactions charnelles font abandonner. la parole de Dieu.
La parole de Dieu tombe dans la bonne terre quand elle parvient aux
oreilles de celui qui craint Dieu ; elle porte alors du finit de vie
éternelle. Je vous le dis donc en vérité, en tout
état de vie, si l'homme craint Dieu, la parole de Dieu portera
fruit en lui.
Quant à ce père de famille, en vérité je
vous le dis, c'est Dieu, notre Seigneur, père de toute chose
puisqu'il a faut créé. Mais il n'est pas père par
nature, car il ne comporte pas de mouvement, et sans mouvement on ne
peut engendrer. C'est notre Dieu, donc, auquel appartient ce monde. Son
champ, c'est les hommes. La semence, c'est la parole de Dieu. Quand les
docteurs négligent la prédication de la parole de Dieu
pour s'occuper des affaires du monde, Satan sème l'erreur dans
le tacot des hommes. C'est ainsi que sont nées une
infinité de sectes à la doctrine détestable.
Les saints et les prophètes crient : « Seigneur, n'as-tu
pas donné une bonne doctrine aux hommes? Pourquoi donc y a-t-il
tant d'erreurs ?» Dieu répond « J'ai donné
une bonne doctrine aux hommes, mais pendant que les hommes se sont
adonnés aux vanités, Satan y a semé des erreurs
pour détruire ma loi ! » Les saints disent :
«Seigneur, nous disperserons ces erreurs en détruisant les
hommes! Dieu répond : « Ne le faites pas, car les
fidèles sont tellement unis aux infidèles par lien de
parenté qu'on perdrait le fidèle avec l'infidèle!
Mais attendez jusqu'au jugement! En ce temps?là, les
infidèles seront rassemblés par mes anges et seront
chassés eu enfer avec Satan. Alors les bons fidèles
viendront
Chapitre 134
Ceux qui portent les bonnes figues. ce sont les vrais docteurs qui
prêchent la bonne doctrine, mais le monde qui se complaît
dans les mensonges cherche auprès des docteurs les feuilles des
belles paroles et de la flatterie. Ce que voyant. Satan se joint
à la chair
dans mon royaume. » Il est certain que beaucoup de pères
infidèles engendreront des fils fidèles et à cause
d'eux, Dieu attend que le monde fasse pénitence.
et à la sensibilité et apporte un grand nombre de
feuilles, c'est la quantité de choses terrestres dans lesquelles
il cache le péché. En recevant celui-ci, l'homme tombe
malade et se tourne vers la mort éternelle.
Le citadin quia de l'eau et qui la donne à d'autres pour que son
eau lave leurs impuretés tandis qu'il laisse
détériorer ses propres vêtements, c'est le docteur
qui prêche la pénitence à d'autres alors que
lui-même demeure toujours dans le péché. Oh le
malheureux! Ce ne sont pas les anges, mais sa propre langue qui
écrit dans l'air la peine qui lui convient! Si quelqu'un avait
la langue d'un éléphant et le restant du corps petit
comme une fourmi, ne serait-il pas monstrueux ? Oui, bien sûr, eh
bien, je vous le dis, en vérité, il est plus monstrueux
encore celui qui prêche aux autres la pénitence mais qui
ne se repent pas de ses propres péchés.
Et ces deux hommes qui vendent des pommes? L'un prêche pour
l'amour de Dieu et ne flatte personne. Au contraire, il prêche en
vérité et ne recherche que la nourriture d'un pauvre.
Vive Dieu, en présence de qui se tient mon âme, un tel
homme n'est pas bien reçu par le monde, mais bien plutôt
méprisé ! Par contre, celui qui vend la peau au poids de
l'or et qui donne la pomme, c'est celui qui prêche pour plaire
aux hommes. En flattant le monde, il perd l'âme qui accepte sa
flatterie. Combien ont péri ainsi! »
Celui qui écrit répondit alors :«Comment faut-il
écouter la parole de Dieu et à quoi reconnaît-on
celui qui prêche pour l'amour de Dieu?» Jésus
répondit : « On doit écouter celui qui
prêche, quand il prêche la bonne doctrine, comme si
c'était Dieu qui parlait, car Dieu parle par sa bouche. Mais
celui qui ne réprouve pas les péchés et qui au
contraire, fait acception des personnes en les flattant, il faut le
fuir comme un horrible serpent, car en vérité il
empoisonne le coeur humain. Comprenez-vous? Je vous le dis en
vérité, de même que le blessé n'a pas besoin
de beaux bandages pour panser ses plaies, mais bien de bon onguent, de
même le pécheur n'a pas besoin de beaux discours, mais
plutôt de bons reproches pour qu'il cesse de pécher.
»
Chapitre 135
Pierre dit alors : « Maître, pour que l'homme fuie le
péché, dis-nous 'comment seront tourmentés les
damnés et combien de temps ils resteront en enfer ! »
Jésus répondit : « Pierre, grande est ta demande ;
pourtant, s'il plaît à Dieu, je te répondrai :
Sachez donc que l'enfer est un, même s'il comporte sept cercles
superposés : il s'y trouve sept peines tout comme il y a sept
sortes de péchés que Satan a engendrés comme les
sept portes de l'enfer.
En effet, l'orgueilleux, c'est-à-dire le plus hautain de coeur,
sera précipité dans le cercle le plus bas en passant par
tous les cercles intermédiaires et en y souffrant toutes les
peines qui s'y trouvent. Comme il s'efforce ici bas d'être
supérieur à Dieu en voulant agir à sa guise
à l'inverse de ce que Dieu commande et qu'il ne veut
connaître aucun supérieur, il sera placé
là?bas sous les pieds de Satan et de ses diables qui le
piétineront comme du raisin quand on fait le vin. Et il sera
pour toujours tourné en dérision et en raillerie par les
diables.
L'envieux qui se ronge ici-bas du bien qui arrive au prochain et qui se
réjouit de son malheur, descendra dans le sixième cercle;
il y sera rongé par une grande quantité de serpents
infernaux ; il lui semblera que tout ce qui se trouve en enfer se
réjouit de son tourment et s'afflige de ce qu'il ne soit pas
descendu au septième cercle. En effet, bien que les
damnés ne soient susceptibles de se réjouir d'aucune
manière, la justice de Dieu fera en sorte que le
misérable les voie ainsi. Comme celui qui croit voir en songe
quelqu'un qui le méprise et qui s'en tourmente, ainsi en
sera-t-il pour le misérable envieux; là où il n'y
a aucune joie, il lui semblera que chacun se réjouit de son
malheur et s'afflige qu'il ne lui soit pas arrivé pire !
L'avare descendra au cinquième cercle; il y souffrira une
pauvreté extrême, comme la souffrit le riche bon vivant ;
pour accroître son tourment, les démons lui
présenteront ce qu'il voudra, mais quand il l'aura entre les
mains, d'autres diables le lui enlèveront violemment, en disant
:« Rappelle-toi que tu n'as pas voulu donner pour l'amour de Dieu
Aussi maintenant, Dieu ne veut pas que tu reçoives » Oh,
le malheureux homme! qu'éprouvera-t-il et en voyant la
pénurie présente et en se rappelant l'abondance
passée, et qu'il pouvait, avec les biens qu'il ne peut plus
avoir, acquérir les délices éternelles !
Au quatrième cercle, s'en ira le luxurieux. Ceux qui auront
transformé la voie que Dieu leur avait donnée, seront
plongés dans l'excrément brûlant du diable comme du
blé que l'on cuit; ils y seront enlacés par d'horribles
serpents infernaux. Quant à ceux qui auront péché
avec des prostituées, toutes leurs actions impures se changeront
en union avec les furies infernales qui sont des démons en forme
de femmes; leurs cheveux sont des serpents, leurs yeux du soufre
enflammé, leur bouche est vénéneuse, leur langue
est du fiel, leur corps est tout frisé d'hameçons
recourbés comme ceux avec lesquels on prend l'imprudent poisson,
leurs griffes sont comme celles d'un griffon, leurs ongles sont des
rasoirs et leur sens génital a pour nature le feu. Chaque
luxurieux jouira avec elles des braises infernales qui seront son lit !
Au troisième cercle. descendra le paresseux qui ne veut pas
travailler maintenant. On y bâtit des villes et des constructions
immenses qu'il faut détruire dès qu'elles sont faites
sous prétexte qu'une seule pierre n'est pas bien placée.
Leurs pierres, très grandes. sont placées sur les
épaules du paresseux. Celui?ci n'a pas les mains libres pour se
rafraîchir le corps tandis qu'il marche, ni pour soulever la
charge car la paresse lui a enlevé la force des bras et que ses
pieds sont enchaînés par des serpents infernaux. Ce qui
est pire. derrière lui se trouvent des démons qui le
poussent et le font souvent tomber à terre sous la charge que
personne ne l'aide à soulever; et comme il tarde trop à
la soulever, une double charge lui est imposée !
Au deuxième cercle, descendra le gourmand. Or, ici, la famine est si grande qu'on n'y mange que
des scorpions et des serpents vivants : ils procurent un tel tourment
qu'il vaudrait mieux n'être jamais né que de manger une
telle nourriture.
Des aliments recherchés lui sont bien présentés,
en apparence, par les démons, mais comme il a les mains et les
pieds liés par des chaînes de feu, il ne peut prendre en
main ce vent qui lui parait être un aliment. Et ce qui est pire,
ces scorpions mêmes qu'il mange pour qu'ils lui dévorent
le ventre, ne pouvant sortir vite, déchiquettent ses parties
secrètes. Quand ils sont sortis, souillés et immondes, le
gourmand les remange sales comme ils sont !
Le coléreux descend au premier cercle. II y est outragé
par tous les diables. Tous ceux qui descendent, damnés
inférieurs à lui, se moquent de lui et le frappent. Ils
le font coucher sur la route où ils passent et lui mettent les
pieds sur la gorge. II ne peut se défendre puisqu'il a les mains
et les pieds liés. Ce qui est pire, c'est qu'il ne peut donner
cours à sa colère en outrageant les autres, car sa langue
est accrochée par un clos semblable à celui dont se sert
le bouchers.
En cet endroit maudit, il y aura une peine générale,
commune à tous les cercles, comme on mélange tous les
grains pour en faire un pain, car le feu, la glace, la tempête,
les éclairs, le soufre, la chaleur, le froid, le vent, la rage,
l'épouvante seront tous si bien unis par la justice de Dieu, que
le froid ne tempérera pas le chaud, ni le feu la glace, mais que
chaque chose apportera un tourment au misérable pécheur!
Chapitre 136
En ce lieu maudit, les infidèles demeureront toujours en sorte
que si le monde était plein de grains de mil et si, pour le
vider, un seul oiseau en enlevait un grain tous les cent ans et si les
infidèles ne devaient aller au paradis qu'une fois le monde
vidé, ils demeureraient là avec joie. Mais cette
espérance n'existe pas. Leur tourment ne peut avoir de fin car
ils ne voulurent pas mettre fin à leur péché pour
l'amour de Dieu.
Quant aux fidèles, ils seront soulagés et leur tourment
prendra fin. » En entendant cela, les disciples furent
effrayés et dirent : « Les fidèles doivent-ils donc
aller en
enfer? » Jésus répondit : « Chacun, quel
qu'il soit, doit aller en enfer. Il est vrai toutefois que les saints
et prophètes de Dieu s'y rendront pour voir, sans souffrir
aucune peine et qu'ils n'en retireront que de la crainte.
Mais que dis?je ? le messager de Dieu lui-même s'y rendra pour
voir la justice de Dieu, et l'enfer en tremblera devant lui. Et, comme
il sera de chair humaine, tous ceux qui sont de chair humaine et qui se
trouveront dans la peine, seront exempts de peine aussi longtemps que
le messager de Dieu restera à regarder l'enfer. Mais il y
restera le temps qu'il faut pour fermer et ouvrir les yeux. Dieu fera
cela pour que toute créature sache qu'elle a tiré profit
du messager de Dieu. Quand il s'y rendra, tous les diables chercheront
à se cacher sous les braises ardentes, poussant des cris et se
disant l'un à l'autre : « Fuis, fuis, car voici qu'arrive
Muhammad, notre ennemi ! » En l'entendant, Satan se
frappera la face des deux mains et il dira en poussant des cris :
« A ma honte, tu es plus noble que moi et cela n'est pas juste
!»
Quant aux fidèles, répartis en soixante-douze
degrés, ceux des deux derniers degrés qui auront eu la
foi mais sans faire le bien, ? les uns s'attristant de devoir bien agir
et les autres se réjouissant du mal ?, ils resteront en enfer
soixante-dix mille ans. Après ces années?là,
l'ange Gabriel se rendra en enfer et il entendra dire : « O
Muhammad, où sont les promesses qui nous ont été
faites selon lesquelles ceux qui auront eu la foi ne resteraient pas en
enfer pour toujours? »
Alors l'ange de Dieu retournera au paradis, et après
s'être approché avec révérence du messager
de Dieu il lui racontera tout ce qu'il aura entendu. Le messager
s'adressera alors à Dieu et dira « Seigneur, mon Dieu,
souviens-toi que tu as promis à moi, ton serviteur, que ceux qui
ont reçu ma foi ne resteraient pas en enfer pour
toujours!» Dieu répondra : « Demande tout ce que tu
veux, mon ami, et je te donnerai tout ce que tu demanderas ! »
Chapitre 137
Le messager de Dieu dira alors : « Seigneur, il y a des
fidèles qui sont restés en enfer soixante-dix mille ans!
Où est, Seigneur, ta miséricorde ? Je te prie, Seigneur,
de les libérer de ces peines amères! » Dieu
ordonnera alors à ses quatre anges favoris, d'aller en enfer,
d'en retirer tous ceux qui ont la foi de son messager, et de les
conduire au paradis. Ce qu'ils feront. Tel sera l'avantage de la foi du
messager de Dieu : ceux qui auront cru en lui, même s'ils n'ont
pas bien agi, du moment qu'ils sont morts avec cette fois-là,
iront au paradis après la peine que j'ai dite.
Le matin venu, de bonne heure, tous les hommes de la ville, ainsi que
les femmes et les enfants, vinrent à la maison où
Jésus se tenait avec ses disciples et le supplièrent :
« Seigneur, aie pitié de nous! Cette année, les
vers ont rongé le blé, et il n'y aura pas de pain cette
année dans notre région! » Jésus
répondit : « Comme vous avez peur! Ne savez-vous pas que
pendant les trois années de la persécution d'Achab, Elie,
le serviteur de Dieu n'a pas vu de pain, et ne s'est nourri que
d'herbes et de fruits sauvages ? David, notre père,
prophète de Dieu, persécuté par Saül, demeura
deux ans en ne mangeant que des fruits sauvages et des herbes z ; il ne
mangea que deux fois du pain. » Les hommes répondirent :
« Seigneur, ils étaient prophètes de Dieu, nourris
de joie spirituelle; c'est pour cela qu'ils ont survécu ! Mais
comment feront ces enfants? » Et ils lui montrèrent la
multitude de leurs enfants.
Chapitre 138
Alors Jésus eut pitié de leur misère et dit
« Combien de temps faut-il encore pour la moisson? » Ils
répondirent : « Vingt jours! » Jésus dit
alors : « Faites en sorte que nous employions ces vingt jours
à jeûner et à prier, et Dieu vous fera
miséricorde . En vérité, je vous le dis, c'est
Dieu qui a causé cette pénurie, car c'est en ce lieu que
commença la folie des hommes et le péché
d'Israël, quand ils ont dit que j'étais Dieu ou fils de
Dieu.
Après avoir jeûné dix-neuf jours, au matin du
vingtième, ils virent les champs et les collines couvertes de
blé mûr. Alors ils coururent à Jésus et le
lui dirent. L'ayant entendu, Jésus rendit grâces à
Dieu. Puis il dit : « Allez, frères, récoltez le
pain que Dieu vous a donné! » Les hommes
récoltèrent tant de blé qu'ils ne savaient plus
où le conserver; cela fut cause d'abondance en Israël. Les
habitants de la ville tinrent conseil pour faire de Jésus leur
roi . Le sachant, celui-ci s'enfuit de chez eux, et les disciples
peinèrent quinze jours à le trouver.
Chapitre 139
Celui qui écrit, ainsi que Jacques et Jean, retrouvèrent
Jésus'. Ils dirent en pleurant : « Pourquoi as-tu fui,
Maître ? Pleins de douleur, nous t'avons cherché. Tous tes
disciples te cherchent en pleurant ! » Jésus
répondit : « J'ai fui parce que j'ai appris qu'une
armée de diables me préparait ce que vous verrez
bientôt. Les princes des prêtres et tes anciens du peuple
se dresseront contre moi et prendront pouvoir du gouverneur romain pour
me tuer, de crainte que je ne veuille usurper la royauté en
Israël. En outre, je serai vendu et trahi par un de mes disciples
comme Joseph fut vendu en Egypte ; pourtant Dieu juste le fera tomber
comme dit le prophète David : « II fera tomber dans la
fosse celui qui tend le piège à son prochain. »
Dieu en effet, me sauvera de leurs mains et me retirera du monde.
» Les trois disciples prirent peur et Jésus les
réconforta en disant : « Ne craignez pas, aucun de vous ne
me trahira!» Et ils en reçurent quelque consolation.
Le jour suivant, trente?six disciples de Jésus arrivèrent
deux par deux. En attendant les autres, ils se rendirent à
Damas. Tous étaient affligés, car ils savaient que
Jésus devait s'en aller du monde.
Alors, ayant ouvert la bouche, il dit : « Celui qui marche sans
savoir où il doit aller est évidemment malheureux, mais
beaucoup plus malheureux encore est celui qui, pouvant et sachant
comment arriver à bon port, souhaite s'arrêter, et le veut
sur la route boueuse, dans la pluie et au péril des voleurs.
Dites-moi, frères, ce monde est-il notre patrie ? Sûrement
pas, car le premier homme fut chassé dans le monde comme en
exil, afin d'y souffrir la peine de sa faute. Existe-t-il un seul
exilé qui, se trouvant dans la pauvreté, n'aspire
à retourner dans sa riche patrie? La raison certes le nie, mais
l'expérience le prouve, car les amis du monde ne veulent pas
penser à la mort, et même quand on en parle, ils ne
veulent pas l'entendre.
Chapitre 140
Croyez-vous, ô hommes, que je sois venu dans le monde avec un
privilège qu'aucun homme n'a eu et que n'aura même pas le
messager de Dieu? Notre Dieu ne créa pas l'homme pour le mettre
dans le monde, mais pour le placer dans le paradis. Certes, celui qui
n'attend rien des Romains puisqu'ils sont d'une loi
étrangère à la sienne, ne veut pas quitter sa
patrie et tous ses biens sans y jamais revenir pour aller habiter Rome.
Et beaucoup moins le ferait-il encore s'il se trouvait avoir
offensé César! Aussi je vous le dis en
vérité, et Salomon, prophète de Dieu le crie avec
moi : « Ô mort, comme ta pensée est amère
pour ceux qui se sont reposés dans leurs richesses ! »
Je ne le dis pas comme si je devais mourir maintenant, puisque je suis
sûr de vivre jusque vers !a fin du monde, mais je vous en
parlerai afin que vous appreniez à mourir. Vive Dieu, tout ce
qu'on ne fait qu'une seule fois, on le fait mal. Pour bien faire
quelque chose, il faut s'y exercer. Avez-vous vu les soldats qui, en
temps de paix, s'exercent entre eux comme s'ils étaient en
guerre? Au contraire comment mourra-t-il de bonne mort l'homme qui
n'apprend pas à bien mourir? « Elle est chère
devant Dieu la mort des saints » dit le prophète David.
Savez-vous pourquoi? Je vais vous le dire c'est que toutes les choses
rares sont chères et que la mort de ceux qui meurent bien est
rare. Leur mort est donc chère devant Dieu notre
créateur. Certes, ce que l'homme entreprend, non seulement il
veut le finir, mais encore il s'efforce que son intention arrive
à bonne fin. O malheureux homme, qui apprécie plus ses
chausses que lui-même! En effet, lorsqu'il taille
l'étoffe, il mesure soigneusement
avant de la couper. Une fois coupée, il la coud avec soin. Mais
la vie, qui est née pour mourir ? car seul ne meurt pas celui
qui ne nait pas, pour quelle raison les hommes ne veulent-ils pas la
mesurer à la mort? Avez-vous vu les maçons? A chaque
pierre qu'ils posent, ils visent les fondations' en mesurant si elle
est en place, pour que le mur ne tombe pas. O homme misérable,
la construction de sa vie tombera dans un énorme
écroulement parce qu'il ne vise pas aux fondations,
c'est-à-dire à la mort. »
Chapitre 141
Dites-moi, quand l'homme naît, comment naît-il ? II
naît évidemment nu. Et quand on le met, mort, en terre,
que récolte-t-il ? Un linceul grossier dans lequel on
l'enveloppe; voilà la récompense que lui donne le monde!
Eh bien, si en toute oeuvre les moyens doivent être
proportionnés au commencement et à la fin pour qu'elle
arrive à bonne fin, quelle fin aura donc l'homme qui veut des
richesses terrestres? II mourra, comme dit David prophète de
Dieu : « Le pécheur mourra de mate mort» ! Si un
tailleurs mettait des poutres au lieu de fil dans le trou de l'aiguille
pour coudre les vêtements, comment
réussirait-il son ouvrage ? II travaillerait évidemment
en vain et il serait raillé par ses voisins. Or, l'homme ne
voit-il pas que c'est continuellement ce qu'il fait quand il amasse des
biens terrestres, car la mort est le trou de l'aiguille que les poutres
des biens terrestres ne peuvent pas traverser! Néanmoins, le fou
s'efforce continuellement de faire aboutir son ouvrage, mais en vain !
Celui qui ne croit pas à mes paroles, qu'il regarde les tombes
et il y trouvera la vérité. Celui qui veut devenir plus
sage que les autres, qu'il étudie avec crainte de Dieu le livre
des tombes et il y trouvera la vraie doctrine pour son salut, car en
voyant que la chair humaine est conservée pour être
l'aliment des vers, il saura se garder du monde, de la chair et de la
sensibilité. Dites-moi, s'il y avait une route faite de telle
sorte qu'en marchant au milieu, l'homme irait en
sécurité, tandis qu'en marchant sur les
côtés il se casserait la tête, que diriez-vous de
voir les hommes s'opposer entre eux et rivaliser à qui irait le
plus sur les côtés pour se tuer? Quelle serait votre
stupeur! Vous diriez certainement qu'ils sont fous et
détraqués, et, s'ils ne sont pas détraqués,
qu'ils sont désespérés! » ? « C'est
bien cela! » répondirent les disciples. Alors Jésus
dit en pleurant : « En vérité, ils sont pourtant
comme cela les amis du monde, car s'ils vivaient selon la raison qui se
tient au milieu de l'homme, ils suivraient la loi de Dieu et se
sauveraient de la mort éternelle. Mais en suivant la chair et le
monde, en rivalisant à qui vivra le plus orgueilleusement et le
plus lascivement, ils sont détraqués et ennemis cruels
d'eux-mêmes.
Chapitre 142
Voyant que Jésus avait fui, Judas, le traître, perdit
l'espoir de devenir puissant dans le monde. II tenait en effet la
bourse de Jésus qui contenait ce qui lui avait été
donné pour l'amour de Dieu. Il espérait que Jésus
deviendrait roi d'Israël et qu'ainsi luimême deviendrait un
homme puissant. Ayant perdu cet espoir, il se dit à
lui-même : s'il était prophète, il saurait que je
lui vole les deniers. Sachant que je ne crois pas en lui, il perdrait
patience et me chasserait de son service. S'il' était sage, il
ne fuirait pas l'honneur que Dieu veut lui donner. II vaut donc mieux
que je me mette d'accord avec les princes des prêtres, avec les
scribes et les pharisiens et que je m'arrange pour le livrer entre
leurs mains. Ainsi pourrais-je obtenir quelque bien.
Ayant pris sa décision, il fit savoir aux scribes et aux
pharisiens ce qui s'était passé à Nain. Ceux-ci
tinrent conseil avec le grand prêtre et dirent : « Que
ferons-nous s'il devient roi? Cela ira vraiment mal pour nous, car il
ne peut souffrir nos traditions; il voudra réformer le culte de
Dieu selon la coutume antique. Et que ferons-nous sous la domination
d'un tel homme? Nous périrons certainement tous avec nos
enfants, car, chassés de nos fonctions, nous devrons mendier
notre pain. Nous avons maintenant, Dieu en soit loué, un roi et
un gouverneur étrangers à notre loi. Ils ne s'occupent
pas de notre loi, de même que nous ne nous occupons pas de la
leur. Ainsi nous pouvons faire ce que nous voulons. Et même si
nous péchons, notre Dieu est si miséricordieux qu'il
s'apaise par le sacrifice et par le jeûne. Mais si celui-ci
devient roi, il ne s'apaisera pas tant qu'il n'aura pas vu le culte de
Dieu établi comme l'écrit Moïse. Et ce qui est pire,
il dit que le Messie ne viendra pas de la souche de David comme nous
l'a dit un de ses principaux disciples, mais il dit qu'il viendra de la
souche d'Ismaël et que la promesse fut faite pour Ismaël et
non pour Isaac. Qu'arrivera-t-il si nous le laissons vivre ? Les
Ismaélites gagneront certainement l'estime des Romains qui leur
donneront notre région et Israël sera de nouveau
réduit en esclavage comme il l'a été dans le
passé. »
Ayant entendu ce qu'on proposait, le pontife répondit qu'il
fallait en traiter avec Hérode et avec le gouverneur, «
car la foule est tellement bien disposée à son
égard que sans armée nous ne pourrons rien faire. Plaise
à Dieu qu'avec l'armée nous puissions conclure cette
affaire! » Ayant tenu conseil entre eux, ils
décidèrent alors de le prendre de nuit quand le
gouverneur et Hérode auraient décidé d'intervenir.
Chapitre 143
Comme les disciples étaient tous arrivés à Damas
par la volonté de Dieu, et que ce jour-là Judas le
traître montrait plus que tout autre qu'il avait souffert de
l'absence de Jésus. Jésus dit : «Gardez-vous tous
de celui qui, sans en avoir occasion, s'évertue à vous
démontrer qu'il vous aime! » Dieu nous ôta
l'intelligence pour que nous ne puissions pas comprendre dans quel but
il le dit.
Tous les disciples étant arrivés, Jésus dit :
« Retournons en Galilée car l'ange de Dieu m'a dit qu'il
faut que j'y aille!». Un samedi matin, Jésus parvint
à Nazareth Les habitants de la ville l'ayant reconnu chacun
désirait le voir. Alors un publicain de petite stature
nommé Zachée qui ne pouvait pas voir Jésus
à cause de la grande multitude, grimpa dans un sycomore. II
attendait que Jésus passe par là pour se rendre à
la synagogue?. Parvenu en cet endroit, Jésus leva les yeux et
dit : « achée, descends, car aujourd'hui je veux demeurer
chez toi! ». L'homme descendit, le reçut avec joie et fit
un festin splendide.
Les pharisiens murmuraient et disaient aux disciples de Jésus :
« Pourquoi votre mature est-il entré manger avec des
publicains et des pécheurs ? » lésas
répondit : « Pour quelle raison le médecin
entre-t-il dans une maison? Dites-le moi et je vous dirai pourquoi je
suis entré ici!» Ils répondirent : « pour
soigner les malades!» ? « Vous dites vrai, dit
Jésus, ce ne sont pas ceux qui sont en bonne santé qui
ont besoin du médecin, mais les malades. »
Chapitre 144
Vive Dieu en présence de qui se tient mon âme, Dieu envoie
ses prophètes et serviteurs dans le monde pour que les
pécheurs fassent pénitence. II ne les envoie pas pour tes
justes, car ceux-ci n'ont pas besoin de pénitence; de même
que n'a pas besoin de bain celui qui est propre.
Mais je vous le dis en vérité, si vous étiez
vraiment pharisiens, vous vous réjouiriez que je sois
entré chez les pécheurs pour leur salut. Dites-moi,
savez-vous votre origine et pourquoi le monde commença à
recevoir des pharisiens ? Je vais vous le, dire puisque vous ne le
savez pas. Ecoutez donc mes paroles.
Hénoche, ami de Dieu, qui marcha avec Dieu en
vérité, sans tenir compte du monde, fut transporté
au paradis et y demeure jusqu‘au jugement, car vers la fin du
monde, il reviendra dans le monde avec Elie et un autre. L'ayant
appris, les hommes commencèrent, par désir du paradis,
à chercher Dieu, leur créateur. « Pharisien »
en effet, veut justement dire « cherche Dieu » dans la
langue de Canaan puisque c'est là qu'on commença à
employer ce mot pour railler les bons. Les Cananéens
étaient en effet adonnés à l'idolâtrie,
c'est-à-dire au culte (d'œuvres) de mains humaines. En
voyant ceux de notre peuple qui se tenaient à l'écart du
monde pour servir Dieu, les Cananéens, quand ils en voyaient un,
disaient par mode de raillerie « pharisien »,
c'est-à-dire : « cherche Dieu». comme pour dire :
« fou, tu n'as pas de statues d'idoles et tu adores le vent !
Réfléchis et viens servir nos dieux ! »
En vérité, dit Jésus, je vous le dis, tous les
saints et prophètes de Dieu ont été pharisiens,
non pas de nom, comme vous, mais de fait, car en chacune de leurs
actions ils cherchèrent Dieu leur créateur. Pour l'amour
de Dieu, ils quittèrent les villes et leurs propres biens. Pour
l'amour de Dieu, ils les vendirent et les donnèrent aux pauvres.
Chapitre 145
Vive Dieu, au temps d'Elie, ami et prophète de Dieu, il y avait
douze montagnes habitées par dix-sept mille pharisiens, et il
n'y avait pas un seul réprouvé sur un si grand nombre de
personnes mais tous étaient élus de Dieu. Mais maintenant
qu'Israël a plus de cent mille pharisiens, plût à
Dieu qu'il y eût un élu sur mille! Indignés, les
pharisiens répondirent : « Sommes nous donc tous
réprouvés ? Réprouves-tu notre religion ?
Jésus répondit : « Je ne réprouve pas,
j'approuve au contraire la religion des vrais pharisiens et pour elle
je veux mourir. Mais voyons si vous êtes pharisiens.
A la prière d'Elisée son disciple, Elie, ami de Dieu,
écrivit un petit livre dans lequel il renferma toute la sagesse
humaine ainsi que la loi de Dieu notre Seigneur. » Confus
d'entendre nommer le petit livre d'Elie, les pharisiens qui savaient
par leurs traditions que personne n'observait cette doctrine, voulaient
s'en aller sous prétexte d'avoir à faire.
Jésus dit alors : « Si vous êtes pharisiens, vous
abandonnerez toute autre affaire pour vous occuper de celle?ci, car le
pharisien ne cherche que Dieu ! » Confus, ils
s'arrêtèrent donc pour écouter Jésus qui
reprit : « Elie, serviteur de Dieu – ainsi commence le
petit livre ? écrit ceci à tous ceux qui désirent
marcher avec Dieu leur créateur.
Ceux qui désirent apprendre beaucoup, craignent peu Dieu, car
pour qui craint Dieu, il suffit de savoir ce que Dieu veut. Ceux qui
cherchent de belles paroles, ne cherchent pas Dieu qui ne fait rien
d'autre que nous reprendre de nos péchés.
Ceux qui veulent chercher Dieu, qu'ils ferment les portes et les
fenêtres de leur maison, car le maître ne se laisse pas
trouver hors de la maison, là où il n'est pas
aimé. Fermez donc vos sens et gardez votre coeur, car Dieu ne se
trouve pas hors de nous, dans ce monde où il est haï.
Ceux qui veulent bien agir, qu'ils fassent attention à
eux-mêmes, car il ne sert à rien de gagner le monde entier
et de perdre son âme.
Ceux qui veulent enseigner autrui, qu'ils vivent mieux que les autres,
car on n'apprend rien de celui qui sait moins que nous. Est-ce que le
pécheur amende sa vie quand il entend un plus mauvais que lui
l'enseigner?
Ceux qui cherchent Dieu, qu'ils fuient la fréquentation; des
hommes, car Moïse, seul sur le mont Sinaï, trouva Dieu et
parla avec lui comme fait un ami qui parle avec son ami.
Ceux qui cherchent Dieu sortiront une seule fois par mois dans le monde
où sont les hommes, car celui qui cherche Dieu peut en un seul
jour agir pour deux ans en ce qui concerne ses affaires. Quand il
marche, qu'il ne regarde que ses pieds; quand il parle, qu'il ne dise
que le nécessaire; quand il mange, qu'il se lève de table
en ayant faim; que chaque jour il pense qu'il ne parviendra pas au
suivant : qu'il utilise son temps comme on use son souffle, qu'un habit
de peaux de bêtes lui suffise
qu'il dorme sur la terre nue puisqu'il est tas de terre lui-même
; chaque nuit, deux heures lui suffiront pour dormir; qu'il ne
haïsse personne, sinon lui-même : qu'il ne condamne
personne, sinon lui-même ; dans la prière, qu'il se tienne
dans la crainte comme s'il se trouvait déjà au jugement
à venir !
« Eh bien, observez cela dans le service de Dieu, ainsi que la
loi que Dieu vous a donnée par Moïse, et vous trouverez
Dieu. En tous temps et lieux vous trouverez que vous êtes en Dieu
et que Dieu est en vous. »
C'est cela le petit livre d'Elie, pharisiens! C'est pourquoi je vous le
dis encore, si vous étiez pharisiens vous seriez heureux que je
sois entré ici, car Dieu a pitié des pécheurs.
Chapitre 146
Zachée dit alors : « Seigneur, voici que je veux donner
pour l'amour de Dieu quatre fois plus que ce que j'ai reçu par
usure! » Jésus dit alors : « Aujourd'hui le salut
est venu à cette maison ! En vérité, en
vérité, beaucoup de publicains, de prostituées et
de pécheurs entreront dans le royaume de Dieu et ceux qui se
croient justes s'en iront aux flammes éternelles!» Ce
qu'ayant entendu, les pharisiens partirent, indignés.
Jésus dit alors à ceux qui s'étaient convertis
à l'état de pénitence' et à ses disciples :
« Un père de famille avait deux fils. Le plus jeune dit :
Père, donne-moi ma part de biens!» Son père la lui
donna. Sa part reçue, il s'en alla en pays lointain où il
dépensa tout son bien avec des prostituées en vivant dans
la luxure. II advint une si grande famine dans ce pays que le
malheureux alla servir un habitant de la ville qui le mit à
paître les porcs de sa ferme. En les gardant, il trompait sa faim
en mangeant avec eux des glands de chêne. Rentré en
lui-même, il dit : « Combien abondent en festins dans la
maison de mon père, et moi ici je meurs de faim! Je me
lèverai donc, j'irai chez mon père et je lui dirai :
«Père, j'ai péché contre le ciel (et) contre
toi! Fais pour moi comme pour l'un de tes serviteurs!»
Le pauvre partit et il arriva ceci que le père le vit venir de
loin et qu'il fut pris de compassion pour lui. II sortit à sa
rencontre. Arrivé à son fils, il le prit dans ses bras et
l'embrassa. Le fils se prosterna et dit : « Père, j'ai
péché contre le ciel (et) contre toi, fais pour moi comme
pour l'un de tes serviteurs, car je ne suis pas digne d'être
appelé ton fils ! » Le père répondit :
« Ne dis pas cela, fils, tu es mon fils et je ne souffrirai pas
que tu sois comme l'un de mes
serviteurs. » Ayant appelé ses serviteurs, il dit «
Apportez ici des vêtements neufs, habillez mon fils que voici,
donnez-lui de nouvelles chaussures, mettez-lui l'anneau au doigt, tuez
vite le veau gras et faisons fête, car mon fils que voilà
était mort et il est ressuscité, il était perdu et
il est retrouvé! »
Chapitre 147
Tandis qu'on faisait fête dans cette maison, le fils
aîné revint. En entendant qu'on faisait fête, il
s'étonna, appela un serviteur et lui demanda pour quelle raison
on faisait une telle fête. « Ton frère est revenu,
lui répondit le serviteur, ton père a tué le veau
gras et ils font un festin. » En l'entendant, le fils ainé
se mit fort en colère et ne voulut pas entrer dans la maison.
Alors le père sortit vers lui et lui dit « Fils, ton
frère est revenu, viens donc te réjouir avec lui!»
Indigné, le fils répondit : « Je t'ai
toujours servi d'un bon service et tu ne m'as jamais donné
un agneau pour manger avec mes amis. Et ce méchant qui t'a
quitté en gaspillant toute sa part avec des prostituées,
maintenant qu'il est revenu, tu as tué le veau gras! » Le
père répondit : « Fils, tu es toujours avec moi et
tout t'appartient, mais il était mort et il est
ressuscité, il était perdu et il est retrouvé ! II
faut donc se réjouir!» Le fils aîné s'irrita
encore plus et dit : « Vas-y toi-même, réjouis-toi,
car moi je ne veux pas manger à la table des fornicateurs !
» Et il quitta son père sans recevoir un seul denier. Vive
Dieu, dit Jésus, ainsi fait?on fête chez les anges de Dieu
pour un seul pécheur qui fait pénitence.»
Quand ils eurent mangé, il s'en alla parce qu'il voulait se
rendre en Judée. « Maître, dirent alors les
disciples, ne va pas en Judée; nous savons que les pharisiens et
le souverain pontife ont tenu conseil contre toi!» Jésus
répondit : « Avant qu'ils l'aient fait je le savais', mais
je ne crains pas car ils ne peuvent rien faire contre la volonté
de Dieu. Qu'ils fassent donc ce qu'ils veulent : ce n'est pas eux, mais
Dieu que je crains. »
Chapitre 148
Or dites-moi, les pharisiens aujourd'hui sont-ils pharisiens? Sont-ils
serviteurs de Dieu? Sûrement pas ! Aussi je vous le dis en
vérité, il n'y a rien de pire sur cette terre qu'un homme
qui se couvre de la profession et de l'habit religieux pour couvrir sa
propre scélératesse.
Je veux vous dire un seul exemple des anciens pharisiens pour que vous
connaissiez ceux d'aujourd'hui. Après le départ d'Elie,
cette sainte congrégation des pharisiens' se dispersa
persécutée par les idolâtres;. Du temps même
d'Elie, en effet, en une seule année furent tués dix
mille prophètes qui étaient de vrais pharisiens.
Deux pharisiens allèrent habiter sur les montagnes. Ils y
restèrent quinze ans sans rien savoir l'un de l'autre bien
qu'ils fussent voisins à une heure de route. Voyez comme ils
étaient curieux ! Une grande sécheresse advint sur ces
montagnes et tous deux se mirent à chercher de l'eau. C'est
ainsi qu'ils se rencontrèrent. Le plus âgé dit
alors, « car selon l'usage, les plus anciens parlaient avant
quiconque et ils tenaient pour grand péché qu'un jeune
parlât avant un ancien ?, le plus ancien, dis-je ", dit : «
Où habites-tu, frère » L'autre répondit en
lui montrant l'endroit du doigt : « J'habite là, »
car ils étaient proches de l'endroit où habitait le plus
jeune. L'ancien demanda : « Depuis combien de temps habites-tu
là frère ? » -« Depuis quinze ans »
répondit le jeune. L'ancien reprit : « Peut-être
es-tu venu quand Achab tuait les serviteurs de Dieu? » - «
C'est cela! » répondit le jeune. Et l'ancien : «
Sais-tu, frère, qui est maintenant roi d'Israël » Le
jeune répondit : « Frère, c'est Dieu le roi
d'Israël, car les idolâtres ne règnent pas sur
Israël, ils le persécutent ! » - C'est vrai, dit
l'ancien, c'est pourquoi j'ai voulu dire : qui est-ce qui
persécute Israël maintenant? » - « Ce sont les
péchés d'Israël qui persécutent Israël,
répondit le plus jeune, car s'ils n'avaient pas
péché, il n'enverrait pas les princes idolâtres
contre Israël. » - « Quel est donc, dit l'ancien, ce
prince infidèle que Dieu a envoyé pour le châtiment
d'Israël?» - «Comment le saurais-je, répondit
le jeune, en quinze ans je n'ai vu que toi; et comme je ne sais pas
lire, on ne m'enverra pas de lettres.» L'ancien reprit :
«Comme tes peaux de brebis sont neuves ! qui te les a
données si tu n'as pas vu d'hommes ? »
chapitre 149
Le plus jeune répondit : «Celui qui pendant quarante ans
conserva en bon état dans le désert les vêtements
du peuple d'Israël a conservé ces peaux telles que tu les
vois. »
L'ancien reconnut alors que le jeune était plus parfait que lui
qui avait traité chaque année avec les hommes, et pour
obtenir de le fréquenter, il dit « Frère, tu
ne sais pas lire. Moi, je sais lire et j'ai chez moi les psaumes de
David. Viens donc, chaque jour je te ferai une lecture et je
t'expliquerai ce que dit David ! » Le jeune répondit :
« Allons-y maintenant ! » L'ancien reprit : «
Frère, il y a deux jours que je n'ai pas bu d'eau. Cherchons
donc un peu d'eau! » Le plus jeune répondit : «
Frère, il y a maintenant deux mois que je n'ai pas bu d'eau,
mais allons voir ce que dit Dieu par son prophète David! Le
Seigneur est assez puissant pour nous donner de l'eau ». Et ils
revinrent à l'habitation de l'ancien. A sa porte, ils
trouvèrent une source d'eau vive. L'ancien dit : «
Frère, tu es saint de Dieu, c'est donc pour toi que Dieu a
donné cette source! Le jeune répondit : «Tu dis
cela par humilité, frère, mais il est certain que si Dieu
faisait cela pour moi, il aurait fait une source près de mon
habitation pour que je ne m'en aille pas. Je t'avoue en effet, que j'ai
péché contre toi quand tu m'as dit que tu cherchais de
l'eau étant donné que tu n'avais pas bu depuis deux jours
tandis que moi j'étais resté deux mois sans boire. Alors,
j'ai senti de l'exaltation dans ma sensibilité, comme (si
j'étais) meilleur que toi. » L'ancien dit alors :
«Tu as dit la vérité, frère, tu n'as donc
pas péché! » - « Frère, dit le jeune,
tu as oublié ce que dit notre père Elie : celui qui
cherche Dieu ne doit condamner que lui-même. Il est
évident qu'il ne l'a pas écrit pour que nous le sachions
mais pour que nous l'observions! » Reconnaissant la
vérité et la justice de son compagnon, le plus
âgé dit « C'est vrai, mais notre Dieu t'a
pardonné . »
Cela dit, il prit les psaumes et lut ce que dit notre père David
: « Je mettrai une garde à ma bouche, pour que ma langue
ne se laisse pas aller à des paroles de malice en excusant les
péchés.» Ici, le plus âgé fit un
discours sur la langue; puis le plus jeune s'en alla.
Ils restèrent ensuite quinze autres années avant de se
retrouver parce que le jeune changea d'habitation. L'ayant donc
retrouvé, l'ancien dit : « Pourquoi n'es-tu pas revenu
chez moi, frère ? Le jeune répondit : « parce que
je n'ai pas encore bien appris ce que tu m'as dit» -
«Comment est-ce possible, dit l'ancien, puisque quinze ans se
sont écoulés ? » - « Les paroles,
répondit le jeune, je les ai apprises en une heure et je ne les
ai jamais oubliées, mais je ne les ai pas encore
observées. A quoi bon apprendre trop et ne pas observer? Notre
Dieu ne désire pas que notre intelligence soit bonne, mais que
notre coeur soit bon. C'est pourquoi il ne nous demandera pas, au jour
du jugement, ce que nous aurons appris mais ce que nous aurons
fait. »
Chapitre 150
L'ancien reprit : «Ne parle pas ainsi, frère, tu
méprises la science et notre Dieu veut qu'on l'apprecie.»
Le jeune répondit : «Comment parlerais-je donc maintenant
pour ne pas tomber dans le péché? Car ta parole est vrai
et5 la mienne aussi! Je dirai donc que ceux qui connaissent les
commendements de Dieu écrits dans la loi doivent les observer
s'ils veulent ensuite savoir apparendre davantage. Tout ce qu'ils
apprendront, que ce soitb pour l'observer non pas pour le savoir
!»
L'ancien reprit : «Frère, dis-moi avec qui tu parles
puisque tu reconnais que tu n'as pas appris ce que j'ai dit !» -
«Frère, dit le plus jeune, je parle avec moi-même.
Chaque jour en effet, je met devant moi le jugement de Dieu pour rendre
compte de moi-même et toujours je sens en moi quelqu'un qui
excuse mes défauts. » L'ancien demanda :
«Frère, quels défauts as-tu puisque tu es parfait
?» - «Ne parle pas ainsi, frère, répondit le
plus jeune; je me trouve entre deux grands défauts. L'un,
c'est que je ne sais pas que je suis le plus grand pécheur.
L'autre c'est que je ne désire pas plus que quiconque en faire
pénitence.»
L'ancien reprit : «Comment saurais-tu que tu es le plus grand
pécheur, puisque tu-es le plus parfait ?» Le jeune
répondit : «Quand j'ai pris l'habit de pharisien, la
première parole que me dit mon maître fut que je devais
considérer la bonté des autres et ma propre malice. Si je
le faisais, je saurais que je suis le plus grand pécheur »
- «En qui vois-tu bonté et défaut, dit l'ancien,
puisqu'il n'y a pas d'homme dans sur ces montagnes? Le plus jeune
répondit : «Je devrais voir l'obeissance du soleil et des
planètes; ils servent leur créateur mieux que moi;
et moi je les condamne, soit parce qu'ils ne font pas autant de
lumière queje voudrais, soit parce qu'ils chauffent trop, soit
parce qu'ils arrosent trop ou trop peu le sol.»
Entendant cela, l'ancien dit : «Frère, où as-tu
appris cette doctrine, car j'ai quatre-vingt-dix ans, dont
soixante-quinze passé comme pharisien ...?» -
«Frère, répondit le plus jeune, tu dis cela par
humilité, car tu es saint de Dieu; mais je te réponds que
Dieu, notre créateur ne considère pas le temps, mais le
coeur. C'est pourquoi David, de quinze ans plus jeune que ses six
frères, fut élu roi d'Israël et devint
prophète de Dieu notre Seigneur.»
Chapitre 151
Celui-là était un vrai pharisien, dit Jésus
à ses apôtres. Plaise à Dieu que nous puissions, au
jour du jugement, l'avoir pour ami.»
Jésus monta donc sur un bateau. Les disciples regrettaient
d'avoir oublié d'emporter du pain, Jésus les
réprimenda en disant : «Gardez-vous du levain des
pharisiens d'aujourd'hui, car un peu de levain gâte toute une
masse de farine! » Les disciples se dirent alors l'un
à l'autre : «Mais quel levain avons-nous? Nous n'avons
même pas le pain! » Jésus dit alors : «Hommes
de peu de foi, vous avez donc oublié ce que Dieu a fait à
Naïn où il n'y avait pas signe de blé, et combien
mangèrent et furent rassasiés par cinq pains et deux
poissons ? Le levain du pharisien, c'est de se défier de Dieu et
de ne penser qu'à soi; il a corrompu non seulement les
pharisiens du temps présent, mais il a corrompu Israël, car
les simples, ne sachant pas lire et tenant les pharisiens pour saints,
font ce qu'ils leur voient faire.
Savez-vous ce qu'est le vrai pharisien ? C'est l'huile de la nature
humaine, car de même que l'huile se tient au-dessus de tout
liquide, ainsi la bonté du vrai pharisien se tient au-dessus de
toute bonté humaine. C'est un livre vivant que Dieu donne au
monde, car tout ce qu'il dit et fait est selon la loi de Dieu. Le vrai
pharisien, c'est du sel qui ne laisse pas corrompre la chaire de
l'homme par le péché, car tous ceux qui le voient se
soumettent à pénitence. C'est une lumière qui
illumine la route des pélerins, car tous ceux qui
considèrent sa pauvereté et sa pénitence savent
que notre coeur ne doit pas s'arrêter en ce monde. Mais ce que
fait l'huie rance, le livre corrompu, le sel affadi et la
lumière éteinte, c'est cela que fait le faux pharisien!
Si donc vous ne voulez pas périr, prenez garde de faire ce que
font les pharisiens d'aujourd'hui. »
Chapitre 152
Parvenu à Jérusalèm, Jésus entra dans le
temple un jour de sabbat, Les soldats s'approchèrent de lui pour
le tenter et se saisir de lui, Ils dirent : «Maître, est-il
permis de combattre? » Jésus répondit :
«Notre foi nous dit que notre vie est un combat continuel
.»
Les soldats reprirent : «Tu veux donc nous convertir à ta
foi, et tu veux que nous abandonnions la multitude des dieux - Rome
seule en a vingt-huit mille que l'on voit - pour suivre ton Dieu qui
est unique, mais comme on ne le voit pas, on ne sait pas où il
est et peut-être n'est-il qu'une illusion. » Jésus
répondit : «Si moi je vous avais créés comme
notre Dieu vous a créés, je chercherais à vous
convertir. » Ils répondirent : «Comment ton Dieu
nous a-t-il créés puisqu'on ne sait pas où il est
? Montre-nous ton Dieu et nous devienderons juifs! »
Jésus dit alors : «Si vous aviez des yeux pour voir, je
vous le montrerais, mais parceque vous êtes aveugles, je ne peux
pas vous le montrer.» Les soldats répondirent :
«Pour sûr, l'honneur que te fait ce peuple doit t'avoir
ôté de raison, car chacun de nous a deux yeux dans la
figure et tu dis que nous sommes aveugles! » Jésus
répondit : «Les yeux charnels ne peuvent voir que des
choses grossières et extérieures; vous ne pourrez donc
voir que vos dieux de bois, d'argent et d'or qui ne peuvent rien faire.
Mais nous de Juda, nous avons des yeux spirituels qui sont la crainte
et la foi de notre Dieu; c'est pourquoi en tout lieu nous pouvons voir
notre Dieu. »
Les soldats répondirent : «Prends garde à ce que tu
dis, car si tu méprise nos dieux, nous te livrerons entre les
mains d'Hérode et il vengera nos dieux qui sont
tout-puissants.» Jésus répondit : «S'ils sont
tout-puissants, comme vous le dites, pardonnez-moi, je veux les adorer
aussi. » Les soldats se réjuirent en l'entendant et ils
commencèrent à faire l'éloge de leurs idoles.
Jésus dit alors : «En cette affaire, il n'y a pas besoin
de paroles, mais de faits. Faites donc que vos dieux créent une
mouche et alors je veux les adorer !»
En l'entendant, les soldats furent déconcertés, et ils ne
savaient que dire. Jésus dit donc : «Il est évident
que s'ils ne font pas une seule mouche à partir de rien, je ne
veux pas à cause d'eux abandonner ce Dieu qui a tout
créé d'une seule parole et dont le nom seul
épouvante les armées. » Les soldats
répondirent : «Eh bien, fais-nous voir cela, car nous
allons te prendre! » Et ils voulaient mettre la main sur lui.
Jésus dit alors : «Adonaï Sabaot ! »
Aussitôt les soldats furent poussés hors du temple comme
on pousse les tonneaux quand on les lave pour y mettre du vin, de telle
sorte que pieds et têtes frappaient la terre à tour de
rôle sans que personne les ait touchés. Ils furent pris
d'une telle et ils s'enfuirent si loin qu'on ne les vit plus en
Judée.
Chapitre 153
Les prêtres et les pharisiens murmuraient entre eux et disaient :
«Il a la sagesse de Baal et d'Astaroth; c'est en vertu de Satan
qu'il a fait cela !» Ayant ouvert la bouche, Jésus dit :
«Notre Dieu a commandé qu'on ne dérobe pas ce qui
appartient à notre prochain; depuis, ce seul précept est
tellememnt violé et contaminé qu'il a rempli le monde de
péché, et d'un péché qu'il ne sera jamais
remis comme on remet les autres péchés; en effet, si on
les regrette, si on les commet plus, si on jûne, si on prie et si
on fait l'aumône, notre Dieu puissant et miséricordieux
les pardonnes, mais ce péché-là est tel qu'il ne
sera jamais remis à moins qu'on ne rende ce qu'on a
enlevé à tort !»
Un scribe dit alors : «Maître, comment le
péché de vol a-t-il rempli le monde? Il est
évident qu'à présent, grâce à Dieu,
il n'y a que peu de voleurs, et à peine les a-t-on vus qu'ils
sont immédiatement arrêtés par la malice. »
Jésus répondit : «Ceux qui ne connaissent pas quels
sont les biens, ne peuvent connaître quels sont les voleurs. Et
même en vérité je vous le dis, beaucoup volent et
ne savent pas ce qu'ils font. Aussi leur péché est-il
plus grand que celui de autres, car la maladie qui n'est pas connue ne
se guérit pas. »
Les pharisiens s'approchèrent alors de Jésus et dirent :
«Maître, puisque toi seul en Israël connais la
vérité, enseigne-nous !» Jésus
répondit : «Je ne dis pas que je suis seul à
connaître la vérité, parce que ce mot "seul"
n'appartient qu'à Dieu et non au autres; c'est lui qui est la
vérité, et c'est lui seul qui connaît la
vérité. Si je dirais donc cela, je serais un voleur plus
grand encore car car je volerais l'honneur de Dieu. Si je disais que je
suis le seul à savoir, Dieu me ferait tomber dans une ignorance
plus grande que celle des autres. Aussi avez-vous fait un grave
péché en disant que j'étais seul à
connaître la vérité. Je vous le dis, si vous
l'avezit pour me tenter, c'est un péché plus grand encore
!»
En voynt alors que tous se taisaient, Jésus ajouta : «Bien
que je ne sois pas le seul en Israël #a connaître la
vérité, je parlerais seul. Ecoutez-moi donc puisque
vous m'avez intérrogé. Tout ce qui est créé
appartient au créateur, si bien que rien ne peut
prétendre à rien. C'est pourquoi l'âme, la
sensibilité, la chair, le temps, les biens et l'honneur, tout
est à Dieu, et si on les aquiet pas comme Dieu le veut, on
devient un voleur. C'est pourquoi je vous dis : Vive Dieu en
présence de qui se tient mon âme, lorsque vous prennez
votre temps en disant : «Demain, je ferai ceci, je dirai cela,
j'irai en tel endroit », et en ajoutant pas : «Si Dieu le
veut », vous êtes des voleurs. Et vous êtes des
voleurs plus grands encore quand vous dila pidez le meilleur de votre
temps à votre plaisir et non au plaisir de Dieu. Et quand vous
employez le plus mauvais de votre temps au service de Dieu, vous
êtes vraiment voleurs. Celui qui commet le péché,
quel qu'il soit, est un voleur, parce qu'il vole le temps, l'âme,
et sa propre vie qui doit servir Dieu et qu'il la donne à Satan
ennemi de Dieu.
Chapitre 154
Donc si un homme possède l'honneur, la vie et les biens, et
qu'on lui vole sa richesse, le voleur sera pendu. Si on lui
enlève la vie, le meurtrier sera décapité. Et cela
est juste, parce que l'a ordonné. Mais si on vole l'honneur du
prochain, pourquoi le voleur n'est-il pas crucifié ? Les biens
sont-ils préférable à l'honneur ? Dieu a-t-il
ordonné que celui qui vole les biens soit puni, que celui qui
vole la vie et les biens soit puni, mais que celui qui vole l'honneur
soit sauf ? Certainement pas ! Car c'est à cause de leurs
récriminations que nos pères n'entrèrent pas
à la terre promise, mais plutôt leurs fils; et c'est
à cause de ce péché que les serpents
tuèrent environ soixante-dix mille personnes de notre peuple.
Vive Dieu en présence de qui se tient mon âme, celui qui
vole l'honneur est digne d'une plus grande peine que celui qui voles
les biens et la vie de l'homme. Et celui quyi écoute celui qui
récrimine est semblablement coupable parce qu'un l'un
reçoit Satan sur la langue et l'autre dans les oreilles !»
Les pharisiens se consumaient de rage en l'entendant, car ils ne
pouvaient condamner ses paroles. Un docteur s'approcha alors de
Jésus et lui dit : «Bon Maître, dis-moi pour quelle
raison Dieu a interdit le froment et la pomme à nos
pères. Puisqu'il savait qu'ils devaient tomber, il aurait
dû leur permettre le froment ou alors ne pas le laisser voir
à l'homme !» Jésus répondit : «Homme,
tu m'appelles bon, mais tu te trompes, Dieu seul est bon. Et tu trompes
beaucoup plus quand tu parles, car Dieu n'a pas agi selon ta servelle.
Pourtant je te répondrai à tout. Je te le dis don, quand
Dieu notre créateur agit, il ne se conforme pas à nous.
Il n'est donc pas permis à la créature de chercher sa
manière et sa convenance, mais bien l'honneur de Dieu, son
créateur, afin que la créature dépende du
créateur et non pas le créateur de la créature.
Vive Dieu, en présence de qui se tient mon âme, si Dieu
avait tout pemisà l'homme, l'homme n'aurait pas su qu'il est
serviteur de Dieu, et il se serait cru maître du paradis. C'est
pourquoi le créateur - qui est béni à jamais - lui
interdit cet aliment afin que l'homme se tienne soumis à lui. Je
te le dis en vérité, celui qui a l'oeil clair voit tout
clairement et il tire lumière des ténèbres
elles-mêmes, ce que ne fait pas l'aveugle. Je te le dis donc, si
l'homme n'avait pas péché, nous ne connaîtrions
pas, ni toi ni moi, la miséricorde de Dieu ni sa justice. Et
Dieu avait fait l'homme inpeccable, celui-ci aurait été
en cela égale à Dieu. Aussi le Dieu béni
créa-t-il l'homme bon et juste, mais libre de faire ce qui lui
plaît de sa propre vie : salut ou damnation. » le docteur
fut stupéfait et il s'en alla confus.
Chapitre 155
le pontife appela alors secrètement deux vieux prêtres et
les envoya à Jésus. Celui-ci était sorti du temple
et s'était assis sous la portique de Salomon en attendant
l'heure de la prière de midi pour prier. Près de lui, se
tenaient ses disciples et une multitude de peuple. Les prêtres
s'approchèrent de Jésus et dirent : «Maître,
pour quelle raison l'homme mangea-t-il le froment et la pomme ? Dieu
voulut-il qu'ils les mangeât ou bien non ? » Ils dirent
cela pour le tenter, car s'il disait : «Dieu le voulut .»,
ils allaient répondre : «Pourquoi l'interdit-il? »
Et s'il disait : «Dieu ne le voulut pas », ils allaient
dire : «L'homme peut donc plus que Dieu puisqu'il agit contre la
volonté de Dieu.»
Jésus répondit : «Votre demande est comme le chemin
de la montagne; il y a un précipice à droite et à
gauche, mais je marcherai au milieu.» En entendant cela, voyant
qu'il connaissait leur coeur, les prêtres furent confus,
Jésus dit alors : «Tout homme agit pour son
utilité, selon les besoins qu'il a. Mais Dieu qui n'a besoin de
rien, agit pour son bon plaisir. En creéant l'homme, il le
laissa libre pour qu'il sache que Dieu n'a pas besoin de lui, comme
fait un roi par exemple, qui donne la libérté à
ses serviteurs pour montrer sa richesse et pour que ses serviteurs l'en
aiment davantage. Dieu créa donc l'homme libre pour qu'il en
aime bien plus son créateur et qu'il reconnaisse sa
libéralité. En effet, bien que Dieu soit tout-puissant et
qu'il nit pas besoin de l'homme puisqu'il l'a créé par sa
toute puissance, il l'a laissé libre, dans sa liberté; il
peut donc résister au mal et faire le bien. Dieu eût pu
faire obstacle au péché, mais il ne voulut pas contredire
sa libéralité - il n'y a pas de contradiction en Dieu -
afin que, comme je l'ai dit, la toute-puissance et la
libéralité qui avaient agi dans l'homme ne s'opposent pas
au péché de l'homme et que la miséricorde de Dieu
et sa justice puissent agir dans l'homme. Pour signe que je dis la
vérité, je vous dis que le pontif vous a envoyés
pour me tenter. C'est cela le fruit de son sacerdoce !» Les
vieillards partirent et racontèrent tout cela au pontif.
Celui-ci dit : «Il a le diable au corps qui lui raconte tout, car
il aspir à régner sur Israël. mais Dieu y pourvoira
!»
Chapitre 156
En sortant du temple après la prière de midi,
Jésus rencontra un aveugle de naissance. Les disciples
l'intérrogèrent : «Maître, qui a
péché en lui pour qu'il soit né aveugle, son
père ou sa mère ?» Jésus répondit :
«Ni son père, ni sa mère n'ont péché
en lui, mais Dieu l'a créé ainsi en témoigne de
l'évangile !» Ayant appelé l'aveugle près de
lui, il cracha par terre, fit de la boue, la mit sur les yeux de
l'aveugle et lui dit : «Va à la piscine de Siloë et
lave-toi !» L'aveugle y alla et s'étant lavé, il
vit Comme il s'en retournait chez lui, beaucoup de ceux qui le
rencontraient disaient : «Si celui-là était
aveugle, je dirais certainement que cèst lui qui s'asseyait
à la belle porte du temple !» D'autres disaient :
«C'est lui, mais comment voit-il ?» Et ils le retenaient en
disant : «Es-tu l'aveugle qui s'asseyait à la belle porte
du temple ?» Il répondit : «C'est moi, pourquoi
?» Ils dirent : «Comment donc se fait-il que tu voies
?» Il répondit : «Un homme fit de la boue en
crachant par terre, il me mit cette boue sur les yeux et il me dit :
«Va et lave-toi à la piscine de Siloë !» J'y
suis allé, je me suis lavé et maintenant je vois. Que
soit béni le Dieu d'Israël !» Quand
l'aveugle-né fut revenu à la belle porte du temple,
Jérusalème entière fut remplie de cette nouvelle.
Alors on le conduisit au prince des prêtres Celui-ci complotait
complotait contre Jésus avec les prêtres et les
pharisiens. Le pontif l'interrogea en disant : «Homme, n'es-tu
pas né aveugle ?» - «Oui !»
répondit-il. «Eh bien, rends gloire à Dieu, dit le
pontife, et dis-nous quel prophète t'est apparu en songe qui t'a
donné la lumière ? Ce fut notre père Abraham ou
Moise, serviteur de Dieu, ou quelque autre prophète, car les
autres ne peuvent faire une telle chose !» L'aveugle-né
répondit : «Je n'ai vu en Abraham, ni Moise, ni aucun
prophète qui m'ait guéri; mais alors que j'étais
à la boue avec son crachat, il mit de cette boue sur mes yeux et
m'envoya me laver à la piscine de Siloë. J'y suis
allé, je me suis lavé et je suis revenu avec la
lumière de mes yeux.» Le pontife lui demanda le nom de cet
homme. L'aveugle-né répond : «Il ne m'a pas dit son
nom, mais un homme qui a vu cela m'appela pour me dire : «Va te
laver comme a dit cet homme, car c'est Jésus de Nazareth,
prophète et saint de Dieu d'Israël.» Le pontife dit
alors : «Est-ce aujourd'hui qu'il t'a guéri, jour de
sabbat ?» L'aveugle répondit : «C'est aujourd'hui
qu'il m'a guéri.» Le pontif dit : «Eh bien, tu vois
comme est pécheur celui qui n'observe pas le sabbat !»
Chapitre 157
L'aveugle-né répondit : «Qu'il soit pécheur,
je ne sais pas, mais je sais que j'étais aveugle et qu'il m'a
donné la lumière !» Les pharisiens ne le crurent
pas. Ils dirent donc au pontife : «Qu'on envoie chercher son
père et sa mère : ils nous diront la vérité
!» Ils envoyèrent donc chercher le père et la
mère de l'aveugle. Quand ils furent arrivés, le pontife
les interrogea : «Est-ce que celui-ci est votre fils ?» Ils
répondirent :«C'est vraiment notre fils !» Le
pontife dit alors : «Il dit qu'il est né aveugle et
maintenant il voit Comment cela est-il arrivé ?» Le
père et la mère de l'aveugle-né répondirent
: «Il est vraiment né aveugle, mais nous ne savons pas
comment il a recu la lumière. Il a l'âge, interrogez-le,
il vous dira la vérité !» Alors on les
congédia et le pontife s'adressa à nouveau à
l'aveugle-né : «Rends gloire à Dieu, dit-il, et
dis-nous la vérité !»
Le père et la mère craignirent de parler parcequ'un
décret du sénat romain était arrivé selon
lequel personne ne devait se quereller pour Jésus,
prophète des Juifs, sous peine de mort; c'est ce qu'avait
réclamé le gouverneur. C'est pourquoi ils avaient dit :
«Il a l'âge, interrogez-le !»
Le pontife, dis-je, dit à l'aveugle-né : «Rends
gloire à Dieu, et dis-nous la vérité, car nous
savons que cet homme dont tu dis qu'il t'a guéri est un
pécheur! » L'aveugle-né répondit :
«Qu'il soit pécheur, je ne sais pas, mais ce que je sais
c'est que je ne voyais pas et qu'il m'a donné la lumière
! Il est certain que depuis le commencement du monde jusqu'à
maintenant aucun aveugle-né n'a recu la lumière et que
Dieu n'exauce pas les pécheurs !» Les pharisiens dirent :
«Mais comment fit-il quand il t'a donné la lumière?
» L'aveugle-né s'étonna alors de leur
incrédulité et dit : «Je vous l'ai dit! Pourquoi
donc m'interrogez-vous à nouveau? Ne voulez-vous pas, vous
aussi, devenir ses disciples? » Le pontif le maudit alors en
disant : «Tu es né tout entier dans le péché
et tu veux nous enseigner! Va-t-en et deviens toi-même disciple
de cet homme, car nous, nous sommes disciples de Moise et nous savons
que Dieu a parlé à Moise; mais lui nous ne savons pas
d'où il est.» Ils le chassèrent hors de la
synagogue et du temple en lui interdisant de prier avec les purs
d'Israël.
Chapitre 158
L'aveugle-né alla trouver Jésus, celui-ci le
réconforta en disant : «En aucun temps, tu n'as
été aussi heureux que tu l'es maintenant car tu es
béni par notre Dieu. Il a parlé en effet contre les amis
du monde en disant par David notre père et son prophète :
«Ils maudissent, et moi je bénis.» Et par
Michée, prophète, il dit : «Je maudit vos
bénédictions, car la terre est moins opposée
à l'air, l'eau au feu, la lumière aux
ténèbres, le chaud au froid et l'amour à la haine,
que le vouloire de Dieu est opposé au vouloir du monde! »
Les disciples l'interrogèrent alors en disant : «Seigneur,
tes paroles sont élevées; dis-nous donc le sens, car
maintenant nous ne les comprenons pas! » Jésus
répondit : «Quand vous connaîtrez le monde, vous
verrez que j'ai dit vrai et ainssi vous connaîtrez la
vérité en tout prophète. Sachez donc qu'il y a
trois sortes de mondes pour un seul vocable. Le premier s'appel lex
cieux, la terre, l'eau, l'air, le feu, ainsi que toutesles choses
inférieures à l'homme. Ce monde-là est en tout
conforme à la volonté de Dieu, car comme le dit david, le
prophète de Dieu : «Dieu leur a donné un ordre
qu'ils se transgressent pas.»
Le deuxième s'appele tous les hommes, de même qu'on nomme
la maison de quelqu'un, non d'après les murs, mais
d'après la famille. Ce monde là aime Dieu aussi car
naturellement ils désirent Dieu, pour autant que par nature tous
désirent Dieu, même s'ils se trompent en le cherchant. Et
savez-vous pourquoi tous désirent Dieu ? Parce que chacun
désir un bien infini dépourvu de tout mal, c'est à
dire Dieu seul. Aussi le Dieu miséricordieux a-t-il
envoyé ses prophètes à ce monde pour son salut.
Le troisième monde, c'est la tendance dépravée des
hommes pour le péché. Elle s'est changée en loi
contre Dieu créateur du monde et rend l'homme semblables aux
demons ennemis de Dieu. Or ce monde-là, notre Dieu le hait
tellement que si les prophètes avaient aimé ce monde,
croyez-le, Dieu leur aurait certainement enlevé leur
ministère prophétique. Que dis-je? Vive Dieu en
présence de qui se tient mon âme, quand le messager de
Dieu viendra dans le monde, s'il se prenait d'amour pour ce monde
méchant, Dieu lui enlèverait certainement tout ce qu'il
lui a donné en le créant et il le réprouverait,
tellement Dieu est opposé à ce monde-là! »
Chapitre 159
Les disciples répondirent : «Maître, tes paroles
sont très élevées Mais prends-nous en
pitié, nous ne les comprenons pas! » Jésus dit :
«Croyez-vous peut-être que Dieu a créer son messager
pour qu'il soit son rival qui veuille s'égaler à lui?
Certes non! Mais bien pour qu'il soit son bon serviteur qui ne voudrait
pas ce que ne veut pas son nmaître Vous ne pouvez pas le
comprendre, car vous ne savez pas ce qu'est le péché.
Ecoutez donc mes paroles!
En vérité, en vérité, je vous le dis, le
péché ne peut naître dans l'homme que pour
contredire Dieu, car seul est péché ce que Dieu ne veut
pas et tout ce que Dieu veut est tout-à-fait étranger au
péché. Si donc nos pontifs et nos prêtres, ainsi
que les pharisiens, me persécutaient pour la raison que le
peuple d'Israël m'a appelé Dieu, ils feraient chose
agréable à Dieu et Dieu les récompenserait. Mais
au contraire, Dieu les a en abomination parce qu'ils me haïssent
et qu'ils désirent ma mort Ils me persécutent e effet
parce qu'ils ne veulent pas que je dise la vérité, tout
comme ils ont contaminé avec leurs traditions le livre de
Moïse et celui de David, prophètes et amis de Dieu.
Dites-moi, Moïse tua des hommes et Achab tua des hommes Est-ce
que tout cela est un meurtre? Sûrement pas, car Moïse
tua ses hommes pour détruire l'idolâtrie et pour conserver
le culte du vrai Dieu, tandis que Achab tu a ces hommes pour
détruire le culte du vri Dieu et pour conserver
l'idolâtrie. L'action de tuer des hommes se changea donc pour
Moïse en sacrifice et pour Achab en sacrilège, en sorte
qu'une même action produisit ces deux effets contraires.
Vive Dieu, en présence de qui se tient mon âme, si Satan
avait parlé aux anges pour voir comment ils aimaient Dieu, il ne
serait pas reprouvé parce qu'il chercha à les
détourner de Dieu.»
Celui qui écrit répondit : «Comment faut-il
comprendre ce qui est dit du prophète Michée à
propos du mensonge que Dieu ordonna de proférer par la bouche
des faux prophètes, ainsi qu'il est écrit au livre des
rois d'Israël ? » Jésus répondit :
«Barnabé, raconte un peu tout ce qui est arrivé,
que nous voyions la claire vérité!»
Chapitre 160
Celui qui écrit dit alors : «En écrivant l'histoire
des rois d'Israël et des turans, le prophète Daniel
écrit ceci : «Le roi d'Israël et le roi de Juda
s'unirent pour combattre les fils de Bélial, c'est-à-dire
les réprouvé, c'est-à-dire les ammonites. Josaphat
roi de Juda, et Achab roi d'Israël étant assis tout deux
sur leur trône en Samarie, qutres cent faux prophètes se
tenaient devant eux, qui disaient au roi d'Israël : «Monte
contre les Ammonites, car Dieu les livrera entre tes mains et tu
disperseras Ammon !»
Josaphat dit alors : «Y a-t-il ici quelque prophète de
Dieu de nos pères ?» Achab répondit : «Il n'y
en a qu'un quyi est mauvais car il me prédit toujours du mal. Je
le garde en prison.» Il dit cela : «Il n'y en a
qu'un» car tous les autres avaient été tués
sur son ordre Comme tu nous l'a dit, Maître, les prophètes
s'étaient sauvés sur les montagnes où les hommes
n'habitaient pas. Josaphat dit alors : «Envoie-le chercher et
voyons ce qu'il dit !» Achabn ordonna donc que Michée soit
amené.
Il arriva, les chaînes aux pieds et la mine défaite comme
un homme qui se trouve entre la vie et la mort. Achab l'interrogea :
«Dis-nous, Michée, au nom de Dieu, monterons-nous contre
les Ammonites? Dieu livrera-t-il les villes entre nos mains?»
Michée répondit : «Monte! Monte! tu monteras bien
que tu descendras mieux !» Les faux prophètes
louèrent alors Michée comme un vrai prophète de
Dieu et lui délièrent les chaînes des pieds
Josaphat qui craignait notre Dieu et dont les genoux ne
ployèrent jamais devait les idoles, interrogea Michée :
«Pour l'amour du Dieu de nos pères, dis-nous la
vérité : Comment as-tu vu l'issue de cette guerre ?
» Michée répondit : «Josaphat, je crains ton
visage, c'est pour ca que je t'ai dit que j'ai vu le peuple
d'Israël comme des brebis sans pasteur.» En riant, Achab dit
alors à Josaphat : «Je t'ai dit que celui-ci ne
prédit que le mal ! Mais toi tu ne le croyais pas! »
Tous deux dirent alors : «Comment connais-tu cela, Michée
?» Michée répondit : «J'ai entendu un conseil
d'anges qui se préparait en présence de Dieu et j'ai
entendu Dieu demander : «Qui trompera Achab afin qu'il monte
contre Ammon et soit tué ?» Alors que certains
répondaient ceci, et certains cela, vint un ange qui dit :
«Seigneur, je combattrai contre Achab, j'irai vers ses faux
prophètes et je metterai le mensonge dans leur bouche; ainsi il
montera et il sera tué.» En l'entendant Dieu dit :
«Eh bien, va et fait ainsi; tu vaincras !» »
Alors les faux prophètes se mirent en colère et leur
prince frappa la joue de Michée en disant :
«Réprouvé de Dieu, quand donc l'ange de
vérité s'éloigna-t-il donc de nous et vint
à toi? Dis quand vint à nous l'ange qui nous apporta le
mensonge ?» Michée répondit : «Tu le sauras
quand tu fuira de maison en maison par crainte d'être tué,
ayant trompé ton roi !»
Le roi Achab se mit alors en colère et dit : «Prenez
Michée, mettez-lui au cou les chaînes qu'il avait aux
pieds et gardez-le au pain d'orge et à l'eau jusqu'à mon
retour, parce que pour l'instant je ne sais pas encore la mort que je
veux lui donner !»
Ils montèrent donc et il fut comme avait dit Michée, car
le roi des Ammonites dit à ses serviteurs : «Gardez-vous
de combattre contre le roi de Juda, ou contre les princes
d'Israël, mais tuez Achab, le roi d'Israël, mon ennemi
!» Jésus dit alors : «Arrête-toi ici,
barnabé, car cela suffit pour notre propos !»
Chapitre 161
«Avez-vous compris tout cela? « dit Jésus. Les
disciples répondirent : «Oui, Maître!»
Jésus dit alors : «Le mensonge est un péché
en vérité, mais le meurtre est un péché
plus grand, car le mensonge est un péché propre à
celui qui le dit, tandis que le meurtre, bien qu'il soit à celui
qui le commet, détruit en fait ce que Dieu a de plus cher ici ur
terre, c'est-à-dire l`homme. On peut réparer le mensonge
en disant le contraire de ce qu'on a dit, alors qu'il n'y a aucun
remède au meurtre puisqu'on ne peut pas rendre la vie à
celui qui est mort.
Mais, dites-moi, Moïse, serviteur de Dieu, pécha-t-il en
tuant tous ceux qu'il tua? » Les disciples répondirent :
«Dieu nous garde! Dieu nous garde de dire que Moïse
pécha en obéissant à Dieu qui le commanda! »
Jésus dit alors : «Et moi je dis : Dieu nous garde de dire
que l'ange qui trompa les faux prophètes d'Achab par un mensonge
a péché; car de même que Dieu accepta le meurtre en
sacrifice, de même accepta-t-il lemensonge en louange. En
vérité, je vous le dis, de même que se trompe le
nain qui se fait faire des chaussures à la pointure de
géant, ainsi se trompe celui qui voudrait soumettre Dieu
à la loi, comme lui-même est soumis à la loi
puisqu'il est homme. C'est pourquoi quand vous croirez qu'il n'y a de
péché que ce que Dieu ne veut pas, vous trouverez la
vérité comme je vous l'ai dit. En effet Dieu n'est pas
composé ni susceptible de mutation, il ne peut à la fois
vouloir et ne pas vouloir quelque chose, car il y aurait contradiction
en lui-même et par conséquent souffrance et il ne serait
pas infiniment bienheureux.»
Philippe répondit : «Mais comment faut-il comprendre ce
qu'a dit le prophète Amos : il n'y a pas de mal dans la
cité que Dieu n'ait fait ?» Jésus répondit :
«Eh bien, tu vois ici, Philippe, combien il est dangereux de
s'arrêter à la lettre comme le font les pharisiens qui se
sont fabriqué la prédestination de Dieu pour les
élus, de sorte qu'ils en viennent pratiquement à dire que
Dieu est injuste, simulateur et menteur. Horrible jugement qui
demeurera sur eux! Je te dis donc qu'Amos, prophète de Dieu,
place ici du mal ce que le monde appelle mal, car s'il avait
employé le langage des justes, on ne l'aurait pas compris. En
effet, toutes les tribulations sont un bien, soit qu'elle nous
purifient du mal que avons fait, soit qu'elle nous empêchent de
faire le mal, soit qu'elles font connaître à l'homme la
condition de cette vie, afin que nous aimions et que nous
désirions la vie éternelle. Si donc le prophète
Amos avait dit : «Il n'y a aucun bien dans la cité que
Dieu n'ait fait », il aurait donné raison de
désespérer aux affligés qui se voient
tourmentés tandis que les pécheurs vivent dans la
prospérité. Et ce qui est pire, beaucoup craidraient
satan et le serviraient pour ne pas être tourmentés
croyant qu'il a un tel empire sur les hommes.
Amos se fit donc comme l'interprète romain qui, parlant en
présence du pontif, ne fait pas attention aux paroles mais
à la volonté et aux affaires du juif, étant
donné que lui-même ne sait pas parler hébreu.
Chapitre 162
Si Amos avait dit : «Il n'y a aucun bien dans la cité que
Dieu n'ait fait », vive Dieu, en présence de qui se tient
mon âme, il aurait commis une grave faute car le monde ne
considère bien que les scélératesses et les
péchés que l'ont commet par illusion. Les hommes auraient
donc agi beaucoup plus injustement en croyant qu'il n'y a de
péché et de scélératesse que Dieu n'ait
fait. Que la terre tremble en entendant cela! » A peine
Jésus avait-il dit cela que survint un grand tremblement de
terre, de sorte que chacun en resta à moitié mort
Jésus les releva et dit : «Jugez donc vous-mêmes si
je vous dis la vérité! Que ceci vous suffise. Lorsqu'en
parlant avec le monde Amos dit : «Dieu a fait du mal dans la
cité », il le dit des trribulations que seuls les
pécheurs appellent mal.
Venons-en maintenant à la prédestination que vous
désirez connaître. Je vous parlerai près du
Jourdain, que nous passerons demain, s'il plaît à
Dieu.»
Chapitre 163
Jésus s'en alla avec ses disciples au désert, au
delà du Jourdain. Après avoir fait l;a prière du
midi, il s'assit près d'un palmier et ses disciples s'assirent
à l'ombre d'un palmier Jésus dit alors :
«Frères, la prédestination est si secrète,
je vous le dis en vérité, qu'elle ne sera clairement
connu que par un seul homme C'est celui qu'attendent les nations,
à qui les secrets de Dieu sont si clairs que ceux qui
écouteront ses paroles seront heureux quand il viendra dans le
monde. Dieu en effet enverra sa miséricorde sur eux comme ce
palmier est sur nous Et de même que cet arbre nous défend
de l'ardeur du soleil, ainsi la miséricorde de Dieu
défendra-t-elle contre Satan ceux qui croiront en cet
homme.»
Les disciples répondirent : «Maître, qui sera cet
homme dont tu parles et qui viendra dans le monde ?» Jésus
répondit dans la joie de son coeur : «C'est Muhammad,
messager de Dieu! Sa venue dans le monde porteuse d'abondante
miséricorde, comme la pluie qui fait fructifier la terre quand
il n'a pas plu depuis longtemps, sera cause de bonnes actions parmis
les hommes. Car il est une nuée blanche, remplie de la
miséricorde de Dieu, que Dieu répandra sur les
fidèles comme la pluie.
Chapitre 164
Je vais donc vous parler maintenant de ce peu de connaissance que Dieu
a bien voulu medonner sur la prédestination. Les pharisiens
disent que toute chose est tellement prédestinée que
celui qui est élu ne peut pas devenir réprouvé qt
que celui qui est réprouvé ne peut en aucune
manière devenir élu. Ils disent de même que Dieu a
prédestiné le bien comme voie par laquelle l'élu
marche vers le salut, de même que Dieu a prédestiné
le péché comme voie par laquelle le
réprouvé va à la damnation. Que maudite soit la
langue qui dit cela, ainsi que la main qui l'écrivit, car la foi
de Satan c'est cela! On peut voir par là ce que sont les
pharisiens d'à présent, ce sont les fidèles
serviteurs de Satan!.
Que veut dire prédestination, sinon volonté absolue de
conduire quelque chose à son but quand on a les moyens en main.
Car sans moyen, on ne peut parvenir au but. Comment parviendrait-il
à construire une maison celui qui n'a ni pierre, ni argent
à depenser, ni même de terre ou poser le pied ?
Certainement personne ne le pourrait. Eh bien, voici ce que je vous dis
: si la prédestination prive l'homme du libre arbitre que Dieu
lui a donné par pure libéralité et le prive en
outre de la loi de Dieu, cela n'est plus prédestination, mais
abomination!
Que l'homme soit libre, le livre de Moïse le démontre.
Quand notre Dieu donna la loi sur le mont Sinaï, il dit :
«Mon commendement n'est pas dans le ciel pour que tu t'excuse en
disant : «Qui donc nous apportera le commendement de Dieu et qui
nous donnera les forces pour l'observer?» Il n'est pas non plus
au-delà de la mer pour que tu ne t'excuse par la même
facon. Moais mon commendement est dans ton coeur, si bien que tu peux
l'observer quand tu veux.»
Dites-moi : si le roi Hérode ordonnait à un vieillard de
redevenir jeune et à un malade de revenir à la
santé et s'ils les faisait tuer parce qu'ils ne le font pas,
cela serait-il juste? » Les disciples répondirent :
«S'il l'ordonnait, Hérode serait très injuste et
impie.» Jésus dit alors en soupirant :
«Frères, voilà les fruits des traditions humaines,
car en disant que Dieu a tellement prédestiné le
réprouvé qu'il ne puisse pas devenir élu, il
blasphèment, faisant passe Dieu pour impie et injuste, lui qui
commande au pécheur de ne pas pécher et, s'il a
péché, d,en faire pénitemce. Une telle
prédestination en effet enlève au p`cheur tot pourvoir,
sinon de pécher, et elle le prive totalement de
pénitence.
Chapitre 165
Au contraire, que dit Dieu par le prophète Joël,
écoutez! «Je vis, moi, votre Dieu et veux pas la mort du
pécheur, mais je m'em ploie à ce qu'il se convertisse et
fasse pénitence.» Dieu prédestinera-t-il donc ce
qu'il ne voudra pas ? Voyez vous-mêmes ce que dit Dieu et ce que
disent les pharisiens d'à présent!
De plus, Dieu dit par le prophète Isaïe : «J'ai
appelé et tu n'a pas voulu m'entendre !» Que de fois Dieu
a-t-il appelé ! Écoutez-le lui-même vous le dire
par le même prophète : «Tout le jour, je tends les
mains vers le peuple qui ne me croit pas, mais qui me contredit.»
Or, lorsque nos pharisiens disent que que le réprouvé ne
peut pas devenir élu, que disent-ils sinon que Dieu se moque ds
hommes, comme se moquerait d'un aveugle celui qui lui montrerait du
blanc, comme se moquerait d'un sourd celui qui lui parlerait à
l'oreille.
Quand à savoir si l'élu peut-être
réprouvé, considérez ce que dit notre Dieu par le
prophète Ezéchiel : «Aussi vrai que je vis,
dit Dieu, si le juste abandonne sa justice et qu'il commet des
abominations, il périra et je ne me souviendrai plus du tout de
sa justice, car tandis qu'il se fie en elle, elle l'abandonnera devant
moi et ne le sauvera pas.»
Quand à la destinée du réprouvé, Dieu ne
dit-il pas par le prophète Osée : «J'appellerai le
peuple non éluet je l'appelerai élu !» Dieu est
véridique et ne peut pas mentir, car étant la
vérité, il dit la vérité. mais les
pharisiens d'à présent contredisent Dieu en toute chose
par leur doctrine.»
Chapitre 166
André répondit : «Mais comment faut-il comprendre
ce que Dieu dit à Moïse : Il fera miséricorde
à celui qui il voudra et il endurcira ceux qu'il voudra endurcir
? » Jésus répondit : «Dieu dit cela pour que
l'homme ne croit pas qu,il se sauve pas sa propre vertu mais sache que
c'est dans la libéralité que Dieu lui a donné la
vie et la miséricorde. Il le dit aussi pour que soit
rejetée l'idée qu'il y a d'autre dieux que lui.
C'est pourquoi, s'il a endurci Pharaon, il l'a fait parce que celui-ci
avait flagelé notre peuple et tenté de le détruire
en faisant noyer tous les enfants mâles d'Israël, au point
que Moïse était tout près d'y perdre la vie.
Donc, je vous le dis en vérité, la prédestination
a pour fondement la loi de Dieu et le libre arbitre de l'homme. En
effert, bien que Dieu puisse sauver le monde entier et faire en sorte
que personne ne périsse, il ne le veut pas, pour ne pas priver
l,homme de liberté pour contrarier Satan, en sorte que
même si ce tas de boue méprisé par lui
pèche comme fit l'esprit, il puisse néanmoins se repentir
et occuper la place d'où l'esprit fut chassé. Notre Dieu,
dis-je, veut assister de sa miséricorde la libre volonté
de l'homme et ne veut pas priver la créature de sa
toute-puissance.
Ainsi au jour du jugement, personne ne pourra invoquer d'excuse pour
ses péchés, car il verra alors manifestement tout ce que
Dieu a fait pour sa conversion et combien de fois il l'a appelé
à la pénitence.
Chapitre 167
Par conséquent, si votre raison ne s'en contente pas et si vous
voulez dire encore : «Pourquoi en est-il ainsi ?» Je vous
révèlerais un "pourquoi" qui est celui-ci : Dites-moi
pourquoi une pierre ne peut pas demeurer sur l'eau alors que toute la
terre se tient sur l'eau ? Dites-moi pourquoi l'eau éteint le
feu et pourquoi la terre fuit l'air, en sorte que personne ne peut unir
en paix la terre, l'eau, l'air et le feu, et qu'ils sont
néanmoins unis dans l'homme et y demeurent pacifiquement ?
Si donc vous ne le savez pas et même si tous les hommes en tant
qu'hommes ne peuvent pas le savoir, comment sauraient-ils que d'une
seule parole Dieu a tout créé du néant ? Comment
connaîtraient-ils l'éternité de Dieu ? Il est
évident qu'ils ne pourront pas connaître cela non plus.
Pourquoi ? parce que l'homme est fini, qu'il est composé d'un
corps et que celui-ci en se corrampant, comme dit le prophète
salomon, alourdit l'âme. Et les oeuvres de Dieu qui sont
proportionnées à Dieu, qui pourra les comprendre ?
Voyant cela, Isaïe, le prophète de Dieu, s'écria
:«Vraiment tu es un Dieu caché!» A propos du
messager de Dieu, sur la facon dont Dieu l'a créé, il dit
: «Sa génération, qui pourra la raconter ?» A
propos de l'action de Dieu, il dit : «Qui a été son
conseiller ?» C'est pourquoi Dieu à la Nature humaine :
«De même que le ciel est élevé au-dessus de
la terre, ainsi sont élevés mes voies au-dessus de vos
voies et mes pensées au-dessus de vos pensées.»
Je vous le dis donc, la manière dont s'effectue
prédestination n'est pas claire pour les hommes, même si
le fait que tout ce que je vous ai dit est vrai. L'homme doit-il donc
rejeter le fait sous prétexte qu'il n'en connaît pas la
manière ? Je n'ai certainement jamais vu personne refuser la
santé même s'il ne connaît pas la manière
dont Dieu guérit le malade quand je le touche. cela est encore
inconnu à moi-même.»
Chapitre 168
Les disciples dirent alors : «Vraiment Dieu parle en toi car
jamais un homme n'a parlé comme toi! » Jésus
répondit : «Croyez-moi, quand Dieu m'a choisi pour
m'envoyer à la maison d'Israël, il me donna un livre comme
un miroire clair qui descendit dans mon coeur, en sorte que tout ce que
je dis sort de ce livre Quand ce livre aura fini de sortir de ma
bouche, je serais enlevé du monde.»
Pierre répondit : «Maître, ce que tu dis maintenant,
est-ce aussi écrit dans ce livre? » Jésus
répondit : «Tout ce que je dit pour la connaissance de
Dieu et pour le service de Dieu, pour la connaissance de l'homme et
pour le salut de l'homme, tout cela sort de ce livre qui est mon
évangile.»
Pierre dit : «La gloire du paradis y est-elle écrite aussi ? »
Chapitre 169
Jésus répondit : «Écoutez, je vais vous dire
comment est le paradis et comment les saints et les fidèles y
demeureront sans fin, car c'est là l'un des plus grands biens du
paradis Chaque chose en effet, si grande qu'elle soit devient petite et
s'anéantit quand elle prend fin. Le paradis est une maison
où Dieu conserve ses délices. C'est au point que la terre
foulée par les pieds des saints et des bienheureux est si
précieuse qu'une drachme de cette terre-là a plus de prix
que mille mondes.
Ces délices-là, notre père David, prophète
de Dieu, les vit, car Dieu les lui montra en lui faisant voir la gloire
du paradis. Revenu ensuite en lui-même, il se couvrit les yeux
des deux mains et dit en pleurant : «O mes yeux, ne regardez plus
ce monde-ci car tout est vain, sans rien de bien! » De ses
délices-là le prophète Isaie dit : «Les yeux
de l'homme n'ont pas vu, ses oreilles n'ont pas entendu, le coeur
humain n'a pas compris ce que Dieu a préparé pour ceux
qu'il aime.»
Savez-vous pourquoi ils n'ont ni vu, ni entendu, ni compris ces
délices-là? C'est parce que, vivant ici-bas, ils ne sont
pas dignes de les voir. Même si notre père David les vit,
je vous le dis en vérité, il ne les vit pas avec ses yeux
humains, mais Dieu attira son âme à lui Il les vit donc.
Vive Dieu, en présence de qui se tient mon âme, puisque
les délices du paradis sont infinies et que l'homme est fini,
l'homme ne peut pas les comprendre, de même qu'un petit pot de
terre ne peut contenir la mer.
Regardez donc comme le monde est beau en été quand tout
fructifie et que le paysan, enviré de joie à la vue de sa
récolte fait résonner de ses chants les vallées et
les monts et se félicite grandement de ses fatigues. Eh bien,
élevez de même votre coeur vers le paradis! Toute chose y
fructifie à la mesure de celui qui l'a cultivée.
Vive Dieu, pour connaître le paradis, qu'il vous suffise de
savoir que Dieu l'a créé pour qu'il soit la maison de ses
délices. Croyez-vous donc que la souveraine bonté n'a pas
de choses souverainement belles? Prenez garde de faire une très
grave erreure enpensant qu'il n'en est pas ainsi.
Chapitre 170
Voici ce que Dieu dit à l'homme qui le sert fidèlement :
" Je connais tes oeuvres. C'est pour moi que tu les accomplis. Aussi
vrai que je vis à jamais, ton amour ne surpassera pas ma
libéralité. Tu me sers en effet comme Dieu, ton
créateur, en reconnaissant que tu es mon oeuvre et tu ne
demandes que la grâce et la miséricorde de me servir
fidèlement. Tu ne fixes pas non plus de 6n à ton service
puisque tu désires me servir pour l'éternité!
Voici ce que je ferai : je te récompenserai comme si tu
étais Dieu, mon égal. Non seulement je mettrai entre tes
mains l'abondance du paradis, mais je me donnerai moi-même
à toi, et de même que tu veux être toujours mon
serviteur, de même serai-je toujours ta récompense. "
Chapitre 171
" Que pensez-vous du paradis?" dit Jésus à ses disciples.
Y a-t-il une intelligence qui puisse comprendre de telles richesses et
de telles délices ? II faudrait que l'homme ait la connaissance
même de Dieu pour savoir tout ce que Dieu veut donner à
ses serviteurs.
Quand Hérode fait un cadeau à l'un de ses barons favoris
avez-vous vu ce qu'il lui donne?". Jean répondit : "Moi, je l'ai
vu deux fois. Un pauvre se contenterait certainement de la
dixième partie de. ce qu'il lui donne." Jésus dit : "
Mais si un pauvre reçoit quelque chose d'Hérode,
qu'est-ce que ce sera? " Jean répondit : "Une ou deux petites
pièces de monnaie " Que cela soit votre livre d'étude
pour connaître le paradis, reprit Jésus, car tout ce que
Dieu a donné à l'homme en ce monde pour son corps est
comparable à la petite pièce de monnaie qu'Hérode
donnerait à un pauvre. Mais tout ce que Dieu donnera à
l'âme et au corps dans le paradis, c'est comme si Hérode
donnait à l'un de ses serviteurs tout ce qu'il possède et
sa vie elle-même.
Chapitre 172
Dieu dit ceci à celui qui l'aime et le sert fidèlement :
" Mon serviteur, va donc voir comme est nombreux le sable de la mer. Eh
bien, si la mer te donnait un seul grain de sable, cela te semblerait
peu, bien sûr. Aussi vrai que je vis, moi, ton créateur,
tout ce que j'ai donné en ce monde à tous les princes et
rois de la terre n'est même pas comme ce grain de sable que te
donnerait la mer, en comparaison de ce que je te donnerai dans mon
paradis. "
Chapitre 173
" Voyez donc quelle est l'abondance du paradis, dit Jésus, car
si Dieu a donné à l'homme une once de bien en ce monde,
dans le paradis il lui en donnera dix, cent et mille mesures. Voyez la
quantité de fruits qui sont dans ce monde. la quantité
d'aliments. la quantité de fleurs et la
quantité de choses qui servent l'homme. Vive Dieu, en
présence de qui se tient mon âme, de même qu'il
reste du sable à la mer lorsqu'on en reçoit un grain, de
même la qualité et la quantité des figues du
paradis surpassent la sorte de figues que nous mangeons ici-bas. Et
ainsi de tout le reste au paradis. Mais de plus, je vous le dis en
vérité, de même qu'une montagne d'or et de perles a
plus de prix que l'ombre d'une fourmi. de même les délices
du paradis ont plus de prix que toutes les délices que les
princes du monde ont eues et auront jusqu'au jugement de Dieu, quand le
monde prendra fin. "
Pierre répondit : " Le corps que nous avons maintenant ira donc
au paradis?" Jésus répondit : "Pierre, prends garde de
devenir Saducéen ! car les Saducéens disent que la chair
ne ressuscitera pas et qu'il n'y a pas d'anges. C'est pourquoi leur
âme et leur corps sont privés d'aller au paradis et sont
privés en ce monde de recevoir des anges quelque service que ce
soit. As-tu oublié Job, prophète et ami de Dieu, qui dit
: "Je sais que mon Dieu vit, qu'au dernier jour, je ressusciterai dans
ma chair et que de mes yeux je verrai Dieu, mon sauveur! Mais
crois-moi, notre chair sera si purifiée qu'elle n'aura plus
aucune des propriétés qu'elle a maintenant. Elle sera
expurgée de tout désir mauvais et Dieu la ramènera
à l'état dans lequel se trouvait Adam avant de
pécher.
Deux hommes servent un même maître dans un même
travail. L'un ne fait que regarder l'ouvrage et commande le second ;
celui-ci exécute ce que commande le premier. Vous semble-t-il
juste, dis je, que le maître récompense seulement celui
qui voit et commande, et chasse de la maison celui qui s'est
épuisé à travailler? Certes non! Comment donc la
justice de Dieu supporterait-elle alors que l'âme, le corps et la
sensibilité de l'homme servent Dieu, l'âme ne faisait que
regarder et commander le service? car, puisqu'elle ne mange pas de
pain, elle ne jeûne pas elle ne marche pas, elle ne souffre ni du
froid ni de la chaleur, elle ne tombe pas malade, elle n'est pas
tuée puisqu'elle est immortelle, elle ne souffre aucune des
peines corporelles que souffre le corps à cause des
éléments, est-il juste, dis je, qu'elle seule aille au
paradis et pas le corps qui s'est tellement épuisé au
service de Dieu ? " Pierre répondit : "Maître, puisque le
corps a fait pécher l'âme, il ne faut pas le mettre au
paradis! "
Jésus répondit : " Mais comment le corps
pécherait-il sans l'âme ? Ce serait tout à fait
impossible! Ainsi, en privant le corps de la miséricorde de
Dieu, tu condamnes l'âme à l'enfer!"
Chapitre 174
Vive Dieu, en présence de qui se tient mon âme, notre Dieu
promet sa miséricorde au pécheur en disant : " A l'heure
même où le pécheur regrettera son
péché à cause de moi. je ne me
souviendrai plus jamais de ses iniquités. Or, qui mangerait les
aliments du paradis si le corps n'y allait pas? Certainement pas
l'âme, car elle est esprit! " Pierre répondit : " Les
bienheureux mangeront donc au paradis! Mais comment la nourriture ne
produira-t-elle pas d'ordure?" Jésus répondit " Quelle
béatitude aurait donc le corps s'il ne mangeait ni ne buvait ? "
II est tout à fait convenable de donner une gloire
proportionnée à celui qui est glorifié. Mais tu
fais erreur, Pierre, en pensant qu'une telle nourriture produira de
l'ordure, car le corps présent mange des nourritures
corruptibles et la putréfaction s'en suit, tandis qu'au paradis
le corps sera incorruptible, impassible, immortel. libre de toute
misère, et les nourritures sans aucun défaut ne
produiront aucune putréfaction.
Chapitre 175
En se moquant des réprouvés, Dieu parle ainsi dans le
prophète Isaïe : " Mes serviteurs siégeront à
table dans ma maison, ils festoieront joyeusement au son des harpes et
des orgues et je ne les laisserai manquer de rien. Mais vous qui
êtes mes ennemis, vous serez chassés loin de moi où
vous mourrez de misère, méprisés par tous mes
serviteurs. "
Chapitre 176
"Pourquoi dire : ils festoieront, dit Jésus à ses
disciples! Certes, Dieu parle clair. Mais pourquoi quatre fleuves de
liqueur précieuse dans le paradis et pourquoi tant de fruits?
Dieu ne mange certainement pas, ni les anges, ni l'âme, ni la
sensibilité! Par contre la chair mange, elle; la chair
c'est-à-dire notre corps. Ainsi la gloire du paradis consiste
pour le corps dans la nourriture, et pour l'âme et la
sensibilité dans la fréquentation des anges et des
esprits bienheureux.
Cette gloire sera mieux manifestée par le messager de Dieu qui connaît tout mieux qu'aucune
créature puisque Dieu a tout créé pour son amour "
Barthélémy dit : " Maître, la gloire du paradis
sera-t-elle égale pour tous les hommes. Si elle est
égale, ce ne sera pas juste, et si elle n'est pas égale,
les plus petits envieront les plus grands! " Jésus
répondit : " Elle ne sera pas égale, car Dieu est juste,
mais chacun sera content, car là i1 n'y a pas d'envie. Dis-moi,
Barthélémy, un patron a beaucoup de serviteurs. II les
habille tous d'une même étoffe. Est-ce que les enfants qui
ont des vêtements d'enfants se plaignent de ce qu'ils n'ont pas
de vêtements d'adultes ? Tout au contraire, si les adultes
voulaient leur donner leurs grands vêtements, ils se mettraient
en colère, les vêtements n'étant pas à leur
taille, et ils se croiraient moqués. Eh bien,
Barthélémy, élève ton coeur vers Dieu dans
le paradis et tu verras qu'une seule et même gloire ne produira
en eux aucune envie, même si elle .est accordée plus
à celui-ci et moins à celui-là. "
Chapitre 177
Celui qui écrit dit alors : "Maître, le paradis a-t-il
comme ce monde ici la lumière du soleil?" Jésus
répondit :" Barnabé, Dieu m'a dit ceci : le monde dans
lequel vous habitez, ô hommes pécheurs, a le soleil, la
lune et les étoiles qui l'ornent pour votre profit et votre
joie, c'est cela que j'ai créé.
Mais croyez-vous que la maison qu'habiteront mes fidèles ne sera
pas meilleure? Vous vous trompez certainement si vous le croyez car
moi, votre Dieu, je suis le soleil du paradis; mon messager en est la
lune qui reçoit tout de moi et les étoiles, ce sont mes
prophètes qui vous ont prêché ma volonté. Ce
sont eux qui ont porté ma parole à mes fidèles. De
même, c'est par eux qu'au paradis de mes délices, mes
fidèles recevront plaisir et joie.
Chapitre 178
"Que cela vous suffise pour connaître le paradis ", dit
Jésus. Barthélémy reprit : "Maître, souffre
que je te demande encore quelque chose! " - " Dis-moi ce que tu
désires ", répondit Jésus. " - " Le paradis doit
être certainement très grand, dit
Barthélémy, pour contenir d'aussi grands biens! "
Jésus répondit :" Le paradis est si grand qu'aucun homme
ne peut le mesurer. Je te le dis en vérité, il y a neuf
cieux entre lesquels se trouvent les planètes. Ils sont
éloignés l'un de l'autre de cinq cents années de
marche. La terre aussi est éloignée du premier ciel de
cinq cents années de marche. Pourtant, arrêtes-toi
à mesurer le premier ciel. Par rapport à la terre, il est
comme la terre par rapport à un grain de sable. De même le
deuxième ciel par rapport au premier, le troisième par
rapport au deuxième et ainsi de suite jusqu'au dernier ciel. Eh
bien, je te le dis en vérité, la terre et le ciel
ensemble sont par rapport au paradis comme un grain de sable en
comparaison de toute la terre. "
Pierre dit alors : " Maître, le paradis doit être plus
grand que Dieu puisque Dieu s'y trouve!" Jésus répondit :
" Tais-toi, Pierre, tu blasphèmes et tu ne t'en rends pas
compte! "
Chapitre 179
L'ange Gabriel vint alors à Jésus et lui montra un miroir
brillant comme le soleil, dans lequel il vit écrit ces paroles :
" Aussi vrai que je vis à jamais, de même que le paradis
est plus grand que les cieux et la terre ensemble, et de même que
toute la terre est plus grande qu'un grain de sable ainsi suis-je
autant de fois supérieur au paradis que la mer de grains de
sable, qu'il y a de gouttes d'eau dans la mer, qu'il y a d'herbe sur la
terre, qu'il y a de feuilles sur les arbres, qu'il y a de poils sur les
animaux et autant de fois qu'il faudrait de grains de sable pour
remplir tout les cieux et tout le paradis et plus encore! "
Jésus dit alors : "Révérons Dieu qui est
béni éternellement. " Cent fois ils inclinèrent la
tête et après la prière, Jésus appela Pierre
et lui dit ainsi qu'à tous les disciples ce qu'il avait vu. I1
dit à Pierre : "Ton âme qui est plus grande que toute la
terre voit à travers un seul œil le soleil qui est mille
fois plus grand que toute la terre" - " C'est vrai " dit Pierre.
Jésus dit alors : " Eh bien, c'est ainsi que tu verras Dieu
notre créateur à travers le paradis!" Après avoir
dit cela, Jésus rendit grâce à Dieu notre Seigneur,
en priant pour la maison d'Israël et pour la cité sainte.
Et chacun répondit : " Qu'il en soit ainsi, Seigneur! "
Chapitre 180
Un jour que Jésus se tenait sous le portique de Salomon, un
scribe de ceux qui prêchaient au peuple s'approcha de lui et lui
dit : " Maître, j'ai prêché souvent à ce
peuple et j'ai en tête un passage de l'Ecriture que je ne peux
pas comprendre. " Jésus répondit : " Quel est-il ? " Le
scribe dit : " Ce que Dieu dit à Abraham notre père : "Je
serai ta grande récompense! " Comment l'homme peut-il donc
mériter? "
Jésus se réjouit alors en esprit et dit : "Tu n'es
certainement pas loin du royaume de Dieu. Aussi écoute-moi et je
te dirai le sens de cette doctrine-là, Puisque Dieu est infini
et que l'homme est fini, l'homme ne peut pas mériter Dieu.
Est-ce là ton doute, frère?" Le scribe répondit en
pleurant " Seigneur, tu connais mon cœur Parle donc, car mon
âme désire entendre ta voix ! " Jésus dit alors : "
Vive Dieu, l'homme ne peut même pas mériter le peu de
souffle qu'il reçoit à chaque instant. " En entendant
cela le scribe resta stupéfait. Les disciples
s'étonnèrent aussi. Ils avaient en effet en
mémoire que Jésus leur avait dit qu'ils recevraient le
centuple de tout ce qu'ils donnaient pour l'amour de Dieu. II dit alors
: "Si quelqu'un vous prêtait cent deniers d'ors et que vous
gaspilliez ces deniers, pourriez-vous dire à cet homme-là
: " Je te donne une feuille de vigne pourrie, mais toi, donne-moi ta
maison, car je la mérite? " Le scribe répondit : " Non,
Seigneur, car il doit d'abord payer sa dette. Ensuite, s'il veut
quelque chose, il devra lui donner de bonnes choses. Mais à quoi
peut servir une feuille pourrie!"
Chapitre 181
Jésus répondit : "Tu as bien parlé, frère!
Mais dis-moi, qui a créé l'homme du néant? C'est
Dieu, certes. Et Dieu a donné à l'homme en
bénéfice le monde entier. Mais en péchant l'homme
a tout gaspillé, car le monde entier est opposé à
l'homme à cause du péché. L'homme misérable
n'a que des œuvres pourries par le péché à
donner à Dieu; en péchant en effet chaque jour, il
pourrit ses œuvres. C'est pourquoi le prophète Isaïe
dit : "Nos justices sont comme un linge souillé", Comment donc
l'homme pourrait-il mériter puisque déjà il ne
peut pas payer ses dettes?
Est-ce que l'homme ne pèche pas? Certes, notre Dieu dit par son
prophète David : "Le juste tombe sept fois par jour." Combien de
fois tombe donc celui qui n'est pas juste! Et si nos justices sont
pourries, combien sont abominables les injustices Vive Dieu, il n'y a
rien que l'homme doive éviter davantage que de dire : "Je
mérite". Que l'homme considère les oeuvres de ses mains,
frère, et il verra aussitôt quel est son mérite.
Les bonnes choses qui viennent de l'homme, ce n'est pas l'homme qui les
fait, en vérité, mais c'est Dieu qui les accomplit dans
l'homme, car l'être appartient à Dieu qui l'a
créé. Ce que fait l'homme, c'est contre dire Dieu son
créateur, et commettre le péché. Et pour cela il
ne mérite pas récompense, mais tourment.
Chapitre 182
Non seulement Dieu a créé l'homme, comme je le dis, mais
il l'a créé parfait; il lui a donné le monde
entier; après la sortie du paradis, il lui a donné deux
anges qui le gardent; il lui a envoyé les prophètes ; il
lui a donné la loi ; il lui a donné la foi ; à
chaque instant il le délivre de Satan; il veut lui donner le
paradis; et de plus, Dieu veut se donner lui-même à
l'homme. Voyez donc comme la dette est grande! Pour l'éteindre,
il faudrait que vous ayez créé l'homme par
vous-mêmes à partir du néant, il faudrait que vous
ayez créé tous les prophètes que Dieu vous a
envoyés, et aussi un monde et un paradis, et de plus un Dieu
grand et bon comme l'est notre Dieu, et il faudrait que vous donniez
tout cela à Dieu. C'est ainsi que la dette serait
éteinte. Il ne vous resterait que le devoir de remercier Dieu.
Mais vous, qui ne pouvez même pas créer une mouche
puisqu'il n'y a qu'un seul Dieu maître de tout, comment
pourriez-vous éteindre votre dette? Certes, si un homme vous
prête cent deniers d'or, vous êtes obligés de lui
rendre cent deniers d'or. Or le sens de tout cela, frère, le
voici, c'est que Dieu peut dire ce qu'il lui plaît et donner ce
qu'il lui plaît puisqu'il est le mettre du paradis et de toute
chose. Quand il dit à Abraham : " Je serai ta grande
récompense", Abraham ne peut pas dire "Dieu est ma
récompense ", mais il doit dire : " Dieu m'est donné, il
est ma dette. " C'est pourquoi, frère, quand to prêches au
peuple, tu dois expliquer ce passage comme ceci : " Si l'homme fait le
bien, Dieu lui donnera ceci et cela. Ô homme, si Dieu te disait :
" Mon serviteur, tu as fait le bien pour mon amour, quelle
récompense veux-tu de moi ton Dieu?" Réponds : "
Seigneur, puisque je suis l'œuvre de tes mains, il n'est pas
digne que se trouve en moi ce qu'aime Satan, c'est-à-dire le
péché.
C'est pourquoi, Seigneur, pour ta gloire, aie pitié des
œuvres de tes mains! " Et si Dieu te disait : "Je t'ai
pardonné, mais maintenant je veux te récompenser",
réponds : " Seigneur, pour ce que j'ai fait, je mérite
d'être puni, et pour ce que to as fait, to mérites
d'être glorifié. Punis donc en moi, Seigneur, ce que j'ai
fait et sauve ce que tu as accompli! " Et si Dieu te disait: "Quelle
peine te semble convenir à ton péché? "
réponds : " Tout ce qu'endureront tous les
réprouvés, Seigneur! " Et si Dieu te disait : " Pour quoi
recherches-tu une peine si grande, ô mon serviteur
fidèle?" Réponds : " Parce que si chacun d'entre eux
avait reçu de toi ce que j'ai reçu, ils t'auraient servi
plus fidèlement que moi! " Et si Dieu te disait : "Quand veux-tu
recevoir, cette peine et pour combien de temps ? " Réponds : "
Dès maintenant et sans fin! " Vive Dieu, en présence de
qui se tient mon âme, un tel homme serait plus agréable
à Dieu que tous ses saints anges, car Dieu aime la
véritable humilité et il hait l'orgueil!". Le scribe
remercia alors Jésus et lui dit : " Seigneur, allons à la
maison de ton serviteur et ton serviteur te donnera à manger
ainsi qu'à tes disciples ! " Jésus répondit : " je
m'y rendrai quand tu me promettras de m'appeler " frère " et non
pas " Seigneur ", et que tu diras que tu es mon frère et non pas
mon serviteur! " L'homme le promit et Jésus se rendit chez lui.
Chapitre 183
Tandis qu'ils mangeaient, le scribe dit : " Maître, tu as dit que
Dieu aime la véritable humilité, dis-nous donc ce qu'est
l'humilité et comment elle peut être véritable ou
fausse. " (Jésus répondit) : " En vérité,
je vous le dis, celui qui ne deviendra pas comme un enfant, tu entrera
pas dans le royaume du ciel " Tous furent troublés en entendant
cela. Ils se disaient les uns aux autres : " Mais comment celui qui a
trente ou quarante ans deviendra-t-il un enfant? Que cette parole est
difficile ! "
Jésus répondit : " Vive Dieu, en présence de qui
se tient mon âme, mes paroles sont vraies ! Je vous dis qu'il
faut devenir comme un enfant, car c'est là la véritable
humilité. En effet, si vous demandez à un enfant, qui a
fait les vêtements qu'il porte, il répondra : " Mon
père ! " Si vous lui demandez à qui appartient la maison
qu'il habite, il vous dira : " A mon père! " Si vous dites : "
Qui t 'a appris à marcher et à prier, il vous
répondra : " Mon père ! " Mais si vous dites : " Qui t'a
blessé au front pour avoir le front ainsi bandé? " Il
répondra : " Je suis tombé et je me suis blessé
à la tête! " Si vous dites : " Mais pourquoi es-tu
tombé? " Il répondra " Ne voyez-vous pas que je suis
petit et que je n'ai pas la force de marcher ni de courir comme un
grand? Si je veux marcher vite, mon père doit me prendre la
main. Mais pour que j'apprenne à bien marcher, mon père
m'a lâché un peu, et Moi, en voulant courir, je suis
tombé! " Si vous dites alors: " Qu'a dit ton père?" II
répondra : " Eh bien, pourquoi n'as-tu pas marché
doucement? A l'avenir prends garde de t'éloigner de moi! "
Chapitre 184
" Est-ce que c'est vrai cela ? dit Jésus. "C'est tout à
fait vrai ! " répondirent les disciples et le scribe" - " Eh
bien, dit Jésus, ceux qui reconnaîtront dans la
vérité du coeur, que Dieu est l'auteur de tout bien et
qu'eux-mêmes sont les auteurs du péché,
ceux-là seront vraiment humbles. Mats celui dont la bouche
parlerait comme cet enfant mais qui dirait le contraire dans les faits,
celui-là serait sûrement un faux humble et un
véritable orgueilleux, car le comble de l'orgueil est de se
servir de moyens humbles pour ne pas être
réprimandé et fôulé aux pieds par les
hommes.
L'humilité véritable est un abaissement de l'âme
par lequel l'homme se connaît véritablement. Mais la
fausse humilité est un brouillard de l'enfer qui obscurcit
tenement l'intelligence de l'âme que tout ce que l'homme devrait
s'attribuer à lui-même, il 1'attribue à Dieu, et
tout ce qu'il devrait attribuer à Dieu, il se l'attribue
à lui-même. Ainsi le faux humble dira qu'il est un grand
pécheur, mais si quelqu'un lui dit qu'il est pécheur, il
se mettra en colère contre lui et le persécutera. Le faux
humble dira que Dieu lui a donné ce qu'il a, mais qu'il n'a pas
dormi et qu'il a bien agi.
Dites-moi, frères, les pharisiens d'à présent,
comment marchent-ils ?" Le scribe répondit en pleurant : "
Maître, les pharisiens d'aujourd'hui portent les habits et le nom
de pharisiens, mais ce sont des chananéens dans le cœur et
dans leurs œuvres ! Plaise à Dieu qu'ils n'usèrent
pas ce nom, ils ne tromperaient pas les simples! O temps passé,
comme tu as été cruel envers nous, tu nous as
enlevé les vrais pharisiens et tu nous as laissé les
faux! "
Chapitre 185
Jésus répondit : "Frère, ce n'est pas le temps qui
a fait cela, mais le monde méchant, car on peut servir Dieu en
vérité en tout temps, mais si on s'approche du monde,
c'est-à-dire des mauvaises mœurs, on devient
méchant en tout temps. Ne sais-tu pas que Géhazi,
serviteur du prophète Elisée, à la honte de son
maître, vola par un mensonge l'argent et les vêtements
d'Aman le Syrien? Et pourtant Elisée avail un grand nombre de
pharisiens et Dieu les faisait prophétiser.
Je te le dis en vérité, les hommes soot si
disposés à mal faire, le monde les y pousse tant, et
Satan les sollicite tellement au mal, que les pharisiens d'à
présent fuient toute bonne action et tout bon exemple.
Que l'exemple de Géhazi te suffise pour savoir qu'ils sont
réprouvés par Dieu. " Le scribe répondit : " C'est
tout à fait vrai!" Jésus dit alors : "Je veux que tu
racontes l'exemple
d'Aggée et d'Osée, les deux prophètes de Dieu,
pour que nous reconnaissions le vrai pharisien" Le scribe
répondit : "Maître, que dirais-je ? Beaucoup ne le
croiront certainement pas même si c'est écrit par le
prophète Daniel, mais pour t'obéir je te raconterai la
vérité.
Aggée avait quinze ans quand il vendit son patrimoine. L'ayant donné aux pauvres, il sortit
d' Anatot pour servir le prophète Abdias. Le vieil Abdias donc,
qui connaissait l'humilité d'Aggée se servait de lui
comme d'un livre pour enseigner ses disciples. Aussi lui faisait-il
souvent cadeau de vétements et d'aliments recherchés.
Mais Aggée renvoyait toujours le messager en disant : " Va-t-en,
retourne à la maison car tu t'es trompé ! Abdias
m'enverrait-il
de telles choses ? Sûrement pas, car il sait que je ne suis bon
à rien et que je ne fais que pécher. " Et quand Abdias
avait quelque chose de mauvais, il le donnait au plus proche voisin
d'Aggée afin que celui-ci le vole. Et en le voyant Aggée
se disait : " Tu vois bien qu'Abdias t'a tout à fait
oublié, car cela ne convient qu'à moi puisque je suis le
plus mauvais de tous. Il n'y a pas de chose si grossière qui ne
soit pour moi un trésor si je la reçois d'Abdias : c'est
Dieu qui me la donne par ses mains. "
Chapitre 186
Quand Abdias voulait apprendre à prier à quelqu'un; il
appelait Aggée et disait : " Récite ici ta prière
pour que chacun entende tes paroles! " Alors Aggée disait : "
Seigneur Dieu d'Israël, regarde avec miséricorde ton
serviteur qui t'appelle parce que tu l'as créé! Seigneur,
Dieu juste, souviens-toi de ta justice et punis les
péchés de ton serviteur pour que je ne contamine pas ton
œuvre! Seigneur mon Dieu, je ne peux pas te demander les
délices que tu donnes à tes serviteurs fidèles,
car je ne fais que pécher. Mais Seigneur, quand tu veux donner
une maladie à l'un de tes serviteurs, souviens-toi de moi, ton
serviteur, pour ta gloire! " Parce qu'Aggée faisait cela, dit le
scribe. Dieu l'aima tant qu'il donna le don de prophétie
à tous ceux qui se trouvaient avec lui en ce temps là; et
il n'y a pas de chose qu'Aggée demandât dans la
prière, que Dieu ne lui accordât.
Chapitre 187
En disant cela, le bon scribe pleurait comme pleure le mariniquand il
voit son bateau détruit. Il ajouta : "Quand Osée s'en
alla servir Dieu, il était prince de la tribu de Nephtali et
âgé de quatorze ans. Ayant vendu son patrimoine et l'ayant
donné aux pauvres, il partit pour être disciple
d'Aggée. Il était si enflammé de charité,
qu'il disait pour tout ce qu'on lui demandait : " Dieu m'a donné
cela pour toi, frère, accepte-le donc. " De . cette
manière, il n'eut bientôt plus que deux habits : la
tunique de cilice et le manteau de peau. Et je dis qu'il vendit le
patrimoine et qu'il le donna aux pauvres, car autrement on n'aurait
laissé personne prendre le nom de pharisien.
Osée possédait le livre de Moïse et le lisait avec
une ardeur extrême. Ainsi, Aggée lui dit un jour "
Osée, qui t'a pris tout ce que tu avais ? " il répondit :
" Le livre de Moïse! " Il arriva qu'un disciple d'un
prophète voisin voulut aller à Jérusalem. Or il
n'avait pas de manteau.
Ayant entendu parler de la charité d'Osée, il alla le
trouver et lui dit : " Frère. je voudrais aller à
Jérusalem pour offrir un sacrifice à notre Dieu, mais je
n'ai pas de manteau et je ne sais que faire! " ? A ces mots,
Osée dit : " Pardonne-moi, frère, j'ai commis un grand
péché contre toi : Dieu m'a donné un manteau pour
que je te le donne, et je l'ai oublié. Accepte-le donc et prie
Dieu pour moi ! " ajoutant foi, l'homme reçut le manteau
d'Osée et s'en alla. Quand Osée alla chez Aggée.
celui-ci lui dit : " Qui t'a pris ton manteau " Osée
répondit Il arriva qu'un pauvre fui dépouillé par
des voleurs et qu'il resta nu. Osée l'ayant vu ainsi, se
dépouilla de sa tunique et la donna à celui qui
était nu, lui-même restant avec un peu de peau de
chèvre sur ses parties secrètes. Niais comme il n'allait
pas chez Aggée, le bon Aggée pensa qu'Osée
était malade. Il alla le trouver avec deux de ses disciples. Ils
le trouvèrent enveloppé de feuilles de palmier.
Aggée dit alors : " Dis-moi donc pourquoi tu n'es pas venu chez
moi? " Osée répondit : " Le livre de Moïse m'a pris
ma tunique et j'ai craint d'aller là bas sans tunique. " Alors
Aggée lui en donna une autre. Il arriva qu'un jeune homme en
voyant Osée lire le livre de Moïse, dit en pleurant : " Moi
aussi j'apprendrais bien à lire si j'avais un livre! " A ces
mots, Osée lui donna le livre et dit : " Frère, ce livre
est à toi car Dieu me l'a donné pour que je le donne
à celui qui, en pleurant. désire un livre. " L'homme le
crut et accepta le livre.
Chapitre 188
Un disciple d'Aggée était voisin d'Osée. Voulant
voir si son livre était bien écrit, il se rendit chez lui
et lui dit : " Frère, prends ton livre et voyons s'il est comme
le mien ! " Osée répondit : " On me l'a pris " - " Qui te
l'a pris? " dit le disciple. Osée répondit " Le livre de
Moïse! " Ce qu'entendant, celui-là alla chez Aggée
et lui dit : " Osée est devenu fou car il dit que le livre de
Moïse lui a pris le livre de Moïse ! " Aggée
répondit : "Pries à Dieu. frère. que je sois aussi
fou et que tout les fous soient semblables à Osée ! "
Comme les voleurs de Syrie avaient traversé le pays de
Judée et pris le fils d'une pauvre veuve qui habitait
près du mont Carmel. où habitaient les prophètes
et les pharisiens, il arriva qu'Osée, étant allé
couper le bois. rencontra la femme qui pleurait. Aussitôt il se
mil à pleurer. car quand il voyait rire, il riait, et quand il
voyait pleurer. il pleurait. Osée interrogea la femme sur la
raison de ses larmes et
elle lui raconta tout. Osée dit alors : " Viens, soeur, car Dieu
veut te rendre ton fils ! " Ils allèrent tout deux à
Hébron, où Osée se vendit lui-même et donna
l'argent à la veuve. Celle-ci ne sachant comment il avail eu ces
deniers, les accepts et racheta son fils. Celui qui l'avait
acheté Osée sans le connaître, l'amena à
Jérusalem où il habitait. Aggée voyant qu'on ne
trouvait plus Osée. en restait affligé. L'ange de Dieu
lui dit alors qu'il avail été emmené à
Jérusalem comme esclave. En l'entendant, le bon Aggée
pleurait l'absence d'Osée comme une mère pleure l'absence
de son fils. Ayant appelé deux de ses disciples, il se rendit
à Jérusalem. A l'entrée de la ville, par
volonté de Dieu, il rencontra Osée portant du pain aux
ouvriers de la ville de son maître. L'ayant reconnu, Aggée
lui dit : " Fils, comment as-tu abandonné ton vieux père
qui te cherche dans la douleur?" Osée répondit : "
Père, j'ai été vendu." Aggée dit alors en
colère : " Quel est ce méchant qui t'a vendu?"
Osée répondit " Que Dieu vous pardonne!, père, car
celui qui m'a vendu est si bon que s'il n'était pas dans le
monde, personne ne deviendrait saint! " - " Quel est celui là?"
dit Aggée. Osée répondit : "Père, c'est le
livre de Moïse ! " Le bon Aggée en resta comme
égaré et dit " Plaise à Dieu, fils, que le livre
de Moïse me vende moi aussi et tous mes fils, comme il t'a vendu!
".
Et Aggée alla avec Osée chez son maître. Celui-ci
ayant reconnu Aggée dit : " Que notre Dieu soit béni qui
a envoyé son prophète chez moi !" Et il courut lui baiser
les mains. Aggée dit alors : " Frère, baise les mains de
ton serviteur que tu as acheté, car il est meilleur que moi ! "
Et il lui raconta tout ce qui s'était passé. Le
maître rendit donc la liberté à Osée. Est-ce
cela que tu désires, Maitre ? "
Chapitre 189
Jésus dit alors : " C'est bien cela, Dieu me l'a
certifié. Et pour que tous sachent que c'est la
vérité : au nom de Dieu, que s'arrête le soleil et
qu'il ne marche pas pendant douze heures ! " Ce qui se fit à
l'effroi de tout Jérusalem et de la Judée . Puis
Jésus dit au scribe : " Frère, que désires-tu
savoir de moi si tu as une telle connaissance ? Vive Dieu, cela suffit
pour le salut de l'homme, car l'humilité d'Aggée et la
charité d'Osée accomplissent toute la loi et tous les
prophètes.
Dis-moi, frère, quand tu vins m'interroger dans le temple,
croyais-tu peut-être que Dieu m'avait envoyé
détruire la loi et les prophètes ? Non, Dieu ne le fera
pas, lui qui est immuable . Mais ce que Dieu a déterminé
comme voie de salut pour l'homme c'est cela qu'il a fait proclamer par
tous les prophètes. Vive Dieu, en présence de qui se
tient mon âme, si le livre de Moïse et le livre de David,
notre père, n'avaient pas été contaminés
par les traditions
humaines des faux pharisiens et docteurs, Dieu ne m'aurait pas donné sa parole. Que dis-je, le
livre de Moïse et le livre de David ? C'est toutes les
prophéties qu'ils ont contaminées, au point qu'on ne
recherche pas aujourd'hui une chose parce que Dieu l'a
commandée, mais on regarde si les docteurs l'enseignent et si
les pharisiens l'observent, comme si Dieu se trompait et que les hommes
ne pouvaient pas se tromper.
Malheur donc à cette génération incrédule,
car viendra sur eux le sang de tous les prophètes et
justes ainsi que le sang de Zacharie, fils de Barachie, qu'ils
tuèrent entre le temple et l'autel ! Lequel des prophètes
n'ont-ils pas persécuté ? Lequel des justes ont-ils
laissé mourir de mort naturelle ? Presque aucun ! C'est pourquoi
ils cherchent maintenant à me tuer. Ils se glorifient
d'être les fils d'Abraham et d'avoir le beau temple. Vive Dieu,
ils sont fils de Satan; aussi font-ils sa volonté! C'est
pourquoi le temple et la ville sainte s'en iront en ruine, et du temple
il ne restera pas pierre sur pierre.
Chapitre190
Dis-moi, frère, toi qui es docteur expert de la loi, )a promesse
du Messie faite à notre père Abraham, au sujet de qui
est-elle faite? d'Isaac ou d'Ismaël? 1 " Le scribe répondit
: " Maître, je crains de te le dire, car il y a danger de mort! "
Jésus dit alors : " Frère, je regrette d'être venu
manger chez toi puisque tu aimes plus la vie présente que Dieu,
ton créateur. C'est donc pour cela que tu crains de perdre la
vie et que tu ne crains pas de perdre la' foi et la vie
éternelle? Or on perd celle-ci quand la langue dit le contraire
de ce que le coeur sait de la loi de Dieu! "
Le bon scribe dit alors en pleurant : " Maître, si j'avais su que
je pouvais avoir quelque influence, j'aurais prêché bien
des choses que j'ai tues pour ne pas susciter de sédition dans
le peuple. " Jésus répondit : " Il ne faut tenir compte
ni du peuple, ni du monde entier, ni de tous les saints, ni dé
tous les anges, quand il y a offense de Dieu. Laisse donc tout
périr, sans toi-même offenser Dieu, ton créateur,
plutôt que tout conserver avec le péché, car le
péché détruit et ne conserve pas. Dieu est assez
puissant pour créer autant de mondes que la mer a de grains de
sable, et bien plus encore."
Chapitre 191
Le scribe dit alors : " Pardonne-moi, Maître, car j'ai
péché ! " Jésus dit : " Que Dieu te pardonne,
c'est contre lui que tu as péché! " Puis le scribe dit :
" J'ai vu un vieux livre écrit de la main des serviteurs et
prophètes de Dieu, Moïse et Josué, celui qui comme
toi arrêta le `soleil t. Ce livre est le vrai livre de Moisez. II
y est écrit qu'Ismaël est le père du Messie, et
qu'Isaac est le père du messager du Messie. Ce messager viendra
préparer les voies du Messie. Le livre rapporte que Moise a dit
: " Seigneur, Dieu d'Israël, puissant et miséricordieux,
manifeste à ton serviteur la splendeur de ta gloire!' " Alors
Dieu lui montra son messager dans les bras d'Ismaël, et
Ismaël dans les bras d'Abraham. Auprès d'Ismaël se
tenait Isaac tenant dans/ses bras un enfant qui de son doigt
montrait le messager de Dieu en disant : " Voici celui pour qui Dieu
â tout créé ! " Alors Moise s'écria avec
joie : " Ismaël, tu tiens dans tes bras le monde entier ainsi que
le paradis ! Souviens-toi de moi, serviteur de Dieu, afin que je trouve
grâce auprès de Dieu par ton fils pour qui il a tout fait.
"
Chapitre 192
On ne trouve pas dans ce livre que Dieu mange de la viande de brebis ou
de mouton t. On n'y trouve pas que Dieu ait réservé sa
miséricorde au seul Israël, mais au contraire qu'il fait
miséricorde à tout homme qui cherche en
vérité Dieu son Créateur. Ce livre-là, je
n'ai pas pu le lire en entier, car le souverain pontife dans la
bibliothèque de qui je me trouvais, me l'interdit en disant
qu'un Ismaëlite l'avait écrit ". Jésus dit alors : "
Garde-toi de ne plus jamais taire la vérité, car c'est
dans la foi du Messie que Dieu donnera le salut aux hommes. Sans elle,
personne ne se sauvera." Et Jésus arrêta ici son propos.
Puis, tandis qu'ils mangeaient, voici que Marie, qui pleura aux pieds
de Jésus$, entra dans la maison de Nicodème, car tel
était le nom du scribes. Elle se mit en pleurant aux pieds de
Jésus et dit : " Seigneur, ta servante qui par toi a
trouvé miséricorde auprès de Dieu, a une soeur et
un frère. Or celui-ci est malade, en péril de mort. "
Jésus répondit : "Où est ta maison, dis-le et
j'irai prier Dieu pour sa santé!" Marie répondit : "
Béthanie appartient à mon frère et à ma
saur; quant à moi, j'habite Magdala. Mon frère est donc
à Béthanie ". Jésus dit à la femme : " Va
vite chez ton frère et attends moi, car j'irai le guérir.
Ne crains pas, il ne mourra pas! " La femme s'en alla. Arrivée
à Béthanie, elle trouva que son frère était
mort ce jour même. Alors ils le mirent dans le sépulcre de
leurs pères.
Chapitre 193
Jésus resta deux jours chez Nicodème. Le
troi-sième jour, il partit pour Béthanie. Près de
la ville, il envoya deux disciples en avant pour annoncer sa venue
à Mariez. Celle-ci courut hors de la ville, et ayant
trouvé Jésus, elle dit en pleurant : " Seigneur, tu
m'avais dit que mon frère ne mourrait pas
Maintenant il est enseveli depuis quatre jours. Plût à
Dieu que tu sois venu avant que je t'appelle, car il ne serait pas
mort!" Jésus répondit : "Ton frère n'est pas mort,
mais il dort, c'est pourquoi je viens le réveiller! " Marie
répondit en pleurant : " Seigneur, d'un tel sommeil il sera
réveillé au jour du jugement par l'ange de Dieu qui
sonnera de ta trompette. " Jésus dit : " Marie, crois-moi, il
ressuscitera auparavant, car Dieu m'a donné pouvoir sur son
sommeil! Je te le dis en vérité, il c'est pas mort, car
seul est mort celui qui meurt sans trouver miséricorde
auprès de Dieu . "
Marie retourna vite annoncer à sa sueur Marthe la venue de
Jésus. A la mort de Lazare, une grande foule de Juifs de
Jérusalem et beaucoup de scribes et de pharisiens étaient
accourus. Marthe ayant entendu dire par sa soeure Marie que
Jésus arrivait, se leva en hâte et courut au dehors. La
multitude des Juifs, scribes et pharisiens la suivit pour la consoler,
car ils croyaient qu'elle allait au sépulcre pleurer son
frère.
Arrivée à l'endroit où Jésus avait
parlé avec Marie, Marthe dit en pleurant : " Seigneur.
plût à Dieu que tu aies été ici, car mon
frère ne serait pas mort!"" Marie survint à ce moment en
pleurant. Alors Jésus pleura et dit en soupirant : "Où
l'avez vous mis?" Ils répondirent : "Viens voir!" Les pharisiens
disaient entre eux : " Lui qui ressuscita le fils de la veuve à
Naïn . pourquoi a-t-il laissé mourir Lazare alors qu'il
avait dit qu'il ne mourrait pas?"
Arrivé au sépulcre où chacun pleurait,
Jésus dit :" Ne pleurez pas, car Lazare dort et je suis venu le
réveiller! " Les pharisiens disaient : " Plaise à Dieu
que tu dormes de cette manière-là ! " Jésus dit
alors : " Mon heure n'est pas encore venue, mais quand elle viendra, je
m'endormirai de la même manière et je serai vite
réveillé. " Jésus dit encore : " Enlevez la pierre
du sépulcre ! " Marthe dit : " Seigneur. il sent mauvais, car il
y a quatre jours qu'il est mort! " Jésus dit : " Pourquoi
suis-je donc venu ici, Marthe ? Ne crois-tu pas que je le
réveillerai ? " Marthe répondit : "Je sais que tu es le
saint de Dieu qui t'a envoyé en ce monde. "
Alors, les mains levées au ciel, Jésus dit : " Sei-gneur,
Dieu d'Abraham, Dieu d'Ismaël et d'Isaac, Dieu de nos
pères, aie pitié de la douleur de ces femmes et rends
gloire à ton saint Nom ! " Chacun ayant répondu " Amen "
u, Jésus dit d'une voix forte " Lazare, viens dehors! " Alors le
mort se leva. Jésus dit à ses disciples : "
Déliez-le ! " En effet, il était lié dans le
linceul avec le suaire sur le visage, comme nos pères ont
coutume d'ensevelir.
Une grande foule de Juifs et quelques pharisiens crurent en
Jésus, car le miracle était grand. Ceux qui
restèrent dans leur incrédulité s'ils
allèrent à Jérusalem et racontèrent aux
princes des prêtres la résurrection de Lazare et comment
beaucoup étaient devenus Nazaréens. C'est ainsi qu'ils
appelaient ceux qui faisaient pénitence à la parole de
Dieu que prêchait Jésus.
Chapitre 194
Les scribes, les pharisiens et le souverain pontife tinrent conseil
pour tuer Lazare, car beaucoup renonçaient à leurs
traditions et croyaient à la parole de Jésus 1. En effet,
le miracle de Lazare était grand
il conversait avec les hommes, il mangeait et buvait. Mais comme il
était puissant, bien introduit à Jéru-salem et
qu'avec ses sueurs il était propriétaire de Magdala et de
Béthanie, ils ne savaient que faire.
Jésus entra à Béthanie, dans la maison de Lazare.
Marthe et Marie le servaient=. Un jour que Marie était assise
aux pieds de Jésus et qu'elle écoutait ses paroles,
Marthe dit à Jésus : " Seigneur, ne vois-tu pas que ma
sueur ne prend pas soin de toi et ne se soucie pas de ce que toi et tes
disciples vous devez manger?" Jésus répondit : "Marthe,
Marthe, occupes-toi de ce que tu dois faire, car Marie a choisi une
part qui ne lui sera jamais enlevée !'
Pendant qu'il était assis à table avec une grande foule
de ceux qui croyaient en lui, Jésus déclara "
Frères, je dois rester avec vous peu de temps encore, car le
temps est proche où je quitterai ce monde. Aussi je vous
rappelle les paroles de Dieu au prophète Ezéchiel : "
Aussi vrai que je vis éternelle-ment, moi votre Dieu,
l'âme qui péchera, mourra ; par contre, si le
pécheur fait pénitence, il ne mourra pas, mais il vivra."
La mort présente n'est pas une mort, mais plutôt la fin
d'une longue mort. En effet, quand le corps est évanoui,
privé de sens, il ne vaut pas mieux qu'un cadavre bien que
l'âme soit en lui, sauf que le cadavre attend que Dieu le
ressuscite, tandis que l'évanoui attend que la
sensibilité lui revienne.
Prenez donc garde que la vie présente ne soit une mort si vous n'avez pas le sens de Dieu.
Chapitre 195
Ceux qui croiront en moi ne mourront jamais, car par ma parole ils
sentiront Dieu en eux-mêmes et ils feront leur salut t. Qu'est-ce
que la mort, sinon un acte que fait la nature sur l'ordre de Dieu?
Comme si quelqu'un tenait un oiseau attaché par une corde qu'il
garderait en main. Si la tête veut que l'oiseau s'envole, que
fait-elle? Elle ordonne naturellement à la main de s'ouvrir et
l'oiseau fuit aussitôt. Quand l'homme est sous la protection de
Dieu, notre âme est, selon le prophète David, comme un
passereau délivré de la ruse du chasseur. Notre vie est
comme une corde par laquelle ta nature tient l'âme
attachée au corps et à la sensibilité. Quand Dieu
veut et ordonne à la nature de s'ouvrir, la vie se brise et
l'âme se réfugie entre les mains de l'ange que Dieu a
établi pour recevoir les âmes.
Que les amis ne pleurent donc pas quand leur ami est mort, car c'est
ainsi que notre Dieu fa voulu ! Mais qu'ils pleurent sans fin quand il
pèche, car alors l'âme meurt, puisqu'elle se sépare
de Dieu sa vraie vie. En effet, si le corps privé de l'âme
est horrible, bien plus épouvantable est l'âme
privée de Dieu qui la rend belle et la vivifie par sa
grâce et sa miséricorde.
Sur ces mots, Jésus rendit grâces à Dieu. Lazare
dit alors : " Maître, cette maison appartient à Dieu mon
créateur ainsi que tout ce qu'il m'a donné. en garde pour
le service des pauvres; mais comme tu es pauvre et que tu as un grand
nombre de disciples, viens habiter ici quand tu veux et aussi longtemps
que tu veux, car le serviteur de Dieu te donnera pour l'amour de Dieu
tout ce qui te sera nécessaire.
Chapitre 196
Entendant cela, Jésus se réjouit et dit : " Vous voyez
comme il est bon de mourir! Lazare n'est mort qu'une fois et il a
appris une doctrine si grande que ne la connaissent pas les plus grands
savants du monde, qui ont vieilli parmi les livres. Plaise à
Dieu que tout homme meure une seule fois et revienne au monde comme
Lazare, pour que les hommes appren-nent à vivre ! "
Jean répondit : " Maître, m'est-il permis de dire un mot?"
- " Dis-en mille, répondit Jésus, car l'homme doit
distribuer la doctrine de même qu'il doit distribuer les biens
pour le service de Dieu. Et ce devoir est d'autant plus grand que la
parole peut) ressusciter une âme par la pénitence tandis
que les biens ne peuvent pas rendre la vie à un mort. C'est
donc un meurtrier celui qui a le moyen d'aider un pauvre et qui le
laisse mourir de faim sans l'aider. Mais plus grand meurtrier encore
est celui qui peut convertir le pécheur à la
pénitence par la parole de Dieu et qui ne le convertit pas. se
tient, selon la parole de Dieu, comme un chien muet'. C'est contre eux
que Dieu dit : " Je reprendrai de tes mains, serviteur infidèle,
l'âme du pécheur qui périra parce que tu lui as
caché tua parole ! " Dans quel état se trouvent donc
maintenant les scribes et les pharisiens! Ils ont la clef et ne veulent
pas entrer; au contraire ils font obstacle à ceux qui veulent
entrer dans la vie éternelle! Jean, tu me demandes la permission
de dire un mot, alors que tu en as écouté cent mille de
ma part. En vérité, je te le dis, je suis obligé
de t'écouter dix fois plus que tu ne m'as écouté.
Celui qui ne veut pas écouter l'autre péchera chaque fois
qu'il parlera, car nous devons faire aux autres ce que nous voulons
pour nous et ne pas leur faire ce que nous-mêmes ne voulons pas
rece-voir. "
Jean dit alors : " Maître, pourquoi Dieu n'a-t-il pas
donné aux hommes de mourir une fois et de revenir comme Lazare
pour qu'ils apprennent à se connaître eux-mêmes et
à connaître leur créateur? "
Chapitre 197
Jésus répondit : " Dis-moi, Jean, un père de
famille donna une excellente hache à l'un de ses serviteurs pour
qu'il coupe les taillis qui gênaient la vue de la maison. Mais
l'ouvrier négligea la hache et dit : " Si le patron me donnait
une vieille hache, je couperais facilement les taillis! " Jean, dis-moi
ce que fit le patron? Dans sa colère, il prit la vieille hache
et il lui en frappa la tête en disant : " Pares-seux et
scélérat! Je t'ai donné une hache avec laquelle tu
pouvais sans peine couper les taillis et tu cherches celle-ci qu'on
n'emploie qu'avec grande fatigue et qui abîme tellement tout ce
qu'elle coupe que ce n'est plus bon à rien ! Je veux que tu
coupes les taillis de telle manière que/le travail soit bien
fait ! " Est-ce que ce n'est pas juste ? " Jean répon-dit : "
Tout à fait juste. "
Jésus dit alors : "Aussi vrai que je vis éternelle-ment,
dit Dieu, j'ai donné une bonne hache à tout homme, et
cette hache c'est de voir enterrer un mort. Ceux qui utilisent bien
cette hache-là enlèvent sans difficulté de leur
coeur, te taillis des péchés si bien qu'ils
reçoivent ma grâce et ma miséricorde et je leur
donne en récompense la vie éternelle parce qu'ils ont
bien agi. Mais celui qui oublie qu'il est mortel alors qu'à tout
instant il en voit d'autres mourir et qui dit : " Si je voyais l'autre
vie, j'agirais bien! " ma fureur sera sur lui et je le frapperai tant
par la mort qu'il ne recevra plus jamais aucun bien ! " O Jean, dit
Jésus, qu'il est grand l'avantage de celui qui par la chute des
autres apprend à se tenir debout ! "
Chapitre 198
Lazare dit alors : " Maître, je te le dis en
vérité, je ne peux pas imaginer la peine que
mérite celui qui voit à tout instant des morts
portés au tombeau et qui ne craint pas Dieu, notre
créateur ! Ainsi par les choses de ce monde qu'il devra
complète-ment abandonner, il offense son créateur qui les
lui a données.
Jésus dit alors à ses disciples : " Vous m'appelez
Maître et vous faites bien, car Dieu vous enseigne par ma
bouche', mais comment appeierez-vous en vérité Lazare
puisqu'il est ici maître de tous les maîtres qui enseignent
la doctrine de ce monde ? Je vous ai donc enseigné à bien
vivre, mais Lazare vous enseignera à bien mourir. Vive Dieu , il
a reçu le don de la prophétie ; écoutez donc ses
paroles qui sont vérité ! Vous devez d'autant mieux
l'écouter qu'il est vain de bien vivre 'et de mal mourir. "
Lazare dit : "Maître, je te remercie de faire apprécier la
vérité. Dieu t'en accordera un grand mérite. "
Celui qui écrit dit alors : " Maître, comment Lazare
dit-il la vérité en te disant " tu mériteras,
puisque tu as dit à Nicodème que l'homme ne mérite
que la peine ? Seras-tu donc puni par Dieu ? "
Jésus répondit : " Plût à Dieu que je
reçoive de Dieu une peine en ce monde, car je ne l'ai pas servi
aussi fdèlement que je le devais. Pourtant, dans sa
miséricorde, Dieu nia tellement aimé qu'il a
éloigné de moi toute peine. et que je ne serai
tourmenté que dans une autre personne. Une peine me convenait en
effet puisque les hommes m'avaient appelé Dieu. Mais comme j'ai
confessé non seule-ment que je ne suis pas Dieu -ce qui est la
vérité -mais que je ne suis pas le Messie, Dieu m'a
enlevé la peine et il la fera endurer à un méchant
en mon nom. Moi, je n'aurai que la honte.
Aussi je te le dis, mon Barnabé, quand l'homme parle de ce que
Dieu donnera à son prochain, qu'il dise que son prochain
mérite. Mais quand il parle de ce que Dieu lui donnera à
lui-même, qu'il fasse attention à dire " Dieu m'accordera
" et non pas "je mérite ". Dieu se complaît en effet
à accor-der sa miséricorde à ses serviteurs quand
ils confessent qu'ils méritent/l'enfer pour leurs
péchés. "
Chapitre 199
Dieu est si riche en miséricorde que l'eau de mille mers, s'il
s'en trouve autant, ne peut éteindre une seule étincelle
des flammes de l'enfer, tirndis qu'une seule larme de celui qui se
plaint d'avoir offensé Dieu éteint l'enfer tout entier
par la grande miséricorde avec laquelle Dieu le secourt.
Aussi, pour la confusion de Satan et pour démon-trer sa propre
libéralité, Dieu dans sa miséricorde veut appeler
" mérite " toute bonne t!euvre de son serviteur fidèle et
il veut que l'homme parle ainsi de son prochain. Mais que l'homme se
garde bien de dire de lui-même " je mérite", car il serait
condamné ! ".
Chapitre 200
Tourné vers Lazare, Jésus lui dit : " Frère,
puis-que je dois rester peu de temps en ce monde, quand je serai proche
de ta maison, je n'irai plus ailleurs. Tu me serviras, non par amour
pour moi, mais pour l'amour de Dieu. "
La Pâque des Juifs était proche'. Jésus dit alors
à ses disciples : " Allons à Jérusalem manger
l'agneau pascal ! " Il envoya Pierre et Jean vers la ville en disant :
" Près de la porte de la ville vous trouverez une ânesse
avec un ânon. Déliez-la et amenez-la ici car j'en ai
besoin pour me rendre à Jérusalem. Si quelqu'un vous
interroge en disant : " Pourquoi la déliez-vous? " Dites-lui : "
Le Maître en a besoin! " Et ils vous laisseront l'emmener. "
Les disciples partirent et trouvèrent tout ce que Jésus
leur avait dit. Ils amenèrent donc l'ânesse avec
l'ânon. lis mirent leur manteau sur l'ânon et Jésus
l'enfourcha. Or, ayant entendu dire que Jésus de Nazareth
s'approchait, les hommes de Jérusalem, tout désireux de
le voir, sortirent avec les enfants. Ils portaient en main des rameaux
de palmiers et d'oliviers et chantaient : " Béni soit celui qui
vient à nous au nom de Dieu! Hosanna, fils de David! "
Quand Jésus eut atteint la ville, .les hommes éten-dirent
leurs vêtements sous les pieds de l'âne en chantant ; "
Béni soit celui qui vient à nous au nom du Seigneur Dieu!
Hosanna, fils de David!" Les pharisiens le reprochèrent à
Jésus' : " Ne vois-tu donc pas ce qu'ils disent? Fais-les taire
! " Jésus leur dit : " Vive Dieu, en présence de qui se
tient mon âme, si les hommes se taisent, les pierres crieront
contre l'incrédulité des méchants pécheurs
! " A ces mots, toutes les pierres de Jérusalem crièrent
avec fracas : " Béni soit celui qui vient à nous au nom
du Seigneur Dieu ! "
Cependant, les pharisiens demeurèrent dans leur
incrédulité. S'étant réunis, ils tinrent
conseil entre eux pour le surprendre dans ses paroles.
Chapitre 201
Quand Jésus fut entré dans le temple, les scribes et les
pharisiens lui présentèrent une femme surprise en
adultère'. Ils disaient entre eux : " S'il la sauve, il est
contre la loi de Moïse et nous le tenons pour coupable! Mais s'il
la condamne, il est contre sa propre doctrine, car il prêche la
miséricorde ! " S'étant présentés à
Jésus, ils dirent : " Maître, nous avons trouvé
cette femme en adultère. Moïse ordonna qu'elle soit
lapidée, mais toi qu'en dis-tu ? " Jésus se baissa et, du
doigt, il fit par terre un miroir dans lequel chacun voyait ses
iniquités . Pourtant, comme ils insistaient pour avoir la
réponse, Jésus se leva et montrant du doigt le miroir, il
dit : " Celui d'entre vous qui- est sans péché, qu'il
soit le premier à la lapider!" Et de nouveau, il se baissa pour
former le miroir. Voyant cela, les hommes sortirent un par un, en
commençant par les plus vieux car ils avaient honte de voir
leurs abominations.
S'étant relevé et ne voyant personne d'autre que la
femme, Jésus dit : " Femme, où sont ceux qui te
condamnèrent ? " La femme répondit en pleurant
" Seigneur, ils sont partis et si tu me pardonnes, vive Dieu, je ne
pêcherai plus! " Jésus dit alors " Dieu soit béni,
va-t'en en paix et ne pèche plus, car Dieu ne m'a pas
envoyé pour te condamner!" Ayant réuni les scribes et les
pharisiens, Jésus leur dit : " Dites-moi, si l'un de vous avait
cent brebis et qu'il en perdait une, n'iriez-vous pas la chercher en
laissant les quatre-vingt-dix-neuf? et rayant trouvée, ne la
mettriez-vous pas sur vos épaules ? Après avoir
réuni les voisins, ne diriez-vous pas : " Réjouissez-vous
avec moi, car j'ai retrouvé la brebis que j'avais perdue ! "
Oui, vous le feriez! Or dites-moi, notre Dieu aimerait-il moins l'homme
pour lequel il a fait le monde? Vive Dieu, c'est ainsi qu'on se
réjouit chez les anges de Dieu pour un seul pécheur qui
fait pénitence, car les pécheurs font connaître la
miséricorde de (Dieu)!'-
Chapitre 202
Dites-moi, quels sont ceux qui aiment le plus le médecin ? Ceux
qui n'ont jamais été malades, ou bien ceux que le
médecin a guéris d'une grave maladie ? " Les pharisiens
répondirent : " Comment celui qui est en bonne santé
aimerait-il le médecin? II ne l'aimera que pour ne pas tomber
malade. Mais comme il ne connaît pas la maladie, il aimera peu le
médecin.' "
Dans la force de l'esprit, Jésus dit alors : " Vive Dieu, vos
langues condamnent votre orgueil. Oui, le pécheur qui fait
pénitence et qui reconnaît la grande miséricorde de
Dieu à son égard, aime plus notre Dieu/que le juste, car
le juste ne connaît pas la miséricorde de Dieu ! Aussi se
réjouit-on plus chez les anges de Dieu pour un seul
pécheur qui fait pénitence, que pour
quatre-vingt-dix-neuf justes2. Où sont les justes de notre
temps? Vive Dieu, en présence de qui se tient mon âme, il
est grand le nombre des justes injustes et dont la condition est
égale à celle de Satan! "
Les scribes et les pharisiens répondirent : " Nous sommes
pécheurs? Dieu nous fera donc miséri-corde ! " Ils dirent
cela pour le tenter, car les scribes et les pharisiens tiennent pour
insulte suprême d'être appelé pécheurs.
Jésus dit alors : "Je crains que vous ne soyez des justes
injustes. Car si vous avez péché et que vous niez le
péché, tout en vous appelant justes, vous êtes
injustes. Et si dans votre coeur vous vous considérez justes
mais qu'avec votre langue vous vous dites pécheurs, vous
êtes dou-blement des justes injustes ! " A ces paroles, les
scribes et les pharisiens furent remplis de confusion et s'en
allèrent en laissant Jésus en paix avec ses disciples.
Ceux-ci allèrent chez Simon le lépreux, qu'il avait
guéri de la lèpre. Les habitants de la ville
rassem-blèrent les malades dans la maison de Simon et ils
prièrent Jésus pour la santé des malades,
Jésus sachant que son heure était proche, dit alors :"
Appelez tous les malades possibles, Dieu est assez puissant et
miséricordieux pour les guérir. " Ils répondirent
: " Nous ne connaissons pas d'autre malade ici à
Jérusalem. " Jésus répondit en pleu-rant : " O
Jérusalem, O Israël, je pleure sur toi car tu ne sais pas
la visite que tu reçois. J'ai voulu en effet te ramener à
l'amour de Dieu, ton créateur, comme une poule rassemble ses
poussins sous ses ailes et tu ne l'as pas voulu s. C'est pourquoi Dieu
te dit ceci .
Chapitre 203
O ville au coeur dur et à l'esprit pervers ! Je t'ai
envoyé mon serviteur afin que tu te convertisses en ton coeur t
et que tu fasses pénitence. Mais toi, ô ville de
confusion, tu as oublié tout ce que j'ai fait contre l'Egypte et
Pharaon pour ton amour, ô Israël! Souvent tu pleures pour
que mon serviteur guérisse ton corps de la maladie et tu
cherches à tuer mon serviteur parce qu'il cherche à te
guérir l'âme du péché!
Seras-tu donc la seule que je ne punirai pas? Vivras-tu toujours ? Ton
orgueil te libérera-t-il de mes mains ? Certainement pas! Car
j'amènerai contre toi des princes et des armées. Ils
fassiègeront et je te livrerai si bien dans leurs mains que ton
orgueil tombera en enfer!
Je ne pardonnerai pas aux vieillards, ou aux veuves, je ne pardonnerai
pas aux enfants, mais je vous livrerai tous à la faim, à
l'épée et à la dérision! Et le temple, que
je regardai avec miséricorde., je le rendrai désert ainsi
que la ville et vous serez la fable, la dérision et le proverbe
des nations'. C'est ainsi que ma fureur s'est arrêtée sur
toi et que veille mon indignation ! "
Chapitre 204
Puis Jésus ajouta : " Vous ne savez pas s'il y a d'autres
malades ! Vive Dieu, à Jérusalem ceux dont l'âme
est saine sont moins nombreux que ceux dont le corps est malade ! Afin
que vous connaissiez la vérité, je vous le dis, malades'.
au nom de Dieu, que la maladie s'éloigne de vous!'" A peine
avait-il dit cela qu'ils furent guéris.
Les hommes pleuraient. ayant senti la colère de Dieu sur
Jérusalem et ils imploraient miséricorde. Jésus
dit alors : " Si Jérusalem pleure ses péchés et
fait pénitence, en marchant dans mes voies, dit Dieu, je ne me
souviendrai plus de ses iniquités et je ne lui ferai aucun des
maux que j'ai dits. Mais Jérusalem pleure sa ruine et non pas le
déshonneur qu'elle m'inflige en faisant blasphémer mon
nom par les nations. Aussi ma fureur s'enflamme-t-elle beaucoup plus !
Aussi vrai que je vis à jamais, si Job, Abraham, Samuel, David,
Daniel, mes servi-teurs, ainsi que Moïse, priaient pour ce peuple,
ma colère ne s'apaiserait pas sur Jérusalem!' "
Ayant dit cela, Jésus se retira dans la maison, tandis que chacun demeurait dans la crainte.
Chapitre 205
Pendant que Jésus prenait le repas du soir avec ses disciples
chez Simon le lépreux, voici que Marie, sueur de Lazare, entra
dans la maison. Ayant brisé un vase, elle répandit du
parfum sur la tête et les vêtements de Jésus.
Voyant cela, Judas le traître voulait empêcher Marie de le
faire en disant : " Va vendre le parfum, rapporte l'argent et je le
donnerai aux pauvres ". Jésus dit : " Pourquoi
l'empêches-tu ? Laisse-la faire car vous aurez toujours des
pauvres avec vous, mais moi, vous ne m'aurez pas toujours! " Judas
répondit : " Maitre, on pourrait vendre ce parfum trois cents
deniers. Vois combien de pauvres seraient aidés!'" Jésus
répondit : "Judas, je connais ton coeur, mais sois patient, je
te donnerai tout! " Tous mangèrent avec crainte et les disciples
s'attristaient car ils savaient que Jésus devait bientôt
les quitter. Mais Judas, indigné à la pensée de
perdre trente deniers sur le parfum qu'on ne vendait pas, puisqu'il
volait le dixième de tout ce qu'on donnait à
Jésus'; alla trouver le grand prêtre'. Celui-ci
réunit en conseil de prêtres, scribes et pharisiens. Judas
s'adressa à eux en ces termes " Que voulez-vous me donner et je
livrerai entre vos mains Jésus qui veut se faire roi
d'Israël?" lls répondirent : " Comment le livreras-tu entre
nos mains ? " Judas répondit : " Quand je saurai qu'il va prier
hors de la ville, je vous le dirai et je vous conduirai où il se
trouvera, car le prendre en ville ne se passera pas sans émeute.
" Le pontife répondit " Si tu le livres entre nos mains, nous te
donnerons trente deniers d'or 6 et je te ferai tout le bien que tu
voudras .
Chapitre 206
Quand il fit jour, Jésus monta au temple avec une grande
multitude de gens 1. Le pontife s'approcha de lui et dit : " Dis-moi,
Jésus, as-tu oublié ce que tu as proclamé, que tu
n'es ni Dieu, ni fils de Dieu, ni non plus le Messie ? " Jésus
répondit : " Certes non, je ne l'ai pas oublié; j'ai
proclamé et je proclamerai au tribunal de Dieu au jour du
jugement que tout ce qui est écrit dans le livre de Moïse
est absolument vrai, c'est-à-dire que Dieu, notre
créateur, est uni-que, que moi je suis son serviteur et que je
désire servir de messager de Dieu que vous appelez Messie. "
Le pontife dit alors : " A quoi bon venir au temple avec une telle
multitude ? Chercherais-tu à te faire roild'Israël ? Prends
garde qu'il ne t'arrive quelque malheur!" Jésus répondit
: " Si je cherchais ma gloire et si je voulais ma part en ce monde, je
ne me serais pas enfui quand le peuple de Naïn voulut me faire
roi. Crois-moi, en vérité je ne cherche rien en ce
monde!" Le pontife dit alors : " Nous voudrions encore apprendre
quelque chose sur le Messie. " A ce moment, les prêtres, scribes
et pharisiens firent cercle autour de Jésus. Celui-ci
répondit : "Que cherches-tu à savoir sur le Messie? Le
mensonge, peut-être ? Moi, je ne te mentirai certainement pas. Si
j'avais menti, tu m'aurais adoré, ainsi que les scribes, les
pharisiens et tout Israël. Mais comme je vous dis la
vérité, vous me haïssez et vous cherchez à me
tuer! ' " Le pontife dit : " Maintenant, nous savons que tu as le
diable au corps, car tu es
Samaritain' et tu n'as pas de respect pour le pontife de Dieu. "
Chapitre 207
Jésus répondit : " Vive Dieu. je n'ai pas le diable au
corps', au contraire je cherche à chasser le diable, c'est
pourquoi il excite le monde contre moi, car je ne suis pas de ce monde
x. Je désire au contraire que Dieu soit glorifié, lui qui
m'a envoyé au monde". Ecoutez-moi donc, je vais vous dire qui a
le diable au corps! Vive Dieu en présence de qui se tient mon
âme, celui qui agit selon la volonté du diable, c'est
celui-là qui a le diable au corps! Le diable lui a imposé
le mors de sa volonté et il le dirige à son gré en
le faisant courir vers toute iniquité. De même qu'un
vétement change de nom quand change la personne, bien que ce
soit exacte-ment la même étoffe, ainsi les hommes : bien
qu'ils soient tous faits d'une même matière, ils sont
diffé-rents à cause des aeuvres de celui qui agit en
l'homme.
Si j'ai péché, comme je le sais, pourquoi ne me
reprenez-vous pas comme un frère, au lieu de me hoir comme un
ennemi ? En vérité, les membres d'un corps se secourent
l'un l'autre s'ils sont unis à la tête ; et ils ne
secourent pas ceux qui sont coupés de la tête. En effet,
les mains ne, sentent pas la douleur des pieds d'un autre corps, mais
celle du corps auquel/elles sont unies. Vive Dieu en présence de
qui se tient mon âme, celui qui craint et aime Dieu, son
créateur, éprouve un sentiment de miséricorde pour
ceux à qui Dieu, son chef, fait miséricorde. Dieu, en
effet, ne veut pas la mort du pécheur, mais il attend sa
pénitences et celle de tous. Si vous faisiez partie de ce corps
dans lequel je suis incorporé, vive Dieu, vous m'aideriez
à agir selon mon chef.
Chapitre 208
Si je commets l'iniquité, reprenez-moi et Dieu vous aimera car
vous ferez sa volonté, mais si personne ne peut me reprendre de
péché t, c'est signe que vous n'êtes pas fils
d'Abraham, comme vous vous appelez et que vous n'êtes pas
rattachés à cette tête à laquelle Abraham
était rattaché'. Vive Dieu, Abraham aima tellement Dieu
que non seulement il mit en pièces les fausses idoles et qu'il
abandonna ,son père et sa mère, mais qu'il voulut tuer
son propre fils pour obéir à Dieu . "
Le pontife répondit : " C'est cela que je te deman-de, et je ne
cherche pas à te tuer! Dis-nous donc qui fut le fils d'Abraham ?
" Jésus répondit :" Le zèle de ton honneur,
ô mon Dieu, me brûle' et je ne peux pas me taire. Aussi je
le dis en vérité, le fils d'Abraham fut Ismaël, de
qui doit descendre le Messie selon la promesse faite à Abraham
de bénir en lui toutes les tribus de la terre. "
En entendant cela, le pontife se mit en colère et s'écria
: " Lapidons cet impie. C'est un Ismaëlite. II a
blasphémé contre Moise et contre la loi de Dieu. " Tous
les scribes, les pharisiens et les anciens du peuple, prirent des
pierres pour lapider Jésus. Mais il disparut à leurs yeux
et sortit du temple. Cepen-dant dans leur grande volonté de tuer
Jésus, aveu-glés de fureur et de haine, ils se
blessèrents si bien les uns et les autres, que mille hommes en
mouru-rent. C'est ainsi qu'ils souillèrent le temple saint.
Les disciples et les croyants qui virent Jésus sortir du temple
- car pour eux il ne fut pas caché -, le suivirent chez Simon.
Nicodème y vint et conseilla à Jésus de sortir de
Jérusalem et d'aller au-delà du torrent Cédron' :
" Seigneur, j'ai un jardin et une maison au-delà du torrent
Cédron. Aussi, je vous en prie, allez-y avec quelques-uns de vos
disciples "
Chapitre 209
En ce temps-là, comme la vierge Marie, mère de
Jésus, se tenait en prière, l'ange Gabriel la visita et
lui raconta la persécution de son fils, Puis il dit : "Ne crains
pas, Marie, Dieu le préservera du monde!" Alors, Marie quitta
Nazareth en pleurant, venant chercher son fils à
Jérusalem, chez sa sœur Marie Salomé. Mais comme il
s'était retiré en secret au-delà du torrent du
Cédron, elle ne put le voir en ce monde qu'après le
comble de l'opprobre, car alors l'ange Gabriel, l'ange Michel,
Raphaël et Uriel le lui présentèrent par ordre de
Dieu.
Chapitre 210
Le départ de Jésus avait jeté la confusion dans le
temple. Le pontife se mit alors en évidence et fait de la main
signe de silence. "Frères, dit-il, que faisons-nous? croyez-vous
pas qu'il a trompé tout le monde par son art diabolique? Comment
donc a-t-il disparu s'il n'est pas magicien? S'il était saint et
Prophète, il ne blasphémerait certainement pas contre
Dieu, contre Moïse son serviteur et contre le Messie qui est
l'espérance d'Israël. Que dis-je? Il a
blasphémé notre sacerdoce tout en entier! Aussi je le dis
en vérité, s'il n'est pas supprimé, Israël
sera souillé et notre Dieu nous livrera au nations. Voyez donc
comme ce saint temple est souillé par lui!" Et le pontife parla
de telle manière que beaucoup s'éloignèrent de
Jésus.
Alors la persécution, de secrète qu'elle était,
devint ouverte. Le pontife se rendit personnellement chez Hérode
et chez le gouverneur romain en accusant Jésus de vouloir se
faire roi d'Israël. Ils avaient là-dessus de faux
témoins. On tint conseil générale contre
Jésus car le décret romain leur faisait peur; deux fois
déjà en effet le sénat avait émis un
décret au sujet de Jésus. dans le premier, il
était interdit, sous peine de mort, d'appeler Jésus
nazaréen, Prophète des Juifs, Dieu ou fils de Dieu. Dans
l'autre, on interdit à quiconque sous peine de mort de se
quereller à propos de Jésus nazaréen,
Prophète des Juifs. Aussi y avait-il un grand différend
entre eux à ce sujet. Certains voulaient qu'on écrivit de
nouveau à Rome contre Jésus; d'autres disaient qu'on
devaient laisser Jésus en paix sans se soucier aucunement de ses
paroles, comme pour un fou; d'autres alléguaient les grands
miracles qu'il faisait.
Mais le souverain pontife déclara que personne, sous peine
d'anathème, ne devrait dire un mot pour défendre
Jésus. Et il s'adressa à Hérode et au gouverneur
en ces termes : "De toute façon, nous avons un mauvais parti
entre les mains, car si nous tuons ce pécheur, nous aurons agi
contre le décret de César, mais si nous le laissons vivre
et qu'il se fasse roi, qu'arrivera-t-il?"
Hérode se dressa alors et menaça le gouverneur en disant
: "Prends garde que par ta complaisance envers lui cette nation ne se
rebelle, car alors je t'accuserai de rébellion devant
César ". Le gouverneur craignit alors le sénat et il fit
la paix avec Hérode, car auparavant ils se haïssaient
à mort, et ils ne firent plus qu'un pour la mort de
Jésus. Ils dirent au pontife : "Chaque fois que tu sauras
où se trouve ce malfaiteur, fais appel à nous et nous te
donnerons les soldats!"
Cela arriva pour que s'accomplisse la prophétie de David au
sujet de Jésus, Prophète d'Israël : "Les princes et
les rois de la terre se sont unis contre le saint d'Israël car il
leur annonce le salut du monde ". Et ce jour-là, on se mit
à chercher Jésus partout à Jérusalem.
Chapitre 211
Chez Nicodème, au-delà du torrent Cédron,
Jésus réconfortait ses disciples en disant : "L'heure est
proche où je quitterai le monde, mais consolez-vous, ne vous
attristez pas, car là où je vais je ne souffrirai aucune
tribulation. Seriez-vous mes amis si vous vous attristez pour mon bien?
Non, bien sûr, bien plutôt des ennemis! Quand le monde se
réjouit, attristez-vous, car la joie du monde se change en
deuil. Mais votre tristesse se changera en joie, et votre joie,
personne ne vous l'enlèvera; le monde entier ne peut enlever la
joie que le cœur éprouve en Dieu, son créateur.
Prenez garde d'oublier les paroles que Dieu vous a dites par ma bouche!
Faites en sorte d'être mes témoins contre quiconque
contaminera le témoignage que j'ai donné contre le monde
et contre les amis du monde par mon Evangile."
Chapitre 212
Les mains levées vers le Seigneur, il pria : "Seigneur, notre
Dieu, Dieu d'Abraham, Dieu d'Ismaël et d'Isaac, Dieu de nos
pères, fais miséricorde à ceux que tu m'as
donnés et sauve-les du monde! je ne dis pas : enlève-les
du monde! car il est nécessaire qu'ils témoignent contre
ceux qui contamineront mon Evangile, mais je te prie, garde les du mal,
pour qu'ils viennent avec moi au jour de ton jugement témoigner
contre le monde et contre la maison d'Israël qui a
contaminé ton alliance.
Seigneur, Dieu fort et jaloux qui venges l'idolâtrie des
pères idolâtres dans leurs fils jusqu'à la
quatrième génération, maudit à jamais
quiconque contaminera l'évangile que tu me donna en y
écrivant que je suis ton fils, car moi qui suis boue et
poussière, serviteur de tes serviteurs, jamais je n'ai
pensé que j'étais ton bon serviteur. En effet, je ne puis
rien te rendre pour ce que tu m'as donné puisque tout
t'appartient!
Seigneur Dieu miséricordieux, qui fait miséricorde
pendant mille générations à ceux qui te craignent,
fais miséricorde à ceux qui croient aux paroles que tu
m'as données. Car de même que tu es vrai Dieu, de
même la parole que j'ai dite est vraie puisqu'elle est tienne. En
effet j'ai toujours parlé comme celui qui lit et qui ne peut
lire que ce qui est écrit dans son livre. Aussi ai-je
annoncé tout ce que tu m'as dit.
Seigneur Dieu sauveur, sauve ceux que tu m'as donnés pour que
Satan ne puisse rien contre eux! Sauves-les, et non seulement eux, mais
aussi toux ceux qui croiront en eux!
Seigneur libéral et riche en miséricorde, accorde
à ton serviteur de faire partie de la congrégation de ton
Messager au jour du jugement. Non seulement moi, mais tous ceux que tu
m'as donnés et même tous ceux qui me croiront à
cause de leur prédication. Fais-le pour toi même,
Seigneur, afin que Satan ne s'en glorifie pas contre toi! Seigneur Dieu
qui dans ta providence as pourvu ton peuple d'Israël de tout le
nécessaire, souviens-toi de toutes les tribus de la terre. Tu as
promis de les bénir par ton Messager pour lequel tu as
crée le monde! Fais miséricorde au monde et envoie vite
ton Messager pour que Satan, ton ennemi, perde son empire."
Puis Jésus ajouta trois fois : "Qu'il en soit ainsi, Seigneur,
Dieu grand et miséricordieux!" Et tous répondirent en
pleurant : "Qu'il en soit ainsi!" sauf Judas car il ne croyait rien.
Chapitre 213
Venu le jour de manger l'agneau, Nicodème envoya
secrètement l'agneau au jardin pour Jésus et ses
disciples et leur annonça ce qu'Hérode, le gouverneur et
le pontife avaient décrété. Jésus se
réjouit en esprit et dit : "Béni soit ton saint nom,
Seigneur, car tu ne m'as pas séparé du nombre de tes
serviteurs qui ont été persécutés par le
monde et tués! Je te remercie, mon Dieu, car j'ai accompli ton
œuvre."
Puis, tourné vers Judas, il lui dit : "Qu'attends-tu, mon ami?
mon temps est proche, va donc et fais ce que tu dois faire!" Les
disciples crurent que Jésus l'envoyait acheter quelque chose
pour le jour de la Pâque. Cependant Jésus savait que Judas
le trahissait, mais comme il désirait quitter ce monde, il parla
de cette manière. Judas répondit : "Maître,
laisse-moi manger et je m'en irai." -"Mangeons, dit Jésus, parce
que j'ai grandement désiré manger cet agneau avant de
vous quitter!"
S'étant levé, il prit une serviette et se ceignit les
reins. Ayant versé de l'eau dans une cuvette, il se mit à
laver les pieds de ses disciples, en commençant par Judas. Quand
il arriva à Pierre, celui-ci lui dit : "Maître, c'est toi
qui veut me laver les pieds?" Jésus répondit : "Ce que je
fais maintenant, tu ne le sais pas, mais tu le seras plus tard." Pierre
répondit : "Non, Jamais tu me laveras les pieds!" Jésus
se leva alors et dit : "Toi non plus, tu ne m'accompagnera pas au jour
du jugement!" Pierre répondit : "Seigneur, lave-moi non
seulement les pieds, mais aussi les mains et la tête!"
Quand les disciples furent lavés et se furent mis à table
pour manger, Jésus dit : "Je vous ai lavé, mais vous
n'êtes pas tous purs, car l'eau de la mer ne lavera pas celui qui
ne me croit pas." Jésus dit cela, car il savait qui le
trahissait. Les disciples s'attristèrent à ces paroles.
Jésus ajouta alors : "Je vous le dis en vérité,
l'un de vous me trahira, en sorte que je serai vendu comme une brebis.
Mais malheur à lui car il accomplira ce que David notre
père dit de ceux-là : "Il tombera dans la fosse celui qui
l'avait préparée pour d'autres!". " Les disciples se
regardaient les uns les autres en se disant avec douleur : "Quel sera
le traître? " Judas dit alors : "Est-ce que ce sera moi,
Maître?" Jésus répondit : "Tu m'as dit quel sera
celui qui me trahira!" Mais les onze apôtres ne l'entendirent
pas.
L'agneau une fois mangé, le diable entra en Judas et celui-ci
sortit de la maison. Jésus lui dit de nouveau : "Fais vite ce
que tu dois faire!"
Chapitre 214
Sorti de la maison, Jésus se retira dans le jardin pour prier
selon sa coutume. Il priait en effet, en ployant cent fois les genoux
et en se prosternant la face contre terre.
Judas, qui connaissait l'endroit où se trouvait Jésus
avec ses disciples, alla chez le pontife et dit : "Si vous voulez me
donner ce que vous m'avez promis, je livrerai cette nuit entre vos
mains ce Jésus que vous cherchez. Il se trouve seul avec onze
compagnons." Le pontife répondit : "Combien désires-tu? "
Judas répondit : "Trente deniers d'or!" Le pontife lui compta
aussitôt l'argent et envoya un pharisien chez le gouverneur et
chez Hérode pour prendre des soldats. Ils en fournirent une
légion car ils craignaient le peuple. Ils prirent les armes et
sortirent de Jérusalem avec des lumières et des lanternes
sur des bâtons.
Chapitre 215
Comme les soldats et Judas approchaient de l'endroit où se
trouvait Jésus, celui-ci entendit venir beaucoup de monde. Il eu
peur et se retira dans la maison. Les onze dormaient. Mais Dieu voyant
le périple que courait son serviteur ordonna à Gabriel,
Michel, Raphaël et Uriel, ses serviteurs, d'enlever Jésus
du monde. Les saints anges vinrent et enlevèrent Jésus
par la fenêtre qui fait face au midi. Ils l'emportèrent et
le mirent au troisième ciel avec des anges, bénissant
Dieu à jamais.
Chapitre 216
Judas fit irruption le premier dans la pièce d'où
Jésus avait été enlevé et où
dormaient les onze. Alors, l'admirable Dieu agit admirablement : Judas
devint si semblable à Jésus par son langage et dans son
visage que nous crûmes que c'était Jésus.
Judas, lui, nous ayant réveillés, cherchait où
était le Maître. Mais, stupéfaits, nous
répondîmes : "C'est toi, Seigneur, notre Maître!
Nous as-tu oubliés ? " Mais il nous dit en souriant : "Etes-vous
fous? Je suis Judas Iscariote."
Tandis qu'il parlait, la milice entra et on mit la main sur lui car il
était en tout semblable à Jésus. Quant à
nous, après avoir entendu les paroles de Judas et vu la foule
des soldats, comme hors de nous-mêmes, nous nous enfuîmes.
Jean qui dormait enveloppé d'un drap s'éveilla et
s'enfuit. Comme un soldat l'avait saisi par le drap, il laissa le drap
et se sauva nu, car Dieu avait exaucé la prière de
Jésus et sauvé les onze du mal.
Chapitre 217
Les soldats s'emparèrent de Judas et le ligotèrent non
sans dérision car il niait la vérité qu'il
était Jésus. Ils lui disaient en se moquant de lui : "Ne
crains pas, Seigneur, nous sommes venu pour te faire roi d'Israël!
Nous ne t'avons ligoté que parce que nous savons que tu refuses
le royaume!" Judas répondit : "Avez-vous perdu la cervelle? Vous
êtes venus prendre Jésus Nazaréen avec des armes et
des lanternes comme un voleur et vous m'avez ligoté pour me
faire roi, moi qui vous ai conduits ici!" Alors les soldats perdirent
patience et à coups de poings et à coups de pieds ils
commencèrent à rendre à Judas la monnaie de sa
pièce et en furie, ils le conduisirent à
Jérusalem.
De loin, Jean et Pierre suivaient les soldats. Ils affirmèrent
à celui qui écrit qu'ils avaient vu tous les
interrogatoires auxquels le pontife et le conseil des pharisiens
réunis pour mettre à mort Jésus soumettaient
Judas. Celui-ci débitait tant de folies qu'il faisait rire tout
le monde, tous croyant qu'il était vraiment Jésus et
qu'il faisait le fou par crainte de la mort. Les scribes lui mirent un
bandeau sur les yeux et disaient en se moquant de lui : "Jésus,
Prophète des Nazaréen, - car c'est ainsi qu'ils
appelaient ceux qui croyaient à Jésus- , dis-nous qui t'a
frappé!" Ils le souffletaient et lui crachaient au visage.
Le matin venu, le grand conseil des scribes et des anciens du peuple se
réunit. Le pontife et les pharisiens cherchaient de faux
témoins contre Judas, croyant que s'était Jésus.
Ils ne trouvaient pas ce qu'ils cherchaient. Que dis-je, les pontifes
croyaient que Judas était Jésus! mais tous les disciples
et même celui qui écrit le croyaient. La pauvre vierge
mère de Jésus, elle-même, le croyait, ainsi que ses
parents et ses amis et la douleur de tous était incroyable! Vive
Dieu, celui qui écrit avait oublié que Jésus lui
avait dit qu'il serait enlevé de monde, qu'il souffrirait dans
un autre et qu'il ne mourrait qu'aux approches de la fin de monde.
Aussi se rendit-il près de la croix avec la mère de Jésus et Jean.
Le pontife se fit amener Judas toujours ligoté et l'interrogea
sur ses disciples et sa doctrine. Judas comme privé de sens ne
répondit rien là-dessus. Aussi le pontife l'adjura-t-il
par le Dieu vivant d'Israël de lui dire la vérité.
Judas répondit : "Je vous ai dit que je suis Judas Iscariote qui
vous ai promis de livrer Jésus de Nazareth entre vos mains, mais
vous, je ne sais pas par quel artifice, vous êtes sortis de
vous-mêmes! Vous voulez à tout prix que je sois
Jésus!" Le pontife répondit : "Séducteur pervers,
par ta doctrine et tes faux miracles tu as trompé tout
Israël de la Galilée jusqu'ici à Jérusalem,
et maintenant tu crois échapper au juste châtiment qui te
revient en faisant le fou! Vive Dieu, tu n'échapperas pas!"
Cela dit, il ordonna à ses serviteurs de lui donner des
soufflets et des coups de pieds pour lui faire recouvrer les esprits.
Les serviteurs du pontife lui firent alors subir un traitement
incroyable. Ils s'ingénièrent à trouver du nouveau
pour faire plaisir au conseil. Ils l'habillèrent en jongleur et
lui donnèrent tant de coups de poings et de coups de pieds qu'il
aurait fait pitié aux Cananéens s'ils l'avaient vu ainsi.
Mais les pontifes, les pharisiens et les anciens du peuple avaient le
cœur si endurci contre Jésus qu'ils prenaient plaisir
à voir Judas traité de cette manière en croyant
qu'il était vraiment Jésus.
Puis, toujours ligoté, ils l'emmenèrent chez les
gouverneur. Or celui-ci aimait Jésus en secret. Persuadé
que Judas était Jésus, il le fit entrer dans sa chambre
et lui demanda pour quelle raison les pontifes et le peuple le
livraient entre ses mains. Judas répondit : "Si je te dis la
vérité, tu ne me croiras pas car tu es sans doute
trompé comme le sont les pontifes et les pharisiens." Croyant
qu'il voulait parler de la loi, le gouverneur répondit : "Ne
sais-tu pas que je ne suis pas juif et que ce sont les pontifes et les
anciens de ton peuple qui t'ont livré entre mes mains? dis-nous
donc la vérité pour que je fasse ce qui est juste, car
j'ai le pouvoir de te libérer ou de te donner la mort." Judas
répondit : "Seigneur, crois-moi, si tu me donnes la mort, tu
feras un grand péché car tu tuera un innocent. En effet
je suis Judas Iscariote et non pas Jésus. Lui, c'est un
magicien. Il m'a transformé ainsi par son artifice.
Le gouverneur s'étonna fort en l'entendant; aussi cherchait-il
à le libérer. Il sortit dehors et dit en souriant : "De
deux choses, il y en a au moins une pour laquelle il n'est pas digne de
mort, mais plutôt la compassion. Il prétend - dit le
gouverneur- qu'il n'est pas Jésus, mais un certain Judas qui
guida la milice pour prendre Jésus. Et il dit que Jésus
de Galilée l'a ainsi transformé par son art magique. Si
c'est vrai, ce serait un grand péché de le tuer,
puisqu'il serait innocent. Mais si c'est Jésus et qu'il le nie,
il a certainement perdu l'esprit et il serait impie de tuer un fou!".
Les pontifes, les anciens du peuple ainsi que les scribes et les
pharisiens s'écrièrent avec force : "C'est Jésus
de Nazareth que nous connaissons, car si ce n'était pas ce
malfaiteur, nous ne l'aurions pas livré entre vos mains. Et il
n'est pas fou non plus, mais plutôt fourbe; il cherche à
échapper de nos main par cet artifice; mais la sédition
qu'il fomenterait en s'enfuyant, serait pire que la première!"
Pour se débarrasser de ce cas, Pilate - c'était le nom du
gouverneur- dit : "Il est Galiléen. Or Hérode est roi de
Galilée et il ne m'appartient pas de juger ce cas. Emmenez-le
donc chez Hérode!"
Ils conduisirent alors Judas chez Hérode. Depuis longtemps
celui-ci souhaitait que Jésus vienne chez lui; mais Jésus
ne l'avais jamais voulu car Hérode était païen et
adorer les dieux faux et menteurs, vivant à la manière
des nations impures. Chez lui, Hérode interrogea Judas sur
beaucoup de sujets, mais Judas y répondait hors de propos en
niant qu'il était Jésus. Alors Hérode se moqua de
lui avec toute sa cour et le fit habiller de blanc comme on habille les
fous. Puis il le renvoya à Pilate en lui disant : "Ne soit pas
injuste envers le peuple d'Israël !" Hérode écrivit
cela parce que les pontifes, les scribes et les pharisiens lui avaient
donné une bonne somme d'argent.
L'ayant pris par un serviteur d'Hérode, le gouverneur feignit de
vouloir libérer Judas, lui aussi pour gagner de l'argent. Il le
fit flageller par ses serviteurs qui furent payés par les
scribes pour le faire tuer sous le fouet.
Mais Dieu qui avait décrété ce qui devait arriver
garda Judas pour la croix afin qu'il reçoive cette horrible mort
qu'il avait vendue à d'autres. Il ne laissa pas mourir Judas
sous le fouet, bien que les soldats le flagellèrent tant que son
corps pleuvait du sang. Puis par moquerie, ils l'habillèrent
d'une vielle robe de pourpre en disant : "Il convient d'habiller notre
nouveau roi et de le couronner." Ils prirent des épines et
firent une couronne semblable à celle d'or et de pierres
précieuses que les rois portent sur la tête. Ils
placèrent cette couronne d'épines sur la tête de
judas, lui mirent dans la main un roseau en guise de sceptre et ils le
firent asseoir en un lieu élevé. Les soldats venaient
devant lui, s'inclinaient par moquerie et le saluaient comme "Roi des
Juifs!" Ils étendaient la main pour recevoir des cadeaux puisque
les nouveaux rois ont coutume d'en donner. Mais comme ils ne recevaient
rien, ils frappaient Judas en disant : "Comment es-tu couronné,
roi fou, si tu veux ni payer tes soldats ni tes serviteurs?"
Les pontifes, les scribes et les pharisiens voyant que Judas ne mourait
pas sous le fouet et craignant que Pilate ne le laissât libre,
donnèrent de l'argent au gouverneur. L'ayant reçu,
celui-ci livra Judas aux scribes et pharisiens comme méritant la
mort. Avec lui, ils condamnèrent deux voleurs à mourir en
croix.
Ils l'emmenèrent au mont Calvaire où on suspendait les
malfaiteurs. Là, ils le crucifièrent nu pour que la
moquerie soit plus grande. Judas ne faisait vraiment autre que crier :
"Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné, car le malfaiteur a fuit et
moi je suis tué à tort ? "
En vérité, je le dis, sa voix, son visage et sa personne
ressemblaient tellement à Jésus que ses disciples et ses
fidèles, croyaient tout à fait que c'était
Jésus. Certains d'entre eux s'éloignèrent de la
doctrine de Jésus, en croyant qu'il était faux
Prophète et qu'il avait opéré ses miracles
grâce à la magie. Jésus en effet avait dit qu'il ne
mourrait qu'au approches de la fin du monde et qu'à ce moment
là il serait enlevé du monde.
Mais ceux qui demeurèrent fermes dans sa doctrine étaient
si affligés de douleur en voyant mourir celui qui lui
ressemblait qu'ils ne se rappelaient pas ce qu'il avait dit. Aussi en
compagnie de la mère de Jésus, allèrent-ils au
mont Calvaire. Ils se tinrent non seulement présents à
mort de Judas, en pleurant toujours, mais encore par
l'intermédiaire de Nicodème et de Joseph d'Arimathie, ils
réclamèrent au gouverneur le corps de Judas pour
l'ensevelir. Ils l'enlevèrent de la croix en un tel deuil que
certainement personne ne le croirait, et l'ayant enveloppé avec
cent livres de parfum précieux, ils l'ensevelirent dans le
monument neuf de Joseph.
Chapitre 218
Chacun rentra chez soi. celui qui écrit, ainsi que Jean, et son
frère Jacques se rendirent à Nazareth avec la mère
de Jésus. Ceux des disciples qui ne craignaient pas Dieu
allèrent voler de nuit le corps de Judas, le cachèrent et
répandirent le bruit que Jésus était
ressuscité. Ainsi naquit une grande confusion.
Le pontife interdit à quiconque, sous peine d'anathème,
de parler de Jésus de Nazareth. Une grande persécution
s'en suivit. Beaucoup furent lapidés, beaucoup frappés de
verges et beaucoup exilés, car ils ne pouvaient se taire sur un
tel sujet.
La nouvelle parvient à Nazareth que Jésus, leur
concitoyen, mort sur la croix, était ressuscité. Alors
celui qui écrit pria la mère de Jésus de bien
vouloir quitter son deuil puisque son fils était
ressuscité. En l'entendant, la vierge Marie dit en pleurant :
"Allons à Jérusalem trouver mon fils, car je mourrais
volontiers quand je l'aurai vu!"
Chapitre 219
Le jour où parut de décret du pontife, la vierge revint
à Jérusalem avec celui qui écrit, ainsi qu'avec
Jacques et Jean. Aussi, comme elle craignait Dieu. elle ordonna
à ceux qui habitaient avec elle d'oublier son fils quoiqu'elle
sut que le décret du pontife était injuste.
Comment chacun fit-il? Dieu qui connaît les coeurs des hommes
sait qu'avec la mère de Jésus nous nous consumions entre
la douleur de la mort de Judas, que nous croyions être
Jésus notre maître, et le désir de le voir
ressuscité.
Aussi les anges gardiens de la vierge Marie montèrent-ils au
troisième ciel oú se tenait Jésus en compagnie des
anges. Ils lui racontèrent tout et Jésus pria Dieu de lui
donner le pouvoir de voir sa mère ainsi que ses disciples. Le
Dieu miséricordieux ordonna alors aux quatres anges ses favoris,
Gabriel, Michel, Raphaël et Uriel, de conduire Jésus chez
sa mère et de l'y garder pendant trois jours de suite, ne le
laissant voir qu'à ceux qui croyaient à sa doctrine.
Environné de splendeur, Jésus vint où la Vierge
Marie demeurait avec ses deux soeurs ainsi qu'avec Marthe,
Marie-Madeleine, Lazare, celui qui écrit et Jean, Jacques et
Pierre. De crainte, ceux-ci tombèrent comme morts. Mais
Jésus releva sa mère et les autres en disant : "Ne
craignez pas, je suis Jésus! Ne pleurez pas, je suis vivant et
non pas mort!" A la vue de Jésus, ils restèrent longtemps
comme privés de sens, car ils croyaient sans aucun doute qu'il
était mort.
Alors la Vierge dit en pleurant : "Maintenant, dis-moi, mon fils,
pourquoi Dieu qui t'a donné le pouvoir de ressusciter les morts,
t'a laissé mourir ainsi à la honte de tes parents et de
tes amis, et à la honte de ta doctrine, de sorte que tous ceux
qui t'aiment sont restés comme morts? "
Chapitre 220
En embrassant sa mère, Jésus répondit :
"Croyez-moi, mère : je vous le dis en vérité, je
n'ai jamais été mort; Dieu m'a réservé
jusqu'au approches de la fin du monde."
Ayant ainsi parlé, il pria les quatres anges de se manifester et
de témoigner de la manière dont la chose s'était
passée. Les anges se manifestèrent donc comme quatres
soleils si resplendissants que, de crainte, tous tombèrent de
crainte comme morts. Jésus donna alors quatres voiles aux anges
pour qu'ils s'en couvrissent et que sa mère et ses compagnons
puissent les voir et les entendre parler. Les ayant relevés, il
les réconforta en disant : "Voici les ministres de Dieu :
Gabriel qui annonces les secrets de Dieu, Michel qui combat les ennemis
de Dieu, Raphaël qui reçoit les âmes de ceux qui
meurent, Uriel qui, au dernier jour, appellera chacun au jugement
dernier de Dieu.
Les quatres anges racontèrent alors à la vierge que Dieu
avait envoyé chercher Jésus et qu'il avait
transformé Judas pour qu'il reçoive la peine qu'il avait
vendue à d'autres. Celui qui écrit dit alors :
"Maître, m'est-il permis de t'interroger comme lorsque tu
habitais parmi nous?" Jésus répondit : "pose les
questions qui te plaisent, Barnabé, je te répondrai!"
Celui qui écrit dis alors : "Maître, puisque Dieu est
miséricordieux, pourquoi nous a-t-il tourmentés en nous
faisant croire que tu `tais mort? Ta mère t'a tellement
pleuré qu'elle en a été tout près de
mourir. Et pourquoi Dieu a-t-il laissé retomber sur toi, qui es
saint de Dieu, l'infamie d'être tué parmis les voleurs sur
le mont Calvaire?"
Jésus répondit : "Barnabé, crois-moi, Dieu punit
tout péché, pour petit qu'il soit, par une grande peine,
car il est offensé par le péché. Aussi, comme ma
mère, mes fidèles et mes disciples m'aimaient un peu
d'amour terrestre, le Dieu juste a voulu punir cet amour par la douleur
présente, pour qu'il ne soit pas puni dans les flammes de
l'enfer.
Quant à moi, je fus innocent dans le monde, mais comme les
hommes m'ont appelé Dieu et fils de Dieu, Dieu a voulu pour que
je ne sois pas raillé par les démons le jour du jugement,
que les hommes me bafouent dans le monde par la mort de Judas en
faisant croire à chacun que c'était moi qui était
mort sur la croix. Aussi cette dérision durera-t-elle
jusqu'à la venue de Muhammad, le Messager de Dieu. En venant
dans le monde, il détrompera de cette tromperie tous ceux qui
croiront à la loi de Dieu."
Puis Jésus ajouta : "Tu es juste, Seigneur notre Dieu, car
à toi seul appartiennent honneur et gloire sans fin!"
Chapitre 221
Se tournant vers celui qui écrit, Jésus dit :
"Barnabé, fais très attention à écrire mon
Evangile sur tout ce qui est arrivé durant mon séjour
dans le monde! Ecris de même tout ce qui est arrivé
à Judas, pour que les fidèles soient
détrompés et que chacun croie à la
vérité!" Celui qui écrit répondit : "Je
ferai tout cela, s'il plaît à Dieu, Maître, mais je
ne sais pas ce qui est arrivé à Judas, car je n'ai pas
tout vu." Jésus répondit : "Jean et Pierre qui ont tout
vu sont là, ils te diront comment tout s'est passé."
Puis Jésus nous commanda d'appeler ses fidèles disciples
pour qu'ils le voient. Jacques et Jean rassemblèrent donc les
sept disciples ainsi que Nicodème, Joseph et un grand nombre de
soixante douze et ils mangèrent avec Jésus.
Le troisième jour, Jésus dit : "Allez avec ma mère
au mont des Oliviers; c'est de là que je monterai au ciel et
vous verrez qui m'emportera au ciel."
Tous s'y rendirent donc, excepté vingt-cinq des soixante-douze
disciples qui, par crainte, avaient fui à Damas. Alors que tous
se trouvaient en prière, à l'heure de midi, Jésus
vint avec une grande foule d'ange qui bénissaient Dieu. Tous
prirent peur en voyant la splendeur de son visage et tombèrent
la face contre la terre. Les ayant relevés, Jésus les
réconforta en disant : "Ne craignez pas, je suis votre
Maître!" Il en réprimanda beaucoup qui croyaient qu'il
était mort et ressuscité : "Nous pensez-vous donc, moi et
Dieu, pour des menteurs? Dieu m'a donné de vivre jusqu'aux
approches de la fin du monde comme je vous l'ai dit. Je vous le dis, je
ne suis pas mort; c'est le traître Judas qui est mort. Prenez
garde, Satan fera tout pour vous tromper! Efforcez-vous donc
d'être mes témoins partout en Israël et dans le monde
entier, témoins de ce que vous avez entendu et vu!"
Cela dit, il pria Dieu pour le salut des fidèles et la
conversion des pécheurs. La prière terminée, il
embrassa sa mère et dit : "Sois en paix, ma mère, et
repose-toi en Dieu, ton créateur et le mien!" Puis il s'adressa
aux disciples : "Que la grâce et la miséricorde de Dieu
demeurent avec vous! Alors, les quatres anges l'enlevèrent
visiblement au ciel.
Chapitre 222
Jésus parti, les disciples se divisèrent selon les
diverses régions. La vérité haïe par Satan,
fut persécutée par le mensonge, comme cela se passe
encore aujourd'hui. Quelques mauvais hommes, en effet se
prétendant disciples prêchaient que Jésus
était mort sans ressusciter; d'autres prêchaient que
Jésus était vraiment mort et ressuscité; d'autres,
et parmi eux se trouve Paul, trompé lui aussi, prêchaient
et prêchent encore maintenant que Jésus est le fils de
Dieu.
Quant à nous, nous prêchent à ceux qui craignent
Dieu tout ce qu'il a écrit pour qu'ils soient sauvés au
dernier jour du jugement de Dieu. Amen!